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Discours sur l’état de la Nation : Le Premier ministre face aux députés

vendredi 15 avril 2005.

 

Monsieur le Président,

Honorables Députés,

En montant à cette tribune pour vous exposer la situation de la Nation, je voudrais me réjouir avec vous, de constater que cette rencontre consacrée par la constitution, est devenue une tradition heureuse qui permet au Chef du Gouvernement d’évoquer avec la représentation nationale les réponses aux grandes questions auxquelles notre nation est confrontée.

Monsieur le Président,

Votre auguste institution est aujourd’hui, l’incarnation de notre démocratie apaisée dans laquelle, des femmes et des hommes, d’opinions et de convictions différentes, acceptent de s’exprimer, de débattre et de s’affronter dans le respect mutuel.

C’est à juste titre que vous avez entrepris de valoriser cette institution, de la moderniser, de lui donner plus de force et plus de place dans notre dispositif démocratique, par l’adoption d’un Plan stratégique décennal de développement.

Le Gouvernement se réjouit de cette initiative qui traduit la vigueur et la maturité de votre institution, qui a eu le souci de capitaliser l’expérience de trois législatures successives.

Je puis vous assurer que pour la part qui lui reviendrait, le Gouvernement ne ménagera aucun effort pour une mise en œuvre réussie de ce plan.

Monsieur le Président,

Honorables députés,

La politique que le Gouvernement mène depuis plusieurs années est une recherche permanente de justes solutions aux préoccupations du peuple burkinabé, à travers le Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP), l’approfondissement de notre démocratie et la nécessaire réforme de l’Etat.

Au cours de l’année écoulée, le Gouvernement a tout mis en œuvre pour tenir les engagements pris devant le peuple burkinabé, dans la recherche de l’intérêt général.

Notre mission au quotidien, a été de porter le projet politique que Son Excellence Monsieur le Président du Faso a pour notre pays, projet de transformation qualitative de notre société.

La présence de Son Excellence Monsieur Blaise COMPAORE à la tête de l’Etat assure au Burkina Faso un prestige renforcé à l’extérieur et, à l’intérieur, stabilité, paix sociale et développement continu.

Sous son instigation, le Gouvernement a poursuivi le renforcement de la paix civile, et de la bonne entente entre tous les Burkinabé. C’est ainsi, qu’au titre des réhabilitations administratives, les droits pécuniaires de toutes les personnes réhabilitées et ayant déposé des dossiers complets ont été liquidés et payés. Ainsi, sur 3694 personnes réhabilitées, 3229 ont effectivement bénéficié du paiement de leurs indemnités, qui s’élèvent à plus de 12 milliards de francs CFA.

Cette mesure qui s’est étalée sur plus de dix ans et qui vient de prendre fin, a contribué fortement à la réconciliation nationale. Elle est aujourd’hui complétée par l’indemnisation des personnes victimes de violences en politique, au titre de laquelle, 399 cas ont été liquidés, pour un montant cumulé de 3 milliards 584 millions 503 mille 098 francs CFA.

Monsieur le Président,

Honorables Députés,

Réconcilier, dialoguer, rassembler notre peuple et répondre à ses attentes, voici le credo du Gouvernement que je dirige depuis bientôt cinq ans.

Tout récemment, le Président du Faso nous a conforté dans notre voie, à travers la louable initiative qu’il a entreprise d’élargir le dialogue direct noué avec les forces vives de la Nation.

Dans les mois à venir et conformément aux instructions reçues, le Gouvernement approfondira les espaces de ce dialogue dans le but de parvenir à des résultats concrets, en commençant par l’organisation d’un forum national des jeunes en juin prochain.

Renforcer la démocratie, c’est aussi œuvrer pour la promotion des droits humains.

Depuis mon dernier exposé sur la situation de la Nation, le Gouvernement s’est attelé à rechercher les financements pour les programmes opérationnels du Plan national des Droits Humains adoptés en 2003.

Dans la même logique, l’indépendance et la pluralité de la presse ont été renforcées.

Par ailleurs, le Gouvernement a poursuivi sa politique de soutien aux médias privés et au développement des médias publics, avec le lancement des travaux d’extension et de renforcement de la couverture territoriale, ainsi que la modernisation des équipements des médias publics.

Sur le plan des libertés individuelles et collectives, ma conviction est faite que si certaines résistances peuvent encore ralentir notre démocratie, rien ne pourra plus arrêter le mouvement engagé.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les députés,

Conscient que la sécurité est la première des libertés, l’action entreprise par les forces de l’ordre depuis ces dernières années a été poursuivie sans défaillance. Elle a, vous le savez, commencé à porter ses fruits. A cause d’une augmentation alarmante de la délinquance, la sécurité est devenue un des plus grands soucis de nos concitoyens. Nous avons tout mis en oeuvre pour renverser cette évolution inacceptable.

De nouveaux combats nous ont été imposés par une délinquance transfrontalière hautement criminelle et structurée.

Notre détermination dans la lutte contre toutes ces formes de délinquance s’est exprimée dans les réponses apportées à l’attente des forces de défense et de sécurité dans plusieurs domaines, parmi lesquels, la formation, la poursuite de la modernisation et la clarification des compétences. Les directions régionales de la police nationale et les compagnies de gendarmerie sont devenues à cet égard, des centres d’organisation et d’exécution des opérations de lutte contre le grand banditisme. Pour accroître leur efficacité, des postes de commandement opérationnels, chargés de la conduite des actions sur le terrain ont été mis en place dans la quasi-totalité des régions.

Ainsi, les effectifs des services de sécurité sont constamment accrus à la faveur de nouveaux recrutements.

Sur le plan de l’amélioration des conditions de travail, un grand effort d’acquisition de moyens de transport, de communication et d’intervention a été opéré, grâce à une allocation conséquente de crédits consentie par le Gouvernement, dans le cadre de la loi de programmation sur la sécurité.

Pour compléter le dispositif, les compagnies militaires d’appui à la sécurité sont impliquées dans la sécurisation des axes routiers par des patrouilles permanentes.

Cependant, le plan d’action de lutte contre l’insécurité, en dépit des moyens humains et matériels qui lui sont consacrés, ne saurait être mis en œuvre pleinement, sans l’engagement et la collaboration des populations.

La formalisation du concept de police de proximité vient consacrer cette approche.

L’exécution du plan a débuté en février dernier et se poursuivra au cours des cinq prochaines années, notamment par la mise en place prochaine des cadres de concertation dans tous les villages et secteurs du Burkina Faso.

