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Dissémination du 4e rapport ITIE à Zorgho : Etancher la soif des populations en informations

samedi 5 septembre 2015.

 

Pour la première fois, l’équipe de dissémination du rapport de l’Initiative pour la transparence des industries extractives du Burkina (ITIE-BF) était dans la commune de Zorgho, le 02 septembre 2015. C’est la salle de conférence de la mairie de ladite commune qui a abrité l’atelier d’échanges et de sensibilisation. Ainsi, coutumiers, religieux (musulmans, catholiques, protestants), représentants d’associations, représentants de services déconcentrés et décentralisés de l’Etat ont pris connaissance du contenu du rapport 2012 de l’ITIE-BF.

L’équipe de dissémination du rapport a ciblé les localités abritant des sites miniers pour présenter ses rapports aux populations. Ces populations sont généralement impactées par les activités de recherche ou d’exploitation du minerai. Et, la province du Ganzourgou abrite la Société minière Orezone Bomboré, plus précisément la commune de Mogtédo. Mais, cette année, les agents de l’ITIE accompagnés de représentants du ministère des mines, du ministère de l’environnement ainsi que des représentants de la société civile, ont choisi le chef-lieu de la province, Zorgho. Avec la promesse d’aller au plus près des populations impactées dès l’année prochaine, notamment à Mogtédo.
Après les salamalecs, deux communications ont été présentées par les « disséminateurs » du rapport ITIE. C’est d’abord Dr Sidiki Guiré, le chargé des rapports et du renforcement des capacités qui a présenté l’ITIE, son historique, sa composition, ses objectifs et missions… Puis, Elodie Ilboudo, représentant de la société civile a présenté le contenu du rapport 2012 dont il était question. Les participants étant divers et variés (y compris des anaphabètes), il a fallu trouver un traducteur de circonstance. Et, c’est Tilado Yaméogo, le coordonnateur provincial des OSC du Ganzourgou qui s’est prêté à l’exercice.
Il faudra noter que la région du Plateau central a reçu seulement 563 000 francs CFA au titre des taxes superficiaires, contrairement à des régions où l’activité minière est plus accrue telle que la région du Sahel qui a reçu plus de 200 millions de francs CFA au cours de l’exercice 2012. Certainement que la cagnotte du Plateau connaîtra une hausse substantielle dans les années à venir, avec l’entrée en production de certaines mines.

Une batterie de questions

Après les deux communications, place à la phase des échanges. Et là, l’équipe de l’ITIE a fait face à une batterie de questions. Elles ont porté, entre autres, sur : le choix de l’administrateur indépendant (Moores Stephen), les mécanismes de contrôle de la quantité d’or extrait, le décalage de deux ans dans la production du rapport, la chaine des valeurs et la norme ITIE, la différences entre permis et autorisations, les emplois dans les mines, la part des collectivités, la rémunérations des expatriés par rapport aux nationaux, l’écart dans les montants déclarés par les régies de l’Etat et les comptabilités des sociétés minières…
A ces questions, s’ajoute des suggestions telles que : afficher les contrats et autres conventions minières dans les chefs-lieux de provinces pour permettre de mieux comprendre, revoir la clé de répartition des montants issus des taxes superficiaires pour permettre aux collectivités territoriales d’en bénéficier davantage. Actuellement, c’est 20% des recettes issues de la taxe superficiaire qui est reversé aux collectivités et les 80% vont à l’Etat central. Après Zorgho, l’équipe a mis le cap sur Manga, chef-lieu de la région du Centre-Sud où exerce la société minière B2 Gold. Nous y reviendront.

Moussa Diallo
Lefaso.net

Propos de quelques participants

Toum Naaba de Zorgho

Il fallait vraiment initier cette rencontre parce que ça nous permet de comprendre beaucoup de choses. Il est souhaitable qu’on puisse élargir cet atelier d’information à toutes les communes du Burkina et précisément dans les communes où se trouvent les sites d’or. Ça va nous permettre à la population de mieux comprendre leurs activités des sociétés minières et les revenus qui doivent parvenir aux communes. Ça permet aussi de savoir la contribution des mines au budget de l’Etat. En tout cas, ça va faciliter beaucoup de choses. Donc, je souhaite que désormais, on puisse élargir à d’autres communes et surtout les bénéficiaires directs sur les sites, ça va nous aider à résoudre beaucoup de problèmes. En tout cas, je suis très content de la tenue de cette rencontre et je souhaite bon vent à cette initiative.

