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Mariage précoce dans la Boucle du Mouhoun : Le gros plan du Cinéma Numérique Ambulant

jeudi 18 février 2016.

 

C’est pratiquement la norme en milieu rural où 62% des filles âgées de 20 à 24 ans sont mariées avant l’âge de 18 ans. Déscolarisation, grossesses non désirées, maladies, le chapelet de problèmes liés à la pratique est quand même long. Le cinéma numérique ambulant était en campagne de sensibilisation dans la région de la Boucle du Mouhoun qui a occupé la troisième place au plan national en matière de mariages précoces. Lors d’une conférence de presse le 16 Février 2016, les organisateurs ont fait le point des activités menées.

A Oura, un village de la province de la Kossi, la petite fille dès sa naissance est promise. Elle rejoint son fiancé dès ses premières règles. A Kenekuy dans la même province et à Dounkoun dans le Sourou, c’est le système des rapts qui est pratiqué. Ce sont les jeunes garçons qui ‘’ciblent’’ les filles et sollicitent l’aide de leurs camarades pour qu’ensemble ils enlèvent la petite fille de retour du marché, de l’école ou du champ.

La pratique des mariages précoces a la peau dure dans la région de la Boucle du Mouhoun. Cette région vient d’ailleurs régulièrement à la troisième place selon les statistiques, après le Sahel et l’Est. Une étude révèle que 32% des filles âgées de 15 à 19 ans ont déjà commencé leur vie féconde. Et pour ne pas arranger les choses, pendant l’année 2011-2012, la région de la boucle du Mouhoun battait le record des grossesses non désirées avec 595 cas contre 171 cas au centre est, 78 pour le Centre Ouest.

C’est véritablement un fléau contre lequel le Cinéma numérique Ambulant est allé en croisade dans la région. Dans 20 localités de la région, du 4 janvier au 1er février 2016 l’association a mené une série d’activités pour un changement de comportement.

Ainsi, des leaders communautaires ont été formés, des courts métrages, des micros-trottoirs réalisés, des films projetés et suivis de débats, à raison de quatre jours dans chaque localité. A entendre Wendlassida Ouédraogo, président du CNA- Burkina Faso, ce sont des activités qui ont permis de mettre en lumière l’état des lieux du mariage des enfants dans les différentes provinces, les causes, les conséquences, les solutions et les sanctions ; et les leaders communautaires ont pris des résolutions et des engagements pour que cette pratique prenne fin.

« 5 sketchs et 15 fictions ont été réalisés. La réalisation d’un court métrage dans chaque localité a permis d’illustrer les réalités de chaque communauté sur le thème. Les acteurs étaient composés en majorité des élèves et ces films ont mis en exergue les différents types de mariage des enfants de chaque localité … », a ajouté le président de l’association. 1 840 personnes ont été impliquées directement à travers les formations, les réalisations des courts métrages, des micros-trottoirs, les synthèses et les participations aux débats. 32 407 personnes en tout ont été touchées par ces activités.

Concrètement, pendant la campagne de sensibilisation, appuyée par l’UNICEF, les leaders d’opinion des villages (présidents des Conseils villageois de développement, les responsables des femmes, les représentants des jeunes, les chefs de villages, notables, …) se sont engagés à :
-  mettre en place un comité de plainte et de suivi
-  multiplier les sensibilisations,
-  dénoncer les éventuels cas,
-  prendre des sanctions pour les cas éventuels,
-  faire recours aux autorités compétentes telles que la préfecture, la gendarmerie ou l’action sociale
-  appeler le numéro vert le 116

Wendlassida Ouédraogo et ses camarades rappellent que les populations bénéficiaires ont apprécié le bien-fondé de l’abandon du mariage des enfants. Et le projet dont l’objectif est de permettre que d’ici avril 2016, 70% des adolescents, filles et garçons, et 80% des parents des zones cibles de la région reçoivent des informations et des connaissances sur l’abandon du mariage des enfants à travers les activités de communication de proximité dans 20 villages, est un pas de plus dans la lutte.

Tiga Cheick Sawadogo (tigacheick@hotmail.fr)
Lefaso.net



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