Monsieur le Président,

Honorables Députés,

La question de la sécurité ne peut faire l’objet de manipulations politiques. Le Gouvernement, sur ce point, a toujours résisté et résistera à la tentative d’agir avec la peur et sous la pression qui peuvent être source de dérives.

Notre devoir est d’agir avec fermeté, sans défaillance mais avec discernement, en veillant au respect des libertés individuelles et collectives, c’est ce que nous faisons.

Monsieur le Président,

Honorables Députés,

Si nos Forces Armées participent à la sécurisation à l’intérieur du territoire national, elles ne se sont jamais pour autant écarté de leur mission première : veiller à l’intégrité de nos frontières.

Gage de notre liberté et de notre existence même en tant que nation, les Forces Armées ont poursuivi leur modernisation en vue d’accroître leur professionnalisme et leurs capacités opérationnelles.

Elles ont eu, au cours de ces dernières années, à prouver, si besoin en était encore, qu’elles étaient au service de la République et de l’Etat, alors que certains avaient espéré les dresser contre les institutions démocratiques. Je voudrais, une fois encore saluer leur loyalisme et leur rendre hommage.

Monsieur le Président,

Honorables Députés,

En exécution de la mission que le Président du Faso a bien voulu confier au Gouvernement, nous avons toujours eu la volonté de faire du Burkina Faso un symbole, un pays prouvant son ardent désir de modernité et affirmant qu’une société démocratique doit offrir à tous ses citoyens, la possibilité de prendre leur part de responsabilité dans les décisions et les choix publics.

Nos actions ont toujours eu, pour ultime objectif, de faire de tous les villages, de tous les secteurs, de toutes les provinces et de toutes les régions du Burkina Faso, des espaces d’énergie, des espaces de projets, des espaces de perspectives prometteuses.

A cet égard, nous avons maintenu et renforcé l’effort de doter notre pays de collectivités territoriales aux capacités d’actions plus souples et plus efficientes, en approfondissant le processus de décentralisation et de déconcentration, en stimulant une gestion publique plus proche des réalités locales. C’est dans cet élan que l’année 2004 a connu la mise en place des gouvernorats, point d’amorce pour le renforcement des capacités des services déconcentrés, à accompagner les collectivités territoriales dans leurs efforts de développement.

Concomitamment, des initiatives sont déployées pour le transfert effectif des compétences et des ressources aux collectivités locales.

Mesdames et Messieurs les Députés,

L’adoption par votre auguste Assemblée de la loi portant Code général des collectivités territoriales est un point de satisfaction pour le Gouvernement. En effet, ce code pose les bases de l’extension des communes à l’ensemble des départements. Le Gouvernement s’attache, d’ores et déjà, à la finalisation d’un cadre stratégique de mise en œuvre de la décentralisation, document de référence devant permettre la mise en synergie des actions et le suivi des avancées du processus.

La fixation des prochaines consultations municipales au 12 février 2006, s’explique amplement par des raisons techniques et ne saurait faire l’objet de marchandages politiques. Dans tous les cas, le Burkina n’a plus le droit à l’erreur en matière d’élections, depuis le succès retentissant enregistré lors des législatives de mai 2002.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les Députés,

L’avenir de la décentralisation exige également de la part de l’Etat et de ses services, une capacité d’adaptation que nous n’avons jamais sous estimée. S’adapter, c’est se réformer et se moderniser.

Le service public est un pilier pour construire une société fondée sur les valeurs d’égalité, de justice sociale, de solidarité et de partage.

Dans un Etat comme le nôtre, confronté aux défis multiformes de la mondialisation, le service public doit être également un puissant levier économique pour la croissance.

C’est le lieu pour moi, de saluer la démarche participative et consensuelle ayant permis la relecture de la loi 13/98 par le Gouvernement et les Organisations syndicales.

Au-delà des indispensables modifications des textes que la modernisation de notre administration commande, le Gouvernement n’a pas relâché ses efforts pour permettre aux services publics de renforcer leurs capacités humaines au double plan quantitatif et qualitatif.

A ce titre, le Gouvernement continuera d’accorder une importance particulière à la question de la bonne gouvernance, comme moyen et objectif de développement national.

Fort des résultats obtenus dans la mise en œuvre du premier Plan national de bonne gouvernance, le Gouvernement s’attèle actuellement à l’élaboration d’une politique nationale de bonne gouvernance dans le cadre du CSLP.

Monsieur le Président,

Tout en consolidant l’édifice institutionnel public, nous nous sommes attachés de manière continue, à poursuivre l’assainissement et la moralisation de la vie publique, notamment par la lutte contre la corruption.

A ce titre, l’action de la Haute Autorité de coordination de la lutte contre la corruption, élément central de notre dispositif de lutte contre le phénomène de corruption, appuyé par les différents corps et institutions d’inspection, mérite d’être saluée.

Le rapport d’activités 2003 de la Haute Autorité, qui m’a été remis officiellement le 12 janvier 2004 fait ressortir, à partir de l’étude des dossiers de contrôle effectués par les structures compétentes, un manque de suivi de la gestion de la chose publique, l’incompétence de certains gestionnaires et administrateurs, la faiblesse ou l’absence de sanctions effectives, des mauvais exemples aux échelons supérieurs et le non respect du bien commun.

Face à ce constat accablant, le Gouvernement a décidé de réserver une suite ferme et sans complaisance aux recommandations de la Haute Autorité.

Ainsi, tous les ministres de tutelle des personnes incriminées ont reçu de ma part des instructions précises, aux fins de procéder sans délai au recouvrement des sommes dissipées et d’exécuter les sanctions administratives idoines.

Dans les cas avérés de détournement de deniers publics, des poursuites judiciaires ont été systématiquement engagées et nous attendons les verdicts.

La détermination affichée du Gouvernement sera poursuivie sans faiblesse et sans relâche. Les sanctions de révocation de fonctionnaires et élus locaux, et les poursuites judiciaires engagées à leur encontre, sont une des manifestions de cette volonté.

Il en sera ainsi du rapport 2004 qui m’a été remis il y a juste deux semaines.

Dans la même logique, le processus d’élaboration et d’adoption du document de politique nationale anti-corruption sera bientôt achevé.

Monsieur le Président,

Honorables Députés,

Si la modernisation de l’Etat que nous conduisons inlassablement est de le rendre plus efficace, surtout dans ses fonctions régaliennes, elle est également de veiller à son impartialité.

