Imam Halidou Ilboudo : « Nos actions d’après-Ramadan doivent nous renseigner sur la qualité de notre jeûne »Les musulmans du Burkina observent le jeûne depuis le 18 juin dernier. Ce mois béni tire inexorablement vers sa fin. Au cours de cette dernière décade, les mosquées sont remplies, surtout tard dans la nuit (0h-4h), à la recherche de la nuit du destin ou nuit de la valeur. Pour nous éclairer sur ces nuits d’adoration intense, mais aussi les bonnes pratiques au cours de ce mois de Ramadan ainsi que le jour de la fête de l’aïd el fitr, Halidou Ilboudo, imam de l’AEEMB et du CERFI nous a accordé un entretien. Lisez plutôt ! Lefaso.net : Les musulmans du monde entier observent le jeûne depuis une vingtaine de jours, rappelez-nous le sens du Ramadan ? HalidouIlboudo :Le Ramadan est le mois au cours duquel le Saint Coran a été révélé pour servir de guide aux Hommes et c’est en considération de cela que le jeûne y a été prescrit par Allah pour amener les croyants à la piété. Le verset 183 de la Sourate 2 nous dit que Allah a prescrit le jeûne aux croyants musulmans comme il l’a prescrit aux croyants des autres confessions qui ont devancé l’islam afin qu’ils atteignent la piété. Donc, le jeûne, c’est une école de vertu morale qui vise à amener l’Homme à se dominer, à maîtriser ses instincts, à exceller dans le bon caractère pour mieux vivre avec les Hommes et on commence par mieux maîtriser ce qu’on boit, ce qu’on mange, ce qu’on regarde, ce qu’on dit, ce qu’on écoute. Ainsi, on arrive à avoir une personnalité bien faite comme l’islam le veut. Donc, voilà un peu le sens du jeûne. Nous sommes dans la dernière décade de ce mois béni et les mosquées se remplissent toutes ces nuits, qu’est-ce qui est recherché ? Le mois de Ramadan dans la tradition est divisé en trois parties. La première partie est dite miséricorde, la deuxième partie est pardon et la troisième partie est affranchissement de l’enfer. Donc, nous sommes dans une partie où les croyants ont bénéficié de la miséricorde et du pardon d’Allah et aspirent maintenant à la félicitée. C’est donc le moment le plus essentiel du mois de Ramadan. Cette dernière décade du mois de Ramadan est aussi essentielle que la révélation du Coran dont il est question a été faite dans cette dernière partie. Et, beaucoup de textes nous disent aux environs de la 27e nuit. C’est pour cela que cette nuit a beaucoup de valeur. Mais, la réalité est que le prophète de l’islam n’a pas précisé exactement de quelle nuit il s’agissait. Il y a des textes où il dit que ce sont les nuits impaires et vous savez comment on détermine la première nuit du Ramadan, parfois, c’est au jugé. Au cours de cette nuit, certains disent qu’il faut faire la prière seule, d’autres préfèrent la faire en groupe… finalement qu’est-ce qui est recommandé ? Les textes nous disent que c’est l’adoration qui est recommandée et l’adoration peut prendre plusieurs formes. On peut lire le Coran parce que le prophète (SAW) lisait abondamment le Coran, que ce soit au cours de la prière ou une lecture simple. On peut ne pas faire la prière mais lire le Coran chez soi la nuit, c’est accepté. On peut aussi faire la prière à la mosquée, avec le groupe, ça donne plus d’entrain, plus d’engouement et ce que peut-être, on ne va pas ressentir comme fatigue et lassitude quand on est seul chez soi, on pourra peut-être dominer ces éléments. Le prophète (SAW) éveillait sa famille pour qu’ils puissent adorer, donc, il n’y a aucun mal à ce qu’on puisse le faire à la mosquée. C’est une question de choix, on ne peut pas dire que c’est ceci ou cela qui est meilleur. Chacun, selon son choix, va voir ce qu’il peut faire pour mériter cette nuit-là. On peut ajouter aussi les invocations, le fait de supplier à Allah, de lui demander, de le louer, de faire du zhikr. Ce sont des actes recommandés durant le mois de Ramadan. A la 27e nuit, on a souvent l’impression que c’est la fête, avec des galettes et autres repas copieux… C’est une nuit de prière. C’est une nuit au cours de laquelle, on doit beaucoup invoquer Allah, on doit lire le Coran. Ce n’est pas une fête, ce n’est pas des réjouissances et on devrait pouvoir recentrer les actes autour de cette nuit-là sur des activités spirituelles, des activités d’adoration, d’imploration d’Allah. Cette nuit est-elle différente des neuf autres dernières nuits ? Elle n’est pas