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8 Mars 2017 : Discours de Son Excellence Madame l’Ambassadeur du Burkina au Ghana

mercredi 15 mars 2017.

 

La journée internationale de la femme a été célébrée en différé par les ressortissants burkinabè vivant à Accra au Ghana. A sa résidence le 11 mars 2017 face à nos compatriotes, l’ambassadeur Clémence Traoré/ Somé a prononcé le discours ci-après.

Honorables invités,
Mesdames et Messieurs,
Mes chères sœurs,

En ce jour où nous nous retrouvons pour commémorer en différé la journée internationale de la femme, c’est avec plaisir que je prends la parole pour tout d’abord vous remercier et vous féliciter tous, d’avoir pris de votre temps pour venir célébrer la femme, votre mère, votre sœur, votre fille, votre épouse et compagne de tous les jours.

La journée internationale de la femme, célébrée le 08 mars de chaque année, a été officiellement instituée en 1977 par l’Organisation des Nations Unies même si selon l’histoire, des célébrations avaient été organisées depuis 1909 par les femmes de certains pays les plus avancés.

Selon l’ONU, la journée internationale de la femme est une journée au cours de laquelle les femmes sont reconnues pour leurs réalisations, sans égard aux divisions, qu’elles soient nationales, ethniques, linguistiques, culturelles, économiques ou politiques. C’est une occasion de faire le point sur les luttes et les réalisations passées, et surtout, de préparer l’avenir et les opportunités qui attendent les futures générations de femmes.

Cette année, l’ONU a choisi de placer la célébration du 08 mars sous le thème « les femmes dans un monde du travail en mutation : planète 50/50 d’ici 2030 » tandis que le Burkina Faso l’a placée sous le thème « la valeur morale de la personne humaine : responsabilité des communautés dans la lutte contre l’exclusion sociale des femmes ».
Tous ces deux thèmes nous interpellent sur la condition de la femme dans le monde du travail et dans nos sociétés.

Et si nous devons faire le point de l’évolution de notre condition depuis 1977, je dirais, mes chères sœurs que nous avons certainement enregistré des progrès dans plusieurs domaines. Ainsi par exemple le taux d’accès des filles à l’école a connu une amélioration de même que celui de l’accès à la santé avec la gratuité de certaines consultations et de certains soins pour les femmes. Dans le domaine de l’autonomisation économique, nous avons également enregistré des progrès avec la création de plusieurs fonds pour permettre aux femmes d’avoir accès aux financements, et dans celui de l’accès aux sphères de décision nous avons enregistré l’adoption de la loi sur le quota genre.

Aussi voudrais-je ici rendre un hommage appuyé à toutes les femmes mais également à tous les hommes qui n’ont cessé de lutter pour un monde où les femmes et les filles peuvent exercer leurs choix : le choix de pouvoir participer à la vie politique, le choix d’acquérir une éducation, le choix de bénéficier de revenus, le choix de vivre dans des sociétés exemptes de violence et de discrimination.

Mais, mes sœurs et frères, l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Malgré ces avancées, certaines de nos filles et sœurs continuent de voir leur droit à l’éducation, leur droit à la parole, leur droit à des postes de responsabilité bafoués, victimes de préjugés selon lesquels la place de la femme est à la maison, plus particulièrement dans la cuisine et non à l’école ou dans les sphères où se prennent les grandes décisions concernant la famille ou le pays. Des femmes, encore, sont victimes de pratiques néfastes comme le mariage précoce, le mariage forcé, les mutilations génitales féminines, l’exclusion sociale par allégation de sorcellerie et j’en passe. Enfin, sur le plan économique, bien que les femmes soient très nombreuses à mener des activités génératrices de revenus, leur pouvoir économique et leur autonomie financière sont très faibles.

C’est pourquoi, chères sœurs, nous devons nous organiser pour poursuivre la lutte dans tous les domaines pour un avenir meilleur des futures générations de femmes. Il ne s’agit pas de lutter contre les hommes comme certains hommes et même certaines femmes tendent à le croire. Il s’agit, par la sensibilisation, par la persuasion, par l’exemple, mais aussi par les textes, de montrer à tous que l’accès à l’éducation, le fait d’occuper des postes de responsabilité, le fait d’être financièrement autonomes, la possibilité de faire librement certains choix ne nous rendront pas, nous femmes, moins respectueuses, ni moins soucieuses du bien-être de nos familles, ni moins aptes à gérer nos foyers.

