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Incendie du marché de Tampouy : Les commerçants doutent de la « bonne foi » des gardiens

lundi 16 mars 2015.

 

Plus d’une centaine de hangars sont partis en fumée dans la nuit du vendredi 13 au samedi 14 mars 2015 au marché de Tampouy à Ouagadougou. Si pour le moment, les causes ne sont pas encore déterminées, certains commerçants soupçonnent les gardiens du marché qui soutiennent avoir été agressés par des cambrioleurs, qui, non contents d’avoir rempli leur mission, ont mis le feu dans le marché.

Les dégâts sont énormes. Ils sont évalués par les victimes à des dizaines de millions de FCFA. Qui croire ? C’est la question qui taraude l’esprit de plus d’un commerçant du marché de Tampouy. En effet, selon les témoignages recueillis ce dimanche 15 mars auprès des victimes, un grand doute plane sur la bonne foi des gardiens. Tantôt au nombre de 4, tantôt au nombre de 6, dans la nuit du vendredi au samedi 14 mars aux environs de 4 heures du matin, des commerçants ont été informés de ce qu’un incendie est en train de consumer tout dans le marché. Certains se rendront immédiatement sur les lieux, mais le mal était déjà fait dans plus d’une centaine de hangars. Interrogés, les gardiens selon des commerçants ont témoigné ceci : « Nous avons surpris un groupe- au nombre de six- de malfrats qui tentaient de cambrioler une boutique. Nous avons tenté de les en empêcher mais ils étaient lourdement armés. Ils ont donc tenté de s’en prendre à nous. Nous avons fui pour rentrer dans le marché. Ils nous ont pourchassés avec des machettes. Quelques instants après, nous avons vu le feu mais nous ne pouvions rien faire. Un d’entre nous a été légèrement blessé ». Qui a donc mis le feu ? Issouf Savadogo, vendeur de prêt-à-porter, ne croit pas aux témoignages des gardiens qui soutiennent que ce sont les voleurs qui sont mis le feu. « Il y a un flou dans leurs explications. Ils ne sont pas cohérents. Aussi, ils sont au nombre de 4 gardiens que nous connaissons. Comment se fait-il qu’ils deviennent 6 d’un coup ? », dit-il. Couchée à même le sol, Salimata Kinda, ne s’en revenait toujours pas. Ce dimanche, elle, qui vendait des articles de boutiques et des condiments avait devant elle, une petite table sur laquelle étaient exposés quelques oignons. « Les gardiens disent que ce sont les voleurs qui ont mis le feu dans le marché. Nous ne savons pas si cela est une vérité ou pas. Les faits se sont passés tard dans la nuit. Seules les enquêtes pourront nous situer », déclarait-elle, l’air un peu perdue. Salimata évalue ses pertes à plus de 500 000 F CFA. Mariam Rouamba, deux jours après l’incident, ne pouvait toujours retenir ses larmes. Elle a perdu plus d’1 000 000 F CFA. « J’ai tout perdu. Et je ne sais pas à quel saint me vouer. Je n’ai plus rien », dit-elle à peine. Mariam vendait des boites de tomates, de mayonnaise, des layettes et bien d’autres articles. Sa petite sœur qui vendait des mèches et plaçait des faux oncles et cils, a elle-aussi, été victime.

Nous avons nos raisons aussi…

Soupçonné par plusieurs commerçants, nous avons rencontré l’un des gardiens pour avoir sa version des faits. Assis sous un hangar, Amado Sawaodog montre d’abord son pied toujours enflé après la « chasse » des voleurs. Les faits, dit-il, se sont effectivement passés tels que racontés par les commerçants. En tous les cas, poursuit-il : « Il fallait que l’on se sauve. Ils étaient plus nombreux que nous. Ils étaient aussi armés. Alors, même si nous étions 10, on ne pouvait pas les combattre les mains vides. Nous avons donc fui pour rentrer au marché ». A la question de savoir ce qu’il pense du soupçon des commerçants, Amado, avant de répondre confie qu’il est le tout premier gardien de ce marché. Il y travaille depuis près de 6 ans. « Les commerçants ont raison de douter de nous. Nous avons aussi nos raisons à nous », laisse-t-il entendre. Le marché de Tampouy est selon le gardien très mal organisé. Il dispose de 13 portes. Pire, il n’est pas clôturé. Quatre gardiens suffisent-ils pour assurer la sécurité d’un tel endroit ? En outre, ajoute Amado Sawadogo, « nous n’avons pas de salaire mensuel. Il faut très souvent poursuivre des commerçants pour qu’ils nous payent à raison de 1000F ou 2000F selon le hangar ». Tout réunis, les gardiens se retrouvent avec 45 000 FCFA ou moins que ça pour partager à quatre. « Est-ce un travail décent ? De plus, il nous arrive de rembourser lorsqu’il y a vol », confie le gardien qui ne se reproche de rien quant à cet incendie du marché de Tampouy. Seules les enquêtes de la police qui étaient présents sur les lieux le samedi pourront clairement situer sur les causes.

Bassératou KINDO
Lefaso.net



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