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Ambassadeur Tulinabo Mushingi : « On a tourné la page des Lenga, article 37 et stades remplis recto-verso »

mercredi 8 juillet 2015.

 

A l’occasion de la célébration ce 4 juillet 2015 à Ouagadougou du 239e anniversaire de l’indépendance de son pays, les Etats-Unis d’Amérique, l’Ambassadeur Tulinabo Mushingi a livré un discours maintes fois applaudi par l’auditoire. Voici l’intégralité de son discours.

Ramadan Kareem,
Bonsoir et bienvenue à la célébration du 239ème anniversaire de l’Indépendance des Etats-Unis d’Amérique.

Que de changements en une petite année ! On a tourné la page des « Lenga », « article 37 », « stades remplis recto-verso », le « sénat budgétivore », « les institutions fortes contre hommes forts »… Tous ces termes qui ont animé le quotidien des Burkinabè lambda pendant des mois et qui sont en train de s’effacer progressivement de nos mémoires, on en a presque la nostalgie !
Je dis bien « presque ». Malgré tout ce qui s’est passé depuis que nous nous sommes réunis ici même en Juillet dernier, je suis très heureux de savoir que le partenariat entre les Etats-Unis et le Burkina Faso reste une coopération fructueuse et croissante. Cela est vrai dans tous les domaines où nos deux pays travaillent ensemble, en particulier ceux de la sécurité, de la santé, du développement économique, et de la gouvernance. Notre partenariat dans le domaine de la sécurité est fort et continue de se renforcer.

Nous avons vu une croissance sans précédent dans ce secteur à hauteur de plus de 36 milliards de francs CFA en équipements au cours des cinq dernières années.
Aujourd’hui, avec l’assistance des Etats-Unis, trois bataillons burkinabè appuient les opérations de maintien de la paix de l’ONU au Mali et au Darfour. Je saisis cette occasion pour exprimer nos sincères condoléances aux familles éplorées des soldats du Bataillon Badenya morts au Mali pour la cause de la Paix. A l’heure actuelle, un groupe d’experts anti-terroristes est en mission de formation et d’apprentissage aux côtés du 25e Régiment Parachutiste Commando.
Nous avons également des logisticiens américains en formation avec leurs homologues burkinabè.
Dans le domaine de la santé, les Etats-Unis et le Burkina Faso peuvent se féliciter du fait que depuis la mise en place de notre programme de lutte contre le paludisme en 2009, le Burkina Faso a enregistré une baisse de 40% des décès imputables à ce fléau. A partir de cette année, le gouvernement des Etats-Unis va augmenter son investissement dans la lutte contre le paludisme à hauteur de 7 milliards francs CFA.
En plus, il est clair que le gouvernement du Burkina Faso s’engage à améliorer les résultats sanitaires.

Dans cette perspective, j’ai le plaisir d’annoncer que le Burkina Faso a été désigné comme un des pays sur la liste restreinte de 17 pays dans le monde à recevoir l’aide des Etats-Unis dans le cadre du nouveau Global Health Security Agenda (GHSA).

Plus de 15,5 milliards de francs CFA seront investis en vue de préparer le Burkina Faso à riposter contre des risques potentiels de maladies infectieuses. De plus, le mois prochain, des experts des Centres américains pour le contrôle et la prévention des maladies, le CDC, vont rejoindre notre personnel afin de renforcer la capacité du Ministère de la Santé.

En matière d’aide à la croissance économique, nous allons investir plus de 55 milliards de francs CFA jusqu’en 2017 dans le programme de Résilience au Sahel (RISE). Nous sommes aussi heureux de financer la participation de quatre jeunes entrepreneurs brillants de ce pays, présents ici ce soir, au prochain Sommet Mondial sur l’Entreprenariat, qui se tiendra au cours de ce mois à Nairobi.

Malgré les incertitudes et les lacunes enregistrées l’année dernière, l’intérêt du secteur privé américain pour le Burkina Faso va grandissant. J’espère que vous avez eu la chance de découvrir certains des produits et services qu’offrent les Etats-Unis en visitant les stands d’exposition.

Toutefois, notre priorité actuelle et imminente est de nous tenir aux côtés du gouvernement de la transition en soutenant les élections. Avec un montant de plus de 1,5 milliards de francs CFA, nous soutenons les efforts de la CENI, des partis politiques, et des acteurs de la société civile afin de promouvoir un environnement électoral pacifique. Notre soutien à la bonne gouvernance continuera après les élections.

J’ai le plaisir d’annoncer aujourd’hui un nouveau programme pour promouvoir la responsabilité démocratique et le contrôle parlementaire, avec un investissement initial d’environ 580 millions de francs CFA, en vue de créer une Assemblée Nationale forte et démocratique.

Excellences, Mesdames et Messieurs,

En ce 50e anniversaire du Voting Rights Act, loi américaine sur le droit de vote qui a permis à toute la population noire de voter, et ce 25e anniversaire de la Loi relative aux Américains ayant des handicaps physiques, permettez-moi maintenant de partager quelques réflexions avec vous sur l’importance de l’inclusion.

