Retour au format normal
lefaso.net

Accès à l’énergie : Quand Jean-Louis Borloo rêve grand pour l’Afrique

lundi 9 mars 2015.

 

Jean-Louis Borloo a présenté mardi dernier à Paris, son ambitieux plan pour l’énergie en Afrique. Passer du taux d’électrification actuel de 25% sur le continent à un taux de 100% à l’horizon 2025. C’est le défi que veut relever l’ancien ministre français de l’Ecologie avec son projet de fondation que certains qualifient déjà de ‘’plan Marshall de l’électrification de l’Afrique’’.

Avec la présentation mardi dernier à Paris du projet d’électrification totale de l’Afrique en dix ans, l’on est tenté de se demander si l’initiateur, Jean-Louis Borloo, va réussir là où les Etats et les institutions internationales de développement peinent toujours à obtenir de résultats probants. Après cinquante années d’indépendance, nombreux sont encore les Etats sur le continent qui ont un taux d’électrification inférieur à 20%, cela en dépit de l’énorme potentiel énergétique. Le grand Inga en République démocratique de Congo présente à lui seul un potentiel de 50 000 MW. C’est le double de la capacité du plus grand barrage hydroélectrique au monde à ce jour c’est-à-dire le barrage Trois Gorges en Chine. Quand l’on dispose sur un continent d’aussi importantes ressources et que l’on se retrouve aujourd’hui avec un taux d’électrification de 25%, il y a véritablement de quoi se poser des questions. Pire, lorsque l’on fait le rapport production énergétique par nombre d’habitants en Afrique au Sud du Sahara, l’on a à peine de quoi allumer une ampoule. Ainsi, la seule ville de New York aux Etats-Unis consomme autant d’énergie que la quarantaine d’Etats subsahariens, hormis l’Afrique du Sud. Devant un tel tableau, l’on a envie d’applaudir le plan Borloo. La thèse du nouvel avocat de l’accès de tous à l’électricité en Afrique est inattaquable lorsqu’il avance : « L’électricité n’est pas un sujet comme les autres, c’est un sujet en amont de tous les autres. L’électricité, cela veut dire l’accès à l’eau. C’est aussi la réduction de la déforestation, le développement de l’agriculture, la santé, l’éducation ». Là-dessus, l’on est tout à fait d’accord avec l’ancien ministre de l’Ecologie. On ne le dira jamais assez, « sans énergie, pas de développement ». Un autre point sur lequel Borloo mérite d’être soutenu, c’est la question du financement. Il faut absolument des investissements massifs pour faire émerger le secteur énergétique en Afrique. L’énergie coûte très chère. Et quand l’ancien ministre centriste avance le chiffre de 200 milliards d’euros pour la mise en œuvre de son plan, l’on se gardera de dire que c’est trop excessif. Mais, la question que l’on peut se poser est celle-ci : comment va-t-il s’y prendre pour mobiliser autant de fonds dans un monde où les financements s’obtiennent de plus en plus difficilement, du fait de la persistance de la crise économique ? Borloo a beau parler de partenariat public- privé, cela ne garantit pas les financements, surtout dans un secteur où les investissements sont rarement rentables à court et moyen terme. D’où la nécessité de mettre l’accent dans son plan sur les énergies renouvelables en vue de réduire non seulement les coûts des investissements à moyen et long terme ; mais aussi de tenir compte de la lutte engagée au niveau international contre le réchauffement climatique.

Sommet de Paris, un futur tremplin pour l’initiative Borloo

Là où on peut encore avoir du mal à suivre Jean-Louis Borloo, c’est lorsqu’il parle d’absence d’ « outil africain, géré par des Africains, avec des arbitrages africains ». On peut comprendre qu’il veuille susciter des adhésions autour de son projet de fondation ou de son idée de création d’une agence africaine de l’électrification ; mais de là à ignorer les structures existantes, c’est quand même aller trop loin. L’Union africaine dispose d’une commission de l’énergie chargée de coordonner les actions au niveau continental. Et au niveau des communautés économiques régionales, il y a des structures relais comme le Système d’échanges d’énergie électrique ouest-africain (EEEOA), en anglais, West African Power Pool (WAPP), dans la zone CEDEAO. Et ces structures traitent avec l’Union européenne ou d’autres partenaires multilatéraux dans le cadre de projets d’électrification sur le continent. Qu’on se le dise, au-delà de la personne de Borloo, c’est la France qui joue sa carte sur cette question de l’électrification en Afrique, après l’initiative des Nations-Unies ou celle du président américain Barack Obama. A neuf mois du sommet de Paris sur le climat, l’on comprend tout l’intérêt que représente l’initiative Borloo pour la France et ses autorités encore en retard sur la promotion des énergies renouvelables par rapport à des pays comme l’Allemagne ou la Chine. Et nul doute que le sommet de Paris sera un véritable tremplin pour l’initiative française, pardon l’initiative Borloo. Si le projet parvient à convaincre les bailleurs, naturellement c’est l’Hexagone qui en profitera pour améliorer sa participation à la promotion des énergies renouvelables. Cela contribuera aussi à créer des emplois à certains français et à relancer quelque part l’économie française. Vu sous cet angle, l’on comprend aisément la mobilisation politique suscitée autour du lancement du projet qui a enregistré même la visite surprise du président français, François Hollande, himself. En tant que pays hôte du sommet de décembre, la France entend donc être une force de proposition sur la question de la limitation du réchauffement du climat qui passe nécessairement par la promotion de l’accès à l’énergie.

