Retour au format normal
lefaso.net

Décision du Conseil constitutionnel : Des leaders politiques se prononcent

vendredi 28 août 2015.

 

La décision du Conseil constitutionnel déclarant inéligibles 42 candidats appartenant aux partis CDP, ADF-RDA, NAFA, NTD, UPR et UBN est incontestablement l’actualité majeure de ces deux derniers jours. L’accueil réservé à la décision est proportionnel à son enjeu. Au lendemain de cette décision qualifiée de « historique » par certains citoyens, des leaders politiques se sont prononcés.

Tahirou Barry, président du PAREN : « Personne n’aura d’avenir dans un pays sans avenir »

Le Conseil constitutionnel a statué dans un domaine qui relève de sa compétence exclusive en tranchant sur un débat qui était en passe de gangrener la vie nationale. Il appartient à tous les acteurs, démocrates et patriotes, d’en prendre acte et d’œuvrer à préserver la cohésion et la stabilité nationale. Ce qui importe aujourd’hui, ce n’est pas un parti ou un individu, c’est plutôt l’avenir du Faso car, aucun Burkinabè ne saurait séparer son destin de celui du Faso. Personne n’aura d’avenir dans un pays sans avenir.


Ablassé Ouédraogo, président de Le Faso Autrement : « Les états d’âme particuliers et personnels, le peuple n’en a cure »

Nous sommes dans une République, qui est gouvernée par des lois, des règles, des textes, dont la loi fondamentale et, pour le Burkina, la Charte de la transition est complémentaire. Et avec tout cela, nous avons le code électoral qui a été donc revisité le 7 avril dernier avec un nouveau code électoral qui couvre l’organisation des élections qui auront lieu le 11 octobre 2015 et le 31 janvier 2016. Cette loi électorale a été promulguée le 9 avril. Nous avons bénéficié d’un renforcement de cette loi électorale par la CEDEAO (à travers sa Cour de Justice) qui demande au Burkina de ne pas avoir une application aveugle du code électoral mais de cibler les responsabilités et de traiter chacun suivant les fautes. A l’étape actuelle du processus, les dossiers de candidature ont été déposés (tant les législatives que pour les présidentielles) et les textes de la République autorisent tous les citoyens (pour ce qui est des législatives), de faire des recours, s’ils contestent l’inéligibilité de l’un ou l’autre des candidats ; c’est ce qui a été fait. Et l’institution chargée de dire le droit sur ces recours, c’est le Conseil constitutionnel, qui a rendu donc une décision. Maintenant, ce qui a été décidé par le Conseil constitutionnel qui interdit à 42 personnalités (pour le moment) la possibilité d’être candidats pour les législatives, nous, nous disons que tous les Burkinabè ont le droit et le devoir, par patriotisme, de vouloir offrir quelque chose à la nation burkinabè. C’est pour cela que nous nous félicitions du nombre important de candidats. Et nous avons un regret, qui est qu’un certain nombre de personnalités politiques de notre pays, en voulant donc être candidats, ont posé des actes qui relèvent, j’allais dire, de la provocation voire même, de la témérité. Et cette catégorie de personnalités politiques qui donc, ont posé les actes téméraires et provocateurs-là, c’est l’ensemble des femmes et des hommes de notre pays, qui ont travaillé à mettre dans la tête du Président Compaoré, que l’article 37 de notre Constitution pouvait être modifié. Et de ce fait, l’aspiration du peuple au changement et à l’alternance devait être étouffée. Et cette catégorie de personnel politique qui a travaillé depuis février 2010 où des responsables du CDP ont indiqué clairement que l’article 37 de notre Constitution était anti-démocratique et qu’il fallait le modifier. Et ces personnalités-là, ce sont elles qui ont conçu, ce sont elles les instigatrices et les inspiratrices.

