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Scrutin couplé : « L’histoire du Burkina a décrété qu’un petit retard était nécessaire … », dixit le Chef Observateur Adjoint de la Mission d’Observation électorale de l’UE au Burkina, Tommaso Caprioglio

jeudi 22 octobre 2015.

 

Sur la demande des autorités, l’Union européenne a déployé, pour la première fois, une Mission d’Observation électorale au Burkina dans le cadre de la présidentielle et des législatives à venir qui se présentent comme « historiques » pour le pays. Présente sur le sol burkinabè depuis début septembre pour la date initiale du 11 octobre, la Mission a suivi les évènements consécutifs au coup d’Etat du 16 septembre et qui ont conduit à une nouvelle date, 29 novembre 2015. Déterminée à promouvoir la démocratie à travers des élections transparentes qui incarnent la volonté du peuple, la Mission multiplie les actions dans ce sens avec les parties prenantes au processus et confie être ouverte à tous les Burkinabè, sans exception.

Pour mieux comprendre sur cette Mission qui a élu son quartier général à l’hôtel Golden Tulip (ex-hôtel Silmandé), nous avons rencontré le Chef Observateur Adjoint, Tommaso Caprioglio. Sans langue de bois, le responsable de la Mission au Burkina dévoile ...!

Lefaso.net : Pouvez-vous nous dresser une vue globale du dispositif déployé par l’UE dans le cadre de ces élections ?

Tommaso Caprioglio : La première vague d’analystes et experts en matière électorale est arrivée ici à Ouagadougou le 5 septembre 2015, on était justement les premiers à arriver dans le pays pour préparer l’arrivée des observateurs qu’on aurait voulu déployer le premier jour de la campagne électorale pour l’élection présidentielle, qui devait démarrer le 20 septembre ; tout était prêt pour l’observation des scrutins couplés du 11 octobre. Malheureusement, le fait du 16 septembre, qui coïncide avec l’arrivée des observateurs (ils sont arrivés à Ouagadougou, tous les 24, le jour du coup d’Etat). Donc, immédiatement, on a dû s’organiser (il n’y avait pas des conditions de sécurité pour déployer les observateurs sur le terrain), on était dans une situation où on ne pouvait pas connaître ce qui allait se passer dans les minutes, heures et jours suivants. On a donc décidé, pour des raisons de sécurité, de rapatrier les 24 observateurs qui étaient arrivés. Cela n’a pas empêché la mission de poursuivre ses activités. Nous avons donc poursuivi nos activités mais beaucoup plus limités dans les mouvements. Néanmoins, on a pu continuer nos contacts avec la CENI, les partis politiques, les candidats, la société civile etc. Donc, dans une situation de difficulté la mission est toujours restée au Burkina Faso. Même après les incertitudes liées au calendrier (une décision de fixation de la date qui relève uniquement des autorités burkinabè), on a attendu et poursuivi nos activités jusqu’à ce qu’on ait le nouveau calendrier électoral. Je peux donc vous confirmer que les observateurs qui étaient repartis en Europe vont revenir à partir du 3 novembre ; ils seront formés ici à Ouagadougou pendant trois jours et seront déployés le 7 novembre, c’est-à-dire la veille du début de la campagne électorale pour la présidentielle. Ils seront déployés dans toutes les treize régions du pays et commenceront donc leur travail sur le terrain ; c’est-à-dire prendre contact avec les autorités, les partis politiques, les candidats, la société civile, les autorités coutumières et tous les interlocuteurs qui font partie du processus électoral. Notre mission est une mission de long terme, qui va couvrir tous les aspects allant de la préparation à la phase post-électorale (contentieux) en passant par le jour-même du scrutin. A partir du 24 novembre, il y aura une autre vague d’observateurs qui va nous rejoindre, notamment 48 observateurs de courte durée (OCD) et aussi une délégation de sept membres du Parlement européen et qui seront aussi déployés dans certaines villes du pays pour l’observation du scrutin. Nous sommes actuellement en train de finaliser des procédures pour recruter certains diplomates de la délégation de l’Union européenne et certains diplomates en poste à Ouagadougou des Etats-membres de l’Union européenne. Donc, en gros, nous attendons plus de 80 observateurs sur le terrain et on espère même atteindre une centaine. C’est la pyramide de notre déploiement. Après le premier tour la MOE UE (Mission d’Observation électorale de l’Union européenne) va retirer les OCD et on attendra de voir s’il y aura un 2nd tour, qu’on va suivre aussi jusqu’à la proclamation définitive des résultats qui va consacrer l’élection du nouveau Président du Faso. Après donc le 29 novembre soit après le 2nd tour dont la date reste à définir.

