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JProNut-Fada 2015 : Sous le sceau d’acteurs déterminés à vaincre la malnutrition et la faim dans la localité.

lundi 26 octobre 2015.

 

La 2ème « Journée Promotionnelle de la Nutrition (JProNut) » de l’ONG humanitaire Action Contre la Faim (ACF) a eu lieu le samedi, 24 octobre 2015 à Fada, chef-lieu de la région de l’Est. Cette journée, placée sous le thème, « Communautés et lutte contre la malnutrition : quelles contributions pour des acquis pérennes » a été présidée par le Haut-Commissaire de la province du Gourma et parrainée par le directeur régional de la santé de l’Est. Elle a été également marquée par plusieurs activités.

« Bouter la malnutrition hors de la localité ». C’est armé de cet esprit que les acteurs ont marqué la JProNut-Fada 2015, deuxième du genre. C’est la place de l’Unité de la ville de Fada qui a accueilli la cérémonie officielle qui a connu la participation de plusieurs autorités et dans une grande mobilisation des populations de la localité. Une mobilisation qui trouve aussi sa justification dans le choix du thème qui met au centre de la réflexion, les populations bénéficiaires des actions des programmes d’ACF.
C’est au secrétaire général de la Mairie de Fada, représentant le président de la délégation spéciale de ladite commune de camper le décor en souhaitant la bienvenue à ses hôtes. Pour lui, la tenue effective de cette deuxième édition témoigne de la volonté ferme d’ACF de continuer d’œuvrer pour un mieux-être des enfants de moins de cinq ans, des femmes enceintes et allaitantes de la localité.
Les chiffres en la matière sont expressifs. En effet, selon le président de la JProNut 2015, le haut-commissaire de la province du Gourma, Aboubakar Traoré, le rapport de la conférence sur la malnutrition tenue à Paris en mai 2013 fait ressortir que la majeure partie des enfants malnutris vit en Afrique subsaharienne, y entraînant de nombreux décès et des pertes économiques de 3% de la richesse nationale. Et l’Afrique subsaharienne, poursuit-il, est la seule région du monde où les chiffres ne s’améliorent pas. La région de l’Est du Burkina subit ce fléau. « La prévalence de la malnutrition aigüe globale dans la région de l’Est était de 9% contre un taux national de 8, 6%. Quant à la prévalence de la malnutrition aigüe sévère, elle était de 1,8% à l’Est contre 1, 7% pour le niveau national », selon le rapport SMART 2014. « Le taux de couverture de la prise en charge est de 48% dans le Gourma ; ce qui veut dire que plus d’un enfant sur deux ne sont pas suivis dans un programme de prise en charge de la malnutrition », dévoile le président sur la base du rapport de l’enquête SQUEAC de 2014 réalisée par ACF. Faisant siens les propos du directeur général de l’UNICEF, « il est difficile d’imaginer plus grande injustice que celle qui prive l’enfant, dans le ventre de sa mère et dès son plus jeune âge, de la capacité de développer pleinement ses talents tout au long de sa vie », le premier responsable de la province a, au nom des autorités centrales, témoigné sa reconnaissance à ACF et son partenaire financier, l’Agence suédoise de développement international (ASDI), avant de lancer un appel à l’ensemble des acteurs à resserrer plus le rang pour barrer la route à cette injustice que des milliers d’enfants subissent au Burkina en général et, en particulier dans la région de l’Est.