L’impartialité de l’Etat, entre autres, c’est le respect de l’autorité judiciaire, gardienne constitutionnelle de la liberté individuelle. Pour le Gouvernement, respecter l’autorité judiciaire, c’est respecter scrupuleusement l’indépendance des juges et assurer la prompte exécution de leurs missions.

Respecter l’autorité judiciaire, c’est également lui assurer les moyens de son fonctionnement.

Dans ce domaine, les actions du Gouvernement s’inscrivent dans la poursuite de la mise en œuvre du Plan d’action national pour la réforme de la justice 2002 - 2006.

Sur tous les aspects de la réforme, le Gouvernement a mené de nombreuses actions qui se sont traduites entre autres par la création d’un fonds séquestre dans le cadre des conflits de travail, la création de nouveaux tribunaux de grande instance (Bogandé, Boromo, Kongoussi, Léo, Manga, Yako et Ziniaré), la construction de palais de justice et de maisons d’arrêt et de correction, la poursuite des recrutements et la formation de personnels.

Monsieur le Président,

Nous attachons un intérêt tout particulier à la moralisation de la justice, condition sine qua non de sa crédibilité.

A cet égard, au cours de la dernière session du Conseil Supérieur de la Magistrature, une Commission d’enquête sur les cas de corruption commis dans les juridictions a été mise en place.

Les résultats des travaux de cette commission, ainsi que les rapports d’inspection sont attendus et feront l’objet d’un traitement diligent de la part du Gouvernement.

Monsieur le Président,

Honorables Députés,

Sous la conduite clairvoyante de Son Excellence Monsieur le Président du Faso, notre pays a continué à consolider ses relations avec les autres Etats et à renforcer son rayonnement international.

Les axes essentiels de notre diplomatie qui sont le bon voisinage, l’intégration africaine, la contribution à l’instauration d’un monde multipolaire de justice et de solidarité, ont été maintenus.

En ce qui concerne la crise ivoirienne, le Burkina Faso renouvelle sa préoccupation et sa constante disponibilité à œuvrer pour son solutionnement juste. A cet égard, nous réaffirmons notre appui sans réserve à la médiation confiée au Président sud-africain Thabo M’BEKI au titre de l’Union africaine.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les Députés,

Les rencontres internationales organisées dans notre pays, essentiellement le sommet extraordinaire de l’Union africaine sur l’emploi et la lutte contre la pauvreté tenu en septembre 2004 et le Xème sommet de la Francophonie de novembre, ont été une fois de plus, l’occasion pour notre pays de mieux se positionner sur le plan international et de montrer toutes ses capacités d’organisation.

Sur le plan de la diplomatie économique, deux faits majeurs ont marqué l’année 2004.

Tout d’abord, le Burkina Faso a été retenu par le Gouvernement des Etats-Unis au bénéfice de l’Accord sur la croissance et les opportunités pour l’Afrique (AGOA). Ensuite, dans le cadre de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) et notamment la relance du programme de développement du cycle de Doha, les discussions ont permis d’obtenir une avancée sur le dossier du coton.

Nous pouvons être légitimement fiers, que l’action du Président du Faso dans la dénonciation du commerce inéquitable, avec l’appui de ses pairs des pays africains producteurs de coton, ait contribué à faire bouger une situation inacceptable et porteuse de graves dangers pour nos économies.

La leçon que nous tirons de l’énergique campagne menée par notre pays, est que le monde serait totalement différent si tous les pays appliquaient sincèrement les accords signés.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les Députés,

Au cours de l’année 2004, le Gouvernement conscient de la fragilité de notre économie dans le contexte de la mondialisation, a poursuivi et renforcé ses efforts de maîtrise des grands équilibres macroéconomiques.

En 2004, notre économie a réalisé un taux de croissance du Produit Intérieur Brut (PIB) en termes réels de 4,8 %. Bien qu’acceptable, ce taux est néanmoins en baisse par rapport à celui exceptionnel de l’exercice précédent qui était de 8%.

L’observation des dix dernières années montre une croissance continue du PIB de l’ordre de 6,12 % en moyenne avec cependant une évolution fluctuante, qui traduit la forte dépendance de notre économie, d’avec l’issue des saisons agricoles : 5,9 % en 2001, 4,4 % en 2002, 8 % en 2003 et 4,8 % en 2004 pour ne prendre que ces quelques années.

Cette décélération en 2004 est essentiellement due à la situation difficile de la campagne agricole 2004-2005, marquée par un déficit pluviométrique et dans une moindre mesure, par l’invasion acridienne dans la partie nord du pays. Le secteur primaire dont la contribution est de l’ordre de 38 % à la formation du PIB et qui avait connu une croissance remarquable de 10,7 % en 2003 a chuté à -2,8 % en 2004.

La baisse de la production agricole a affecté la plupart des spéculations céréalières telles que le mil (-23,9 %), le sorgho (-8 %) et le maïs (-15,7 %). Les cultures de contre-saison connaissent également une baisse par rapport à la campagne dernière, soit 23 000 tonnes contre 64 000 tonnes en 2003/2004, en raison du déficit en eau pluviale.

Au niveau du sous-secteur de l’élevage, la production a progressé de 2,5% entre 2003 et 2004. Les résultats de la deuxième enquête nationale sur les effectifs du cheptel (ENEC II) en 2003 ont permis de corriger les données des effectifs du cheptel ; le cheptel bovin qui était estimé à 5 millions de têtes, se chiffrerait à 7,3 millions et les ovins/caprins qui étaient évalués à 12 millions de têtes, se situeraient à 17 millions. Les exportations de bétail se sont relativement bien comportées (6,7% entre 2003 et 2004) en dépit de la perturbation du marché ivoirien qui était la principale destination des exportations du Burkina Faso.

Les estimations montrent que le secteur secondaire s’est bien comporté, signe d’une consolidation des nouveaux circuits d’approvisionnement en matières premières, après les turbulences des premiers mois de la crise ivoirienne et, preuve supplémentaire du dynamisme de nos opérateurs économiques, défenseurs chevronnés de notre économie. Ainsi, la contribution du secteur secondaire à l’accroissement du PIB serait de l’ordre de 1,3 % en 2004. Les productions de tous les sous-secteurs s’inscrivent en hausse, avec toutefois des performances remarquables au niveau des industries extractives et des Bâtiments et Travaux Publics (BTP), dont les rythmes de croissance atteignent respectivement 46,4% et 6,2%.