Lefas.net : Avant de poursuivre…, on note que malgré l’irruption du coup d’Etat, la mission est toujours restée. Croyiez-vous à un dénouement aussi rapide de la situation ou quel était le message qui se cachait derrière cette détermination … ?

Tommaso Caprioglio : Pour nous, c’était très important parce qu’on a compris quel moment difficile traversait le Burkina Faso ; notamment les autorités de la Transition et aussi le peuple burkinabè. On a vu la réaction très ferme de la Communauté internationale. On a aussi vu quelle a été la réaction ferme du peuple qui déjà, s’était sacrifié lors des évènements d’octobre 2014. Cela a été pour nous, la preuve que le peuple burkinabè veut ce scrutin démocratique, que c’est vraiment une première au Burkina parce qu’après la chute du régime Compaoré, on peut penser que ce scrutin ouvre une nouvelle ère pour le Burkina. C’est pour cela aussi que le message de l’Union Européenne a été très clair dans la condamnation du coup d’Etat et la mission, qui n’est pas une mission politique mais plutôt technique, a voulu poursuivre ses activités avec le même engagement et dévouement. Bien sûr dans une situation tout à fait particulière mais l’équipe ici que je dirige était tout à fait motivée, consciente de la difficulté. On a voulu continuer à donner un certain message à travers notre présence. C’est la même chose qui a été faite par notre chef de mission, Cécile Kashetu Kyenge quand elle est venue ici le 5 octobre où elle est restée pratiquement une semaine (justement même sans calendrier électoral) pour donner un signal aux autorités et pour dire encore une fois l’ appui et l’accompagnement de notre mission pour ce processus qui est très important et crucial pour le Burkina. On a donc essayé avec beaucoup de sérénité, même si c’était difficile.

Lefaso.net : Vous attendez environ une centaine d’observateurs pour plus de 17 mille bureaux de vote, comment allez-vous y prendre ?

Tommaso Caprioglio : Question très importante…parce que, et sous réserve des chiffres des structures compétentes, il y aura un peu plus de 17 mille bureaux de vote. Donc, il est clair que couvrir la totalité des bureaux de vote est impossible. Mais, il y a une question méthodologique importante ; l’UE a une méthodologie consolidée depuis une quinzaine d’année. Je vous donne un exemple : quand vous allez voir le docteur et vous devez faire analyser votre sang, vous faites une prise de sang ; vous ne videz pas tous les cinq litres de sang que contient votre corps, sinon vous allez mourir. Pour savoir si votre sang a un problème une prise de sang est suffisante. On n’a pas besoin de beaucoup de sang. Cela veut dire que pour nous, l’observation est une question de qualité et non de quantité. De plus, on n’a pas l’exclusivité de l’observation. Nous collaborons avec nos collègues burkinabè mais aussi étrangers. Donc, pour le moment, la CENI a accrédité plus de 16 mille observateurs. On peut donc penser qu’avec une bonne coordination, on peut avoir un observateur dans chaque bureau de vote. De toute manière, nous ne restons pas dans la ville, nous allons partout. Donc, il faut penser à un équilibre entre rural et urbain (donc les observateurs sont envoyés après des évaluations de terrain). C’est pour cela que les observateurs de longue durée (OLD) seront sur le terrain bien avant ; ils seront nos yeux et nos oreilles. On n’a donc pas la prétention d’être-là pour couvrir tous les bureaux de vote, ce n’est pas non plus nécessaire.

Lefaso.net : Quelles sont les priorités que votre Mission s’est assigné ?

