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Déclaration de Politique Générale : Au-dela du rituel constitutionnel, place vite aux actions concrètes

mardi 9 février 2016.

 

Si la nomination de Paul Kaba Thiéba à la tête du gouvernement a importé peu à la majorité des Burkinabè, sa feuille de route a intéressé plus d’un. D’autant plus que ses compatriotes commencent à être à bout de souffle après la chute brutale du régime de Blaise Compaoré et les espoirs inassouvis sous la Transition. Les deux figures de proue de l’Exécutif, Roch Marc Christian Kaboré et son Premier ministre, sont impatiemment attendus au pied du mur. De la Déclaration de Politique Générale intervenue, vendredi 5 février 2016, les attentes s’avèrent nombreuses de toutes parts. Même si celle-ci ne prend pas en compte toutes les préoccupations du pays et de ses habitants, il va sans dire que les deux principaux maîtres d’ouvrage de la « Reconstruction nationale » vont être pris aux mots à l’heure du bilan. Pour peu que le document-cadre de quarante-huit (48) pages présenté à l’Hémicycle soit un référentiel publico-politique sur lequel l’ensemble des Burkinabè est appelé à se tabler désormais pour demander des comptes à leurs gouvernants. C’est une attitude citoyenne responsable que tout(e) citoyen(ne) est invité à adopter. Il appartient à chaque Burkinabè de se positionner comme une sentinelle avisée de la marche nationale vers le développement imprimée par leurs mandataires issus des urnes tout en prenant la responsabilité de mettre du sien pour que la réussite soit au bout de la promesse

Si l’exercice de dévoiler ses ambitions et de formuler ses promesses devant les députés se veulent doublement une obligation constitutionnelle et une exigence démocratique, il gagnerait à être le pendant réaliste du Programme quinquennal du Président du Faso en s’érigeant en un véritable contrat social entre les Burkinabè et le régime actuel. Depuis l’avènement du multipartisme et la mise en place de la première Législature en 1992, la Déclaration de Politique Générale (DPG) s’est jusque-là apparentée à un folklore dont le contenu ne tient que les naïfs qui ont perdu le temps d’y accorder un minimum d’attention. Très peu de Burkinabè s’en souviennent au moment du Discours sur l’état de la Nation. Ce jeu d’attrape-nigaud légal doit prendre fin maintenant. Les promesses n’ont jamais fait défaut au Burkina Faso. C’est le grand écart entre elles et leur concrétisation qui a amené le peuple à se sentir lésé au nom d’une démocratie dont les fondements ne semblent pas être les mêmes à tous les niveaux de la société. Et Le devoir de redevabilité n’a pas toujours été un impératif de gouvernance. Cela requiert un élan citoyen et républicain de suivi et d’évaluation à partir du 6 février 2016 en tenant bien sûr compte des contraintes objectives. Il faut obliger l’Exécutif à aller au-delà d’une simple déclaration pour l’obliger à accomplir et à ne perdre de vue son devoir comme « un élève conscient que c’est sur la base de sa note qu’il passera en classe supérieure ».

Si de l’appropriation de la Déclaration de Politique Générale du Premier ministre, Paul Kaba Thiéba et de l’appréciation des résultats atteints chaque année va dépendre l’efficacité de son équipe gouvernementale, il convient de concéder que le régime de Roch Marc Christian Kaboré a la lourde tâche d’être l’héritier démocratique et constitutionnel des chamboulements sociopolitiques et économiques survenus en un laps de temps au Burkina Faso. De ses premières prises de parole du Président du Faso, celui s’est bien montré conscient du challenge de « gouverner désormais autrement » qui est le sien. Et la Déclaration de Politique Générale de Paul Kaba Thiéba aura un air du « déjà vu et déjà entendu » impardonnable si sa mise en œuvre ne rompt pas avec celles de ses prédécesseurs. Ce qui a été toléré ou passé sous silence pour diverses raisons durant le régime de sous Blaise Compaoré passera difficilement inaperçu dorénavant. La jeune expérience démocratique burkinabè révèle que les « Déclarations de Politique Générale » ont longtemps servi à meubler l’Etat de droit et à amadouer un auditoire avide de légalité que de constituer un véritable guide politique pour le bien-être national. La virginité du passif de politique et de dirigeant de haut niveau de l’actuel Premier ministre voudrait que les Burkinabè lui voue à cet instant T un « Capital Confiance » à 100% qu’il lui revient de maintenir ou diminuer au gré de sa gouvernance. Sans oublier que celui-ci agit sous la houlette d’un Président du Faso qui est le principal répondant devant le peuple.