En terme de contribution au PIB, le secteur tertiaire reste le secteur le plus important en 2004, avec environ 43 %. Son activité est restée soutenue en raison de l’accroissement des activités dans les domaines des télécommunications, des services marchands et des transports (18,7%). En effet, les mesures prises par le Gouvernement, notamment la libéralisation et l’amélioration des conditions de renouvellement du parc automobile routier, ont permis d’accroître l’offre en terme de transport interurbain et international des personnes et des biens.

Monsieur le Président,

La croissance économique s’est accompagnée d’une très bonne maîtrise des prix dont le niveau général se situe à 0,7% en 2004 contre 2,0% en 2003, malgré la hausse du prix des “ transports ” de 2,9% et la hausse des prix de l’électricité (environ 10%) sur les trois derniers mois de l’année. Contrairement à une idée répandue et volontairement entretenue par certains de nos concitoyens qui peignent tout en noir, ou qui regardent sans voir, je suis en mesure d’affirmer que les prix baissent d’année en année au Burkina Faso : 4,9 % de taux d’inflation en 2001, 2,3 % en 2002, 2,0 % en 2003, 0,7 % en 2004.

L’accroissement du PIB et la maîtrise de l’inflation ont eu pour résultat logique, la progression régulière du revenu réel par tête d’habitant au Burkina Faso sur les dix dernières années. En effet, sur la base des prix de 1985, le PIB par tête à prix constants est passé de 98 442 F CFA en 1994, à 127 431 F en 2001, 130 257 F en 2002, 133 602 F en 2003, enfin 136 731 F en 2004.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs,

Les chiffres souvent ne nous révèlent pas tout dans un contexte comme le nôtre, où leur confection et leur lecture ne posent pas seulement des difficultés qu’aux seuls profanes. Mais indépendamment de tout ce qui est dit, il est évident, pour chacun de nous ici, qu’au Burkina Faso, quel que soit le lieu géographique considéré, le citoyen moyen a beaucoup plus accès qu’il y a dix ans à l’eau potable, aux soins médicaux, à l’école, aux aliments, aux vêtements et j’en passe. C’est ce que les chiffres progressifs veulent traduire : un progrès évident, quoique encore insuffisant.

Je n’ignore pas que d’autres indicateurs relativisent nos avancées en indiquant que la pauvreté est encore forte, qu’elle s’accentue même dans certains domaines.

Mais nous devons aborder ces difficultés sereinement, loin des joutes inutiles et des surenchères de mauvais aloi, en les considérant plutôt dans le bon sens, parce qu’elles nous invitent en tant que génération responsable à faire plus. Il s’agit de lever un défi national, mieux, je dirai un défi sous-régional, car toute l’Afrique sub-saharienne est interpellée. Nous devons travailler d’arrache-pied à lever les obstacles structurels en leur opposant des plans audacieux et des projets structurants, qui s’expriment dans la durée. C’est ce à quoi mon Gouvernement s’attèle.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs,

Comme vous le savez tous, l’instrument de politique économique de l’Etat est par essence le budget.

Comme pour les années précédentes, les actions déployées par le Gouvernement en matière budgétaire, ont principalement concouru en 2004 à l’amélioration du niveau des recettes et à une meilleure maîtrise des dépenses, avec une priorité accordée aux secteurs sociaux, dans le cadre de la lutte contre la pauvreté.

A la fin décembre 2004, le niveau de recouvrement des recettes et dons s’est établi à 462 milliards 158 millions FCFA, soit un taux de réalisation de 90 % par rapport aux prévisions initiales. Comparés aux précédentes années, les recouvrements de 2004 représentent une progression de 6,4 % par rapport à 2003 et de 33,4 % par rapport à 2002.

Ce résultat est soutenu en grande partie par les recettes fiscales qui ont progressé de 15,8 % en glissement annuel, et d’une manière plus large, par la conjugaison des efforts des différentes régies de recettes que sont les impôts, la douane et le trésor.

Quant à l’exécution des dépenses budgétaires, elle a connu en 2004 un niveau relativement stable par rapport aux cinq (5) dernières années. Sur une prévision initiale de 627 milliards 325 millions de francs CFA, elles se sont chiffrées à 576 milliards 348 millions soit un taux de réalisation de 77,6 %.

Les dépenses courantes ont connu un niveau satisfaisant d’exécution d’environ 91,3 %. Les dépenses en capital ont connu un taux d’exécution moindre de 88,9 %, en raison de contre-performances observées dans les dépenses d’investissement sur financements extérieurs (63,4 %), malgré la bonne performance des investissements sur budget national (151,7 %). Cette tendance pose l’épineux problème de la faible absorption des financements que le gouvernement s’attèle à résoudre, par le biais des mesures conséquentes prises lors de l’assemblée générale annuelle des chefs de projets et programmes de développement.

Sur la base des recettes et des dépenses réalisées en 2004, le niveau du déficit budgétaire base caisse (y compris dons) s’élève à 102,7 milliards F CFA. Ce déficit est comblé par un financement extérieur (au titre des projets, programmes et annulations de dettes) de 116,6 milliards F CFA, qui a permis de consolider la position du trésor public de 6,8 milliards.

En ce qui concerne les comptes extérieurs, pour l’année 2004, les exportations FOB se situent à 239,1 milliards de F CFA tandis que les importations seraient de 462,8 milliards F CFA. Le déficit de la balance commerciale ressort à 223,6 milliards de F CFA en 2004 contre 208,8 milliards en 2003.

La forte hausse des exportations serait principalement due à celle du coton de 24 % en 2004 (plus de 23,4 milliards F CFA) et aux produits de l’élevage. Pour ce qui est des importations, les postes de produits alimentaires et de produits pétroliers ont connu des accroissements sensibles respectivement de +4,8% et +20,4% en 2004.

Monsieur le Président,

Sur le plan des exigences de l’UEMOA et en ce qui concerne notamment les critères de convergence, les estimations faites en décembre 2004 nous permettent d’affirmer que le Burkina Faso enregistre des performances évidentes, qui sont le fruit de sa rigueur et de ses multiples efforts de réformes économiques et budgétaires. En effet, nous sommes désormais quasiment conformes aux normes. Ainsi :

- pour ce qui est du taux d’inflation, la norme est de 3 % maximum, le Burkina Faso est à 0,7 % ;

- en ce qui concerne le ratio dette/PIB nominal, le maximum est fixé à 70 % ; le Burkina Faso est à 46,6 %, c’est-à-dire que nous ne sommes pas surendettés ;

- s’agissant des arriérés de paiements, la norme est fixée à 0, le Burkina Faso est à 0. En clair, nous n’avons pas d’arriérés de dettes sur notre tête ;

- le Burkina Faso est seulement défaillant par rapport au ratio solde budgétaire de base par PIB nominal qui doit être au minimum de 0 alors que notre pays est à - 2,1 cela veut tout simplement dire que notre budget n’est pas encore suffisamment équilibré.