Tommaso Caprioglio : La priorité des priorités, c’est accompagner le processus électoral. Vous savez, la présence des étrangers surtout est bénéfique, parce que, personne n’a des intérêts. Nous sommes une mission indépendante, indépendante des institutions de Bruxelles (siège principal de l’UE), indépendante de la délégation de l’UE ici au Burkina, indépendante aussi sur le plan financier. La mission est complètement financée par l’UE. Ça, c’est une garantie de transparence et de crédibilité qu’on a. Puisque-là, nous n’avons pas de parti pris ; pour nous, c’est le Burkina et ses valeurs démocratiques qui doivent triompher. Ce sont les Burkinabè qui doivent choisir leurs représentants, à l’Assemblée nationale et à la Présidence du Faso, et cela doit se faire selon les règles de l’art (de la transparence) parce qu’on doit s’acheminer vers une élection crédible, transparente dans laquelle il n’y aura pas de doute. Et c’est pour cela que la présence de la mission de l’UE (considérée partout dans le monde comme une mission crédible et professionnelle) est importante.

Lefaso.net : L’irruption du coup d’Etat n’a-t-il pas bouleversé le dispositif de départ que vous aviez mis en place ?

Tommaso Caprioglio : Absolument pas. C’est vrai, on a eu la malchance que les observateurs sont arrivés ici le jour du coup d’Etat. Pendant une semaine, ils sont restés ici à l’hôtel, et bien sûr, ils étaient prêts à partir, préoccupés pour le Burkina, parce qu’effectivement la situation était tellement complexe qui changeait quasiment toutes les minutes. Et après, pour des raisons de sécurité, on a décidé de les rapatrier le plus tôt possible, chose qu’on a pu faire avec quelques difficultés mais on l’a fait. Mais c’est aussi avec beaucoup de détermination que tous les membres de la mission attendaient une nouvelle date pour les élections. Les observateurs se sont donc très vite attachés au pays et ont aussi compris que leur présence (qui était déjà importante avant le coup d’Etat) est encore plus importante. Puisque-là, et comme on le dit au Burkina, tout a changé et « plus rien ne sera comme avant ». Le seul changement, c’est qu’on aura le plaisir de rester encore longtemps au Burkina avec vous. L’histoire du Burkina a décrété qu’un petit retard était nécessaire du fait du coup d’Etat. La date a été établie, le 29 novembre, et nous nous adaptons à celle-ci sans problème.

Lefaso.net : On a observé une sorte de tiraillement entre la classe politique qui voulait vite aller aux élections et l’exécutif qui penchait pour d’autres préalables notamment la sécurisation ; quelle a été votre analyse de cette situation qui commençait à jouer sur l’atmosphère ?

Tommaso Caprioglio : Effectivement ! Je pense qu’après un coup d’Etat, comme ce qu’on a vécu et toutes les questions liées à l’ex-RSP, il était clair que les autorités voulaient faire la lumière sur les faits (vous avez qu’il y a des enquêtes en cours). C’est une situation qui relève de la responsabilité des Burkinabè eux-mêmes et la justice est en train de poursuivre son travail et le moment venu je suis sûr que les autorités prendront les décisions qui sont appropriées. De l’autre côté, il y avait un processus électoral qui a dû s’arrêter pendant quelques semaines mais on est ravi de voir que le Président Michel Kafando, à son retour de New-York, a pu reprendre les négociations que le Premier ministre avait déjà entamées à son absence et tout de suite on a vu que ces négociations ont abouti rapidement à une nouvelle date, une date consensuelle. Nous, nous n’avons rien fait d’autre que prendre acte de cela et on est ravi de voir que le processus reprend. Il faut féliciter les autorités de la Transition pour avoir vite repris la main et pour avoir eu le temps de parler avec tout le monde.

Lefaso.net : Quelles conditions un pays doit-il remplir pour bénéficier de l’accompagnement des observateurs de l’UE ?

Tommaso Caprioglio : C’est très simple, l’UE observe dans le monde entier quand elle y est invitée. Le gouvernement burkinabè a envoyé une invitation, au début de l’année. L’invitation a rapidement été reprise par l’UE qui a envoyé une mission exploratoire dans le mois de juin 2015 qui a fait tous les constats pour voir si la mission était opportune, si c’était utile et s’il était faisable d’en envoyer une mission. L’UE a donc donné une suite favorable à la demande et c’est pour cela qu’avec beaucoup d’enthousiasme la mission est arrivée ici le 5 septembre. Donc, l’UE observe quand elle est invitée par les autorités du pays.

Lefaso.net : Il y a quand même des exigences que l’UE impose au pays qui en fait la demande !

