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Affaire Bernadette Tiendrébéogo : « On veut la vérité, rien que la vérité », dixit Jean François Tiendrébéogo

mardi 30 juin 2015.

 

Le procès sur l’affaire Bernadette Tiendrébéogo s’ouvre ce mardi 30 juin 2015 au palais de justice de Ouaga 2000. L’on se rappelle encore cet assassinat qui avait ému le pays tout entier. En effet, le caporal Lompo du Régiment de sécurité présidentielle avait abattu de sang-froid, son ex-copine, dans la chambre de cette dernière. A la veille de ce procès, nous avons rencontré le frère aîné de la victime. Jean François Tiendrébéogo revient sur cette triste nuit, les rumeurs qui ont entouré l’affaire et ses attentes vis-à-vis de la justice burkinabè.

Lefaso.net : Le 9 mars 2013, votre sœur a été froidement abattue par son ex-copain, racontez-nous cette journée, comment se sont passés les événements ?

Jean François Tiendrébéogo : Ce jour- là, j’étais à la maison, il (ndlr, le caporal Lompo) est venu mais il est resté dehors. Entre temps, j’ai entendu du bruit, c’est ma sœur qui est entrée pour expliquer à papa que le militaire est revenu. Papa était assis avec moi, il s’est levé donc, il est sorti à la porte et a posé la question de savoir pourquoi tu es là ce soir. Il n’a pas répondu. Papa lui a dit : ça fait un an que je t’ai dit que je ne veux plus te voir chez moi. Il faut partir parce que je ne veux pas de problème avec toi. De l’intérieur, j’ai entendu, il a démarré sa moto et il est parti. La sœur est rentrée et je l’ai menacée. J’ai dit pourquoi tu es sortie. Je lui ai dit que je n’aime pas ça, je ne veux pas de problème. Et on est passé à autre chose. J’étais assis encore en train d’échanger avec le vieux. Entre temps, j’ai senti que le vieux est fatigué et il veut se reposer. Au même moment, quelqu’un m’a appelé, donc j’ai laissé le vieux et je suis sorti à moto vers 21 heures. A peine cinq minutes après, ma femme m’a appelé en pleurant. Elle disait qu’il est revenu et il a tué Bernadette. Immédiatement, j’ai fait demi-tour. Quand je suis arrivé, j’ai constaté que tout est gâté.

C’était dans la chambre de votre papa que l’assassinat a eu lieu ?

Quand ma sœur l’a vu seulement, elle a couru rentrer dans le grand bâtiment, puis dans la chambre de papa et elle s’est enfermée là-bas. Il est venu, a sauté la serrure et est entré dans la chambre. Là, il a mis deux balles dans la tête de ma sœur et une troisième au niveau de la poitrine.

Quand vous pensez à cette affaire, qu’est-ce que ça vous fait, deux ans après ?

Ça me fait mal. Rien qu’à y penser, ça m’énerve et ça me décourage.

Que faisait votre sœur dans la vie ?

D’abord, elle faisait la coiffure. Entre temps, elle faisait la restauration. C’était deux travaux qu’elle faisait.

Avant son décès, votre sœur était partie au Niger, que faisait-elle là-bas ?

Elle était partie au Niger, puis elle est revenue faire quelques jours seulement avant de repartir. En gros, elle a fait neuf mois au Niger. Mais, quand elle est revenue, on n’a pas su qui l’a informé que Bernadette est revenue. Donc, il est revenu pour se présenter encore. C’est là que Bernadette lui a dit que « entre toi et moi c’est fini, je ne veux plus te voir, il faut partir ». C’est là, il dit que « tu vas savoir qui je suis ». En fait, quand il a démarré, c’est juste pour aller prendre l’arme et il est revenu s’asseoir entre une heure trente et deux heures de temps avant de rentrer. Quand il a su que j’ai démarré ma moto et je suis sorti, il a pris son arme et il est rentré pour commettre son acte.

D’aucuns disent que votre sœur était au Niger pour une mission commandée et non pour faire de la restauration, que répondez-vous ?

J’ai aussi appris ça dans les rumeurs. J’ai lu ça et j’ai le journal l’Ouragan. Bon, on ne peut pas savoir. C’est le procès qui nous permettra de savoir tout. Si on pose la question à Lompo, s’il dit qu’on l’a envoyé, bon…

Votre sœur ne vous a pas dit ce qu’elle faisait au Niger ?

C’est la restauration qu’elle était partie faire. Elle nous a dit que c’est la restauration. Elle devrait repartir le lundi 11 mars 2013. Malheureusement, elle a été abattue le samedi nuit, le 9 mars.

Depuis que l’affaire a eu lieu, n’avez-vous pas subi des pressions de la part de l’armée pour que vous retiriez votre plainte et pour régler l’affaire à l’amiable ?

Non, il n’y a pas eu de pression. Moi-même, je me suis approché d’eux, mais ça a été des promesses et des promesses jusqu’aujourd’hui.

Le procès s’ouvre ce mardi 30 juin, qu’attendez-vous de ce procès ?

Nous, on demande seulement à la justice de faire son travail, de juger l’affaire proprement. On veut la vérité, rien que la vérité, pour savoir qu’est-ce qu’elle a fait et on l’a fait. On veut juste la vérité.

L’année dernière, le procès avait démarré avant d’être renvoyé aux prochaines assises criminelles pour raison d’absence de certains témoins, ne redoutez-vous pas le même scénario ?

On ne peut rien dire parce que c’est la justice qui a programmé le rendez-vous pour ce 30 juin. Nous, on pense qu’elle a tout préparé et qu’elle est prête. Maintenant, si elle vient nous dire que les témoins sont absents, on va se dire que peut-être qu’il y a quelque chose de pas clair. On pense qu’ils ont tout préparé avant de fixer la date. En tout cas, nous, on est prêt pour venir témoigner.

Un mot pour conclure cet entretien…

Bernadette a laissé derrière elle un enfant qui a actuellement dix ans et qui s’appelle Sylvain. Tous nos souhaits, c’est que Dieu garde et protège l’enfant. C’est notre plus grand souhait parce que nous revoyons notre sœur en cet enfant.

Propos recueillis par Moussa Diallo
Lefaso.net



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