D’autres critères interviennent en second rang et qui confirment la bonne tenue de notre gestion budgétaire :

- le ratio masse salariale sur recettes fiscales est fixé à 35 % maximum, le Burkina est en 2004 à 35,8 %, alors qu’il était à 41,7 % en 2003 ;

- le taux de pression fiscale est fixé à 17 % minimum, notre pays n’est qu’à 11,9 % ; cela signifie que certaines activités ne sont pas encore fiscalisées ou pas suffisamment.

En matière de transparence budgétaire, les directives de l’UEMOA sont actuellement mises en œuvre dans le cadre du programme de renforcement de la gestion budgétaire.

Monsieur le Président,

Honorables Députés,

La réforme du secteur de l’énergie s’est poursuivie dans l’optique de son expansion rapide et du désengagement partiel de l’Etat.

Dans le cadre de cette réforme, plus de 70 (soixante dix) milliards de francs CFA ont été mobilisés pour le financement de l’interconnexion électrique Bobo-Ouaga, le renforcement de la capacité de production du centre de consommation régionale de Ouagadougou et de la ligne Kompièga-Bagré-Ouagadougou.

Nos efforts ont également été couronnés par la mise en service de deux centrales à Ouahigouya et à Tougan et de huit (8) réseaux électriques à Gayéri, Sebba, Seytenga, Bama, Nomgana, Zagtouli, Pabré et Kamboinsé ; ce qui, ajouté aux efforts de densificationdesanciens réseaux, a permis d’atteindre d’ores et déjà le taux de 15 % de couverture électrique, initialement prévu pour 2005.

Il faut noter également la mise en place du Fonds de Développement de l’Electrification destiné à conduire un vaste programme d’électrification rurale, avec un budget pour les années 2005 et 2006 d’environ 3,8 milliards de FCFA.

Dans les prochaines années, le Gouvernement entend poursuivre sa politique de grands travaux. A ce titre, sont programmés :

- le démarrage effectif des travaux de l’interconnexion Bobo-Dioulasso-Ouagadougou et de celle de Ouahigouya-Gourcy-Yako ;

- l’électrification de vingt neuf (29) localités ;

- la relance du projet de barrage hydroélectrique, couramment appelé projet Noumbiel ;

- le démarrage des études de l’interconnexion avec le Ghana par Bolgatenga-Bagré- Ouagadougou.

Toutes ces actions entraîneront la mobilisation de près de 240 milliards d’investissements d’ici à 2010.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les Députés,

Le développement du secteur des transports, autre facteur favorisant l’accélération de la croissance économique, dépend des services mis en œuvre mais également des infrastructures supportant le trafic.

L’action du Gouvernement en matière de transport, s’inscrit dans le cadre du Programme Sectoriel des Transports (PST-2) adopté en 2000 et couvrant la période 2000-2008. Son coût total est de 761 milliards de FCFA environ dont 508 milliards sont déjà acquis.

Au cours de l’année 2004, un effort budgétaire propre de 7,750 milliards de F CFA a permis la réalisation des travaux d’entretien courant routier sur un linéaire de 12 694 km. Pour l’année 2005, ce montant sera porté à 8,250 milliards F CFA pour l’entretien de 13.092 km de routes.

Ces travaux, exécutés par des PME locales, ont permis leur promotion et la création d’emplois dans le secteur.

Des actions de grande portée méritent d’être signalées :

- les travaux du tronçon de la route RN 4 Ouagadougou-Koupéla, attribués pour un montant de 18 milliards F CFA TTC environ, sont en instance de démarrage ;

- ceux relatifs à la RN 1 : Sakoinsé/Bobo-Dioulasso pourront démarrer au deuxième semestre de l’année en cours.

En ce qui concerne les routes en terre, les travaux de 823 kilomètres sur financement de l’Union Européenne pour un montant global de 26 milliards de FCFA ont été achevés en 2004.

L’année 2004 a vu également le démarrage des travaux d’entretien périodique de 804 kilomètres de routes en terre et des travaux de réhabilitation de 546 kilomètres sur financement de la BAD, avec une contrepartie de l’Etat burkinabé, pour un montant global de 23 milliards FCFA environ.

Toujours en 2004, des marchés ont été attribués pour des travaux de réhabilitation de 500 km de routes en terre et 200 km de routes de desserte des chefs-lieux de département, sur financement de la Banque Mondiale de l’ordre de 8 milliards 800 millions de F CFA.

Monsieur le Président,

Les travaux de bitumage engagés se sont poursuivis et leur état d’exécution se présente ainsi qu’il suit, par tronçon :

- Pâ - Dano - Diébougou - Gaoua -Kampti-Frontière Côte d’Ivoire : les travaux du marché initial ont été parachevés en 2004 ;

- Ouagadougou-Léo-Frontière du Ghana : les travaux du second lot Nazinon-Léo-Frontière du Ghana de 110 km, se poursuivent à ce jour et devraient prendre fin en août 2005 ;

- Bobo-Dindérosso (15 km) : A ce jour, les travaux de terrassement et de revêtement sont terminés ;

- Bobo-Dédougou (175 km) : les travaux financés avec l’appui des fonds arabes et la BOAD pour 22,290 milliards FCFA ont démarré le 12 février 2004 et devront s’achever en 2006 ;

- Ouessa-Djikologo (44 km) : ce chantier est entièrement exécuté ;

- Kaya-Dori (171 km) et les barrages de Yalgo et de Tougouri pour un financement de l’ordre de 19,464 milliards de CFA, les travaux ont été lancés le 20 décembre 2004 et sont en phase de démarrage.

En plus de ces voies interurbaines, le Gouvernement a lancé le bitumage des rues dans les villes de Ouahigouya, Koudougou, Kaya, Dédougou et Banfora pour un montant de 1,7 milliard de F CFA, avec l’appui de la coopération chinoise.

Quant au bitumage des quatre (4) nouvelles voies dans la ville de Ouagadougou financé par la Banque Mondiale, il a été entièrement réalisé.

En 2005, les actions suivantes sont inscrites :

- le démarrage, au dernier trimestre, des travaux de bitumage de la route Ouagadougou - Kongoussi (110 km) dont le financement a été bouclé ;

- l’amélioration des sections des principales routes à la traversée des agglomérations de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso ;

- l’aménagement de la sortie de Bobo-Dioulasso vers Ouagadougou, des sorties de Ouagadougou vers Bobo-Dioulasso (RN 01) et Koupèla (RN 04), ainsi que l’aménagement de la sortie vers Pô et la section Sud-Ouest du Boulevard de la Jeunesse.