Grégoire B. Bazié
Lefaso.net



Vos commentaires

  • Le 10 mars 2015 à 05:49, par What ? En réponse à : Accès à l’énergie : Quand Jean-Louis Borloo rêve grand pour l’Afrique

    Sinon, aucune gène d’être des assistés ? Les Africains Sont-ils incapables de résoudre leurs problèmes ? Comment on peut encourager l’assistanat à ce point ?

  • Le 10 mars 2015 à 08:24, par Megd’ En réponse à : Accès à l’énergie : Quand Jean-Louis Borloo rêve grand pour l’Afrique

    On a aussi en mémoire l’ambition de l’artiste Americano-sénéaglais Akon, mais jusqu’à présent, c’est le noir dans les villages africains.

  • Le 10 mars 2015 à 08:30, par capi En réponse à : Accès à l’énergie : Quand Jean-Louis Borloo rêve grand pour l’Afrique

    ha oui, l’europe toujours plus intelligente. je vais vous dire une chose : après l’esclavage les occidentaux ont eu l’intelligence de créer la colonisation et après ça le néo-colonialisme et maintenants...

  • Le 10 mars 2015 à 09:37 En réponse à : Accès à l’énergie : Quand Jean-Louis Borloo rêve grand pour l’Afrique

    Capi, pourquoi tu n’y as pas réfléchi à cette question avant Borloo ? Alors, maintenant que tu as fait le mort depuis tout ce temps, laisse ceux qui agissent le faire car 100% d’énergie en Afrique, ce n’est quand même pas rien. Andouille !!! Ce sont des gens comme toi qui tire toujours l’Afrique vers le bas. Un citoyen burkinabè intègre.

  • Le 10 mars 2015 à 11:42, par capi En réponse à : Accès à l’énergie : Quand Jean-Louis Borloo rêve grand pour l’Afrique

    Tu sais mon ami, je te comprends, tu es sous informé puisque tu n’as rien appris de l’histoire alors saches que tous ceux qui y avaient pensé ont été liquidés, kadafi en est un exemple plus recent pour toi car tu n’est pas assez intelligent pour que je te renvois plus loin.
    vous auriez dù parachuter ailleurs que sur ce continent car avec vous l’Afrique n’aura jamais son destin en mains. vous aimez les mirages vous. A tu besoin d’ètre aussi tarré pour ne pas comprendre que pendant que borloo vous endort la france pille nos ressources énergetiques.
    Areva au Niger n’a meme pas construit une petite centrale d’un seul Mw pour ce pays.

  • Le 10 mars 2015 à 14:05, par LÔ Sidy Mambaye En réponse à : Professeur à l’école supérieure politetchnique de Dakar Sénégal

    Bonjour, je pense que l’idée de Monsieur Borloo est une excellente idée .J’aimerai pouvoir le rencontrer.

  • Le 10 mars 2015 à 14:32, par Ismael En réponse à : Accès à l’énergie : Quand Jean-Louis Borloo rêve grand pour l’Afrique

    Merci capi pour m’avoir tiré les mots de ma bouche. Nous les africains, on reste encore enfant dans la tête, enthousiaste face à la nouveauté, gamin dans nos relations avec le reste du monde. Les relations internationales sont d’une noirceur, et d’une froideur sans pareille mais les africains continuent à se complaire dans un état amnésique. Nous sommes dans une lutte à mort avec le reste du monde, les occidentaux le savent mieux que quiconque mais les africains continuent de regarder ailleurs et surtout de s’affairer sur des futilités. J’ai suivi l’interview de Mr JL Borloo sur tf1 et j’ai manqué de convulser tellement... ouf ! Réveillons-nous, africains !!!! Soyons chacun à son niveau des actifs, pro actifs, des engagés dans le retour triomphal de l’Afrique sur la scène internationale.