Ce sont elles qui, à partir de 2010, ont amené le Président Blaise Compaoré à foncer tout droit dans le mur. C’est l’ensemble de ce personnel-là, donc des concepteurs aux exécutants (et quand je parle d’exécutants, ce sont les membres du gouvernement qui étaient présents au Conseil des ministres du 21 octobre 2014, ce n’était même pas un Conseil ordinaire ; la question était tellement importante pour eux qu’ils ont tenu un Conseil extraordinaire), à ces membres du gouvernement qui ont adopté le projet de loi que l’Assemblée nationale devrait examiner le 30 octobre, à ces députés qu’on a hébergés royalement dans un hôtel pour leur permettre d’être dans les conditions idéales pour voter cette loi modifiant l’article 37. Donc, c’est cet aéropage de personnalités qui ont aidé Blaise Compaoré non seulement à initier l’acte mais surtout à chercher les voies et les moyens pour faire sauter l’article 37 qu’il faut sanctionner au même titre. L’ensemble de ce personnel politique est responsable au même titre, au même niveau et devrait être sanctionné avec la même rigueur. Donc, ce qui a été fait par le Conseil constitutionnel, c’est simplement de dire le droit, en conformité avec les textes qui gouvernent notre République et en tenant compte des instruments juridiques internationaux auxquels notre pays a adhéré. Donc, c’est vraiment une situation normale.

Ce que je veux dire, par rapport aux candidats qui ont osé la témérité et la provocation, ils devraient avoir pitié de notre peuple ; ils devraient avoir pitié du peuple burkinabè (qu’ils cherchent par ailleurs à diriger) parce que, si nous avons abouti à l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014, c’est bien de par leur faute. Et aujourd’hui, se lever et vouloir être candidat, alors que le peuple n’est pas amnésique, alors que les plaies ne sont pas encore complètement guéries, alors que les braises couvent encore (bien qu’on peut considérer que la flamme est éteinte) nous, nous disons que ce qui leur arrive est la juste récompense de leurs efforts. Nous, nous souhaitons que les uns et les autres comprennent, par humilité et par décence, prendre du recul (se cacher même) et laisser passer l’élection de 2015 et se repositionner pour la période à venir ! Dans la vie, on dit qu’il faut savoir reculer pour mieux sauter. Donc, nous nous sommes d’avis que les sanctions qui ont été prises sont conformes à nos textes et répondent aux aspirations de la population qui s’est insurgé les 30 et 31 octobre et qui réclamait le changement et l’alternance. Et je pense que ces décisions aussi rendent service aux partis concernés, parce que nous savons que dans l’organisation d’un parti, il y a plusieurs possibilités. S’il y a des gens qui sont ciblés par cette décision, on n’avait pas besoin d’être candidats parce que d’autres cadres de leur parti auraient pu assumer la responsabilité, le temps que eux ils recouvrent une nouvelle virginité. En mooré, on dit que c’est celui qui se presse qui achète la tête du chien ; les bonnes parties-là même vont être distribuées ! Donc, nous, nous voyons que le peuple burkinabè est mur, il sait ce qu’il veut : c’est la paix, c’est la stabilité, c’est la sécurité. Et il les aura avec l’organisation d’élections inclusives, équitables, transparentes le 11 octobre 2015. Et quand nous disons « inclusives », le processus électoral l’est vraiment au Burkina. Il y a des règles qu’il faut respecter et c’est cela qui fait que le Conseil constitutionnel a dit le droit et rien que le droit.
Nous, nous croyons au peuple burkinabè qui a trois valeurs qui font de lui, un peuple différent des autres. D’abord, c’est un peuple qui pardonne (mais n’oublie pas). Ensuite, c’est un peuple qui tolère et, enfin, les Burkinabè sont un peuple patriote. Si bien que les états d’âme particuliers et personnels, il n’en a cure.

Aly Badra Ouédraogo, président du RPR :« …nul ne peut se prévaloir de ses propres turpitudes »

