Retour au format normal
lefaso.net

Situation nationale : Le CADRe souhaite bon vent aux candidats aux élections

jeudi 5 novembre 2015.

 

C’est une lapalissade de rappeler que notre pays traverse l’une des crises les plus profondes de son histoire. Notre peuple, depuis sa première victoire éclatante sur le clan COMPAORE les 30 et 31 octobre 2014 était engagé, dans un processus de transition devant aboutir, pour une fois, à des élections réellement démocratiques, transparentes et libres le 11 octobre 2015. C’était sans compter avec les velléités des barons de l’ex-régime défunt de Monsieur Blaise Compaoré de revenir immédiatement au pouvoir par des méthodes anti-démocratiques, en opérant le 16 septembre 2016 un putsch rétrograde et barbare. Ce putsch s’est révélé être une pilule trop amère à avaler par notre peuple qui a donc opposé une farouche résistance ayant permis de mettre en déroute le général Gilbert Diendéré et son CND fantoche. Pour le CADRe, ces événements ne doivent pas être analysés de façon isolée. La lecture que notre organisation a faite des événements des 30 et 31 octobre 2014 et des actions à mener pour une transition réussie, allant dans le sens de la consolidation de notre processus démocratique, a toujours différé radicalement de celle de bien d’autres organisations dites de la société civile.

En rappel, le 1er novembre 2014, le Cadre de Réflexion et d’Actions Démocratiques (CADRe) animait une conférence de presse à l’hôtel Central de Ouagadougou , la toute première après l’insurrection pour donner sa lecture sur ce que venait de vivre notre pays. Le CADRe avait qualifié l’insurrection populaire de révolution inachevée et avait invité notre peuple à poursuivre la lutte afin d’aboutir à une révolution démocratique à même de liquider définitivement le système Blaise Compaoré, condition sine qua non pour que notre pays puisse aboutir à l’édification d’une démocratie véritable.

Alors que le peuple insurgé venait de mettre en échec les velléités du clan Compaoré de se maintenir au pouvoir à vie en s’accaparant de tous les symboles du pouvoir (Assemblée Nationale, Radiodiffusion-Télévision du Burkina, etc.) et s’attelait à mettre en place des organes de transition véritablement démocratiques au profit des masses populaires, certaines organisations de la société civile par myopie politique et des forces politiques au sein du CFOP à dessein , sont allées à l’Etat-major des armées pour appeler l’armée au pouvoir en faisant fi des leçons combien édifiantes de l’histoire politique de notre pays.
Comment l’armée qui est au pouvoir depuis 1966 et qui a servi tous les régimes successifs et ainsi que le dictateur et autocrate de Blaise COMPAORE pouvait-elle consolider la marche triomphale du peuple vers la victoire, le parachèvement de plusieurs décennies de combat au prix de multiples vies, la révolution ? Le CADRe en prenant acte de l’intrusion de l’armée dans le processus insurrectionnel avait demandé dès le lendemain de l’insurrection que celle-ci se mette à la disposition du peuple insurgé. Malheureusement, elle s’est accaparée de l’essentiel du pouvoir avec la complicité de la classe politique guidée par des intérêts autres que ceux des masses populaires.

Suite aux événements du 04 février 2015, dans une déclaration rendue publique le 9 Février 2015 nous avons fait une analyse de la situation nationale. Concernant les agissements des militaires de l’ex-RSP, nous avons dit que cela allait au-delà de simples revendications corporatistes. Par conséquent, le CADRe invitait les partis politiques et la société civile à plus de vigilance, de prudence et à la retenue afin de ne pas exacerber la situation au risque de faire basculer notre pays dans des règlements de comptes ou dans une guerre civile. Notre organisation demandait par conséquent au Président Michel KAFANDO, Chef suprême des armées, de prendre ses responsabilités.

