Retour au format normal
lefaso.net

Inscription au concours direct de recrutement des magistrats : Sondé Auguste Coulibaly pointe du doigt la non maitrise de l’informatique par certains candidats

mercredi 27 mai 2015.

 

Par communiqué n°15-320/MFPTSS/SG/AGRE/DOC du 18 mai 2015, le Ministre de la Fonction Publique du Travail et de la Sécurité Sociale informait le public burkinabé de l’ouverture au titre de l’année 2015 d’un concours direct de recrutement de trente (30) élèves magistrats à former à l’école nationale d’administration et de magistrature (ENAM).

Le communiqué d’ouverture dudit concours précise que les dossiers de candidature sont reçus exclusivement sur la plate forme e-concours d’inscription en ligne sur le site www.econcours.gov.bf du 19 au 31 mai 2015 à 24h.

L’on ne saurait passer sous silence en félicitant cette noble volonté de dématérialiser les procédures administratives dans notre pays qui s’inscrit en droite ligne de la modernisation de l’Administration même si cela n’est que partielle dans la mesure où les candidats admissibles audit concours devront déposer un dossier physique comportant les pièces requises par le communiqué d’ouverture.
Mais, il convient de rappeler que l’emploi des procédés électroniques dans la vie de l’Administration ne doit nullement mettre en cause le sacro-saint principe de l’égalité entre les citoyens.

Avec l’unique option du dépôt des dossiers par voie électronique, le Ministre de la Fonction Publique a violé le principe d’égal accès aux concours de la Fonction Publique notamment celui de la magistrature.
En effet, même dans les Etats les plus modernes, le procédé virtuel a toujours été une option au coté du procédé matériel justement dans l’optique de préserver cette égalité entre les citoyens. C’est le cas du vote électronique qui ne met nullement en cause le vote physique pratiqué dans certains pays de l’Afrique comme le Nigeria et bien d’autres.

C’est pour dire que le MFPTSS aurait du tenir compte des disparités entre les candidats et surtout de l’aires géographiques en termes d’accès aux TIC en donnant une option aux candidats concernant les modalités de dépôt des dossiers.
Combien de candidats potentiels maitrisent l’outil informatique ?
Combien de candidats potentiels ont accès à l’outil informatique quand on sait qu’il demeure jusqu’à nos jours un luxe pas à la portée de tous ?
Combien de candidats ont accès à une connexion internet fiable pour pouvoir donner suite à cet exercice ?

A cela s’ajoute certains frais subséquents à cette opération difficiles à quantifier comme le coût d’accès à l’internet, le coût d’impression des récépissés sans compter la non maitrise du processus devant aboutir à une inscription effective des candidats et le problème de sécurisation et de surcharge de la plateforme en somme, de sa fiabilité.
Il convient de noter que le processus de dématérialisation des procédures administratives doit être progressive surtout dans un pays comme le Burkina où l’amplification du fossé numérique est toujours d’actualité en passant par une transformation des conscience et des actions quotidiennes des uns et des autres en vue d’inciter ceux qui sont restés en marge de cette révolution numérique.
Surtout pour une phase pilote, on aurait du utiliser les deux procédés c’est-à-dire celui électronique et physique. Cela permettra à ceux qui n’ont pas un accès effectif à l’outil informatique de pouvoir déposer au même titre que ceux qui y ont accès, leur dossier.

Ce principe général de droit qu’est celui de l’égalité entre citoyen qui du reste est un principe à valeur constitutionnelle a été méconnu de la part du Ministère de la Fonction Publique et par voie de conséquence devrait faire l’objet d’attaque de la part des candidats surtout ceux victimes pour le moment de cette fracture numérique.

Sondé Auguste COULIBALY
Juriste,
Cyber Juriste (spécialiste du droit du cyber espace africain)
augustecoulibaly@yahoo.fr



Vos réactions (17)