Toujours dans ce domaine, des études ont été menées en 2004 en vue du bitumage des axes routiers Bobo-Dioulasso/Diébougou, Ouessa-Léo et la bretelle Ouessa-Hamelé.

En plus des interventions réalisées sur le réseau classé, l’aménagement de pistes rurales a été entrepris pour favoriser un désenclavement de proximité, avec près de 200 km de constructions nouvelles et 414 km de pistes entretenues.

Monsieur le Président

Honorables Députés,

Nous l’avons maintes fois exprimé, seule une croissance forte et durable, impulsée par un secteur privé dynamique et compétitif, tourné vers l’intégration économique sous-régionale, permettra à notre pays d’émerger et de relever le défi pressant d’amélioration du niveau de vie de nos populations.

Pour répondre à cet impératif qui se pose dans le contexte actuel de la mondialisation, j’ai personnellement conduit au cours de l’année écoulée, deux missions pour la promotion économique du Burkina Faso et le développement du partenariat d’affaires, en Suisse et au Canada.

Ces deux missions qui ont mobilisé plus de 150 hommes d’affaires burkinabè, ont permis la signature de plusieurs accords de partenariat qui sont déjà en cours d’exécution et qui avoisinent les 20 milliards de FCFA, pour le seul Canada.

En 2005, deux autres rencontres sont programmées notamment en France et en Malaisie.

Dans les domaines de la conservation, de la transformation et de la commercialisation des produits locaux, de nouvelles sociétés ont vu le jour en 2004 pour satisfaire d’une part la demande de plus en plus importante, et d’autre part, répondre aux sollicitations des producteurs lors des Journées Nationales du Paysan. Il s’agit de :

- la Société Burkinabé de Fruits et Légumes (SOBFEL), au capital de 260.800.000 F CFA dont 15,33 % sont détenus par l’Etat. Le reste des actions (84,67 %) restants souscrits par des opérateurs privés ;

- la Société de Gestion et d’Exploitation des Abattoirs de Ouagadougou (SOGEAO) au capital de 187.950.000 F CFA dont 32 % détenus par l’Etat et/ou ses démembrements et la Mairie, et 68 % détenus par des opérateurs privés et les travailleurs de la société.

Pour soutenir la SOGEAO, l’Etat a créé une Société de Patrimoine de l’Abattoir Frigorifique de Ouagadougou (SOPAO) au capital de 100.000.000 de F CFA détenu à 100 % par l’Etat.

D’autres études sont en cours dans la sous filière lait, aliments de bétail, transformation de la tomate, visant la création de sociétés à participation majoritaire du secteur privé.

En matière de promotion de l’artisanat, les efforts ont porté sur l’amélioration du cadre organisationnel, pour préparer la mise en place de la Chambre des Métiers.

La réussite de l’organisation de la 9ème édition du Salon International de l’Artisanat de Ouagadougou (SIAO), a montré que cette manifestation a atteint un niveau de professionnalisation reconnue au plan international, avec la participation d’exposants venus de 32 pays cette année.

Monsieur le Président,

Honorables Députés,

Suite à l’incendie survenu le 27 mai 2003 au marché central Rood Woko de Ouagadougou, le Gouvernement a décidé d’aménager l’aire de l’hippodrome sise au secteur n° 19 (Nonsin), afin d’offrir d’abord un cadre approprié de réinstallation provisoire aux commerçants, et à terme, une infrastructure marchande définitive.

Cet aménagement ainsi que le bitumage des rues Guingo et Larlé ont déjà coûté à l’Etat près de 2 milliards de F CFA.

Pour rendre effectif le démarrage des travaux sur le marché Rood-Woko lui-même, le Gouvernement a ouvert des lignes de crédits sur les budgets 2004 et 2005. Au total, l’effort national permet de dégager 2 milliards et demi de nos francs pour les travaux. La reconstruction du marché sera donc une réalité et un chronogramme précis a déjà été établi. Je voudrais rassurer les commerçants et les inviter à collaborer au maximum à l’issue heureuse de cette situation.

Monsieur le Président,

Honorables Députés,

Convaincu que la libéralisation du secteur coton offrait de nouvelles perspectives en matière de production et d’organisation, le Gouvernement a engagé le processus de réforme qui a abouti à la sélection des opérateurs privés devant s’installer dans les nouvelles zones du Centre et de l’Est.

Il s’agit de la Société cotonnière du Gourma (SOCOMA) qui est installée dans la zone cotonnière de l’Est et de la Société FASO COTON qui opère dans la zone cotonnière du Centre.

Le bilan de la libéralisation de la filière est satisfaisant et augure de bonnes perspectives d’accroissement substantiel de la production nationale de coton graine qui, pour la campagne 2004/2005 s’élève à 608.000 tonnes, contre 500.000 tonnes en 2003/2004.

Malgré les tendances drastiques à la baisse des cours du coton conjuguée à l’impact de la baisse du dollar, le prix d’achat du coton graine servi aux producteurs a connu une augmentation, passant de 185 F CFA le kilogramme de coton 1er choix, à 210 F CFA le kilogramme, pour la campagne 2004/2005.

Le Gouvernement est conscient des retards accusés dans certaines régions cotonnières pour les paiements aux producteurs. Des instructions ont déjà été données aux Ministres concernés, pour lever les inquiétudes, en concertation avec les sociétés cotonières.

Monsieur le Président,

Honorables Députés,

A la faveur de l’adoption d’un nouveau code minier en mai 2003 et de certains de ces textes d’application courant 2004, les activités minières et de carrières se sont intensifiées. Cette situation s’est traduite par l’octroi de cent quatre (104) titres miniers et autorisations répartis comme suit :

- trois (3) permis d’exploitation industrielle pour l’or,

- soixante quatorze (74) permis de recherche,

- seize (16) autorisations d’exploitation artisanale,

- onze (11) autorisations d’exploitation de carrières.

Les trois (3) mines de Taparko, Youga et Kalsaka, entreront toutes en exploitation cette année et produiront annuellement 8,5 tonnes d’or, créeront 864 emplois et contribueront pour 4 milliards de FCFA de recettes directes annuelles au trésor public.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les Députés,

Le Programme de la biennale de l’eau 2004-2005 en cours dans nos campagnes, et les projets d’approvisionnement en eau potable, ont déjà permis la réalisation de 2490 forages et la réhabilitation de 324 autres.

