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Plates-formes multifonctionnelles : Le village de Gah produit désormais du riz étuvé

jeudi 28 mai 2015.

 

Le village de Gah dans la commune de Kaya était en fête mercredi dernier. Et pour cause, l’on procédait à l’inauguration d’une unité de transformation agro alimentaire. Une première du genre dans cette région du Burkina Faso, et cela grâce à la Fondation Bill et Melinda Gates. Le thème bien à propos de la célébration : « Avec la Fondation Bill et Melinda Gates, promouvoir l’agro- industrie autour des plates-formes multifonctionnelles pour une autonomisation économique des femmes ».

« Il y a trois ans, nous parcourions 5 à 6 kilomètres pour faire moudre nos céréales. Pendant la saison des pluies, il nous arrivait de dormir à jeun quand nous étions prises à défaut. Maintenant, notre vie est facilitée ». Le propos est de Pauline Ouédraogo, représentante des femmes de l’Association Teegawendé de Gah. Gah c’est en effet ce petit village situé sur l’axe Kaya-Kongoussi, à quelques encablures du village de Basneeré. Pour y arriver, il faut slalomer entre les chaînes de montages, user de prudence sur les routes sinueuses et déjouer les pièges des pierres qui jonchent les pistes. Un véritable chemin de croix pour le premier venu. Est- ce pour rendre la tâche moins pénible aux habitants, et surtout aux femmes que le village a été choisi ?

L’histoire remonte à l’année 2012 quand le consortium OCADES Kaya/ Dori (des deux régions du centre- nord et du sahel donc) installe une Plate-forme Multifonctionnelle (PTFM) ici. Les services offerts à l’époque étaient la mouture et le décorticage des céréales, la charge de batteries d’accumulateur et de téléphones portables ; la soudure. Coût global de l’investissement, cinq millions cent onze mille cinq cent francs (5 111 500), avec une contribution locale de neuf cent vingt mille francs (920 000).

Une véritable entreprise rurale

Puis vint l’année 2015 où selon les termes de l’Abbé Adelphe Rouamba du consortium, « Elle a fait peau neuve depuis quelques temps en bénéficiant d’un certain nombre d’innovations que sont : l’installation d’un système de fonctionnement hybride fonctionnant à la fois au gaz, au solaire et au biogaz ; l’installation d’un broyeur polyvalent pour la production d’aliment à bétail et la réalisation d’une unité de transformation agroalimentaire spécialisée dans l’étuvage du riz et de ses dérivés. » Coût total de ces innovations : 29 000 000 fcfa. Et le montant mobilisé par un certain nombre de partenaires dont essentiellement la Fondation Bill et Melinda Gates. « Gah fait partie d’une dizaine de plates formes financées par la Fondation Bill et Melinda Gates dont le fonds passe par le PNUD (le Programme des Nations Unies pour le Développement, ndlr), pour transformer les plates formes standards ou classiques en véritables entreprises rurales. », a expliqué Armande Ouédraogo, Représentante du PNUD et de la fondation Bill et Melinda Gates.

« Ne vous arrêtez pas en si bon chemin. »

Pour la gouverneure Nandy Somé/ Diallo qui a présidé la cérémonie d’inauguration, « C’est un bel exemple pour montrer à ceux qui sont toujours sceptiques, que la femme rurale a toutes les capacités physiques et intellectuelles pour diriger et faire fonctionner une entreprise. » Et d’ajouter qu’en plus de créer des emplois pour les femmes, cette initiative contribuera à l’autonomisation de celles- ci. « Ne vous arrêtez pas en si bon chemin. Je vous exhorte à travailler davantage afin que vos produits puissent être prisés au- delà de nos frontières », a conseillé le parrain de la cérémonie, le colonel- major Komyaba Pascal Sawadogo. Des conseils que ce natif d’un village voisin a adressés prioritairement à l’association Teegawendé des femmes. Aux hommes il a demandé de s’investir pour que « le village soit prospère et que d’autres localités s’inspirent de nos expériences en matière de développement local ».

La cérémonie d’inauguration était aussi l’occasion d’une exposition de certains produits finis. Du riz étuvé produit sur place ici à Gah, de la farine de maïs blanc de Nandiala, du beurre de karité, du savon et du soumbala de Goghin dans la commune de Tanghin Dassouri, de la pate, des tourteaux et de l’huile d’arachide de Goenega dans la commune de Barsalgho, c’est toute une gamme de produits fabriqués des mains des femmes que les visiteurs ont pu voir. Des produits d’ici, mais aussi des produits d’autres villages bénéficiaires de plates formes multifonctionnelles.

Samuel Somda
Lefaso.net