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Santé : « Tous ceux qui résident au Burkina Faso sont assujettis à l’assurance maladie universelle », dixit Saïbou Seynou

samedi 13 juin 2015.

 

Les populations n’attendent plus que son opérationnalisation, les partenaires aussi. L’assurance maladie universelle, puisque c’est de cela qu’il s’agit, semble être sur de bons rails. La balle est désormais dans le camp du gouvernement puis du conseil national de la transition qui doivent adopter le projet de loi pour sa mise en œuvre. Mais avant, il est capital que des acteurs clés tels que les hommes et femmes de médias s’imprègnent des contours de cette assurance afin de mieux relayer l’information. C’est fort de cela qu’ils ont été conviés au dialogue sur le développement, une activité initiée par le groupe de la Banque mondiale, ce vendredi 12 juin 2015 à Ouagadougou.

Quatre heures. C’est le temps qu’a duré les échanges entre les participants et les cinq panélistes du jour. Il s’agissait évidemment du Secrétaire technique de l’assurance maladie universelle (AMU) M. Saïbou Seynou ; du Dr Arzouma Ouédraogo du ministère de la santé, de M. Alexis Bigeard de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), du Dr Doris Ouoba/Koumbo de la Faitière des structures privées du Burkina (FASPB) et enfin de Gabriel Compaoré du secrétariat permanent des ONG (SPONG)/ASMADE. L’exercice en valait la chandelle au regard de l’importance du sujet et des enjeux futurs pour le devenir du pays en quête d’une santé et d’une protection pour tous. De ce fait, « Tous ceux qui résident au Burkina Faso sont assujettis à l’assurance maladie universelle », précise M. Seynou

Des avancées

Le Rwanda, le Gabon et le Maroc sont des modèles en la matière. Et au début des réflexions, le pays des Hommes intègres s’est inspiré de leur expérience en dans le domaine de l’assurance maladie universelle. Et après moult concertations à l’intérieur du pays, il ressort que les attentes des populations sont grandes. D’où la nécessité de bien veiller à ce que tous les aspects de transparence soient pris en compte. Pour M. Saïbou Seynou, il faudrait mettre en place une autorité de régulation de l’assurance et « le premier niveau de contrôle doit être au sein de la population elle-même ». En plus de disposer d’un avant-projet de loi sur l’AMU, le Burkina a opéré des choix stratégiques pour l’opérationnalisation triennale (2015-2017) de l’assurance dès que la loi sera adoptée par le gouvernement puis par le Conseil national de la transition. Les acteurs ont opté pour un régime unique pour l’ensemble des résidents au Burkina Faso plutôt que d’un régime différencié pour chacune des couches sociales.

Ensuite, il y a le principe de l’équité contributive qui permet à chacun de contribuer à l’assurance en fonction de ses capacités, de ses revenus. Par contre, le citoyen devra bénéficier de l’assurance maladie aussi en fonction de son état de santé. Enfin, il est prévu la mise en place de deux caisses d’assurances l’une pour les civils et l’autre pour les forces armées nationales. Et par souci d’efficacité et d’extension rapide de l’assurance aux personnes dans les zones reculées, les caisses pourront déléguer une partie de leurs fonctions à des organismes de gestion tels que les mutuelles sociales.

Vigilants et responsables doivent être les acteurs car ce projet constitue, selon M. Bigeard de l’OMS, « un combat pour le développement qui permet de consolider une Nation ». Si d’autres pays africains l’ont fait, le Burkina Faso devrait aussi réussir le défi. Et pour M. Seynou, « quand on fait un pari sur l’avenir, il ne faut compter que sur ses propres forces ». De la volonté, les acteurs nationaux l’ont toujours montré depuis le début des réflexions en 2009 jusqu’à maintenant. Mais, les partenaires techniques et financiers sont désormais suspendus aux lèvres des autorités de la transition et attendent l’adoption de la loi devant permettre l’opérationnalisation de l’AMU.

De l’engagement des acteurs

L’assurance maladie universelle, c’est un panier de soins qui devra être attractif sans pour autant être trop généreux ou très restreint. Et lors de l’atelier technique organisé les 9 et 10 mai, les acteurs avaient mené la réflexion sur le panier de soins à couvrir, son coût et son financement. A l’issue des échanges, il a été convenu que ledit panier sera défini de façon large. Et pour le secrétaire technique de l’AMU « Il ne sera donc pas fait de restriction en omettant des catégories de prestation au niveau du panier. Mais il faudra voir dans quelle mesure asseoir des modalités pour accéder à ces prestations ». Quant à son coût, il rappelle qu’il faudra poursuivre les calculs mais que celui-là « devrait varier entre 8000 et 8500 F par personne et par an ».
Qui dit assurance maladie universelle, dit qualité des soins, donc professionnalisme et qualité des prestataires. Et le département du ministère de la santé rassure qu’il sera en phase avec la mise en œuvre de l’AMU, car « du contenu du panier de soins dépendra l’engouement, la réticence ou la hantise des populations ». Les tradi-praticiens seront eux aussi intégrés dans le processus et le Dr Arzouma Ouédraogo annonce que des contrats de prestations seront signés en fonction de leurs capacités.

Le privé ne compte pas également rester en marge de « cette façon intelligente de repenser la demande de soins ». Et Dr Doris Ouoba du FASPB pense que si les conventions bien définies sont signées avec le secteur privé, « chacun pourra bien jouer son rôle ». « La maladie, selon M. Seynou, est le risque le mieux partagé par les populations », tout le monde - enfants, jeunes, femmes, vieux, riches ou pauvres - est concerné par la prise en charge sanitaire.

Herman Frédéric BASSOLE
Lefaso.net