Des acquis certains engrangés…, cap sur l’avenir

Puis, au Coordonnateur-Terrain d’ACF Fada, François Ouédraogo, de rappeler les objectifs majeurs de la JProNut. Parmi ceux-ci, on mentionne que cette journée vise à promouvoir les bonnes pratiques nutritionnelles et d’hygiène, sensibiliser les participants sur la problématique et les enjeux de la malnutrition, renforcer l’implication de la communauté dans la lutte contre la malnutrition et renforcer le plaidoyer auprès des autorités compétentes pour une réelle prise en compte de la nutrition dans les questions de développement. « La JProNut se veut alors non un lieu de réquisitoire, mais plutôt un espace d’introspection, de réflexion, d’évaluation des acquis et surtout des défis à relever », précise-t-il. Il a salué la synergie d’actions des acteurs qui a permis d’engranger plusieurs acquis parmi lesquels, il cite l’amélioration des indicateurs (notamment la réduction de la prévalence de la malnutrition aigüe sévère), l’augmentation de la couverture de la prise en charge de la malnutrition. « Quand ACF entamait son intervention dans la région, le taux de la malnutrition était de 14% et aujourd’hui, il est autour de 9% ; c’est dire que les avancées sont significatives. Quant à la couverture de programme de prise en charge, de 2012 à 2014, le Gourma est passée de 18% à 48% », a-t-il étayé. D’autres acquis partagés par le coordonnateur concernent le renforcement de capacités de plus de 200 agents de santé sur plusieurs thématiques en lien avec la prise en charge de la malnutrition et l’appui à l’ensemble des CSPS en matériels de bureau et en matériels anthropométriques, la construction d’ouvrages d’assainissement dans la plupart des centres de santé (latrines et douches par exemple). Des avancées que le Coordonnateur-terrain d’ACF Fada met également à l’actif de son partenaireASDI qui finance le programme nutrition/santé dans la province du Gourma depuis 2012.
Malgré ces acquis, François Ouédraogo, note qu’il faut désormais se tourner vers les défis à relever. Au nombre de ces challenges, l’inadéquation des outils de financement pour des réponses appropriées à la problématique de la malnutrition, l’épineuse question de la forte mobilité des ressources humaines dans la région de l’Est, la faiblesse de la couverture et l’accès aux services de santé, les ruptures dans la disponibilité des intrants, le faible taux d’accessibilité à l’hygiène et à l’assainissement et la persistance des mauvaises pratiques en matière de nutrition. D’où, justifie-t-il, le choix du thème de cette édition qui répond à l’esprit de son ONG d’innover pour toujours mieux répondre aux attentes. « C’est dans cette optique qu’ACF s’inscrit à travers la mise en œuvre d’un projet-pilote de Nutrition à base communautaire à Diapangou dont les résultats à mi-parcours sont promoteurs. Car, il en ressort déjà que l’implication des acteurs communautaires tels que les mères d’enfants malnutris guéris, les groupements féminins permettent un meilleur dépistage des enfants malnutris », annonce le Coordonnateur-Terrain d’ACF Fada.

La malnutrition, un problème de santé publique

Le parrain de la JProNut 2015, Dr Salif Sankara, par ailleurs directeur régional de la santé de l’Est, soutient, quant à lui, que la malnutrition est reconnue par le ministère de la santé comme un problème de santé publique. « Elle augmente plus de 16 fois le risque de décès des enfants de moins de cinq ans. Dans le monde, plus de neuf millions d’enfants meurent chaque année du fait de la malnutrition », révèle-t-il. Convaincu que le combat contre la malnutrition est multidimensionnel et requiert, de ce fait, une approche transversale, participative et pluridisciplinaire dans laquelle les communautés ont un rôle accru.
C’est donc sur des engagements forts que les acteurs se sont donné rendez-vous pour la 3ème édition à la même période en 2016.
Une séance de démonstration de lavage de mains suivie de visite des stands sont venues couronner la cérémonie officielle d’ouverture marquant la 2èmeJProNut-Fada. Une journée qui s’est poursuivie jusqu’à la soirée avec des expositions, des sensibilisations, des distributions de supports de communication et de sensibilisation.
En prélude à cette journée, et à la faveur des Journées Mondiales du Lavage des mains et de l’Alimentation célébrées respectivement les 15 et 16 octobre de chaque année, plusieurs activités ont été tenues par l’ONG dans la région. Il s’agit de conférences publiques sur la malnutrition et le lavage des mains au savon, de théâtres-foras, d’animations de sensibilisation, de séances de témoignages de bénéficiaires, dépistages de la malnutrition, promotion et vente de farines infantiles enrichies, démonstrations culinaires et des activités sportives.
Pour mémoire, l’ONG humanitaire Action Contre la Faim (ACF) intervient dans les domaines de la nutrition/santé, la sécurité alimentaire et moyens d’existence, l’eau, l’assainissement et l’hygiène, la gestion des risques de désastres, la sensibilisation et le plaidoyer.
Au Burkina, cette ONG a fait de la lutte contre la malnutrition et la faim son leitmotiv et mène depuis 2008, des actions de lutte contre la malnutrition dans la région de l’Est où les prévalences de la malnutrition étaient parmi les plus élevées dans le pays. Son intervention avec les autres acteurs a contribué à améliorer l’état nutritionnel des enfants dans la localité, par la mise en œuvre de programmes de nutrition et santé s’orientant sur l’appui aux structures sanitaires dans le dépistage et le traitement de la malnutrition aigüe, l’équipement et la réalisation d’infrastructures Wash. Toutes ces actions sont accompagnées d’activités de sensibilisation et de plaidoyer en vue de changement de comportement favorable à de bonnes pratiques de nutrition.

Oumar L. OUEDRAOGO
Lefaso.net