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Adam Régis Zougmoré : « L’opération d’enrôlement des électeurs se passe bien dans la province de la Léraba »

vendredi 17 avril 2015.

 

En prévision des élections présidentielles et législatives du 11 octobre 2015, la Commission Electorale Indépendante (CENI) s’affaire dans l’enrôlement complémentaire des électeurs. Ses commissaires sillonnent toutes les provinces du pays depuis déjà plusieurs mois. L’enrôlement dans la région des Cascades se déroule comme prévu du 14 au 20 avril 2015. Nous avons rencontré le commissaire de la CENI dans la Province de la Léraba. Il nous fait le point de l’opération dans cette partie du Burkina Faso, frontalière avec deux pays de la sous-région, la Côte d’Ivoire et le Mali.

Lefaso.net : Bonjour, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Le Commissaire CENI :
Je suis Adam Régis Zougmoré, je suis commissaire à la CENI, et superviseur délégué pour la Province de la Léraba. Il faut préciser que je suis également expert électoral et facilitateur accrédité BRIDGE (Bâtir des Ressources en Démocratie et en Gouvernance Electorale, ndlr).

Lefaso.net : L’opération d’enrôlement des électeurs a démarré depuis le 14 avril 2015 et se poursuit jusqu’au 20 avril dans la Région des Cascades. Vous avez sillonné les huit communes de la Province de la Léraba. Pouvez-vous nous décrire la situation de l’enrôlement dans cette province ?
Adam Régis Zougmoré :
Je voudrais préciser d’abord qu’au niveau de la Commission Electorale Nationale Indépendante(CENI), nous avons pris des dispositions pour que dans toutes les provinces de la zone concernée, un commissaire soit responsabilisé aux fins de s’assurer que l’opération d’enrôlement se déroule dans de bonnes conditions, et de prendre au besoin toutes les mesures qui s’imposent en vue de juguler toutes les difficultés terrain. Donc c’est une mesure que la CENI a prise pour non seulement prendre en compte la période qui est sensible pour notre pays, et également s’assurer surtout que la zone 6 prend en compte un certain nombre de provinces qui sont frontalières à différents pays, donc également ce sont des zones sensibles, et il faut effectivement qu’il y ait une certaine vigilance pour préserver un ensemble d’acquis et également s’assurer du bon fonctionnement de l’opération dans son ensemble. C’est dans ce sens-là que nous avons été dépêchés dans la Province de la Léraba, et dès que nous sommes arrivés, nous avons tout de suite opté d’organiser une séance de travail avec l’ensemble des présidents CECI des huit communes que compte la Province de la Léraba. Nous avons associer la CEPI (Commission Electorale Provinciale Indépendante, ndlr) en tant que organe de supervision pour non seulement donner des instructions fermes, partager les expériences des zones passées, et parler également de l’organisation pratique, de comment va se dérouler l’enrôlement dans la province. Nous avons également abordé les questions de répartition des tâches, et nous avons, séance tenante, pris des dispositions pratiques pour que l’opération réussisse sur l’ensemble du territoire provincial. Vous savez que quand vous avez une occasion de rencontrer les premiers responsables des démembrements, il faut être vraiment intransigeant sur certains principes. Je disais tantôt que la Province de la Léraba est une zone qui est frontalière à deux pays (le Mali et la Côte-d’Ivoire, ndlr), beaucoup ont d’emblée parler d’une possibilité d’enrôler des gens qui ne sont pas Burkinabé. Par rapport à tous ces éléments, nous avons pris des dispositions pratiques et nous avons mis en place avec l’ensemble de ces premiers responsables des communes ce que nous avons appelé « une approche intégrée de résolution des difficultés ». C’est une approche qui permet à ce que dès que vous avez un signalement, en fonction du degré, que vous remontiez l’information au niveau du supérieur hiérarchique direct. Et ensemble avec l’ensemble des autorités provinciales, nous allons trouver une solution. Donc nous l’avons appelé une approche intégrée de résolution des Difficultés. Il n’y a pas de petits problèmes. Tous les problèmes sont des problèmes et il faut les prendre dans leur dimension, le contexte aidant. Ensuite nous avons dans notre disposition toujours, mis en place ce que nous avons appelé le S.A.R (Système d’Alerte Rapide). Ce Système d’Alerte Rapide est basé sur les remonter d’information par pallier. C’est technique mais ça permet en un temps record, de voler et d’appuyer la CECI ou la structure concernée. Si l’information remonte et nous parvient, ça veut dire qu’en ce moment, la décision ou la disposition que prendra la CECI concernée aurait émanée de l’ensemble de la chaîne. Lorsqu’il s’agit d’une difficulté qui va même transcender le cadre de la CENI, nous avons la proximité de l’autorité provinciale pour réunir encore toutes les dispositions. Voilà la première étape qui a consisté à s’assurer de ces dispositions avant le début de l’enrôlement. Ensuite, nous avons également pris des dispositions pour l’accueil des OPK et des superviseurs, et le 14 avril effectivement nous avons pu faire des visites dans cinq communes. Et le 15 avril, nous avons fait les trois autres communes restantes. Vraiment, de Ouéléni à Niankorodougou, pour notre part et pour ce qui concerne la Province de la Léraba, on peut dire que l’opération a démarré effectivement le 14 avril 2015. Au nombre des difficultés, on peut les énumérer. Elles sont vécues de la même manière. C’est des difficultés d’ordre matériel qui concernent surtout nos différents kits. Et comme nous sommes dans notre quatrième zone, ça veut dire que nous sommes partis de l’expérience des zones antérieures, ça fait que chaque fois qu’une difficulté se présente, il y a un superviseur qui est repéré et qui est opérationnel. Il vient la régler. Maintenant, pour ce qui est de la première journée, les villages les plus éloignés n’ont pas connu effectivement un démarrage dans la matinée à 08 heures comme dans les autres, mais nous avons encore insisté pour qu’au plus tard dans la soirée, ces villages soient couverts en ressources humaines pour qu’effectivement on puisse démarrer le même jour. Et je crois que ces instructions ont bien fonctionné. Nous avons encore dans la soirée du 14, rappelé l’ensemble des présidents CECI pour avoir le point de l’ensemble des emplacements qui sont identifiés. Le 15, nous avons continué avec les trois autres communes restantes et là aussi c’était le même scénario. Constat du démarrage effectif, constat des difficultés, proposition de solutions, et encore insistance sur les instructions que nous avons données lors de notre première rencontre.
Voilà grosso modo ce que nous pouvons dire parce qu’aujourd’hui nous sommes à jeudi, à mi-parcours de l’enrôlement dans la province de la Léraba. Ce matin, nous avons également touché du doigt l’ensemble des bureaux existant dans Sindou-ville, et nous avons constaté que tout se passe normalement. Un point qui est commun à tous, c’est que les trois premiers jours, on ne constate pas d’affluence. Ca c’est peut-être parce qu’il s’agit de notre troisième opération d’enrôlement. Ca ressemble beaucoup plus à un ratissage. Là nous avons affaire à ceux qui n’avaient pas de carte parce qu’ils n’étaient pas présents, et à ceux qui n’avaient pas l’âge au moment de l’enrôlement. L’essentiel pour nous c’est que dans tous les villages, l’opération se déroule sans qu’on ne remonte une difficulté. Nous avons à l’esprit de demander à l’ensemble des citoyens de la province d’aider à s’inscrire massivement. J’ai eu aussi l’occasion de rencontrer quelques responsables de partis politiques et j’ai rappelé aussi en toute courtoisie leur rôle qui est aussi de sensibiliser l’électorat afin qu’il vienne se faire enrôler.

