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Indépendance : 55 ans après, où sommes-nous ?

jeudi 6 août 2015.

 

Le 5 août 1960, des millions de Burkinabè apprirent l’indépendance de leur pays, la Haute-Volta à l’époque. De vaillants combattants de l’indépendance, victorieux, offraient au Burkina, son intégrité (au sens plein du terme). « Aujourd’hui, 5 août 1960, à zéro heure, au nom du droit naturel de l’homme à la liberté, à l’égalité, à la fraternité, je proclame solennellement l’indépendance de la République de Haute-Volta », déclamait le président Maurice Yaméogo.

Flamme d’espoir et d’enthousiasme ! Fruit d’une lutte de larmes et de sang pour mettre fin à un « humiliant esclavage ». Dès lors, les Burkinabè (hommes, femmes et enfants) venaient d’être invités à se mettre résolument au travail, en vue de créer une vie nationale prospère et épanouie. En clair, il s’agissait, à partir de cet instant, de travailler à assumer pleinement son statut de « pays Indépendant ». Mais, 55 ans après l’accession à l’indépendance, où sommes-nous ?

Il sera rude de dresser un tableau, mais au regard des besoins de base, l’on peut noter que 55 ans après, la principale université du pays « se cherche », égarée avec ses ‘’locataires’’ qui ne savent plus à quel saint se vouer. Les étudiants ont choisi d’y être maintenant par défaut, en attendant la moindre ouverture pour sortir de la merde.

Pendant ce même temps, on apprend que le pays occupe la queue en Afrique en matière d’éducation (pour ne pas dire dans le monde) avec en sus, des réformes dans lesquelles ‘’personne’’ ne semble se retrouver et un niveau d’apprenants de plus en plus bas. A 45 kilomètre seulement au sud de la capitale (là où a été proclamée l’indépendance), des enfants prennent leurs cours sous des paillotes et se voient obligés de partager un table-blanc de deux à quatre. Certains spécialistes parlent même d’« échec total » de la politique de l’Education dans son grand ensemble.
Pourtant, l’on clame à tout moment à travers les discours que le développement national passe inéluctablement par la formation du capital humain.

55 ans après, même nos ministres de la santé (et autres privilégiés de la société) sont ‘’obligés’’ d’aller se soigner ailleurs, tant les centres de santé et hôpitaux manquent d’un minimum pour fonctionner comme il se doit.

55 ans après, c’est le Japon qui nous vient en aide avec des vivres, parce qu’on n’a aucune politique réelle en matière d’agriculture pour assurer, ne serait-ce que l’existentiel.

Même l’eau manque dans les domiciles. Certains citoyens sont obligés de ‘’veiller’’ pour recueillir tard l’eau dans leur robinet. Dans certaines localités du pays, ce sont des bétails (maillon important de l’économie) qui meurent par manque d’eau. Tout simplement parce qu’on brille de par nos imprévoyances et notre manque d’ingéniosité à rendre disponible l’eau, ressource vitale.

55 ans après, avoir l’électricité est permanence chez soi et/ou à son lieu de travail est une exception ; la règle étant les coupures avec leur cortège de conséquences.

Autant de temps après, nous voilà en train de fêter et festoyer la nomination à un poste de ministre ou de directeur général. Tout simplement parce que, pour nous, être ministre, directeur général et autre n’est « lourde responsabilité » que dans le discours. Dans la réalité des faits, c’est plutôt un titre de gloire par lequel on nargue, on fait l’arrogance et on…. C’est la raison pour laquelle, les démissions par devoir d’échec ou d’insuffisance de résultats (par honneur) n’existent pas dans nos mœurs. Mieux, le jour de notre départ du poste, c’est le malheur, la tristesse, la désolation.

5 août 1960 - 5 août 2015, plus d’un demi-siècle après, nos institutions fonctionnent toujours au gré des humeurs avec à la clé, une instabilité chronique doublée d’incohérence dans les domaines de compétence des institutions. On scinde des ministères, on recolle, on répartit, on reconstitue, on « re »sépare. Dans ce désordre institutionnel organisé, des agents, quant à eux, sont perdus. « Où tu veux aller ? Tu vas rester ici ou bien tu vas partir de l’autre côté ? » (parce que leur ministère s’est scindé).

55 ans après, au sein des institutions, des véhicules neufs, chèrement acquis, sont jetés au parking parce qu’une batterie paumée ne demande qu’à être changée simplement. Mais comme solution, on fait en sorte à acquérir de nouveaux véhicules de fonction que de réparer la petite panne.

