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Message pastoral des évêques à la fin de la 2ème Assemblée plénière de la conférence épiscopale régionale de l’Afrique de l’Ouest (RECOWA/CERAO)

vendredi 4 mars 2016.

 

Salutations et Introduction
Bien-aimés en Jésus-Christ, nous, vos évêques, à la fin de notre deuxième Assemblée plénière de la Conférence Episcopale Régionale de l’Afrique de l’Ouest (RECOWA/CERAO) tenue à Accra (Ghana) du lundi 22 au dimanche 28 février 2016, vous transmettons nos salutations fraternelles en Christ.

Nous vous saluons en utilisant les paroles de Saint Paul aux Corinthiens (2 Co 5, 17-20) en cette période spéciale de Carême de l’année jubilaire de la Miséricorde pour l’Eglise universelle (du 08 décembre 2015 au 20 novembre 2016), et dans l’Année de la Réconciliation pour l’Afrique (du 29 juillet 2015 au 29 juillet 2016). Cent cinquante neuf (159) délégués composés de Cardinaux, d’Archevêques et d’Evêques de tous les seize (16) pays d’Afrique de l’Ouest, ainsi que des invités de l’Union Régionale des Prêtres de l’Afrique de l’Ouest, l’Union Régionale des Religieux de l’Afrique de l’Ouest (URCAO), le Conseil Régional des Laïcs de l’Afrique de l’Ouest, aussi bien que plusieurs organismes partenaires tels que : Catholic Relief Services (CRS), Missio-Allemagne, CAFOD du Royaume–Uni et de la Conférence Episcopale Catholique des Etats-Unis ont participé à cette deuxième Assemblée.

1. Nous avons passé cette semaine de carême dans la prière, le jeûne et la réflexion sur la Parole de Dieu, célébrant l’Eucharistie et adorant le Seigneur dans le Saint Sacrement. Nous avons également eu le privilège d’écouter différents intervenants, notamment : le Représentant du Président de la République du Ghana et le Nonce Apostolique sur notre thème de cette Assemblée plénière : « La Nouvelle Evangélisation et les défis spécifiques pour l’Eglise Famille de Dieu en Afrique de l’Ouest : la réconciliation, le développement, la vie familiale ».

Nous avons également pris le temps de nous écouter les uns les autres et de partager les riches expériences de nos frères évêques, prêtres, religieux, laïcs ; les joies, les succès, les douleurs, les angoisses, les défis et les opportunités offertes à notre Eglise Famille de Dieu en Afrique de l’Ouest dans le développement sociopolitique et culturel actuel de la sous-région. Se réunir en tant qu’évêques a été un kairos, un temps de grâce spéciale de Dieu.

Nous nous sentons très enrichis et sommes très reconnaissants à Dieu pour le don de cette expérience d’une Eglise ouest africaine unifiée, expression de l’Eglise universelle.

A la fin de nos délibérations, nous vos pasteurs, à la suite du Christ, Grand Prêtre et Bon Pasteur, aimerions partager les préoccupations pastorales suivantes avec vous, cher Peuple de Dieu, avec nos gouvernements et avec tous les hommes et les femmes de bonne volonté vivant dans notre sous-région.

2. Eglise Famille de Dieu et la Nouvelle Evangélisation

Depuis la Première Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Evêques qui a eu lieu dans la Cité du Vatican, (Rome en Italie) du 10 avril au 08 mai 1994, nous, vos évêques avons accepté avec la bénédiction du Pape Saint Jean-Paul II de travailler pour que notre Eglise devienne véritablement Eglise Famille de Dieu (voir Ecclesia In Africa 63). Nous sommes toujours engagés à travailler pour que ce modèle d’Eglise devienne une réalité dans la sous-région et au-delà ; nous avons également adopté l’appel de l’Eglise universelle pour la Nouvelle Evangélisation face aux développements socioculturels rapides des sociétés dans lesquelles l’Eglise est appelée à apporter la lumière de Jésus-Christ d’une manière nouvelle, plus radicale et transformatrice.

