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Du rififi autour de l’organisation du pèlerinage à la Mecque

mercredi 20 janvier 2016.

 

Il y a quelques jours, un groupe d’agences de voyage incriminait le Comité national de suivi du pèlerinage à la Mecque (CNSPM), d’un certain nombre de manquements ; allant jusqu’à demander un audit. Pire, certains noms ont été ‘’balancés’’ sur des ondes de radio, avec des propos discourtois. Attitude regrettable et inquiétante de l’avis du Comité qui a animé un point de presse le 15 janvier 2016 pour tirer sur la sonnette d’alarme. Ledit comité a appelé les autorités à se saisir de la question avant qu’une situation fâcheuse n’intervienne.

Dans une déclaration parue dans la presse il y a quelques jours, une certaine coordination des agences de voyage disait avoir constaté que pendant le Hadj 2015, « le comité de suivi s’était érigé en comité d’organisation en contradiction flagrante avec les dispositions du cahier des charges ». Toujours selon ledit communiqué, cela a eu pour conséquence une gestion clientéliste de l’organisation et la fixation d’un prix prohibitif du Hadj qu’ils ont été obligés de combattre.

Signée par El Hadj Sana Abdoul Rahmane au nom d’une vingtaine d’agences de voyage, la déclaration n’a pas été cautionnée par des agences au nom desquelles elle a été rédigée. « Il nous a été donné de constater qu’une coordination d’agences de voyages a publié une lettre signée de son Président El Hadj Sana Abdoul Rasmané dénonçant une mauvaise organisation du hadj 2015 et sollicitant un audit du comité de suivi du hadj mis en place en avril 2015 pour les éditions 2015, 2016 et 2017. Nous tenons à attirer votre attention que vingt agences de voyages sur les trente-neuf agences ayant obtenu l’autorisation d’inscrire des pèlerins pour les hadj 2015, 2016 et 2017 ne se reconnaissent pas dans de telles affirmations et contre-vérités qui, non seulement mettent à mal l’unité et le consensus indispensable pour un bon hadj mais semblent viser à plomber déjà l’organisation du hadj 2016 ».

Après ces déclarations et contre-déclarations dans la presse écrite, les accusateurs se seraient déportés, cette fois à la radio. C’était la sortie de trop pour le CNSPM qui a animé un point de presse, pas pour répondre, mais pour interpeller les autorités.

« (…) nous avons écouté une déclaration dans une radio où on appelait les noms de certaines personnes et quand on en arrive à cela, il y a un danger sur la paix sociale. Aller à la radio insulter, dire des choses qui ne sont même pas vraies, c’est très dangereux et voilà pourquoi nous avons voulu réagir, en attendant d’interpeller les autorités pour qu’elles s’en saisissent », a dit Cheick Boni président du CNSPM. Il dit être « très inquiet suite à la tournure des événements », parce que, poursuit-t-il, « si nous laissons les gens continuer à s’insulter par medias interposés et qu’il y a des affrontements en ville, au nom du pèlerinage ; c’est une grande responsabilité que je ne peux assumer ».

« Quand on gère des fonds publics, on doit être audité »

Ladite coordination qui s’est épanchée dans la presse demande entre autres des audits sur l’organisation du hadj sur plusieurs années. Chose normale pour le comité, puisqu’elle a utilisé de l’argent public. « L’Etat a des moyens de contrôle. Nous ne demandons même pas un audit, nous sommes soumis de le faire. Quand on gére des fonds publics, on doit être audité. On n’a aucun problème avec les audits ».
Ce que Cheick Boni et les membres du comité souhaitent, c’est que « chacun reste dans son rôle ». Et en la matière, il n’est pas du rôle des agences de voyage de réclamer un audit. « Les agences de voyages, recrutent des pèlerins, les convoient... Le comité de suivi fait l’encadrement, les visas (…), l’Etat a des moyens de contrôle ».
Mais le président du comité regrette qu’après un hadj qui a été endeuillé, avec 43 personnes mortes côté burkinabè, certaines agences de voyages ne parlent que d’argent. « Nous voulons d’abord présenter nos condoléances à tous les parents qui ont perdu un proche avant de parler d’argent », a-t-il dit, tout en brandissant les certificats de décès des pèlerins que le comité aurait reçus la veille (Ndlr. le 14 janvier 2016)

Le comité n’a rien caché, ont insisté les conférenciers. Mieux son rapport est prêt et n’attend qu’à entre transmis aux autorités. « Nous avons joué la carte de la transparence. Nous sommes des gens bien éduqués, mais puisque les autorités sont là, il fallait leur rendre compte d’abord », a renchéri le principal animateur de la conférence de presse, Cheick Boni.

Le comité doit, et on doit au comité

Le Comité national de suivi du pèlerinage à la Mecque (CNSPM) doit à certaines agences, tout comme certaines aussi lui doivent, a confessé le président du comité, chiffres à l’appui. Une rencontre a d’ailleurs eu lieu avec les différents créanciers pour discuter en « personnes civilisées ».

« Il y en a à qui on doit environ 240 millions, les agences nous doivent environ 204 millions. Au jour d’aujourd’hui, nous avons déjà payé plus de 400 millions. Parmi ceux qui parlent beaucoup, il y en a qui ont déjà reçu 370 millions ».

« L’islam a une fédération, des instances, on a la possibilité d’aller discuter, trouver des solutions à nos problèmes. On n’est pas obligé de nous insulter et porter atteinte à la dignité des gens dans les média », a conclu le président du comité national de suivi du pèlerinage à la Mecque.

Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net



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