Donc, 55 ans après la proclamation de l’indépendance, ‘’personne’’ n’est-elle prête, en réalité, à aider ce pays ? On ne s’inspire jamais des bons exemples. On se réfère aux mauvais exemples dans le dessein de mieux servir sa propre personne. Le pays est riche d’exemples, d’expériences et d’acquis mais, malheureusement, ils semblent servir à rien.

Heureusement que 55 ans après, on peut encore être fier et rendre hommage à ces Burkinabè qui, dans les grands centres et les confins du Burkina, ont su porter, défendre et maintenir des valeurs d’intégrité, de dignité, d’honnêteté dans leurs relations avec l’Etat, la Patrie. Ces braves fonctionnaires, par exemple, qui acceptent de servir avec dévouement et loyauté, la Partie partout où le besoin les appelle. Loin parfois de leur famille et dans des conditions difficiles, ces Burkinabè qui n’espèrent à aucune nomination, promotion ou quelconque récompense sont les véritables porteurs de l’esprit de l’indépendance. Ces agents à tous les niveaux de l’administration publique qui, au prix de leur loyauté, bravent l’atmosphère générale entretenue par ceux-là même qui ont décidé d’assassiner leur intégrité pour parvenir à leurs fins. On mesure le sacrifice de ces hommes, quand on sait que marcher sur le chemin de la vérité et de la justesse dans un environnement où tout le monde fait le contraire, est un danger. Victimes de marginalisation parce qu’ils tiennent à défendre les valeurs patriotiques, justes, loyales et intègres. Ceux-là même qui, par exemple, perdent leur poste de DAF (directeur administratif et financier) parce que le ministre leur a ordonné une dépense à laquelle ils ont opposé l’orthodoxie de l’administration, c’est-à-dire le respect des règles dans la gestion de la chose publique.

Bref, loin de méconnaître ce qui peut être retenu comme avancées, nous dirons simplement que 55 ans après… : … voilà-nous !

Oumar L. OUEDRAOGO
Lefaso.net



Vos commentaires

  • Le 6 août 2015 à 10:28, par SAMBIGA En réponse à : Indépendance : 55 ans après, où sommes-nous ?

    Je me console en tant que fonctionnaire de l’Etat qui est bien sujet d’injustice en matiere de remuneration. Le fonctionnaire est a la marge de la societe actuelle burkinabe tout simplement parce que l’autorite doit decider s’il doit etre pris en compte dans la repartition les fruits de l’evolution sociale actuelle.

  • Le 6 août 2015 à 11:13, par Amadoum En réponse à : Indépendance : 55 ans après, où sommes-nous ?

    Apres lecture de cet article j’ai eu des larmes aux yeux !
    Nos vaillants predecesseurs, se sont-ils vraiment sacrifies pour ca ?

    Nous pouvons et devons mieux faire.

  • Le 6 août 2015 à 11:15, par amkoulel En réponse à : Indépendance : 55 ans après, où sommes-nous ?

    Bien titré ,55 ans après l’indépendance ou en sommes nous ? La seule question dont je me pose est ce que réellement la politique est au service de la masse ?Non,non,non et non ! Alors grand malheur à ceux qui croient aux démagogues ! Le plus grand drame est que la masse est assaillie par une ignorance incroyable !Tant mieux à la petite, à la moyenne et la grande bourgeoisie qui n’est qu’une classe d’hypocrisie et je ne sais quoi ! De grâce foutez la paix au monde paysans et ouvriers.....

  • Le 6 août 2015 à 11:23 En réponse à : Indépendance : 55 ans après, où sommes-nous ?

    Très bon papier, très belle analyse. Je pense et espère que les autorités liront cet écrit et prendront de la graine. Courage mon frère.

  • Le 6 août 2015 à 12:11, par Dieudonné En réponse à : Indépendance : 55 ans après, où sommes-nous ?

    Belle analyse et pleines d’interrogations qui meritent d’etre posées sieur Omar. nous avons simplement, à relire les articles,les discours et les ouvrages, perdus notre intégrité. Le Faso a encore besoin d’un guide, ayant un fil conducteur et des objectifs précis à atteindre.
    par contre je ne suis pas déçu car l’histoire a été ecrite par des hommes qui tombent parfois mais qui fini par se relever. le Burkina et sa jeunesse se relevera de notre chute. Un jour vienda ou nous redirons fièrement on a su tourné la page de l’indignité.

    Unité dans la diversité, c’est le Faso qui y gagne !

  • Le 6 août 2015 à 12:29, par RAPHA En réponse à : Indépendance : 55 ans après, où sommes-nous ?

