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Journée nationale d’hommage aux martyrs : Tous les morts des 30 et 31 octobre ne seront pas érigés en héros

vendredi 29 mai 2015.

 

Le Burkina Faso commémorera ce samedi 30 mai 2015 les martyrs de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 à travers une série de manifestations dont certaines ont déjà commencé. En prélude à cette journée historique, cinq ministres du gouvernement de la transition étaient face à la presse ce mercredi 27 mai 2015 pour donner de plus amples informations.

T. Frédéric Nikièma, ministre de la communication chargé des relations avec le conseil national de transition ; Auguste Denise Barry, ministre de l’administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité ; Joséphine Ouédraogo, ministre de la justice, garde des sceaux ; Amédée Prosper Djiguimdé, ministre de la santé ; Nicole Angeline Zan/Yélémou, ministre de l’action sociale et de la solidarité nationale. Ce sont là les cinq ministres du gouvernement de la transition qui se sont entretenus ce mercredi 27 mai 2015 avec les journalistes sur la journée nationale d’hommage aux martyrs de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014. Journée prévue pour se dérouler ce 30 mai 2015 sur toute l’étendue du territoire national et dans les représentations diplomatiques du Faso. Cette commémoration des martyrs de l’insurrection, qui a déjà commencé par la tenue d’un certain nombre de manifestations, à savoir des conférences publiques, culminera le 30 mai 2015 par une grande cérémonie placée sous le patronage du président de la transition, Michel Kafando. « L’objectif global de la cérémonie est la commémoration et l’institutionnalisation d’une journée dénommée ‘’Journée nationale d’hommage aux martyrs’’ », a indiqué le ministre Auguste Denise Barry. Il s’agit spécifiquement, a- t-il poursuivi, de :
 organiser une cérémonie d’hommage à tous ceux qui se sont sacrifiés pour la patrie les 30 et 31 octobre 2014 ;
 créer une mémoire collective de l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014 en lien avec toutes les insurrections qui ont eu lieu au Burkina et reconnues comme telles ;
 élaborer une liste des martyrs nationaux à inscrire sur la stèle des martyrs ;
 proposer une date définitive en souvenir des héros de la nation, dont la célébration annuelle aura lieu sur toute l’étendue du territoire national, dans les chancelleries et les représentations de notre pays.

Journée du 30 mai très chargée

Très chargée, la journée du 30 mai connaîtra le déroulement de plusieurs activités. Dans la matinée, de 8 h à 10 h, il y aura la cérémonie de dépôt de gerbes de fleurs sur les tombes de martyrs au cimetière municipal de Gounghin. Dans l’après-midi, de 16 h à 19 h, se déroulera la grande cérémonie nationale d’hommage aux martyrs au Mémorial des héros nationaux de Ouaga 2000. La cérémonie connaîtra les actes suivants :
 élévation des morts et des blessés de l’insurrection au rang de héros nationaux ;
 cérémonie de décoration des martyrs de l’insurrection ;
 pose de la première pierre de la stèle commémorative de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 ;
 lecture de la liste de tous les martyrs connus de l’insurrection ;
 distinctions honorifiques à titre posthume ;
 interventions des représentants des familles endeuillées, de l’Association des blessés de l’insurrection et des responsables traditionnels et coutumiers. Evidemment, le président de la transition, Michel Kafando, grand patron de la cérémonie, livrera un discours.

Evénements d’avant

Plusieurs autres manifestations ou événements sont organisés en prélude à la journée commémorative du 30 mai. Il s’agit d’abord de conférences publiques. Animée ce mercredi 27 mai à l’Université de Ouagadougou par le professeur Mahamadi Sawadogo, la première conférence publique a porté sur ce thème : « Les causes et les conséquences des insurrections dans le monde ». La deuxième conférence publique porte sur le thème « comment croire encore à la réconciliation au Burkina Faso ». La conférence devrait être animée par le professeur Cyrille Koné. Enfin la troisième conférence publique prévue pour ce vendredi 29 mai portera sur le thème : « martyrs et héros nationaux, bref historique et leçons à tirer ». Elle sera animée par le professeur Augustin Loada. En plus des conférences publiques, il est prévu des prières et recueillements dans les lieux de cultes, temples, églises et mosquées ce vendredi 29 mai et le dimanche 31 mai 2015. Aussi, il est prévu une retraite aux flambeaux pour les militaires.

Quelle justice pour les martyrs ?

La question du nombre des morts de l’insurrection, ainsi que le nombre des blessés ou celui de ceux qui seront érigés en héros nationaux à travers la présente journée d’hommage ont polarisé les échanges entre conférenciers et journalistes. Et à entendre les réponses des membres du gouvernement, tous les morts enregistrés lors des événements des 30 et 31 octobre 2014 ne seront pas érigés en héros nationaux car certains ne seraient pas morts du fait de la défense de la Constitution, mais pour des actes de vandalisme. Et l’on en saura davantage sur le nombre exact des morts concernés par cette journée d’hommage aux martyrs le jour même. Mais, des chiffres livrés par la ministre de l’action sociale et de la solidarité nationale, Nicole Angeline Zan/Yélémou, l’on retient le nombre de 31 morts. Les familles de ces victimes ont été visitées par la ministre Zan au nom du gouvernement. Mais, au-delà de la journée d’hommage qui se veut inclusive-tous les acteurs y sont conviés-, quelle justice pour ces victimes de l’insurrection ?
Sur la question la ministre de la justice, garde des sceaux, Joséphine Ouédraogo, se veut rassurante. Elle a annoncé à ce sujet l’ouverture de neuf dossiers judiciaires. « L’instruction suit son cours », a-t-elle laissé entendre. Volant à son secours, le ministre Barry indiquera que la protection des droits humains a été une des préoccupations prioritaires des autorités, cela même avant la formation du gouvernement de transition. Il évoqué un comité ad ’hoc qui avait été mis en place au lendemain de l’insurrection et dont les résultats d’investigation ont été reversés à la justice. Comme quoi, le gouvernement de transition a à cœur cette question de justice à rendre aux victimes de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014.

Grégoire B. Bazié
Lefaso.net



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