Je voudrais saluer d’abord l’esprit républicain qui a guidé le Conseil constitutionnel et qui a abouti donc à cette décision parce qu’en amont, vous aurez remarqué qu’il y a eu beaucoup de pression, de part et d’autre. Mais, le Conseil constitutionnel, sans passion, s’est appuyé sur l’arsenal juridique dont notre pays dispose, pour dire le droit. En deuxième analyse, ce qu’il faut reconnaître, ce n’est ni la victoire d’un des camps, parce que tout simplement, pour nous, c’est le droit qui a été dit et c’est la victoire du droit qui a été consacrée. C’est pour cela j’en appelle au sens élevé de responsabilité de tous les acteurs politiques, où qu’ils soient (que ce soient ceux qui ont été déboutés ou ceux qui pensent que la décision les agréé et qui sont en train de jubiler), d’avoir cette modestie de reconnaître que l’essentiel pour nous, c’est la nation burkinabè, c’est notre Patrie, que nous devons à tout moment préserver de certains actes qui peuvent donc handicaper notre développement ou notre vivre ensemble. Je note aussi que cette décision n’interdit pas la participation aux élections des partis politiques dont les candidats ont été incriminés, en ce sens que ces partis peuvent encore introduire d’autres candidatures pour remplacer celles qui ont été invalidées. Donc, nous, nous pensons simplement que ça va permettre à ce que la classe politique burkinabè soit assainie et que d’autres personnes qui n’avaient pas encore ce rêve-là de pouvoir siéger à l’Assemblée nationale puissent y venir et participer à la construction du Burkina Faso ; ce qui est une bonne chose pour notre démocratie.

Je voulais donc saluer cette marche résolue que notre pays est en train d’entamer vers un Etat de droit démocratique véritable. Je peux aussi ajouter que pour nous, cette décision vient, en tout cas rappeler, s’il en est encore besoin, à tous les acteurs que quand on s’engage en politique, il y a à un certain moment donné, qu’on doit assumer aussi sa responsabilité politique ; de sorte à ce que nos actions, nos propos doivent être en conformité avec l’élégance républicaine pour ne pas nous mettre en porte-à-faux avec ce qu’on pourrait appeler les aspirations profondes des populations. Nous notons donc que c’est une décision qui vient à propos rappeler que le Burkina Faso est notre toit commun et que nous devons tous nous engager dans sa construction.

Pour conclure, je voudrais simplement dire qu’au jour d’aujourd’hui, nous sommes en train d’amorcer une étape décisive de la vie de notre nation et en cela, on ne doit pas considérer cette décision du Conseil constitutionnel comme étant une tentative de vouloir donc exclure des citoyens burkinabè de leur engagement à servir la nation mais que sur la base du droit, on a statué et estimé que certains citoyens doivent prendre un repos avant de revenir sur la scène politique. Et il y a un principe fondamental en droit qui dit que nul ne peut se prévaloir de ses propres turpitudes, en ce sens que depuis le verdict rendu par la CEDEAO le 13juillet 2015, nous n’avons noté aucune action véritable engagée par les requérants pour amener l’Etat burkinabè vers l’applicabilité véritable de cette décision. Il y a eu plutôt des effets d’annonce, une certaine joie d’avoir eu ce verdict de la CEDEAO mais que, en aucun cas, des actions véritables ont été posées pour amener l’Etat à appliquer cette décision. Aujourd’hui, nous devons prendre acte et que chacun de nous comprenne et accepte. Car, c’est de notre volonté que d’avoir des institutions fortes et le Conseil constitutionnel en tant qu’émanation de notre Constitution, nous devons tous avoir cette notion républicaine et être des légalistes pour accepter cette décision, de sorte à préserver la cohésion sociale, gage d’un développement de notre Patrie. En tout cas, nous, au RPR, nous sommes satisfaits de la décision et nous pensons qu’au jour d’aujourd’hui, nous pouvons, enfin, dire que nous avons des institutions fortes et que nous pouvons faire confiance à celles-ci.

Vincent Dabilgou, président du NTD (via sa page Facebook) :« vive la république dans la paix… »

Notre parti le NTD lors de son congrès extraordinaire avait clairement proclamé qu’il respectera la décision du Conseil constitutionnel. Le droit a été dit : vive la république dans la paix, le développement et la démocratie dans notre pays.

Gilbert Noël Ouédraogo, président de l’ADF/RDA (via sa page Facebook) :« en tant que légaliste nous prenons acte »

Comme promis, en tant que légaliste nous prenons acte de la décision du CC et nous nous inclinons soucieux de la préservation de la paix.

Recueillis par Oumar L. OUEDRAOGO
Lefaso.net



Vos réactions (46)