différente. C’est la même nuit qu’on recherche. Mais, il y a beaucoup de textes qui ont parlé de la 27e. Il y a eu des années avec le Saint prophète où ça a été la 27e avec des signes évidents. C’est pourquoi cela est resté dans la mémoire collective des musulmans. Chaque année, le CERFI et l’AEEMB célèbre cette nuit sur le site du SIAO, qu’est-ce qui est au programme cette année ? Chaque année, nous faisons des prières dans les mosquées, mais nous choisissons la 27e nuit pour y ajouter à ce que nous faisons à la mosquée, une grande conférence. Cette année, on va parler de l’islam et du développement, quelles sont les contributions que les musulmans doivent pouvoir apporter pour le développement de leurs pays. Nous sommes pratiquement dans les dernières journées du Ramadan, les organismes sont assez éprouvés, quels conseils pratiques pouvez-vous donner aux fidèles musulmans afin de terminer sereinement ce mois béni ? Ce sont les derniers jours, mais c’est aussi les jours où il y a plein d’activités comme la prière qu’on fait actuellement dans la nuit. Donc, je demande aux gensde pouvoir aménager leur temps de repos, surtout quand on est dans une fonction et qu’on est sous ordre qu’on doit exécuter. On doit effectivement pouvoir faire son travail de tous les jours. Le Ramadan n’est pas un mois de repos, c’est un mois où le musulman doit mener ses activités habituelles mais aussi adorer intensément Allah. On peut ressentir de la lassitude, mais si on aménage bien son programme, on essaie de voir tous les facteurs qui peuvent disperser notre temps comme le fait de rester longuement éveiller après la prière de Ichah (2e prière de la nuit) alors qu’on doit revenir à minuit. Donc, c’est bon de pouvoir trouver un temps pour se reposer ; et aussi au cours de la journée bénéficier d’une petite sieste. Et même à la mosquée ou à la maison, qu’on puisse donner au corps son droit parce que le corps a un droit sur nous. Il est même dit que le sommeil du jeûneur, c’est une adoration parce que son corps est fatigué et il reçoit le besoin de se reposer.En ce moment, ça fait partie toujours de l’adoration. Donc, ce n’est pas la peine, à mon avis de s’esquinter jusqu’à un certain stade alors que Allah ne nous demande pas cela. Après tout ça, c’est la fête de Ramadan et ce jour est souvent celui de tous les excès y compris des interdits, quels conseils pouvez-vous donner à ce sujet ? Pour la fête du Ramadan, le premier d’abord c’est l’esprit du partage. Quand nous jeûnons, malgré les efforts, il y a des petits péchés que nous allons faire. La langue peut fourcher, le regard peut trainer sur l’interdit… Pour pardonner ces choses, Allah nous a prescrit la Zakat el fitr, l’aumône de la rupture qui est une aumône dont l’objectif est double. C’est d’abord donner de quoi manger aux indigents ce jour jour-là et aussi purifier nos impuretés. Donc, il faut que nous voyions dans la fête, l’esprit de partage et prendre en compte tout le monde pour que personne ne se sente lésé ou délaissé alors que c’est le jour de fête. Alors, on ne devrait plus parler d’excès parce qu’on devrait pouvoir partager ce qu’il y a en excès. Malheureusement, même durant les 30 jours, les gens préparent à l’excès et on a des poubelles qui sont remplies alors que nous sommes dans un pays aux maigres ressources. Ce n’est pas normal. Le Coran dit que les gaspilleurs sont les frères de Satan. C’est vraiment le moment d’interpeller tout le monde que même si c’est un jour de fête, on peut prendre des dispositions pour qu’il n’y ait pas d’excès dans la nourriture. Entretien réalisé par Moussa Diallo |
Vos commentaires
1. Le 11 juillet 2015 à 11:51, par sanou En réponse à : Imam Halidou Ilboudo : « Nos actions d’après-Ramadan doivent nous renseigner sur la qualité de notre jeûne »
très bien répondu cher Imam. en précisant que tout ce qui est interdit pendant ramadan, demeure interdit après ramadan. évitons de créer un déficit d’aliments illicites (alcool, viande de porc...) pendant les fêtes islamiques
2. Le 11 juillet 2015 à 17:44, par Abdoul Karim G En réponse à : Imam Halidou Ilboudo : « Nos actions d’après-Ramadan doivent nous renseigner sur la qualité de notre jeûne »
Merci bien Imam pour tous ces conseils que vous prodiguez aux musulmans afin qu’ils puissent mieux profiter de ramadan. Qu’ALLAH vous recompense et accroit votre science.