A Ouagadougou, l’offre en eau potable a été accrue de façon significative avec l’arrivée le 10 juillet 2004 de l’eau du barrage de Ziga.

En matière d’hydraulique agricole, les actions de la biennale sont en cours de réalisation et concernent entre autres :

- l’exécution en cours des travaux de construction du barrage de Soum dans la province du Boulkiemdé, d’une capacité de 100 millions de m3 d’eau avec l’aménagement de plus de 1000 ha ;

- le démarrage des travaux de construction de deux barrages dans la région de l’Est d’une capacité totale de 5 millions 600 mille m3 ;

- le lancement des travaux de réfection des barrages de Mogtédo et de Louda d’une capacité respective de 3 millions et de 1,5 millions de m3 d’eau.

Monsieur le Président,

En plus de ces ouvrages, je voudrais me féliciter de la tenue le 21 mars dernier à Ouagadougou, de la première réunion de concertation des bailleurs de fonds du barrage de Samandéni. D’un coût estimé à 181 milliards de francs CFA, le barrage de Samandéni, une fois achevé, permettra à notre pays de stocker près de 1 milliard 50 millions de mètres cubes d’eau avec un important impact socio-économique. D’ores et déjà, plus de 70 milliards de FCFA ont été mobilisés pour la première phase.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les Députés,

Dans le domaine de l’environnement, le Gouvernement se réjouit de la réalisation de plusieurs actions d’envergure en direction des différents groupes de population au cours de l’année écoulée. On retiendra notamment :

- la poursuite et l’intensification des actions de reforestation par la production et la mise en terre de plus de 5 millions de plants, avec un taux de réussite de plus de 80 % ;

- la récupération de 1 500 ha de terres dégradées ;

- la création de forêts villageoises et départementales totalisant 60.000 ha.

Le Gouvernement a également adopté le plan d’action national de l’éducation environnementale pour le développement durable (PANEE) visant l’appropriation citoyenne de la problématique de l’environnement et du cadre de vie.

Monsieur le Président,

Le Burkina Faso s’est engagé à atteindre les objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Le premier rapport national de suivi indique que des progrès sont très perceptibles dans l’atteinte de certains objectifs.

Le deuxième rapport d’avancement en cours d’élaboration permettra de confirmer les tendances observées.

En tout état de cause, le gouvernement a poursuivi et intensifié en 2004 ses actions au niveau des secteurs sociaux, aux fins d’améliorer les conditions de vie des populations.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les Députés,

Dans le domaine de l’Action Sociale et de la Solidarité Nationale, le Gouvernement a particulièrement mis l’accent sur la promotion socioéconomique de la famille, l’éradication du phénomène des enfants de la rue, la lutte contre le trafic des enfants, la démystification de la pratique de l’excision et la sensibilisation des populations sur ses effets négatifs, la protection et la promotion des groupes spécifiques.

Mesdames et Messieurs les Députés,

L’offre de santé en 2004 est restée au cœur des efforts du gouvernement avec, d’une part, le renforcement de la couverture sanitaire par la construction et l’équipement des formations sanitaires, l’accroissement des dépôts des Médicaments Essentiels Génériques (MEG), et, d’autre part, l’élaboration et l’adoption d’un document cadre de politique nationale en matière de médecine et de pharmacopée traditionnelle.

Pour faire face à une éventuelle épidémie de méningite, un plan de riposte 2005, d’un coût global de 1milliard 286 millions 266 mille 200 F CFA, a été adopté en 2004.

Parallèlement les efforts importants entrepris pour l’éradication de la polio et la lutte contre le paludisme se sont poursuivis.

Monsieur le Président,

Honorables Députés,

La pandémie du SIDA connaît un recul dans notre pays depuis quelques années. Ce résultat est le fruit des efforts et de l’engagement soutenus de tous les acteurs notamment nos différents partenaires à qui nous traduisons notre reconnaissance et celle du peuple burkinabè.

En effet, depuis l’adoption et la mise en œuvre du cadre stratégique de lutte contre le SIDA et les IST, le taux de séroprévalence qui se situait à 7,14 % en 2001 est passé à 4,5 % en 2003 et se situe en 2004 à 1,8 % pour l’ensemble de notre pays.

Mesdames et Messieurs les Députés,

L’éducation a toujours constitué une préoccupation primordiale pour toute société.

C’est à cet égard que le Gouvernement, sur une base participative, a lancé un ambitieux Plan Décennal de Développement de l’Education de Base (PDDEB) en septembre 2002.

Au cours de l’année écoulée, la construction de 2 344 nouvelles salles de classe et la réfection de 1 086 autres, l’équipement de 725 salles de classe avec 20 750 tables-bancs ont permis d’augmenter sensiblement la capacité d’accueil de nos infrastructures. Cela a suscité un besoin supplémentaire de 3 400 enseignants cette année. Ces efforts on permis d’accroître les effectifs de 12 %.

En outre, grâce aux campagnes de mobilisation sociale et aux mesures incitatives, le Taux Brut d’Admission (TBA) en 2004-2005 a atteint 72,01% dont 76,35% pour les garçons et 67,52% pour les filles. Quant au Taux Brut de Scolarisation (TBS), il est de 57,13% dont 62,34% pour les garçons et 51,56% pour les filles. La proportion des filles qui était de 45,17% en 2003-2004 a donc connu une progression de plus de 6 points en 2004-2005.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les Députés,

Au niveau des enseignements secondaire, supérieur et de la recherche scientifique, nous nous sommes attelés à la réalisation de nouvelles infrastructures et au renforcement des effectifs des personnels enseignants.

Avec ces réalisations, sur les 350 départements que nous nous sommes engagés à doter de Collèges d’Enseignement Général dans l’objectif “ un département, un CEG ”, 90 restent à pourvoir. A ce jour 260 départements disposent d’un CEG.

Notre objectif pour 2005 au niveau de l’enseignement secondaire, est de porter le taux brut de scolarisation à 15 %, de rehausser la proportion des effectifs de l’enseignement technique de 7,6 % en 2003 à 10 % en 2005, d’élever le taux de succès au BEPC à 50 % et au Bac à 40 % en 2005.

Notre action dans ce domaine rencontre cependant un obstacle : le déficit chronique en enseignants dans les disciplines scientifiques. La recherche d’une solution à ce problème a conduit le gouvernement à créer l’Institut supérieur des sciences.