    La question est très pertinente. 55 ans après, où en sommes nous ? Quelles sont nos forces, nos faiblesses. Quelles sont les défis à relever ? Vivement que les futures autorités fassent leur cette réflexion afin de travailler à booster le développement de notre pays.

  • Le 6 août 2015 à 13:32, par Bonswendé En réponse à : Indépendance : 55 ans après, où sommes-nous ?

    Pour la dignité et l’honneur :

    (…) Christian Boglo a livré sa vision sur le profil du vainqueur de l’élection présidentielle d’octobre 2015. « Le président qui sera élu lors de l’élection présidentielle sera un jeune. (…) Il sera intègre comme Thomas Sankara et Patrice Lumumba. Il n’aura pas de relation avec la France, car la Françafrique est terminée », a-t-il révélé.

    Dieu sauve le Faso !

  • Le 6 août 2015 à 13:47, par test1 En réponse à : Indépendance : 55 ans après, où sommes-nous ?

    Belle analyse. Cela m’a pousser à croire que le Faso serait différent s’il était resté sous colonisation française en étant un territoire d’outre mer. Mais la faute revient à nous tous pour n’avoir pas su choisir nos dirigeants. Le manque de courage nous a laissé dépendants de l’extérieur alors qu’il fallait resté digne et intègre en produisant ce dont nous avons besoin.

  • Le 6 août 2015 à 14:13, par patriote En réponse à : Indépendance : 55 ans après, où sommes-nous ?

    en 1960 y avait combien de lettrés,d’écoles, d’universités,d’hôpitaux,de centres de santé,de Burkinabè,de routes bitumées,d’entrepreneurs,de villes viabilisées ?. si vous répondez à cette question,je vous dirait ou sommes-nous aujourd’hui. 55 ans dans la vie d’une nation c’est négligeable. arrêtez toujours de dire que rien n’a été fait depuis ces années, c’est insulter la mémoire de tous ces hommes et femmes qui ont forgé minutieusement ce nouvel Etat que même le colonisateur avait qualifié d’inutile. Avant la colonisation qu’elle était situation.
    j’oubliais 55 ans après on a formé des gens comme vous qui croient qu’ils ont inventé la roue et sont au centre du monde.
    55 ans après il y’a des gens qui croient en la vie et qui ont un taux de natalité supérieur à ceux qu’on dit développer et pourtant refuse pourtant d’avoir des descends. drôle de personne aisée. vous pouvez continuer à regarder le BF par rapport aux autres au lieu de le regarder par rapport à lui-même. quand on est dernier de la classe avec 4 de moyenne et on passe à 6 à la prochaine composition il y a belle et bien amélioration même si on est toujours dernier c’est seulement que les autres aussi font des efforts. donc ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain.

  • Le 6 août 2015 à 14:15 En réponse à : Indépendance : 55 ans après, où sommes-nous ?

    Je dirai que " c’est bon mais c’est pas arrivé". Il nous faut nous entendre dans la discipline pour construire ce pays là. Nous en avons les moyens, nous avons des hommes (autrefois cités comme dévoués et travailleurs reconnus), mais où est la vision ? Où est cette projection pour enthousiasmer et obtenir l’adhésion du peuple aux différents projets de développement ?
    Au moment où même nourrir les habitants est hypothétique, où à chaque instant on tend la sébile, où les chèques sans provision au Trésor atteignent le montant de 24 milliards, il est utopique de parler indépendance. Prenons nos marques pour un départ pour espérer une indépendance réelle.

  • Le 6 août 2015 à 14:42 En réponse à : Indépendance : 55 ans après, où sommes-nous ?

    @Bonswendé internaute 7 je crois que Dieu t’a doté aussi d’un cerveau pour analyser et réfléchir alors arrête de polluer le forum avec les prédication de ton pasteur tu fais le perroquet depuiiis là ya quoi fous nous la paix comme ça on a entendu ...faible d’esprit que tu es c’est vous autre que les pasteurs bonbons utilisent pour satisfaire leurs vices tchrrrrr

  • Le 6 août 2015 à 15:42 En réponse à : Indépendance : 55 ans après, où sommes-nous ?

    internaute 9, patriote, tu n’aimes pas le pays. C’est vous autres là qui pensez avec votre panse. un demi-siècle, c’est largement suffit pour s’autosuffire. Pense tu qu’avec Thom SANK on serait là en train de quémander à manger ? Arrêter d’intervenir sur le forum avec des esprits minables. Toi tu es loin d’être un patriote.

