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Projet « Eau, hygiène et santé communautaire » de la Croix- Rouge à Youga : « 92,5% des ménages font leurs selles dans la nature », selon l’enquête CAP

vendredi 5 juin 2015.

 

Une étape décisive vient d’être franchie dans la mise en œuvre du projet « Eau, hygiène et santé communautaire » à Youga dans la commune rurale de Zabré. Il s’agit de l’enquête Connaissances – Attitudes – Pratiques dont les résultats ont été restitués le 29 mai dernier en présence des ressortissants de la localité bénéficiaire vivant à Ouagadougou. Premier du genre, cet acte initié par la Croix-Rouge burkinabè s’est voulu un cadre d’échanges, prémisse de la réussite du projet financé par la société minière ’’Endeavour’’.

L’accès à l’eau potable et aux ouvrages d’assainissement dans les pays pauvres tels que le Burkina Faso demeure préoccupant. Surtout en milieu rural. L’ « or bleu » s’il n’est pas bien entretenu peut être source de maladies pouvant conduire à la mort. A l’instar des zones les plus reculées du pays, l’aire sanitaire de Youga présente une population dont le niveau des connaissances et des pratiques concernant l’eau, l’hygiène, l’assainissement et la santé demeure faible. Dans sa mise en œuvre, le projet qu’initie la Croix-Rouge burkinabè (CRBF) dans les sept villages bénéficiaires, a besoin de s’appuyer sur une solide base de données fiable. C’est fort de cela qu’une enquête CAP a été réalisée auprès de 300 ménages par deux consultants dont le Dr Pierre S. YAMEOGO et la Sociologue Mme Gisèle S. ZOMA/SAKO. La supervision, elle, était assurée par la CRBF. Cette dernière a jugé opportun de présenter les résultats de cette étude aux ressortissants de l’aire sanitaire de Youga vivant à Ouagadougou, afin d’insuffler une certaine dynamique dans la mise en œuvre du projet « Eau, hygiène, assainissement et santé communautaire ». Ce, dans le but de réduire la morbidité liée aux maladies hydriques et oro-fécales.

Quelques résultats

Dans le volet « Eau », il ressort que 43% des ménages utilisent l’eau de puits traditionnel sans margelle tandis que 18,5% des ménages utilisent l’eau de rivière pour la boisson. La proximité avec une source d’eau reste relative et la distance se situe à moins de 100m pour 35,8% des enquêtés. Même si la qualité de l’eau laisse à désirer, elle doit être bien entretenue. Et à ce propos, 16,9% des ménages ont une bonne technique de conservation de l’eau de boisson.

Côté « hygiène et assainissement », tout n’est pas reluisant. 92,5% des ménages font leurs selles dans la nature alors que 28,9% des ménages savent qu’il faut se laver les mains après avoir fait leurs besoins. Bien que les écoles disposent de latrines, les élèves se sentent à l’aise lorsqu’ils défèquent à l’air libre. L’habitude est une seconde nature, disait le philosophe Aristote. Et le changement de mentalité et de comportement est un défi majeur que devra relever le projet. L’hygiène vestimentaire et alimentaire est également un indicateur non-négligeable. Et l’enquête renseigne que 55,9% des populations lavent régulièrement leurs vêtements et 37,8% déclarent couvrir leurs aliments. Le cadre de vie n’est pas en reste. En l’absence de poubelles adéquates, 97,2% des ménages évacuent les ordures dans des tas d’immondices aux alentours des concessions tandis qu’une bonne proportion des enquêtés évacuent les eaux usées dans la cour, aux alentours ou dans la rue.
Les indicateurs relatifs au volet « santé » révèlent qu’une bonne partie des populations semblent se familiariser aux infrastructures sanitaires et aux pratiques du moment. 92,5% utilisent les médicaments modernes en cas de maladie et 73,9% des parents dont les enfants ont la diarrhée, soutiennent avoir eu recours aux conseils ou aux soins d’un professionnel de santé, puisqu’ils ne sont pas étrangers aux premiers signes. Les accouchements se font de plus en plus dans un centre de santé et seulement 16,2% des femmes le font à domicile. Evidemment, il existe des disparités selon les villages. Quant au VIH, 81,1% savent qu’il peut se transmettre à travers les rapports sexuels non-protégés même si peu ignorent que la transmission du virus est aussi possible de la mère à l’enfant. Concernant l’allaitement, 23,3% des populations perçoivent le colostrum comme un liquide sale à ne pas donner au nouveau-né et 61,1% sont en faveur de l’allaitement maternel exclusif jusqu’à six mois.
Toutes ces données recueillies serviront de référence aux acteurs pour la réalisation des ouvrages hydrauliques, d’assainissement, le renforcement des connaissances des populations et la mise en œuvre d’autres activités entrant dans le cadre du projet.

Compter sur les ressortissants

Les ressortissants présents à cette restitution de l’enquête, ont manifesté un grand intérêt à accompagner la Croix-Rouge dans la mise en œuvre du projet. Ils se sont engagés à apporter leur contribution par la sensibilisation des populations des villages concernés et aussi à travers une contribution financière de leur part à la réalisation des latrines familiales. Aussi ont-ils lancé un appel à toute personne de bonne volonté qui voudrait bien les soutenir à apporter une contribution qui servira à doter les ménages de latrines. Pour sa part, le chef de Youga s’est également engagé à sensibiliser les populations afin qu’elles s’investissent davantage pour le bon déroulement du projet. Un projet qui, à l’en croire, permettra aux populations d’éviter les maladies hydriques à travers les bonnes pratiques d’hygiène.
En rappel, le projet « Eau, hygiène et santé communautaire » a pour ambition de réduire les risques de morbidité liée aux maladies hydriques et oro-fécales et ainsi améliorer la situation d’au moins 5000 personnes soit 714 ménages jusqu’en 2017. Mis en œuvre avec la collaboration de la Croix-Rouge de Monaco, le projet est destiné aux populations des villages de Youga, Gonsé, Youkouka, Songo, Youga peul, Wilgo et Signonghin.

Herman Frédéric BASSOLE et Rosine KABORE (Stagiaire)
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