Au contraire, cela nous permettra de mieux prendre notre part de responsabilité dans l’épanouissement de nos familles et le développement de nos pays et du monde. Même si le chemin pour atteindre les objectifs d’une égalité de droits entre femmes et hommes est encore long, nous pouvons y parvenir si nous décidons tous d’être des acteurs du changement. Comme l’a dit la Représentante de ONU-FEMMES dans son message a l’occasion de ce 8 mars, je cite : « ce changement doit d’abord s’opérer au sein même des ménages et dès le jeune âge a l’école, pour qu’a aucun moment dans l’environnement de l’enfant, il ou elle n’entende que les filles sont inférieures, qu’elles doivent s’attendre à moins et être moins ambitieuses que les garçons » fin de citation.

Mes chères sœurs vivant au Ghana, afin de partager vos expériences et bonnes pratiques dans ce domaine et dans bien d’autres, je voudrais saisir cette occasion pour vous réitérer l’invitation que je vous lançais lors de notre célébration de 2015 à vous organiser au sein d’une association. Outre ce partage d’expériences, ce cadre de concertation vous permettra d’échanger périodiquement sur vos préoccupations particulières qui pourraient être prises en compte par l’ambassade ou portées à la connaissance des autorités burkinabè pour celles qui dépassent nos compétences. Je vous encourage donc fortement à réfléchir à la mise en place de ce cadre de concertation et l’ambassade pourra vous accompagner pour y parvenir.
Mes chers compatriotes, vous ne m’en voudrez pas, je l’espère, de saisir cette occasion pour dire quelques mots a la communauté tout entière. Il s’agit peut-être de choses que vous avez déjà entendues, mais que l’ambassade, par ma voix ou celle d’autres agents ne cessera de vous répéter.

Je voudrais vous inviter tout d’abord à faire de l’ambassade votre maison, notre maison commune où nous pouvons nous informer, participer aux différentes activités organisées, échanger sur tous les sujets concernant notre pays et notre communauté, apporter nos idées et notre contribution à la bonne marche et au développement de notre cher Faso.

J’invite ensuite ceux qui ne l’ont pas encore fait, à s’immatriculer auprès de l’Ambassade et à s’y faire délivrer différents documents administratifs burkinabè dont la carte consulaire. Il s’agit d’un acte administratif très important, qui, au delà de son caractère patriotique d’avoir un document montrant votre appartenance au Burkina Faso, permet aux autorités de notre pays de disposer de statistiques fiables pour élaborer leurs politiques et plans d’actions à l’endroit de leurs citoyens au Ghana. Et j’ajouterai que comme le Ghana et le Burkina Faso reconnaissent tous la double nationalité, vous pouvez, en tant que citoyens ordinaires, avoir les documents administratifs de ces deux pays et vous impliquer dans leur développement.
Je voudrais enfin vous appeler à vivre dans le respect de la règlementation de notre pays d’accueil, en bonne entente avec la population ghanéenne qui nous accueille, et à cultiver entre compatriotes des relations de fraternité, d’amitié et de solidarité en tous temps et en tous lieux.

Je voudrais également saisir l’occasion pour adresser au nom des autorités du Burkina Faso, en votre nom à tous, en mon nom personnel, mes félicitations à Monsieur ZINA DASSA qui vient d’être élevé au rang de chevalier de l’ordre du mérite burkinabè. Pour ceux qui ne le savent pas, Monsieur ZINA DASSA est un jeune entrepreneur burkinabè installé avec succès dans le domaine de l’imprimerie au Ghana et un des principaux soutiens de l’ambassade pour l’organisation des différentes manifestations, du déplacement de la délégation des femmes de notre communauté à Banfora au Burkina Faso pour leur participation à la célébration du 8 mars 2014 et pour la prise en charge des cas sociaux. Monsieur ZINA, merci pour tout ce que vous faites depuis longtemps dans la discrétion et j’espère que vous ne nous en voudrez pas de ne pas respecter votre discrétion habituelle en cette heureuse circonstance.

Honorables invités, mesdames et messieurs, mes chères sœurs, je voudrais pour terminer mon propos, adresser toute ma reconnaissance aux différents contributeurs qui nous ont permis d’organiser avec succès cette rencontre, mais surtout de montrer la solidarité de la communauté a une dizaine de nos compatriotes femmes démunies en leur rendant visite et en leur apportant des dons composés de vivres et autres produits de première nécessité. Par ma voix, ces femmes, le comité d’organisation et moi-même vous disons grand merci.

J’adresse également mes remerciements et mes félicitations au comité d’organisation et à tous ceux qui se sont impliqués pour l’organisation matérielle de cette célébration et vous renouvelle mes remerciements à toutes et à tous pour votre participation à cette modeste célébration de la journée internationale de la femme 2017 par la communauté burkinabè à Accra.

Je vous remercie de votre aimable attention.