Tommaso Caprioglio : Il y a deux protocoles d’accords qui sont signés toujours. L’un est signé avec le gouvernement du pays et l’autre est normalement signé avec l’administration électorale qui est ici, la CENI. Alors, il y a des droits et des devoirs qui doivent être observés. D’abord, les observateurs qui ont le devoir de suivre un code de conduite et sur ça, l’UE est très stricte. Les observateurs doivent suivre certaines règles, c’est-à-dire s’accommoder aux lois du pays, respecter toutes ses coutumes, comprendre la culture du pays, etc. D’autre part, l’UE demande aussi dans ce protocole, la liberté pour ses observateurs d’accomplir leurs tâches, en ayant accès aux structures électorales et en allant partout où ils souhaitent. Ce protocole définit clairement les droits et les devoirs des observateurs. C’est vraiment un engagement de la part du gouvernement, de l’UE mais aussi avec l’administration électorale. Les observateurs sont libres d’aller où ils veulent, quand ils veulent et ne doivent pas déterminer avec les autorités les lieux de visite (parti politique, bureau de vote, etc.) et tous les jours on est en contact avec tout le monde avec une liberté absolue de pouvoir poursuivre nos activités sans problème.

Lefaso.net : Que retenez-vous des concertations que vous avez eues avec les parties au processus (partis politiques, société civile, etc.) ?

Tommaso Caprioglio : Je retiens tout d’abord l’ouverture d’esprit de toutes les parties sur tous les plans, des gens qui n’ont pas la langue de bois et qui apprécient beaucoup de s’exprimer avec nous et pour moi, c’est très instructif. Simplement, en discutant avec les gens, en discutant avec eux, de manière ouverte et sereine, on peut comprendre quelle est la réalité et les préoccupations par exemple de certains candidats ou encore ce que pense la société civile. C’est un donc un échange mutuel très direct. Avec la franchise seulement, on peut arriver à des résultats. C’est de cette manière que nous demandons beaucoup de transparence aux Burkinabè mais je dis aussi qu’en retour, les Burkinabè doivent demander de la transparence à la MOE UE. C’est pour cela que je pense qu’il est très important pour nous de communiquer avec la presse ; il ne faut pas fuir la presse. Il faut prendre le temps d’expliquer et avoir un profil pédagogique. Cela est fondamental parce que c’est la première fois qu’une mission de l’UE arrive au Burkina, donc c’est tout à fait normal que les acteurs ne soient pas habitués à cette méthodologie. C’est pour cela que notre mission est de longue durée parce qu’il ne faut pas se contenter seulement du jour du scrutin.

Lefaso.net : Il y a eu cette affaire dite de « fausses cartes d’électeur » ; l’avez-vous suivi et quelle a été votre analyse ?

Tommaso Caprioglio : On a suivi la question, attentivement et on continue à la suivre. Je peux dire une chose qui est qu’il y a une enquête en cours, donc nous attendons, comme tout le monde, les résultats de cette enquête. On a vu la position de la CENI sur la question. Je dis donc à mes interlocuteurs que c’est la justice burkinabè qui va décider selon les enquêtes. J’ai aussi dit que les portes de la mission sont toujours ouvertes ; est-ce qu’il y a quelqu’un qui veut nous emmener des constats, signaler quelque chose sur cette question de cartes d’électeur ? Mais à ce jour, personne ne s’est d’abord manifestée devant la mission. Nous allons continuer à suivre la question et la mission reste à la disposition de tout le monde ; toute personne qui pourrait nous signaler quelque chose sur cette question. Donc, la mission suit cette affaire et attend comme tout le monde, les résultats de l’enquête. Nous sommes ouverts à tout le monde et c’est aussi le rôle de la mission.

Lefaso.net : Le jour du scrutin, vous constatez des manquements graves ; que faites-vous (silence ou dénonciation) ?