Si le Premier ministre, Paul Kaba Thiéba a usé à maintes reprises pour insister et rectifier, chaque fois que besoin en est, pour signifier « Je n’ai pas dit ceci, j’ai dit cela, il faut que ce soit clair dans l’esprit de tout le monde », c’est une prudence qui témoigne de sa pleine et entière prise de conscience et qu’il sera désormais difficile de gouverner au Burkina Faso en s’écartant du canevas que l’on a soi-même décliné en tant que Chef du gouvernement devant les élus du peuple, donc de la Nation toute entière. Le Burkina Faso revient de loin. Ajouté au fait que de tout temps, tout es priorité dans ce pays. D’autant que l’insurrection populaire et les péripéties de la Transition qui s’ensuivit ont considérablement bouleversé ses fondamentaux politiques, économiques et sociaux. Face à la soif d’une avancée exponentielle et d’un progrès à croissance multiple qui s’est légitimement emparée de ses compatriotes, certains n’hésiteront, à juste titre, à demander le ciel à Paul Kaba Thiéba. D’ailleurs, lors de sa Déclaration de Politique Générale, des députés ont oublié leur caractère de représentants nationaux pour épouser un poste d’élu local.

S’il est évident que dans un pays comme le Burkina Faso tout est à reconstruire, il revient néanmoins à l’Exécutif d’opérer des choix clairvoyants et courageux. Ce qui incombe à la vitalité démocratique dont tout Burkinabè est le garant, c’est d’œuvrer et de veiller, autant que possibles, à ce que les initiatives et les actions du gouvernement soient les plus judicieuses et au service de l’intérêt supérieur de la Nation. Etant donné qu’à l’issue des mandats, les actes ont bien souvent trahi les déclarations d’intentions politiques. La programmation du développement ne doit désormais tenir compte ni de l’origine ethnique ni de la provenance géographique des autorités actuelles. . La lutte contre la pauvreté endémique qui remet régulièrement en cause le décollage socioéconomique du pays peut se révéler payante si les nouvelles autorités se démarquent de la cacophonie et de l’hypocrisie qui ont jadis caractérisé l’exécution des projets et programmes de développement qui engloutissent annuellement des ressources colossales. Les localités et les populations qui devraient en être les véritables bénéficiaires ne sont pas celles auxquelles ces chantiers sont vraiment destinés à l’arrivée. Au nom de la politique politicienne, le Burkina Faso a pris le plaisir d’investir dans des gouffres sans aucun impact. L’insurrection populaire pour démettre Blaise Compaoré de sa fonction suprême, la résistance unanime contre le putsch du Gal Gilbert Diendéré et la mobilisation nationale contre les attentats commandent au peuple burkinabè de se forger une opinion publique durable pour servir de veille permanente dans la bonne conduite du progrès national et de rempart contre toute velléité à sa nouvelle ère démocratique. La boussole du régime du Président Roch Marc Christian Kaboré est maintenant connue. La lucidité du peuple et sa responsabilité permanente dans le respect de la parole donné à travers la Déclaration de Politique Générale seront les meilleurs gages pour ne pas perdre le Nord. L’arme de l’opinion publique a longtemps manqué aux Africains en général et aux Burkinabè en particulier dans leurs rapports avec les dirigeants. L’amnésie des uns et l’oubli irresponsable du devoir des autres sont le lot de tous les abus démocratiques qui ont inhibé le développement socio-économique.

Filiga Anselme RAMDE
filiga.ramde@yahoo.fr
Pour lefaso.net



Vos commentaires

  • Le 8 février 2016 à 10:26, par La verite En réponse à : Déclaration de Politique Générale : Au-dela du rituel constitutionnel, place vite aux actions concrètes

    Je voudrais tout d’abord remercier le PM pour son courage indien et sa volonté affichée pour changer le Burkina quantitativement et qualitativement. Cependant à la veille de son discours on apprend que les membres du MPP sont appelés à déposer leur CV pour les nominations. Pourtant pour l’avoir écouté, il disait la personne qu’il faut à la place qu’il faut. C’est par ces manières que les choses ont toujours commencées.
    En plus, les jeunes attendent pour les emplois et surtout que ça ne soit pas seulement pour l’enseignement mais pour tous les autres corps de métier. Enfin, que fera le gouvernement pour ceux qui ont vu leur concours annulés pourtant ils étaient à la limite d’âge ? J’espère qu’il aura une dérogation spéciale pour permettre à ceux qui ont 38 ans de composer. Bon vent au PM que Dieu bénisse notre pays.

  • Le 8 février 2016 à 11:04, par jan jan En réponse à : Déclaration de Politique Générale : Au-dela du rituel constitutionnel, place vite aux actions concrètes

    Tous ces beaux discours pour endormir le Peuple, sait-il que ces prédécesseurs nous ont déjà raconté ces fables ??

