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Charles Dagou, étudiant tchadien à 2iE : « Même s’il faut qu’on crève de faim, on crèvera de faim à l’ambassade »

mardi 15 mars 2016.

 

Pour la énième fois, les étudiants tchadiens de l’institut international d’Ingénierie de l’Eau et de l’Environnement (2iE) ont exprimé leur ras-le-bol devant leur représentation diplomatique à Ouagadougou. Ils demandent à l’Etat tchadien « d’honorer ses engagements » en payant les frais de scolarité et la bourse de subsistance des années 2013, 2014 et 2015.

« Trop, c’est trop », pouvait-on lire sur une banderole figée au premier étage de l’ambassade sis à Ouaga 2000. Cela fait maintenant deux ans et sept mois que les étudiants tchadiens (près de 500 au départ) ont lancé un cri de détresse à l’endroit de leurs autorités. Aujourd’hui, la situation ne s’est pas améliorée et les 315 étudiants restants demeurent mobilisés. Pourtant, souligne Charles Dagou, responsable adjoint à la communication, ce n’est pas faute d’avoir entrepris des démarches auprès de l’ambassade et même auprès des autorités à N’Djamena.

« On en a marre »

« Cela fait sept mois qu’on nous a interdit l’accès aux salles de cours ; ceux qui ont fini n’ont droit ni aux attestations ni aux bulletins encore moins aux diplômes. A la date du 5 mars, l’école a sorti une circulaire qui expulsait du campus tous les étudiants tchadiens résidant sur le campus. Ceux qui sont logés dans les quartiers de la ville voient leurs portes fermées pour impayés, et ils sont tracassés pour les dettes », explique Charles Dagou avant de marteler : « on en a marre ». Pour les étudiants, l’Etat tchadien doit respecter ses engagements en procédant au « versement intégral et immédiat » des frais de scolarité et de la bourse de subsistance des années 2013, 2014 et 2015.

« Même s’il faut qu’on crève de faim… »

Si les étudiants ont « survécu » comme ils aiment à le dire, c’est grâce au concours de leurs camarades burkinabè pour qui ils ne veulent plus être des charges. Aujourd’hui, « on a réfléchi, on a tourné, mais comme aujourd’hui on n’a plus où aller, la seule portion de terre pour nous c’est l’ambassade. Même s’il faut qu’on crève de faim, on crèvera de faim à l’ambassade », a martelé le responsable adjoint à la communication. La mobilisation va crescendo et les étudiants comptent passer la nuit à l’ambassade, s’il le faut, pour se faire entendre.

Sur le lieu du sit-in, les forces de sécurité sont en place. Les étudiants ne craignent-ils pas que les choses dégénèrent à la longue ? A cette question, Charles Dagou demeure serein. « Ils peuvent nous taper dessus, il peuvent faire de nous ce qu’ils veulent. Nous, on ne réagit pas, on est docile. Mais quand ça va dépasser les limites, on va réagir. On n’est pas venu pour agresser quelqu’un, on est venu juste pour dormir, chercher une solution à notre problème », a-t-il conclu.

Pas de répondant à l’Ambassade

Pour des raisons d’équilibre de l’information, nous avons joint au téléphone, à 9h 47 mn, le premier secrétaire de l’ambassade. Notre interlocuteur a exigé l’identité de la personne qui nous a donné son numéro, un « numéro privé ». Nous avons répondu que nous l’avons eu avec des confrères qui l’avaient téléphoné dans la matinée. Malheureusement, tout comme avec les journalistes que nous avons trouvé sur le lieu du sit-in, monsieur le premier secrétaire nous a envoyé balader. Il nous a suggéré de nous adresser à celui qui nous avait donné son contact pour de plus amples informations.

Herman Frédéric BASSOLE
Lefaso.net
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