Le 13 Mars 2015 à travers une conférence de presse , le CADRe est encore monté au créneau pour attirer l’attention sur le fait que la Transition favorisait la recomposition du système Blaise COMPAORE, non seulement par leur inertie face au retour en force et en fanfare des barons du régime déchu sur la scène politique nationale, narguant le peuple insurgé, mais aussi par le fait qu’elle trainait le pas à traduire en actes concrets ses déclarations d’intention, à enclencher le processus de reddition des comptes de la IV République pour enfin poser les bases d’une démocratie réelle dans notre pays.

Enfin, il faut reconnaitre la démission des partis politiques dans leur rôle d’animation de la vie politique nationale ; un rôle que leur confère la Constitution de 2 juin1991. Durant toute la période de la Transition, les partis politiques, en précampagne dans leur majorité ont abdiqué de leur rôle, laissant la société civile et la rue animer la vie politique nationale.
La suite, on la connait : le 16 septembre 2015, le Général de Brigade, Gilbert Diendéré, nostalgique de la période du CNR (Conseil National de la Révolution) mettait en déroute notre transition avec son éphémère CND (Conseil National pour la Démocratie). Le nième bain de sang que le CADRe craignait et a voulu éviter dans sa déclaration du 9 Février 2015 a fini par arriver dans la ville de OUAGADOUGOU, arrachant des vies innocentes à leurs familles.
Ce putsch à visée déstabilisatrice sous régionale, tire sa source des contradictions aigues aussi bien au sein des forces armées nationales, de l’ex-RSP en particulier, que de la classe politique toutes tendances confondues. Ce putsch manqué, conforte notre analyse, selon laquelle l’armée au pouvoir depuis 1966, qui a renforcé sa main mise sur les organes du pouvoir, sous l’ère du capitaine Blaise Compaoré, n’est pas prête à abandonner le pouvoir aux civils dans notre pays.
C’est le lieu içi pour nous d’honorer la mémoire de nos braves martyrs et de féliciter notre peuple et surtout la jeunesse pour sa ténacité à faire échec au putsch du CND. En effet, l’échec de ce putsch tient en grande partie non seulement à son caractère machiavélique mais surtout à la mobilisation spontanée, au refus de la jeunesse de se laisser embrigader une fois de plus par un système mafieux et inique qui a endeuillé des familles entières pendant plus de vingt sept ans de règne sans partage. La jeunesse burkinabè a démontré au monde une seconde fois sa capacité à la résistance héroïque contre l’oppression et il faut être abruti politique pour ne pas le connaître que notre peuple est désormais engagé dans un processus de mouvement irréversible. Toute tentative de faire obstacle à ce vent nouveau sera toujours vouée à l’échec. C’est pourquoi, nous invitons la jeunesse à croire en elle-même, à s’organiser et se structurer davantage tout en tirant expérience de nos ainés afin de réussir une relève politique conséquente.

Les élections du 11 octobre 2015 n’ont pas eu lieu à la date indiquée. Une nouvelle date, celle du 29 novembre 2015 est programmée et la campagne électorale s’ouvre le 8 novembre prochain Nous n’avons plus droit à l’erreur. Qu’il pleuve ou qu’il neige, les élections devront se tenir à cette date. Le CADRe ne saurait tolérer des manœuvres dilatoires d’où qu’elles viennent afin d’hypothéquer les élections à venir. Le CADRe pense que l’irréparable est à nos portes si les élections ne se tiennent pas effectivement à cette date. Toutes les parties signataires de la Charte doivent donc s’impliquer pour le succès de ces consultations électorales en faisant la promotion du vote utile, du fair-play et l’acceptation des résultats des urnes. Notre organisation invite particulièrement les partis politiques à ne pas se tromper de combat car la jeunesse burkinabè ne se laissera plus berner par des promesses démagogiques sans lendemain. Enfin, au-delà de tout cela, le CADRe invite toutes les forces démocratiques de notre pays à rester vigilantes pour contrer toute éventuelle remise en cause des acquis de notre peuple et poursuivre leur mobilisation pour la démilitarisation effective de la vie politique. Bon vent à tous les candidats aux élections du 29 novembre 2015 !

Pour le secrétariat exécutif national du CADRe

DOMBOUE Hippolyte



Vos commentaires