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Rumeur sur l’agression d’un jardinier par un crocodile : Plus de faux que de vrai

mercredi 19 août 2015.

 

Des informations ont été diffusées faisant allusion à l’agression d’un jardinier par un crocodile. Celui-ci est même déclaré « dévoré » par un crocodile le 17 août 2015 par la rumeur. Heureusement une sortie sur les lieux a permis de savoir que cette information est fausse.

« Hier (le 17 août 2015) aucun crocodile n’est sorti agresser personne. Je vous le dis et je le répète. L’agression dont l’autre parle remonte à plus de 10 jours. Ce n’est pas une affaire d’hier », a déclaré le directeur du parc urbain Bangr-weogo. La rumeur s’est répandue faisant croire qu’un crocodile a dévoré un jardinier dans le quartier Zogona. Cette rumeur a été entretenue par certains médias et sur les réseaux sociaux. Le directeur du Parc urbain Bangr-weogo reconnait que souvent les crocodiles quittent le parc mais ils n’agressent personne. Ils vivent d’ailleurs pacifiquement avec les jardiniers. « Effectivement il y a certains crocodiles qui sont là mais qui vivent en symbiose avec les jardiniers. Ces jardiniers ne veulent même pas qu’on dérange les crocodiles parce que le crocodile a une valeur environnementale certes, mais il a aussi une valeur spirituelle pour eux », soutient Moustapha Sarr.

Arrivés sur les lieux, nous avons rencontré le jardinier en question. Il était bel et bien à son lieu de travail. Il n’a pas été dévoré par un crocodile. « C’est de moi les gens parlent quand ils disent que le crocodile a dévoré quelqu’un de Zogona. C’est faux », a déclaré le jardinier visiblement écœuré par cette rumeur qui a annoncé sa mort, tué par un crocodile. Mais il y a eu quand même un incident avec ce « voisin » pas comme les autres, reconnait- il. Mais l’incident a lieu il y a plusieurs jours. Il explique : « il y a onze jours, le vendredi vers les 12h 30mn je me suis approché du mur pour prendre ma bouilloire. Je travaillais et j’étais habillé comme aujourd’hui. J’ai enlevé mes gants et je les ai mis dans ma poche. Il était dans l’eau donc il voyait, il voyait la silhouette et il a cru peut-être que c’était la tête d’un animal et il a bondi dessus ». Fort heureusement, le jardinier n’a pas été blessé. Il remercie d’ailleurs Dieu de l’avoir épargné des crocs de l’animal. Il s’en est sorti avec de petites égratignures. Mais cela ne suffit pas pour le déclarer « dévoré » par l’animal. « Nous pensons que c’est la faim qui l’a poussé à faire ça. Mais que les gens ne disent pas partout qu’il a mangé quelqu’un », reprend le jardinier.
Ce crocodile est pourtant connu des jardiniers. « Les crocodiles sont là avec nous depuis plus de 10 ans. Ils se sont rapprochés de nous il y a quatre ans. Avant ils étaient vers la station. Ce crocodile-là, nous le connaissons bien. Ça queue était coupée et puis c’a repoussé un peu. Le crocodile là vient chaque fois ici. Souvent il rentre dans l’eau, souvent il sort mais il n’agresse personne », a confirmé le président de l’association des jardiniers, Abdoul Wahab Ilboudo.

Selon le directeur du Parc urbain Bangr-weogo, Physiologiquement le crocodile ne peut pas « manger » quelqu’un, il attrape de côté, jamais de face. Il n’est jamais loin de la source d’eau. Il sort au soleil pour se réchauffer. « C’est un animal à sang froid. Si vous ne lui faites rien, ok. Mais si vous le lancez avec des cailloux, il descend dans le trou. Si vous l’acculez, il se défend. Sinon il n’y a aucun indicent. Ça fait plusieurs années les mêmes jardiniers sont là. Ils ont déménagé aller les trouver au canal de Zogona », explique Moustapha Sarr.

Le problème est ailleurs

Le problème posé par les populations de Zogona relève plutôt de l’aménagement. Une bute a été formée dans le cadre de l’aménagement de la route qui passe devant le lycée technique national (LTN), ancien LTO. « L’eau rentre dans leurs concessions du fait du barrage. Les jeunes sont sortis pour curer, comme ils savent qu’il y a souvent des crocodiles dans le caniveau, ils ont appelé Bangr-weogo pour capturer le crocodile, s’il est là. Voilà toute l’histoire. Les jeunes sont sortis pour curer parce qu’ils ne veulent pas de l’eau dans leurs cours. Et ça, c’est un problème d’aménagement », a conclu Moustapha Sarr.

Judicaël Gaël Lompo
Lefaso.net



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