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Ramadan 2015 : ‘’ Epargner le Burkina des images désastreuses et poignantes de populations faméliques, traversant les frontières …’’, imam Tiégo Tiemtoré

lundi 20 juillet 2015.

 

Comme l’an dernier avec ses meetings et contre-meetings autour du projet de révision de l’article 37, Ramadan 2015 a eu lieu dans un contexte de vive actualité politique, voire délétère. Une situation qui, une fois de plus, n’a pas été occultée par le CERFI (Cercle d’études, de recherche et de formation islamique) et l’AEEMB (Association des Elèves et Etudiants musulmans au Burkina) dans leur message de l’Aïd el Fitr, vendredi, 17 juillet 2015 sur le « terrain Dabo Boukary » à l’Université de Ouagadougou.

Face au contexte qui caractérise le pays depuis fin juin, les responsables du CERFI et de l’AEEMB, par la voix de l’imam Tiégo Tiemtoré, n’ont pas manqué le cadre pour lancer un appel à l’ensemble de la communauté musulmane à être une force de propositions pour l’ensemble du pays.

Pour Tiégo Tiemtoré (qui a dirigé la prière), le musulman doit œuvrer à l’unité et à l’harmonie de tous les membres de la société, sans exception.

C’est pourquoi, a-t-il estimé que la situation socio-politique de la Patrie doit interpeller tout le monde. « Le musulman ne doit jamais être indifférent à ce qui se passe chez lui et autour de lui ; puisqu’il est un citoyen de l’universel. Au moment où notre pays engage le dernier virage consistant à la fin de la transition, il convient de féliciter l’ensemble des acteurs de la transition pour les actions menées jusque-là et à les inviter à tout mettre en œuvre pour préserver l’intérêt général des Burkinabè. Comme convenu dans la Charte de la transition, les acteurs doivent se consacrer à organiser des élections crédibles et transparentes dans les délais convenus. Les acteurs politiques de tous bords, au nom du sens de la responsabilité, doivent s’engager à accepter les résultats et privilégier l’intérêt général aux appétits individuels ou claniques et égoïstes », a conforté imam Tiemtoré. Selon lui, les processus démocratiques dans beaucoup de pays africains sont, à quelques exceptions près, très fragiles. A telle enseigne qu’il suffit d’un rien pour basculer dans l’horreur, jetant des milliers de personnes sur le chemin de l’exil. « Aucun pays n’est à l’abri de cela, y compris le Burkina », avertit-il avant de convier à la prière pour la stabilité et la préservation du « bien commun » qu’est le Burkina, « car il n’y en a pas deux ».

Mention au « discours apaisant » du Président du Faso

C’est dans cette veine qu’il a complimenté le discours du Président du Faso tenu la veille sur la crise que traverse le pays, depuis fin juin dernier. « Discours apaisant qui rassure les Burkinabè. Il faut se parler, s’écouter et se rassurer mutuellement pour le devenir de notre pays », a loué imam Tiégo Tiemtoré. Il a persuadé tous les acteurs politiques à épargner le Burkina des images désastreuses et poignantes de populations faméliques, traversant la frontière à la recherche de la survie.

« Notre pays a besoin d’hommes et de femmes de qualité pour promouvoir le vivre-ensemble, un développement harmonieux et partagé ; un partage équitable des richesses de cette nation. Le Burkina Faso a besoin de véritables hommes d’Etat, qui ne pensent pas seulement aux élections, mais aussi et surtout aux générations avenir », a-t-il dressé, avant de renouveler son appel à l’ensemble des membres de la communauté, quelle que soit l’organisation d’appartenance de chacun (politiques ou société civile, syndicats, etc.), à fonctionner dans l’intérêt du pays. « Le musulman doit être utile aux autres, à la société », a-t-il recommandé.

Expression de solidarité aux personnes et aux peuples éprouvés}

Selon imam Tiemtoré, un musulman honnête, c’est celui qui veut le bien de la cité, des hommes, quel que soit son poste. Il doit constituer une lumière pour les autres, être-là où les créatures de Dieu ont besoin de lui pour protéger, promouvoir, reformer et accompagner sur le chemin qui mène à la lumière. Il a soutenu que vivre l’islam, c’est vivre donc en harmonie avec les autres et parmi les autres.

C’est fort de cela qu’il a déploré et condamné la montée de la violence, supposée au nom de l’islam, avec son cortège de victimes. « L’un des crédos de la religion musulmane est le respect des populations et de leur dignité », rappelle-t-il. Il soutient que « Dieu nous a fait différents mais nous demande de nous concurrencer dans l’accomplissement du bien. Le chrétien, le musulman, le Juif, le non croyant, chacun a le droit d’être-là parce que Dieu l’a voulu ». Il fait observer que personne n’a le droit de remettre en cause l’harmonie divine à savoir, le vivre-ensemble. Vivre ensemble en islam, poursuit-il, c’est aller à la rencontre de tout le monde, apprendre de l’autre, s’enrichir mutuellement, partager les valeurs universelles. Mieux, c’est être utile à tout le monde.

Imam Tiégo Tiemtoré a aussi mis à profit ce moment de prières pour exprimer une pensée envers « tous les éprouvés » de la terre ; « parce qu’ils sont malades, parce qu’ils ont perdu leur emploi, parce qu’ils sont orphelins, endettés, veuves, parce qu’ils vivent dans la misère et le désespoir, etc. A tous ceux qui souffrent, il faut rappeler que Dieu n’a oublié personne. A tous ceux qui souffrent et tentent d’aller au désespoir, on doit lutter de toutes ses forces pour réaliser son idéal et Dieu est avec ceux qui sont dans une posture optimiste ».

Les organisateurs du pèlerinage interpellés

Tout en galvanisant la communauté à multiplier les actions d’envergure et coordonnées en direction des jeunes, des femmes et des personnes du troisième âge, et dans les domaines majeurs tels que la santé, l’éducation et la formation professionnelle, imam Tiémtoré a appelé les organisateurs du pèlerinage à plus de sincérité et de transparence dans l’organisation du Hadj.

« Autant il faut saluer les innovations majeures, surtout l’inscription en ligne, autant il faut toujours interpeller les organisateurs. Ils doivent se rappeler qu’ils doivent rendre compte un jour ou l’autre et qu’ils doivent, par conséquent, agir uniquement dans l’intérêt des pèlerins et non pas sur leur propre intérêt. C’est au regard de l’importance du pèlerinage, et pour apporter leur contribution, que le CERFI et l’AEEMB réitèrent leur engage et s’investissent dans l’encadrement et la formation des pèlerins par devoir », a-t-il lancé.

Passé le ramadan, Imam Tiégo Tiemtoré a rappelé que la prière, la foi et les actes de bienfaisance doivent demeurer dans la vie quotidienne de chaque musulman. La foi doit cheminer avec les hommes.

La prière a connu la participation d’une délégation de la communauté catholique, conduite par Père Clochard accompagné par Victor Naba et Odile Zongo. Cette présence qui a été chaleureusement saluée s’inscrit dans le cadre de la promotion du dialogue entre chrétiens et musulmans du Burkina.

Oumar L. OUEDRAOGO
Lefaso.net



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