Dans le domaine de l’enseignement supérieur, l’une de nos priorités était d’apporter une réponse appropriée à l’épineuse question des capacités d’accueil. Ainsi, au cours de l’année écoulée, deux (02) amphithéâtres de 2.200 places ont été réalisés à l’Université de Ouagadougou en sus des efforts déployés depuis 2000 pour accroître les capacités d’accueil.

L’Université Polytechnique de Bobo a bénéficié de nombreuses autres réalisations qui ont permis d’accroître les capacités d’accueil et d’améliorer les conditions d’études.

La mise en œuvre prochaine du Programme Décennal de Développement des Enseignements Secondaire et Supérieur (PDDESS) 2005-2014, permettra de renforcer les acquis dans ces secteurs.

Dans le domaine de la Recherche Scientifique, notre action au cours de l’année écoulée s’est inscrite dans le cadre du Plan Stratégique adopté en 1995 en mettant l’accent sur le renforcement des capacités institutionnelles des structures de recherche.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les Députés,

Dans le domaine de la promotion de la femme, les actions du gouvernement en 2004 ont porté sur l’amélioration des revenus et des conditions de travail des femmes, ainsi que sur le développement de leurs capacités notamment dans le domaine de l’expertise. Ces efforts seront renforcés en dotant les maisons de la femme d’un personnel compétent, dont le concours de recrutement vient d’être lancé.

Mesdames et Messieurs les Députés,

Préoccupé par la question du travail et de l’emploi, le gouvernement a procédé à la révision du code de travail qui a été adopté par votre auguste Assemblée le 14 septembre 2004. Mieux adapté au contexte socioéconomique, ce nouveau code vise à favoriser l’investissement productif.

La volonté d’intensifier la lutte contre le chômage et la pauvreté a amené le gouvernement à créer un dispositif cohérent d’appui-conseil aux promoteurs et demandeurs d’emploi, permettant la mise en place d’un fonds de garantie, le soutien à la promotion de l’auto-emploi, la mise en œuvre de programmes et projets de création directe d’emploi.

Ainsi, le Fonds d’Appui au Secteur Informel (FASI), le Fonds d’Appui à la Promotion de l’Emploi (FAPE), le Programme National pour la Réhabilitation des Travailleurs Déflatés (PNAR-TD) ont permis, en 2004, la création et le financement d’environ 1500 micro-projets qui ont généré des milliers d’emplois.

En vue d’assurer le plein épanouissement de la jeunesse, le Gouvernement a décidé de la dynamisation des maisons des jeunes qui constituent de véritables cadres de concertation, d’apprentissage et de formation de cette couche importante de notre société. La politique nationale de la jeunesse dont l’élaboration est en cours, devrait offrir un cadre approprié pour une meilleure promotion des jeunes. La mise en place d’un Fonds National d’Appui aux initiatives des jeunes viendra renforcer ce dispositif.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les Députés,

Dans le domaine du sport, les progrès enregistrés ces dernières années par nos sportifs, toutes disciplines confondues, tant au niveau régional qu’international, quoique encourageants, méritent cependant d’être renforcés. C’est pourquoi, nous œuvrons au renforcement de la pratique du sport à la base en vue d’assurer la relève dans toutes les disciplines.

Mesdames et Messieurs les Députés,

A la faveur des grandes manifestations culturelles qu’il abrite, notre pays s’illustre comme une vitrine des cultures africaines.

A ces manifestations culturelles, vient s’ajouter l’ouverture en 2004 du Musée National. Au même moment, nous avons poursuivi les actions de promotion de nos artistes.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les Députés,

Suite à la baisse de la production céréalière enregistrée au cours de la campagne 2004-2005, le Gouvernement a engagé une opération d’aide d’urgence dans les zones les plus touchées en vue d’améliorer la disponibilité et l’accessibilité aux vivres et de stabiliser les prix des céréales sur les marchés. A cet effet, 500 tonnes de vivres ont été distribuées gratuitement aux groupes sociaux démunis dans les provinces les plus touchées. Par ailleurs, 6500 tonnes supplémentaires sont mises en vente à prix social dans lesdites provinces en raison de 50 F CFA le kilo.

Malgré ces efforts qui ont déjà coûté près de deux (2) milliards de FCFA à l’Etat, si on y ajoute la charge financière du plan d’urgence pour la sécurisation du bétail, des difficultés alimentaires préoccupantes apparaissent dans plusieurs régions du pays.

Pour y faire face, le Gouvernement a décidé de renforcer les disponibilités céréalières dans l’ensemble des régions touchées, tout en facilitant l’accessibilité des différents groupes de populations en mettant sur le marché, 7 000 tonnes de céréales qui seront vendues au prix social de 10.000 FCFA / le sac de 100 kg.

Monsieur le Président,

Pour éviter la rupture de la chaîne de sécurisation alimentaire ainsi consolidée par la mise à disposition des 7 000 tonnes, je suis en mesure de vous annoncer qu’une dotation exceptionnelle de 12.000 tonnes de vivres, évaluées à 2 milliards 100 millions de nos francs sera opérée par le Gouvernement, dans le but d’aider les populations à supporter la période de soudure.

Je saisis l’occasion que m’offre votre tribune pour exprimer ma gratitude à ceux de nos compatriotes et les partenaires au développement, qui ont commencé à manifester leur solidarité agissante à notre peuple, face à cette situation.

Monsieur le Président,

Honorables Députés,

L’année 2004 comme celles qui l’ont précédées a été une année de combats sur tous les fronts du développement.

Nous intensifions les mêmes combats en 2005 afin d’accélérer la marche de notre peuple pour le développement partagé et la démocratie.

Nous sommes confortés dans ces combats par le soutien ferme dont nous avons toujours bénéficié de nos partenaires au développement.

Permettez-moi, au nom du Président du Faso, Son Excellence Monsieur Blaise COMPAORE, du Gouvernement et du peuple burkinabè de leur renouveler ici nos sentiments de vive reconnaissance.

Au nombre des grands défis que nous devons relever en 2005, viennent en bonne place les élections présidentielles. Nous les voulons ouvertes, équitables et transparentes et tous les moyens sont mis en œuvre à cet effet.

Nous avons le ferme espoir qu’elles interviendront comme le couronnement de la maturité de notre processus démocratique.

Je voudrais inviter l’ensemble des citoyens, tous les acteurs politiques et sociaux, chacun à son niveau et à sa place, pour des victoires qui nous rapprochent toujours des grands idéaux et des nobles ambitions que nous avons pour notre pays.

Grandeur, paix et prospérité au peuple burkinabè !

Je vous remercie.



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