  • Le 6 août 2015 à 15:45, par Tasse En réponse à : Indépendance : 55 ans après, où sommes-nous ?

    Malheur à ceux qui bâillonnent leur peuple !!!
    Ceux, ce sont les premiers dirigeants des pays dits indépendants
    Ils ont fait et continuent de faire HONTE à leur peuple
    ils doivent être pend...
    Aujourd’hui, pour une indépendance, il faut se défaire de la Françafrique
    il nous faut notre propre MONNAIE
    Il faut dire NON au FCFA
    <>
    Le Tché

  • Le 6 août 2015 à 15:54, par absent En réponse à : Indépendance : 55 ans après, où sommes-nous ?

    Il faut feliciter tous les acteurs politiques pour les resultats que nous avons
    Dieu les a aider et ils se sont battus comme ils peuvent. ne soyons pas ingrats
    tous ceux que nous voyons dans les images sont presque tous hors de cette terre
    comme nous sommes mortels, alors travaillons avec serieux pour onstruire une bel avenir pour les autres
    s accroche au pouvoir est inutile

  • Le 6 août 2015 à 16:58, par Alexio En réponse à : Indépendance : 55 ans après, où sommes-nous ?

    Independance en herbe. Le premier President qui nous a mis dans ce petrin. on lieu de jeter les bases reelles d un developpement equitable avec une Cooperation apart egale avec notre colinisateur la France. On a signer des pactes coloniaux qui nous ont rendus plus independant avec elle plus jamais qu au depart.

    - politique monetaire.
    - system d Education
    - la sante
    - l agriculture
    - planning familliale par rapport au PNB.

  • Le 6 août 2015 à 17:51, par Tapsoba R(de H) En réponse à : Indépendance : 55 ans après, où sommes-nous ?

    @ "le patriote"(?),intervenant 9 de 14h 13, et si vous vous posiez les questions suivantes : Le Burkina ayant atteint l auto suffisance alimentaire en 4 ans entre 1983 et 1987,si depuis l indépendance on avait commencé avec ce rythme d évolution jusqu aujourd hui sans grand bouleversement,où en serions nous ? Serions nous encore à attendre l aide des japonais ? Pourquoi ç´ a marché en 4 ans et brusquement arrêté après ? N y a t-il pas quelque chose en nous qui cloche ? Pourquoi la Corée du Sud en 1960 était au même niveau de développement que le Nigéria mais aujourd hui classée 12 ème puissance économique du monde ,sans ressource naturelle et loin devant le Nigeria riche en pétrole ?

  • Le 7 août 2015 à 16:00, par off En réponse à : Indépendance : 55 ans après, où sommes-nous ?

    C’est Dieu Tout Puissant qui va châtier Blaise à la hauteur de ce qu’il a fait subir au peuple pendant 27 ans. Il a tout régenté avec sa famille et ses proches et a mis le pays à genoux. Même les acquis des 4 années de SANKARA y ont été noyés.
    Mais maintenant quel type de dirigeant devons-nous choisir pour ne plus pleurer car nous avons désormais notre destin en main ? Au delà des discours mielleux, des programmes alléchants et la capacité financière des candidats, il nous faut étudier chaque candidat par rapport à son humanité, son humilité, son patriotisme, son respect de la parole donnée, sa position claire sur les sujets très sensibles comme celui du RSP, sa politique extérieure et j’en passe. Enfin, dans son projet de société, il doit avoir tranché comment et avec quels moyens il compte régler la question de l’éducation, de la santé, de l’agriculture, du chômage des jeunes, de la lutte contre la corruption, l’enrichissement illicite et le grand banditisme, de la question du foncier et de la traque des richesses du pays qui ont été pillés par Blaise et compagnie. Nous n’oublions pas les dossiers pendants en justice ( SANKARA, Guillaume SESSOUMA, Oumarou Clément OUEDRAOGO, DABO Boukary, les élèves de Garango, David OUEDRAOGO, Norbert ZONGO, Flavien Nébié, l’explosion de Larlé, le juge Salifou NEBIE................).
    Vous voyez que Dieu aime et protège notre pays mais sachons qu’Il nous donne l’occasion maintenant de prendre notre destin en main. La patrie ou la mort, nous vaincrons !

  • Le 7 août 2015 à 21:35, par VERITAS En réponse à : Indépendance : 55 ans après, où sommes-nous ?

    55 ans apres ou sommes nous ? En tout cas, en 27 ans on a tellement avance avec Blaise mais helas, les drogueurs lui ont empecher de mener a bien l’ emergeance. Je pleure toujours quand je pense a ca.