Cette nouvelle évangélisation a été suscitée en premier par le Serviteur de Dieu, le Bienheureux Pape Paul VI dans l’Exhortation post-synodale Evangelii Nuntiandi N°4. Le Pape Benoît XVI a mis en place le Conseil Pontifical pour la Nouvelle Evangélisation en Juin 2010. Il ne s’agit pas d’un appel à apporter un nouvel évangile, mais plutôt à annoncer Jésus-Christ et son message éternel de manière nouvelle en réponse aux nouveaux défis du monde contemporain. La Nouvelle Evangélisation est donc un appel à porter la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ dont il a confié l’annonce à l’Eglise en Matthieu 28, 19-20. Cette mission doit s’exercer d’une manière plus convaincante pleine de foi et par une vie de conversion authentique au service de l’humanité.

Cette mission centrée sur le Christ, relève de la responsabilité de tous les baptisés ; elle doit être dirigée non seulement vers ceux qui n’ont jamais entendu parler de Jésus-Christ comme première évangélisation, mais aussi vers ceux qui ont entendu parler de lui mais ont perdu leur premier amour pour Jésus-Christ et son Eglise ; la Nouvelle Evangélisation ne vise pas seulement l’individu, mais plus encore une transformation culturelle de l’humanité dans le royaume de Dieu.

Bien-aimés en Jésus-Christ, dans notre sous-région, nous sommes appelés dans l’esprit de la Nouvelle Evangélisation à nous laisser évangéliser et à évangéliser à travers les responsabilités confiées à tous les baptisés. Nous devons jouer notre rôle en tant que sel de la terre et lumière du monde où que nous nous trouvions, dans la famille, dans nos lieux de travail, dans la politique et dans les différents services. Nous devons pénétrer tous les domaines de la vie humaine et apporter notre quote-part à la transformation et au développement intégral de notre sous-région pour que le Royaume de Dieu advienne partout.

3. Le Carême dans l’Année de la Réconciliation et le Jubilé de la Miséricorde

En cette période spéciale de Carême, en particulier dans l’année jubilaire de la Miséricorde et l’Année de la Réconciliation en Afrique, nous, vos évêques faisons nôtres les paroles de saint Paul : « Dieu nous a tous réconcilié avec lui par le Christ, et il nous a donné pour ministère de travailler à cette réconciliation, … il n’a pas tenu compte de nos fautes, et il a déposé en nous la parole de la réconciliation. Nous sommes donc les ambassadeurs du Christ, et par nous c’est Dieu lui-même qui en fait vous adresse un appel : au nom du Christ nous vous le demandons, laissez-vous réconcilier avec Dieu… car il dit dans l’Ecriture : Au moment favorable je t’ai exaucé, au jour du salut je suis venu à ton secours. Or c’est maintenant le moment favorable, c’est maintenant le jour du salut ». (2 Co 5, 17-6, 2).

En observant ce qui se passe dans notre sous-région et en nous écoutant les uns les autres, nous réalisons que nous avons de plus en plus besoin du message de la Miséricorde du Pape François, et plus particulièrement de la réconciliation dans notre Eglise et dans nos pays de la sous-région. Nous épousons parfaitement l’appel de saint Paul aux Corinthiens : « Nous vous en supplions au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu » (2 Co 5, 20.) Profitons de cette période favorable de grâce, le Carême de l’année jubilaire de la Miséricorde et l’Année de réconciliation en Afrique, non seulement pour nous convertir et pour nous réconcilier avec Dieu et avec les autres en Jésus-Christ, notre Réconciliation, mais aussi pour devenir des ministres de la réconciliation et des ambassadeurs du Christ. Avec le Pape François, devenons vraiment des « missionnaires de la miséricorde de Dieu » partout où nous sommes. Ainsi, nous Evêques, nous nous engageons à être les missionnaires de la miséricorde de Dieu, les ministres de la réconciliation du Christ et les ambassadeurs de la paix dans nos pays respectifs et au-delà : partout où il y a des tensions, des crises, des conflits et même des guerres.

