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Barrage de Samendeni : Les populations affectées attendent toujours leur indemnisation

mercredi 4 novembre 2015.

 

Lundi 3 novembre 2015, les membres du bureau du cadre de concertation des populations déplacées pour la construction du barrage de Samendeni étaient devant la presse pour informer de la situation qui prévaut par rapport à l’état des indemnisations des populations affectées par le projet.

Le projet de construction du barrage de Samendeni semble faire plus de malheureux que d’heureux. C’est le moins qu’on puisse dire après l’exposé des multiples difficultés que rencontrent les populations touchées par le projet. Ce sont en effet, 17 villages qui ont été déplacés pour permettre la réalisation de cet immense barrage. Depuis 2008, confie le président du cadre Abdoul-Dramane Ouattara, les populations affectées n’ont toujours pas été indemnisées. Las d’attendre, elles ont mis en place un cadre de concertation pour se faire entendre par les autorités. Les difficultés recensées dans les 17 villages ont fait l’objet d’un mémorandum en mai 2015. Les populations réclament vivement la remise des protocoles signés, mais, toujours détenus par le Programme de développement intégré de Samendeni (PDIS). L’on note également les paiements des indemnisations des infrastructures des villages de Kôrôkô et de Cikôrôla, la restitution des retenues de 20% effectuées sur les paiements des infrastructures individuelles, la réévaluation des critères d’indemnisation, l’indemnisation pour les terres évaluées dans la cuvette du barrage, l’aménagement total des sites d’accueil des populations déplacées, la réalisation d’infrastructures économiques et sociales, le règlement de toutes les questions foncières, le cas spécifique de Bazon, l’octroi d’une quote-part des terres aménagées, la mise en place d’un fonds de réinsertion des populations (…). Pendant près de trois heures, les populations affectées venues apporter leur soutien au Cadre n’ont cessé d’exposer leur problème. « La situation est préoccupante », confie Adoul-Dramane Sikidi Ouattara, président du cadre.

Prendre à témoin le chef de canton des bobos mandaré

Les populations affectées par la réalisation du barrage de Samendeni n’ont pas voulu laisser le chef de canton des bobos en marge de cette situation qui embarrasse plus d’un. A Bobo ce lundi 2 novembre, elles sont allées lui rendre visite afin de lui exposer l’ensemble des difficultés auxquelles elles sont confrontées depuis près de 8 ans. « La chefferie coutumière à joué un très grand rôle dans l’apaisement de certaines crises, c’est pourquoi, le cadre de concertation a jugé utile de rendre visite au chef de canton afin qu’il soit notre porte-voix auprès des autorités du pays », précise Abdoul-Dramane Sidiki Ouattara.
Ce dernier, à l’en croire, a promis intervenir auprès de qui de droit pour la satisfaction de leur doléance. Des doléances qui concernent essentiellement, selon le président du Cadre, la réalisation de routes, de fontaines, de lieux de culte, bref… une juste indemnisation des valeurs économiques et sociale. Et les populations voudraient bien qu’elles soient toutes satisfaites avant la mise en eau du barrage prévue pour juin 2016. A les entendre, l’exécution des travaux ne peut plus continuer à se dérouler parce que cela est en train de créer des conditions de misère. « Nous estimons que le barrage est venu pour nous sortir de la pauvreté, pas pour nous appauvrir davantage », déplore M. Ouattara.
A la question de savoir si le cadre pourrait empêcher l’exécution du restant des travaux si leur message n’est en entendu, le président répondra qu’ils ne veulent pas tomber dans un vandalisme. « Nous ne voulons pas poser des actes qui puissent entacher la légitimé et la légalité de notre lutte. Nous allons toujours déployer des moyens légaux et normaux jusqu’à la satisfaction de nos préoccupations », soutient-il avant de renchérir : « nous estimons cependant qu’il sera judicieux d’arrêter momentanément les travaux pour se pencher sur nos préoccupations ». En outre, pour les populations, le coordinateur du PDIS Samoussi Bonzi, doit se rendre compte de son échec. Sans prétendre exiger son départ, il doit savoir que le processus qu’il a conduit depuis 2008 a été un échec parce qu’aucun village n’a été délocalisé selon les règles. Il doit donc, estime Abdoul-Dramane Ouattara, tirer les leçons de son échec en démissionnant. Il a également été demandé aux populations affectées de rester mobilisées en vue de se faire entendre par les autorités.