L’inclusion est le fait de reconnaître les contributions des personnes ayant des handicaps physiques. Ces frères et sœurs ayant des possibilités infinies ne doivent pas être mis à l’écart, car comme Mlle Tani nous l’a éloquemment expliqué, aucun de nous ne peut réussir sans des gens qui nous soutiennent.
L’inclusion, c’est soutenir des opportunités accrues pour les femmes. L’intégration des femmes dans les forces de sécurité du Burkina Faso est un des exemples les plus visibles de progrès vers l’égalité des sexes et qu’il aurait été rare, ou même impossible, de voir une décennie auparavant. Lors d’un programme d’échange avec les élèves officiers à Pô le mois dernier, nos cadets militaires américains ont rencontré 20 nouvelles sœurs d’armes effectuant leur première année de formation d’officier.

Je salue ces pionnières représentées ce soir par les femmes des Forces Armée Nationales du Burkina Faso. Parlant de femmes extraordinaires, la finale de la coupe de foot féminine entre les Etats-Unis et le Japon se joue demain. Je demande aux Naaba de former une commission WAK pour garantir la victoire de nos américaines.

L’inclusion est nécessaire pour une croissance économique durable et équitable. Mme Minata Koné de Banfora, ici présente, qui produit des noix de cajou destinées à l’exportation aux États-Unis, constitue un bel exemple de réussite et du dynamisme des femmes chefs d’entreprises et du potentiel dont regorge ce pays.

Excellences, Mesdames et Messieurs,

L’inclusion doit aussi se comprendre en tant que ‎processus politique qui accorde la même place et les mêmes possibilités à tout le monde. Je reste convaincu que la plus grande force de la démocratie vient de la possibilité donnée à chaque électeur de voter pour le candidat de son choix. Toute disposition qui va dans le sens de renforcer cette possibilité pour l’ensemble des citoyens renforce la démocratie, et la cohésion sociale.

Au fur et à mesure que vous avancez vers les élections historiques de cette année, j’encourage la non-violence, le respect des lois et procédures, et l’acceptation des résultats du scrutin par tout le monde.

Enfin, l’inclusion consiste également à promouvoir le bien-être et le progrès dans les communautés rurales. Les efforts de Mme Koné, Mademoiselle Tani et beaucoup d’autres parmi vous sont un témoignage des bonnes choses qui se passent en dehors de la capitale.

Ces Burkinabè démontrent une ingéniosité énorme pour s’adapter à l’évolution de leur milieu et aux aléas dus au changement climatique. Lors de mes visites dans les treize régions, j’ai eu des débats engagés et je ne doute pas de l’indépendance de pensée de ces populations.

Je rejette la notion orgueilleuse que ceux qui vivent « en brousse ou dans les provinces » ne savent pas ce qui est dans leurs meilleurs intérêts ou bien que leurs votes puissent être achetés par des T-shirts ou du carburant, ou que les populations rurales sont facilement manipulables, comme on entend trop souvent à Ouagadougou. De ce que j’ai pu observer au cours de mes déplacements à l’intérieur du pays, je pense au contraire qu’ils sont plus au courant des enjeux et sujets qui les intéressent et les touchent directement qu’on ne le pense.
Personne ne connaît ces réalités mieux que nos volontaires du Corps de la Paix Américain. Avec plus de 100 volontaires dans 12 régions, nous sommes fiers qu’ils parlent les langues locales et qu’ils soient des ardents promoteurs de l’éducation, de la santé, et du développement économique.

Représentants du gouvernement de la transition, peuple burkinabè

Je vous félicite pour tout ce que vous avez fait jusqu’à présent pour amener le Burkina Faso dans les rangs des pays démocratiques. Au-delà des obstacles prévisibles, des difficultés économiques et des fortes attentes sociales, je pense que le monde entier retiendra surtout que le peuple burkinabè a pris son destin en main contre vents et marées. C’est maintenant à vous de canaliser et faire prospérer l’espoir suscité par cet élan de patriotisme, de soif de démocratie, et quête d’un avenir meilleur pour sa jeunesse. Comme le Président Obama a dit au début de cette année :
« Se projeter vers l’avenir au lieu du passé… c’est cela qui nous rend forts. » Ou, en d’autres termes, plus rien ne sera comme avant.

Je tiens à souligner que cette transition doit réussir. Son succès sera un tournant dans l’histoire de votre pays et de toute l’Afrique. Au moment où le Burkina Faso se dirige vers les élections présidentielle et législatives d’octobre prochain, notre espérance est que la nation tout entière embrasse sa diversité et encourage un débat ouvert avec la participation égale de tous ses citoyens.

Faisons en sorte que cette élection soit accompagnée d’une expression de fierté, de liesse, de tolérance, et d’une espérance sans précédent à travers l’Afrique et félicitée par le monde entier.

Vive le Burkina Faso
May God Bless the United States of America
Vive la coopération et l’amitié entre nos deux peuples.

Thank you very much
Merci beaucoup »



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