Tommaso Caprioglio : La mission observe tout le processus. Il arrive souvent qu’une insuffisance dans les préparatifs joue sur le processus le jour-j. Mais je peux vous dire aussi, par expérience (parce que j’ai fait plus de 30 missions dans le monde entier), parfois, le jour du scrutin est un jour assez calme (il n’y a pas beaucoup de choses à relever) et que les problèmes, comme vous l’avez soulevé, peuvent arriver après parce que vous ayez les résultats des urnes et vous ayez la compilation des résultats. Il faut voir si ces résultats correspondent à ce que les partis pensent avoir obtenus dans les urnes et dans les bureaux de vote. C’est pour cela que la mission d’observation pense qu’il est nécessaire d’assurer la transparence et la traçabilité des résultats à travers la publication en ligne des procès-verbaux (pas en vrac mais procès-verbal par procès-verbal). Ça permet à un Burkinabè de New-York par exemple de voir ce qui se passe à Banfora. Ou un candidat qui n’a pas eu les moyens de déployer des représentants dans l’ensemble des bureaux de vote mais qui souhaiterait entamer une action, d’utiliser la publication des procès-verbaux en ligne pour justement constituer un dossier qui pourrait l’emmener à se présenter avec des preuves à l’appui, devant le Conseil constitutionnel. Donc, il faut garantir la possibilité à un recours effectif parce que, si on se limite à dire d’aller voir le Conseil constitutionnel et que le candidat malheureux n’a pas la possibilité de constituer un dossier par des preuves, ça ne servira à rien. C’est pour cela je dis qu’il faut parler de transparence mais aussi de traçabilité des résultats. On est-là pour faire des constats. On a tendance à croire que tout arrive le jour du scrutin. Mais, pas du tout ! C’est pour cela que l’observation doit être vraiment complète, comme il le faut. Venir à trois jours des élections, ce ne sera jamais une observation complète.

Lefaso.net : Justement, comment comptez-vous vous ouvrir aux Burkinabè, ceux qui souhaitent suivre vos observations sur le terrain. Avez-vous une plateforme ?

Tommaso Caprioglio : Il y a plusieurs formes. Tout d’abord, la mission parle avec tout le monde ; tous les Burkinabè, où qu’ils se trouvent. Je dis à chaque fois aux observateurs de prendre toujours le temps de parler avec les Burkinabè, leur expliquer ce qu’ils font, prendre le temps de dire de quelle manière ils le font. Sinon, il y a un risque de ne pas comprendre comment cela se fait. Il n’y a rien de secret, les observateurs seront avec leur kit de visibilité pour que tout le monde les voir. Et c’est pour cela d’ailleurs que moi, je tiens beaucoup à la relation avec la presse ; justement parce que la presse doit comprendre, elle doit être informée. Il est donc toujours important pour moi de pouvoir expliquer et donner des informations sur ce qu’elle est en train de faire et pour quelles raisons elle est en train d’observer de cette manière. Donc, la mission est à la disposition de tous les Burkinabè (journalistes, candidats, autorités de la transition, du citoyen lambda qui souhaiterait dire quelque chose). C’est de cette façon transparente que nous allons fonctionner tout au long de notre mission ici au pays.

Lefaso.net : Quel peut être le message de la mission aux parties prenantes au scrutin et à l’ensemble des Burkinabè ?

Tommaso Caprioglio : On est ravi d’être-là, comme on l’a été avant le coup d’Etat. On était-là également pendant le coup d’Etat qui a été un moment difficile pour tout le monde et la présence de la mission a montré l’attachement de l’Union européenne au Burkina. Donc, nous sommes enthousiastes de pouvoir reprendre les choses là où elles se sont arrêtées brusquement le 16 septembre. Aujourd’hui même (l’entretien a eu lieu le 20 octobre) mes collègues me manifestaient leur satisfaction de pouvoir revenir au Burkina ; parce que finalement, tout le monde était très inquiet. Vous imaginez, on a eu 24 personnes qui sont arrivées le jour même du coup d’Etat, qui sont restées pendant une semaine à l’hôtel et qui n’ont pu voir que l’aéroport et l’hôtel. Ces observateurs sont donc ravis de revenir et d’être déployés pour accomplir leurs tâches. Donc, mon message, c’est de continuer le processus en toute sérénité et que, bien sûr, les Burkinabè soient en mesure de décider librement de leurs nouveaux élus. Comptez sur nous, notre appui, notre accompagnement, notre transparence, notre neutralité et impartialité. On reste toujours à la disposition de tout le monde et des tous les Burkinabè.

Entretien réalisé par Oumar L. OUEDRAOGO
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