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Déclaration de politique générale de SEM le Premier Ministre Paul Kaba THIEBA : Quelles perspectives pour le secteur privé ?

jeudi 18 février 2016.

 

Le 05 février 2015, le Premier Ministre S.E.M. Paul Kaba THIEBA a, conformément aux dispositions constitutionnelles, sacrifié à la traditionnelle déclaration de politique générale (DPG) devant les députés de la 7èmelégislature.

Comme l’ensemble des forces vives de la nation, le secteur privé a été particulièrement attentif aux nouvelles orientations de développement données par le chef du Gouvernement pour les cinq (5) années à venir.
En rappel, c’est dans le but d’inscrire la problématique du développement du secteur privé au cœur des agendas politiques que le Conseil National du Patronat Burkinabè (CNPB), organisation faîtière des employeurs du Burkina Faso, a organisé à la faveur de la campagne présidentielle précédente, les 23, 24 et 25 novembre 2015, la première rencontre Patronat-candidats à l’élection présidentielle du 29 novembre 2015.

Au regard des préoccupations essentielles soulevées par les opérateurs économiques consignées dans un mémorandum et les perspectives définies dans le programme politique du Président du Faso, le contenu de la déclaration du Chef du Gouvernement appelle quelques observations pertinentes.

De prime abord, le Conseil National du Patronat burkinabè salue et apprécie l’option ambitieuse de développement annoncé par SEM le Premier Ministre dans sa déclaration à travers la mise en œuvre de trois axes d’importance majeure :

 la réforme des institutions, la modernisation de l’administration pour plus de justice sociale, de démocratie, de liberté et la lutte contre les inégalités et la corruption,
 la mise en place d’un modèle de développement centré sur le renforcement du capital humain,
 la transformation structurelle de l’économie à travers la dynamisation des secteurs porteurs et le renforcement du rôle du secteur privé.

Au titre des deux premiers piliers, le Patronat burkinabé se félicite de l’engagement pris par le chef du Gouvernement d’accorder la priorité aux actions nécessaires pour le renforcement de la justice, de la sécurité au plan national, la réduction de la fracture énergétique, le développement du capital humain et de la recherche, la promotion des technopôles, des énergies vertes et renouvelables et la mise en place des infrastructures nécessaires au développement de l’initiative privée.

Le troisième pilier qui porte sur la transformation structurelle de l’économie et le renforcement du rôle du secteur privé est de loin le plus ambitieux, au regard du tableau peu reluisant dressé par le Premier ministre sur la situation de l’économie nationale marquée essentiellement par un « important déficit de productivité et de compétitivité lié, à la faible qualification de la main d’œuvre, à la faible disponibilité et au coût élevé des facteurs de production, notamment, ceux de l’énergie et des transports, ainsi que….la faible disponibilité de financements adaptés pour les activités de production… ».

Au nombre des actions prévue à ce titre, figurent la mise en place d’un environnement propice au développement des entreprises, la mise en œuvre de mesures incitatives en direction du privé pour réaliser des logements sociaux dans chacune des 45 provinces, le développement du numérique, la promotion du partenariat public privé, le développement des infrastructures de transport et d’énergie, la création d’une banque agricole et d’une banque dédiée aux PME/PMI, la promotion du capital/investissement, la formalisation de l’économie informelle etc.
La mise en œuvre de ces actions permettra, à n’en point douter, au secteur privé de jouer son rôle de moteur du développement économique et social.

Cependant, le constat qui peut être dressé à la lumière de cette déclaration, est qu’une bonne partie des attentes exprimées par le secteur privé lors des échanges organisés par le Patronat avec les candidats à l’élection présidentielle de 2015 a été prise en compte par le Premier Ministre.

Mais au-delà des déclarations d’intention, les opérateurs économiques ont besoin d’être rassurés par des mesures concrètes.

Ainsi, comment en effet renforcer le rôle du secteur privé en terme de création de richesses et d’emplois, sans au préalable l’aider à relancer ses activités notamment à travers le règlement diligent de la dette intérieure dont l’encours a été rehaussé sous la période transitionnelle. A cela s’ajoute l’accompagnement tant sollicité des entreprises victimes des casses et pillages suite à l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014 qui plus d’une année après, demeurent dans une situation dramatique avec toutes les conséquences sur l’emploi. En plus de cela sont venues s’ajouter les entreprises victimes du coup d’état du 17 septembre 2015, l’attaque terroriste des 15 et 16 janvier 2016 ainsi que les manques à gagner occasionnés par les périodes mortes dues à ces évènements.

La prise de mesures dans ces domaines sont plus qu’urgentes et nécessaires d’autant plus que son Excellence Monsieur Paul Kaba THIEBA fonde en grande partie le financement de la politique du Gouvernement sur les recettes fiscales, sans qu’aucun signal fort ne soit donné pour apporter des réponses adéquates aux préoccupations citées ci-dessus par le secteur privé, qui de notre point de vue, constituent des préalables pour la relance de l’économie.

Le secteur privé a besoin d’être rassuré que le financement de cette ambitieuse politique gouvernementale ne conduira pas à une augmentation de la pression fiscale sur les entreprises structurées qui ploient déjà sous le poids de la fiscalité.

Le secteur privé fonde l’espoir que pour la construction d’un Burkina tous les burkinabè des villes et des campagnes ainsi que ceux de la diaspora, répondront favorablement à l’appel lancé par son Excellence Monsieur Paul Kaba THIEBA.
En tout état de cause, le Conseil National du Patronat burkinabé est résolument engagé à accompagner le gouvernement dans la mise en œuvre de sa politique, dans le cadre du dialogue inclusif prônée par le chef de l’exécutif.

En attendant de voir les réalisations concrètes sur le terrain, le Patronat burkinabé traduit une fois de plus toute sa volonté de poursuivre les réflexions avec le Gouvernement, conformément aux engagements de la rencontre Patronat-candidats à l’élection présidentielle de novembre 2015 et dans la perspective de la tenue très prochaine de la rencontre gouvernement/patronat afin d’échanger véritablement sur la relance de l’économie et la sécurisation des investissements privés.

Le service de la communication du CNPB