  • Le 8 février 2016 à 11:07, par jan jan En réponse à : Déclaration de Politique Générale : Au-dela du rituel constitutionnel, place vite aux actions concrètes

    Il va bientôt regretter de ne pas être resté à la BCEAO, car malgré toute la bonne volonté qu’il a, les autres vont le décevoir.

  • Le 8 février 2016 à 11:21 En réponse à : Déclaration de Politique Générale : Au-dela du rituel constitutionnel, place vite aux actions concrètes

    Trop de fronts ouverts, comme on le dit les grands diseurs ne sont pas les grands faiseurs !
    Sur la plus part des programmes on sent que Paul Kamaandé ne maitrise pas vraiment les dossiers !
    C’est bien de rêver mais souvent il faut avoir les pieds sur terre !
    Je sens dans le Kamaandé un soupçon d’Alain Edouard et une pincée de Luc Adolphe !

  • Le 8 février 2016 à 12:16, par Le fauve En réponse à : Déclaration de Politique Générale : Au-dela du rituel constitutionnel, place vite aux actions concrètes

    Camarades militantes et militants,

    Il est clair que ces nominations au prétexte de pallier le manque de personnel dans les établissements d’enseignement post-primaire est sans vision lointaine. En sus de cette question, il y a la question de l’ouverture du concours des PAG aux enseignants. C’est le seul corps dans lequel les agents d’autres corps viennent concourir. Selon les textes d’orientation des emplois spécifiques (TOES) du MENA, la session de 2012 ne devrait concerner que les PAG mais vous n’êtes pas sans le savoir que même étant convaincues de la légitimité et de la légalité de la revendication des PAG, les autorités de l’époque ont cédé sous la pression des enseignants. Force n’a pas été à la loi mais au plus fort !

    Aussi, il convient de rappeler que la gestion du système éducatif échoit en premier aux PAG et toute solution en la matière devrait être prise d’abord avec les personnels de ce cadre en vue d’une meilleure prise de décision. D’ores et déjà, nous interpellons le Ministre de la Fonction Publique, du Travail et de la Protection sociale et celui chargé de l’Education nationale et de l’Alphabétisation à mettre fin à ces pratiques afin que les rapports de force cèdent leur place au droit, à la justice et à l’équité pour un Burkina nouveau.

    Le SYNAPAGER exige :
    •l’annulation immédiate des actes pris pour ces nominations et l’application du droit ;
    •le recrutement du personnel d’administration et de gestion au prorata des besoins ;
    •la mise en œuvre immédiate de la description des postes de travail et des emplois ;

    Camarades militantes et militants du SYNAPAGER,

    Plus rien ne doit être comme avant ! Trop, c’est trop ! Pour le respect et la valorisation du corps des PAG, restons déterminés, vigilants et prompts à répondre à d’éventuels appels !

    Nan laara, an sara !

    Monsieur le Pm ça déjà commencé, les affectations et nomination ’’bidons’’ en méconnaissance des textes. Les bureaux surchargés à Ouaga et un manque criard dans les province et campagne. Réaffecter sans conditions ces nommés et ces affectés de complaisances, sinon ...........

  • Le 8 février 2016 à 12:40 En réponse à : Déclaration de Politique Générale : Au-dela du rituel constitutionnel, place vite aux actions concrètes

    À entendre l’internaute 1 on recommence avec la politisation de l’administration ? Mpp égal cdp bis. Allons seulement ! Les mêmes causes produisent les mêmes effets

  • Le 8 février 2016 à 13:45, par Boopo En réponse à : Déclaration de Politique Générale : Au-dela du rituel constitutionnel, place vite aux actions concrètes

    Bonjour je remercie le PM pour sa Déclaration nous ne doutons pas sur lui puisqu’il n’est pas un politicien à mon sens bien sur. L’internaute 1 fait bien de nous rappeler Monsieur le PM beaucoup de concours ont été annulés.Nous savons tous que cela va entrain un manque de personnels dans les années à venir. Pensez Monsieur le PM a arrangé la situation car beaucoup de candidats comptaient sur ces concours et d’autres étaient frappés par la limite d’age.Nous saurons compté sur vous pour réparer la situation à l’avantage des candidats.D’autres candidats attendent toujours le dénouement de cette situation des fraudes.

  • Le 9 février 2016 à 08:56, par Nobga En réponse à : Déclaration de Politique Générale : Au-dela du rituel constitutionnel, place vite aux actions concrètes

    M. La Verite, vous devez savoir ceci :
    1 - Vous dites "... on apprend que les membres du MPP sont appelés à déposer leur CV pour les nominations. Pourtant pour l’avoir écouté, il disait la personne qu’il faut à la place qu’il faut. C’est par ces manières que les choses ont toujours commencées."
    Réponse : Au MPP il y a de la compétence à revendre pour cela et c’est pourquoi le MPP a gagné les élections. C’est pour gouverner lui-même, pas pour remettre aux autres.