A cet égard, nous nous réengageons à travailler pour la paix avant, pendant et après les élections politiques dans nos pays. En outre nous poursuivrons le dialogue interreligieux pour une coexistence pacifique avec nos frères et sœurs des autres confessions religieuses. Nous réaffirmons notre solidarité avec nos frères et sœurs chrétiens qui sont aujourd’hui victimes de plusieurs formes de persécution religieuse en Afrique et dans d’autres parties du monde ; nous prions pour eux et demandons aux pouvoirs politiques d’assurer le respect pour les droits religieux et fondamentaux de tous.

4. Le mariage, la famille et la vie familiale

Dans nos délibérations, nous nous sommes rendus compte que lorsque dans une nation ses fils et ses filles ne sont pas réconciliés les uns avec les autres et en paix entre eux, le développement véritable et intégral lui échappe. Egalement, lorsque dans une société, le mariage et la famille, cellule de base de l’humanité n’ont pas de garantie pour se développer dans la paix, cette société est exposée à l’instabilité sociopolitique, culturelle et morale.

Nous sommes donc pleinement convaincus que face aux évolutions socioculturelles actuelles, l’Eglise Famille de Dieu doit se lever et défendre la vérité du mariage et de la vie familiale comme Dieu créateur l’a voulue (Gn. 1 et 2 ; Mt. 19, 1-6). Nous défendons la dignité inaliénable et les droits de la personne humaine créée à l’image de Dieu et à sa ressemblance ; nous devons sauvegarder et promouvoir particulièrement les droits des personnes les plus vulnérables dans la société tels que l’enfant à naître, les personnes âgées et infirmes.

Dans l’Eglise, nous soutenons et défendons que le mariage est un don de Dieu liant un homme et une femme, ni plus ni moins. Nous rappelons aussi que toute vie humaine est sacrée et doit être accompagnée, soutenue, défendue et respectée depuis sa conception jusqu’à sa fin naturelle. Nous promouvons la culture de la vie et nous sommes prêts à la défendre dans les espaces publics de nos pays respectifs contre la culture de la mort souvent présentée comme moyen de développement.

Conclusion

Enfin, nous nous sommes réengagés pour une meilleure formation de la foi des membres de nos Eglises et des agents pastoraux. Nous admettons qu’il ya encore beaucoup à faire pour renforcer certains de nos membres dans la foi catholique, ses pratiques et la vie de témoignage. Nous encourageons nos catholiques à se rendre disponible par des efforts pour leur formation continue afin de s’équiper pour assumer leurs responsabilités sociales, politiques et culturelles dans la société. Nous encourageons les membres de nos églises à ne pas se détourner de nobles services de la politique et du leadership politique. En fait, nous estimons qu’il est un devoir qui doit être rempli dans l’esprit de Jésus-Christ, qui est « venu non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude » (Mt 20, 28 ; Mc 10, 45).

Nous terminons ce message pastoral par cette exhortation de saint Paul : « Enfin, mes frères, tout ce qui est vrai et noble, tout ce qui est juste et pur, tout ce qui est digne d’être aimé et honoré, tout ce qui s’appelle vertu et qui mérite des éloges, tout cela, prenez-le en compte. Ce que vous avez appris et reçu, ce que vous avez vu et entendu de moi, mettez-le en pratique. Et le Dieu de la paix sera avec vous » (Phil. 4, 8-9).

De tout cœur nous vous bénissons et vous confions à la protection maternelle de Marie, Notre Dame d’Afrique.

Vos Cardinaux, Archevêques et Evêques de la CERAO



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