Bassératou KINDO
Lefaso.net



Vos commentaires

  • Le 4 novembre 2015 à 07:51, par augustino En réponse à : Barrage de Samendeni : Les populations affectées attendent toujours leur indemnisation

    Suite à la lecture de l’article, vous m’excusez d’apporter ma contribution dans le cadre de l’amélioration de ce malentendu.
    Je loue la démarche des populations affectées qui reste dans une dynamique d’écoute et de résolution de leurs problèmes par la voie du dialogue.
    Ce type de démarche est une grande hauteur d’esprit dans la gestion des conflits. Je loue cet esprit et les exhorte à le maintenir car ceci servira d’exemple pour les générations futures.
    Quant aux responsables en charge des dédommagements, la meilleure solution est de respecter le cahier de charges établi entre les affectées et l’Administration avant les travaux du barrage.
    Il existe des textes qui régissent les déguerpissements des populations affectées notamment l’évaluation de leurs biens assortis du coût de compensation signés par chaque partie et publiés par les autorités.
    Dans cette démarche, les représentants des villages sont représentés dans la commission d’évaluation et la validation de chaque bien (maison, déménagement des lieux sacrés, compensation des arbres plantés, terres aménagées etc..). Selon les normes, les biens sont recensés par la commission et validés par les propriétaires, les responsables administratifs et la population à travers des échanges commission- propriétaires et des audiences publiques.
    la clôture des évaluation-compensation est marquée par un protocole d’accord de toutes les parties valables pour le présent et les descendants des familles pour les biens familiaux et du village pour les coutumes.

    Je pense que cette méthode évitera à l’avenir des malentendus dans le cadre des déplacements des populations pour la réalisation des biens communautaires.
    Merci ceci est une modeste contribution.

  • Le 4 novembre 2015 à 07:57, par ISMO En réponse à : Barrage de Samendeni : Les populations affectées attendent toujours leur indemnisation

    Allez voir à la maison de l’avocat.
    Vous trouverez un avocat qui puisse légalement déposer une pliante contre le projet et demander la suspension des travaux en attendant que la justice tranche sur le sujet et que vous soyez indemnisé. Car selon la loi, en ce qui concerne l’expropriation pour utilité d’ordre publique, vous devriez être dédommagé avant que l’expropriation même ne soit effective. Si vous n’avez pas été expropriés comme il se doit, ce terres vous appartiennent toujours selon la loi.

  • Le 4 novembre 2015 à 10:33, par koussoubé En réponse à : Barrage de Samendeni : Les populations affectées attendent toujours leur indemnisation

    Vous êtes dans vos droits, tenez bon ! obtenez au moins autant que ceux qui ont été dédommagés pour la construction du nouvel aéroport de Ouagadougou Donsin.

  • Le 4 novembre 2015 à 14:25 En réponse à : Barrage de Samendeni : Les populations affectées attendent toujours leur indemnisation

    En 2008 quelqu’un était ministre de l’eau, de l’agriculture et des ressources halieutiques. La transition gagnerait sans doute à lui demander s’il en sait quelque chose ou pas.

  • Le 4 novembre 2015 à 17:31, par Pousbila En réponse à : Barrage de Samendeni : Les populations affectées attendent toujours leur indemnisation

    Bravo aux populations qui se sont mobilisées pour la défense de leurs intérêts vitaux. Il est temps que ce colonel-coordonnateur sache qu’il doit arrêter de sucer le sang de ces braves paysans impunément et retourner dans les rang de l’armée sa maison d’origine. L’adage "plus rien ne sera comme avant" doit lui être appliquée au même titre que ceux qui sont à la MACO et qui doivent rendre compte de leur gestion calamiteuse sous l’ère des COMPAORE. Selon des sources proches du dossier, l’Inspection Technique des Services du ministère de tutelle du PDIS aurait déjà réalisé, il y a un bon bout de temps un audit et aurait transmis un rapport à l’autorité Supérieure du Contrôle de l’état. La cour des comptes aussi aurait agit dans le même sens. Quelles sont les conclusions !???? A ces deux structures je dis ceci : "s’il vous plait, convainquez que plus rien ne sera comme avant partout au Faso" !!!!!