    2 - Vous dites : "En plus, les jeunes attendent pour les emplois et surtout que ça ne soit pas seulement pour l’enseignement mais pour tous les autres corps de métier."
    Réponse : Les jeunes qui attendent les emplois ne sont pas ceux qui méritent les emplois. Le mérite revient aux jeunes qui cherchent mais qui ne trouvent pas et font ce qu’ils peuvent comme travail sous la main en attendant le meilleur.

    3 - Vous dites : "Enfin, que fera le gouvernement pour ceux qui ont vu leur concours annulés pourtant ils étaient à la limite d’âge ? J’espère qu’il aura une dérogation spéciale pour permettre à ceux qui ont 38 ans de composer."
    Réponse : Bien que ce soit une mayonnaise laissée par Loada, le Premier Ministre saura à son temps trouver la formule qu’il faut, car il s’agit là d’un cas parmi tant d’autres et ce n’est pas dans une politique générale qu’on traite de ce cas particuliers.

    Merci tout de même pour avoir soulevé ces problèmes, quand bien même ce n’est pas le cadre. Très amicalement !

  • Le 9 février 2016 à 09:04, par Nobga En réponse à : Déclaration de Politique Générale : Au-dela du rituel constitutionnel, place vite aux actions concrètes

    M. Le Fauve, si vous êtes sincères envers vous-mêmes, vous diriez au peuple burkinabè que ces nominations n’ont pas été faites par le gouvernement Paul Kaba, même si c’est ce gouvernement qui doit assumer. Donc, attirer son attention diffère d’imputer la responsabilité à ce gouvernement. Votre mauvaise fois va vous rattraper. Vous êtes un faux syndicaliste.

  • Le 9 février 2016 à 13:19, par OS En réponse à : Déclaration de Politique Générale : Au-dela du rituel constitutionnel, place vite aux actions concrètes

    Voici les priorités pour 2016 :
    - créer des emplois pour les jeunes ;
    - résoudre les problèmes des universités ;
    - augmenter les salaires au moins 15% ;
    - mettre une usine de transformation de la tomate rapidement ça va contribuer à réduire la pauvreté e milieu rural
    après lecture je me rends compte qu’il n’a pas compris pourquoi on a chassé blaise
    En 2016 on n’ a pas besoin de toutes ces voies à bitumer peut être à partir de 2017.faute de ses mesures il y aura une insurrection et c’est le pays qui perd il faut savoir anticipé
    l’histoire est têtue conseils d’un patriote qui aime réellement son pays que DIEU bénisse le BURKINA

  • Le 9 février 2016 à 14:23, par OS En réponse à : Déclaration de Politique Générale : Au-dela du rituel constitutionnel, place vite aux actions concrètes

    Voici les priorités pour 2016 :
    - créer des emplois pour les jeunes ;
    - résoudre les problèmes des universités ;
    - augmenter les salaires au moins 15% ;
    - mettre une usine de transformation de la tomate rapidement ça va contribuer à réduire la pauvreté e milieu rural
    - lutter efficacement contre la corruption et le copinage(on réceptionne des bâtiments dont la façade principale est fissurer, à la place de fer de 8 on utilise des fer de 6,un chainage au lieu de 2,les voies sont mal bitumées,la réparation des engins dépassent leurs prix d’achat et l’ETAT ferme l’œil ,une classe avec 4 enseignants en ville pendant que les enfants des pauvres au village un enseignant 2 classes,en ville certains profs ont moins d’heures par ex 9h ou 6 au lieu de 18ou 22,)
    après lecture je me rends compte qu’il n’a pas compris pourquoi on a chassé blaise
    En 2016 on n’ a pas besoin de toutes ces voies à bitumer peut être à partir de 2017.faute de ses mesures il y aura une insurrection et c’est le pays qui perd il faut savoir anticipé
    l’histoire est têtue conseils d’un patriote qui aime réellement son pays que DIEU bénisse le BURKINA

  • Le 10 février 2016 à 10:41, par Filsdupaysan En réponse à : Déclaration de Politique Générale : Au-dela du rituel constitutionnel, place vite aux actions concrètes

    Tout est dit et il faut aller droit au but. Vite et rapide car le temps est trop court pour ce long et ambitieux Programme.
    Je proposerai pour l’enseignement que :
    L’accent soit mis sur le primaire avec le recrutement des enseignants formés dans les ENEP privées et qui ne sont pas employés pour uniquement le primaire,
    Les étudiants de niveau DEUG2 soient recrutés et formés pendant 6 mois au moins (comme c’est urgent) pour les classes de 6ème à 3ème ;
    _Pour les étudiants de licence ou maitrise, les recruter et former pendant au moins 6 mois pour les les classes de 2nde à la terminale.