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Sissili : Le projet YAMSYS restitue les résultats de ses premières études

vendredi 6 novembre 2015.

 

Cinq mois après son lancement à Léo, dans la province de la Sissili, le projet YAMSYS qui ambitionne accroitre la production de l’igname en améliorant la fertilité des sols, restitue les résultats des études en MARP (Méthodes accélérées de recherches participatives). Chercheurs, producteurs, transformateurs, commerçants… Bref, les principaux acteurs de la filière ont répondu présents à l’atelier organisé par l’INERA (Institut de l’environnement et de recherches agricoles). C’était le mercredi 4 novembre 2015.

L’igname est un tubercule prisé dans le monde (Environ 150 millions de consommateurs), et particulièrement dans la Sissili où les producteurs ont un niveau élevé de sa culture. Cependant, le rendement à l’hectare ne satisfait pas les acteurs de la filière car au lieu de 50 tonnes, les producteurs ne se retrouvent qu’avec 10 tonnes et cela porte un coup à leurs revenus. La mauvaise gestion et la dégradation de la fertilité des sols y sont pour quelque chose. Dans le but de changer la donne et d’assurer la sécurité alimentaire de la région, le projet YAMSYS est né. Dans le cadre de sa mise en œuvre, une étude en méthodes accélérées de recherches participatives (MARP) a été menée par une équipe d’étudiants du 24 juin au 15 juillet 2015. Les fruits de ce travail dynamique ont été présentés aux acteurs de la chaine de valeur de l’igname.

Zone d’étude

Cinq villages ont été visités par l’équipe de l’étude de base. Il s’agit de Benaverou, Hélé, Outoulou, Nadion et Onliassan. C’est dans cette dernière zone où la production de l’igname est très active, que l’équipe fut conduite, guidée par les conseils des acteurs. Selon le Dr Hgaza Valéry, coordonnateur régional de YAMSYS, le travail s’est déroulé dans de bonnes conditions car les paysans étaient accueillants. Dans les villages ciblés, l’étude consistait en des données de base sur la fertilité des sols et les déterminants qui ont contribué à influencer la gestion de cette fertilité-là.

Que dit la société ?

Dans la communication de Mme Fanta Diallo, sur ces facteurs socio-économiques, culturels, institutionnels, il ressort que la culture de l’igname est l’apanage des autochtones de la province, c’est-à-dire, les Nouni, les Sissala. Ces derniers reçoivent la terre en héritage et les femmes n’y ont pas droit. Au regard de certaines pensées stéréotypées, elles sont moins impliquées dans la culture du tubercule. Quant aux allochtones – les Mossi et les Peulh – ils n’ont accès à la terre que sous forme de dons ou des prêts en échange d’un poulet à sacrifier. Cette situation entraine une insécurité foncière portant un coup sur la durabilité des investissements.

De la situation agricole

Même si les responsables du projet YAMSYS saluent l’utilisation de l’engrais minéral par les paysans, il ne reste pas moins que l’utilisation de la fumure organique n’est pas suffisamment vulgarisée. A cela, il faut ajouter l’absence d’un appui technique, le manque de financement et la faible mutualisation des efforts entre acteurs impliqués dans la filière, qui sont perçus comme des facteurs handicapant la production de l’igname. Cependant, l’équipe-projet se réjouit de voir que dans les villages concernés par l’étude, les paysans utilisent progressivement de nouveaux outils agraires tels que le pulvérisateur, la charrue à soc et les tracteurs pour les premiers labours.

Impliquer tous les acteurs

« Vous êtes partie prenante, vous êtes impliqués dans le processus de bout en bout », a dit le Dr Hgaza aux participants à l’atelier. YAMSYS se veut un projet dynamique et participatif et c’est pourquoi il a été créé une plateforme regroupant tous les acteurs à savoir les chercheurs, les producteurs, les transformateurs, les commerçants, les transporteurs… afin de booster le rendement de l’igname. Ce sera également une tribune d’identification des difficultés de la filière mais aussi un haut-lieu de renforcement des capacités des membres. Au cours de l’atelier, il a été demandé aux participants d’apprécier les résultats des études menées par YAMSYS tant sur le plan social qu’agricole. Ces amendements permettront d’élaborer un document de référence pour le développement de la province

En rappel, le projet YAMSYS est initié par une équipe pluridisciplinaire de chercheurs suisses, ivoiriens et burkinabè. Son financement est assuré par le Fonds national suisse de la recherche scientifique et l’Agence suisse pour le développement et la coopération.

Herman Frédéric BASSOLE
Lefaso.net