  • Le 10 mars 2015 à 15:45, par Bamas En réponse à : Accès à l’énergie : Quand Jean-Louis Borloo rêve grand pour l’Afrique

    De grâce Mr le journaliste ! Ton article a été pertinent jusqu’au dernier paragraphe où tu as commencé à mettre en avant les intérêts de la France par rapport à ce projet ! Mais s’il vous plait dites-moi, honnêtement et humblement, qui d’entre la France et de l’Afrique gagnera-t-il si l’Afrique est à 100% électrifiée ? La France peut-elle plaider pour le financement de ce projet sans qu’aucun Français ne fasse partie des employés de ce projet ? L’Afrique a-elle les moyens de réaliser ce projet toute seule ? Il faut que nous les africains arrêtons de chercher des poux sur un crane rasé. C’est vrai, ce projet sera probablement un moyen pour la France (et d’autres pays) d’honorer en partie ses engagements d’investissement dans des Mécanismes de Développement Propre (MDP) issus du Protocole de Kyoto, bien sure si c’est les énergies renouvelables qui sont exploitées et qu’elle (la France) est le principal bailleur de fonds. Mais, cela n’est-il pas salutaire quand on sait que l’Afrique peine à attirer même 3% de ces investissements (MDP) sur son sol même si elle est la première victime du changement climatique ? Il faut savoir que les pays comme la Chine, l’Inde et le Brésil (et l’Afrique du Sud comme bénéficiaire potentiel en Afrique) s’accaparent le gros lot ces genre d’investissements, disons plutôt merci à Borloo et prions que son projet voit le jour, reste que nos Etats soient vigilants afin que ce projet ne s’assimile pas à un pillage de ressources énergétiques.

    Bamas.

  • Le 10 mars 2015 à 15:59 En réponse à : Accès à l’énergie : Quand Jean-Louis Borloo rêve grand pour l’Afrique

    Et c’est quoi la contrepartie ? Ce que j’ai appris c’est qu’un pays développé ne fait rien gratuitement pour un autre sous développé. Nous allons le rembourser 10 000 fois d’une manière ou d’une autre. Je pense que nous devons plutôt tenter de résoudre nos problèmes nous-mêmes.

  • Le 10 mars 2015 à 16:01 En réponse à : Accès à l’énergie : Quand Jean-Louis Borloo rêve grand pour l’Afrique

    Et c’est quoi la contrepartie ? Ce que j’ai appris c’est qu’un pays développé ne fait rien gratuitement pour un autre sous développé. Nous allons le rembourser 10 000 fois d’une manière ou d’une autre. Je pense que nous devons plutôt tenter de résoudre nos problèmes nous-mêmes.

  • Le 10 mars 2015 à 16:20 En réponse à : Accès à l’énergie : Quand Jean-Louis Borloo rêve grand pour l’Afrique

    Bravo à ce Monsieur- et dommage aux dirigeants qui n’y songent pas te jamais. C’est un mérite de rêver pour améliorer le mieux-être des autres pendant que ceux qui ont cette responsabilité ne pensent qu’à eux seuls. Normal, puisqu’ils ont des GE chez eux ; ils ont la lumière au temps de délestages ; ils ne séjournent jamais dans des milieux sans électricité ; loin des réalités, comment pourront-ils penser aux autres ??
    Bravo et que ce rêve devienne réalité.

  • Le 10 mars 2015 à 17:00, par l homme integre fache En réponse à : Accès à l’énergie : Quand Jean-Louis Borloo rêve grand pour l’Afrique

    "Les promesses n engagent que ceux qui y croient" Africains, asseyez vous et dormez, les Francais vous apportent l electricite, eux qui depuis toujours vous pillent

  • Le 10 mars 2015 à 18:23, par marrabout En réponse à : Accès à l’énergie : Quand Jean-Louis Borloo rêve grand pour l’Afrique

    Merci Capi que les Ancetres Africains te benisse. Ignorant la, dit moi ce que les blancs ont deja fait pour nous les noirs dans notre interet ? Rien.

  • Le 10 mars 2015 à 18:38 En réponse à : Accès à l’énergie : Quand Jean-Louis Borloo rêve grand pour l’Afrique

    laissez nous développer notre énergie à notre rythme,l’Afrique n’est plus une préfecture de la France. L’Afrique a besoin de l’énergie nucléaire pour s’industrialiser.pauvre hypocrite de Francais. au lieu de financer dans les secteurs de transformation vous (les occidentaux), vos financement sont orientés vers les droits de l’homme de la démocratie et de la promotion de l’homosexualité. l’émergence de l’Afrique peut-elle sortir de là ?gardez vos rêves pour vous !!!!!!! orientez vos réflexion pour réduire de votre taux de chômage ou votre pacte de responsabilité.RONIE

  • Le 10 mars 2015 à 20:06, par La’Ccord En réponse à : Accès à l’énergie : Quand Jean-Louis Borloo rêve grand pour l’Afrique

    "Aidez-nous ooh, aidez-nous !" L’enfance éternelle. Le problème de l’Afrique, c’est certains de ceux qui ont fait l’école : ils ont accepté la dépendance éternelle, et forcent leurs frères avec eux à demeurer dans l’esclavage. Ouvrez les yeux, mes chers !