Tilado Yaméogo, coordonnateur provincial des OSC du Ganzourgou

Je pense que l’initiative est bonne. Elle nous a permis de savoir réellement ce qui se passe au niveau des sociétés minières, comment les permis sont délivrés, comment les sociétés s’organisent, qu’est-ce que les sociétés ont comme droits et devoirs et ce que l’Etat a comme droits et devoirs vis-à-vis des populations. Tout ce qu’on a eu comme information aujourd’hui, ça nous permettra de transmettre aux populations pour qu’elles puissent savoir que les choses ne sont pas faites au hasard, il y a des lois qui régissent les recherches et les exploitations de l’or dans notre pays.
C’est mieux de multiplier les rencontres avec les populations à la base et surtout là il y a des sites qui doivent s’installer. Il faut multiplier les rencontres, donner l’information juste aux gens pour qu’on puisse éviter les problèmes. C’est quand on n’a pas l’information qu’on exige ciel et terre. Mais quand on a l’information juste, on sait ce qui nous revient et qu’on n’a pas le droit d’exiger de l’autre ce qui n’est pas notre dû. Pourquoi ne même pas organiser des conférences publiques où on pourrait avoir plusieurs couches sociales et politiques qui vont participer et peut-être même organiser des sketchs, des théâtres-forums pour passer l’information, en présence des représentants de l’ITE pour répondre aux questions des uns et des autres.

Ernest Ouédraogo, premier adjoint au président de la délégation spéciale de la commune de Zorgho

Cette initiative est salutaire. Dans le domaine minier, beaucoup de choses se disent, chacun y va de son information, vraie ou fausse. C’est ça qui fait aussi le mysticisme de l’or et ça crée beaucoup de problèmes. Dans notre zone, j’ai eu l’occasion de vivre pas mal de problèmes entre les populations et les orpailleurs, entre les populations et les sociétés minières parce qu’elles ont eu des informations certainement erronées. Mais, aujourd’hui, on a été suffisamment éclairé. On a compris que ces sociétés ne viennent pas travailler seules, que l’Etat a un œil et qu’on a permis à la société civile aussi d’avoir un œil là-dessus. C’est ce qui est rassurant. Avec ce cadrage, on se dit que non seulement les gens seront informés suffisamment, en plus on pourra minimiser les problèmes.
Mais, les sociétés minières, c’est quand même des commerçants, elles ne viennent pas pour perdre. Elles viennent pour chercher l’argent et c’est tout à fait normal que si ce n’est pas cadré, elles cherchent à exploiter la population, voire le pays tout entier. Donc, c’est une bonne initiative d’avoir l’ITIE. Et ce que je peux souhaiter, c’est qu’on étale cette information à toute la population du Burkina parce que l’or n’est pas statique, on est susceptible de le trouver dans n’importe quel lieu. Donc, il ne faut pas viser seulement là où ça sévit déjà, il faut porter l’information à tout le monde. Et même arriver à dire quelles sont les retombés de cette exploitation minière pour tout notre pays. C’est tout ça qui peut aider à la compréhension pour que nos populations puissent savoir que nous bénéficions des retombées de l’or. J’exhorte aussi l’Etat à continuer à creuser pour voir comment faire pour amener ces sociétés minières à contribuer beaucoup plus à l’essor économique de notre pays tout en gagnant leur part de bénéfice.

Marie Balkouba, Association Nakoglb-Zanga des femmes de Zorgho

Cette rencontre est la bienvenue. C’est la première fois que nous assistons à un atelier de dissémination du rapport ITIE et ça nous a donnés des informations sur les mines. Ça va nous aider à comprendre les problèmes des mines et à lutter contre certains fléaux pour pouvoir aider notre pays à aller de l’avant.
Si non, actuellement, nos mineurs abandonnent femmes et enfants et partent sur les sites d’orpaillage. Les enfants notamment les élèves aussi se comparent aux autres, donc ils abandonnent l’école pour aller sur les sites d’orpaillage eux aussi. C’est un problème. Il faut que l’Etat continue à aider les parents à sensibiliser.

Propos recueillis par Moussa Diallo
Lefaso.ne