Lefaso.net : Pour les localités où l’opération a débuté avec un retard, est-ce que la CENI va accorder une rallonge pour rattraper le temps perdu ?

Adam Régis Zougmoré : Vous savez, nous nous ne parlons pas de retard en tant que tel. Nous avons dit tantôt que c’est les zones les plus reculées et le 14 avril, nous avons pris toutes les dispositions pour déposer les opérateurs de kits. Donc il s’agit de retard en termes d’heure, mais pas de retard en termes de journée pouvant laisser croire à un besoin d’augmentation ou de prorogation de jours. Il est beaucoup plus question d’un ratissage. Même quand on a perdu la matinée, je crois que pour peu qu’on ait la volonté d’avoir la carte, le lendemain on peut rapidement se faire enrôler. Il ne s’agit pas de retard criard, mais de retard de quelques heures. C’est gérer et à l’étape actuelle, toutes nos équipes sont sur place. Nous ne trouvons pas qu’il soit nécessaire de suggérer une prorogation.
Je voudrais également profiter de votre micro pour saluer l’engagement des autorités provinciales pour nous accompagner. Vraiment, il y’a un dispositif qui est mis en place au niveau provincial, ce qui est à saluer. Nous avons, dans notre stratégie, mis l’accent sur la participation au niveau terrain. C’est une preuve encore qu’il ne faut pas attendre qu’il y’ait des difficultés pour courir. Je rappelle que quand on coure, c’est qu’on a mal travaillé. Et au niveau de la Province de la Léraba, nous ne courons pas.

Entretien réalisé par Golleau Isidore TRAORE
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