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JCI-Ziniaré : A l’école du Pr Michel Akotionga sur le cancer du col de l’utérus

lundi 13 juillet 2015.

 

Fidèle à l’un des six principes du mouvement qui stipule « que la personne humaine est la plus précieuse des richesses », la Jeune chambre internationale (JCI) de Ziniaré a organisé, dans le cadre de son plan d’actions 2015, une conférence publique sur le cancer du col de l’utérus. Et c’est à l’éminent Pr Michel Akotionga qu’est revenue la tâche d’exposer sur les symptômes de cette maladie, son dépistage ainsi que son traitement. C’était ce samedi 11 juillet 2015 au Conseil régional du Plateau Central en présence du parrain le Sénateur Bouba Yaguibou.

C’est connu. Les maladies qui touchent les parties intimes de l’être humain, surtout de la femme, tendent à être des sujets tabous. Outre le cancer du sein très répandu en Occident, la femme africaine doit faire face au cancer du col de l’utérus tristement notoire sur le continent. Ce mal peut-il être traité ? Quels sont les facteurs qui favorisent son apparition ? Quels sont ses premiers signes ? A quel moment effectuer le dépistage ? Voici la substance de la communication donnée par le Pr Michel Akotionga, ex-président de la société des gynécologues-obstétricien au Burkina Faso, à une cinquantaine de participants à dominance féminine. Organisée par la Jeune chambre internationale de Ziniaré que préside Abdramane Konaté, cette activité s’inscrit dans le cadre du plan d’action de la JCI Burkina qui ambitionne, à en croire son président Aboubakari Barro, faire le dépistage des fistules obstétricales et du cancer du col de l’utérus de 1 300 femmes. Et la conférence publique se veut être « l’acte 1 » d’une longue marche vers l’opérationnalisation du dépistage de cette maladie dans le plateau central.

Les facteurs à risque

Le cancer du col utérin est aux pauvres ce que le cancer du sein est aux riches, semble dire le conférencier. Pour lui, cette maladie est tout simplement « effrayante et difficile ». Au Burkina Faso, il n’existe pas pour l’instant de registre officiel sur le mal. Mais pour l’heure l’on sait qu’il s’attaque généralement aux femmes qui ont généralement un âge compris entre 35 et 55 ans.
D’après les explications du Pr Akotionga, l’homme est le vrai promoteur du cancer du col utérin puisque cette maladie n’attaquent que les femmes ayant déjà eu des rapports sexuels. Il est donc très rare qu’une femme vierge puisse être infectée par l’agent causal, le papilloma virus. Rassurez-vous, le cancer du col de l’utérus n’est pas héréditaire. Au titre des facteurs à risques, figurent également la précocité des ébats, la multiplicité des partenaires, les conditions d’hygiène et économique défavorables, le VIH (Virus immuno-déficience humaine) et surtout l’absence de dépistage.

Des symptômes au traitement

Les symptômes du cancer sont entre autre les pertes vaginales mêlées de sang, les saignements génitaux spontanés, un état général altéré. La patiente a souvent des douleurs au niveau de l’abdomen. Si la maladie a une évolution très lente mais invasive, il faut reconnaitre que son dépistage ne peut se faire qu’à partir de l’âge de 25 ans. A partir de là, il doit se faire tous les deux à cinq ans, selon le conférencier.
A propos du test, certaines femmes pensent qu’il n’est pas nécessaire de l’effectuer lorsqu’elles ont une vie sexuelle saine ou que leur partenaire est sage. Pour le conférencier, ce sont des erreurs à ne pas commettre car dans le contexte actuel qu’est celui du Burkina, la survie d’une personne dépend de la précocité du dépistage alors que la vaccination est pour le moment inaccessible, du fait de son coût qui est de 18 500 F CFA.
Pour le volet traitement, le Pr Akotionga reconnait qu’il est difficile au Burkina. La chimiothérapie, à elle seule coûte, 900 000 f par semaine sans compter la chirurgie qui consiste à retirer la tumeur pour empêcher son extension à travers les organes du corps tels que la vessie, l’intestin, le poumon, le cerveau et les os. Vu cela, le conférencier reste convaincu que « l’Afrique a besoin plus de préventif que de curatif ».

« Oser inventer l’avenir »

Installé en février 2015, le bureau exécutif de la Jeune chambre international de Ziniaré est convaincue qu’ « être au service de nos communautés est notre raison d’être ». Abdramane Konaté est le 6e président de cette organisation forte de 28 membres. Pour lui « tout est possible lorsqu’on est jeune », et il espère avec une bonne dose d’audace « inventer l’avenir » comme le suggère le slogan de son mandat.
Au terme de la conférence, le Médecin-Chef du district de Ziniaré, Dr Frédéric Guigma ainsi que le Gynécologue Jérôme Nana, ont demandé aux femmes présentes d’être « la courroie de transmission » pour relayer ce qu’elles ont appris. Pour le moment le dépistage n’est pas opérationnelles à Ziniaré mais un projet est en cours et M. Guigma rassure que les maïeuticiens et les sages-femmes des CSPS seront formés bientôt et équipés pour le dépistage du cancer du col de l’utérus. Mais pour que ce vaste projet soit une réussite, le Sénateur Bouba Yaguibou a préconisé que les acteurs initient un plaidoyer auprès d’institutions. Mais d’ores et déjà, lui et le Pr Michel Akotionga ont réaffirmé leur volonté à soutenir la JCI dans ses actions.

Herman Frédéric BASSOLE
Lefaso.net