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Vigilance : Ebola oblige !

vendredi 13 février 2015.

 

Mars 2014, Février 2015. Voilà bientôt un an que la maladie d’Ebola sévit dans des pays de l’Afrique de l’Ouest. Depuis le début de l’épidémie, on dénombre 9177 victimes sur 22 894 cas avérés selon l’OMS. Le Burkina Faso n’a pas encore enregistré de cas mais Ebola demeure une menace prise très au sérieux par les autorités de la santé. De nombreuses manifestations à grand rassemblement avaient été reportées par prudence. A quelques jours du FESPACO, nous nous sommes entretenus avec le Dr Sonia Ouédraogo, médecin spécialisé en épidémiologie et consultante à IRC Burkina pour mieux nous imprégner des mesures de sécurité.

Lefaso.net : Qu’est-ce que Ebola ?

Dr Sonia Ouédraogo : C’est une maladie causée par un virus. Ce virus provoque une maladie grave avec des hémorragies. Plus de 90% de personnes qui contractent la maladie en meurent. Cinq types de virus sont à la base d’Ebola mais nous en rencontrons surtout trois types actuellement. Ils sont issus de la famille de « filoviridae ». C’est le virus le plus long connu pour le moment. D’où son nom car il est en forme de fil. La transmission se fait par contact direct avec les fluides d’une personne malade ou lors d’un contact physique avec une personne décédée d’Ebola.

Quel est le bilan à l’étape actuelle au Burkina et dans la sous-région ?

Au début de l’épidémie, c’est vrai que j’ai eu l’impression que les Burkinabè étaient préoccupés par autre chose.Vu la situation politique, on ne s’attardait pas trop sur Ebola. Mais il y a eu un réveil avec le cas détecté au Mali. Le Ministère de la Santé et d’autres acteurs tels que la Croix Rouge et l’IRC ont entrepris pas mal de mesures pour lutter contre Ebola. Il y a eu de la sensibilisation sur les symptômes, les modes de transmission de la maladie, les moyens de prévention et la formation du personnel soignant, etc.
Sur le plan sous régional, il y a pas mal de pays qui ont réussi à maitriser la progression de la maladie. Le Mali par exemple a pu circonscrire ses cas d’Ebola, le Sénégal également. En Guinée et en Sierra Léone aussi la progression a fortement diminué. Ces deux pays ont du mal à gérer l’épidémie mais ils sont maintenant bien entourés et bénéficient d’un soutien. Je me dis que d’ici là, ça ira aussi.

Pour le moment le Burkina n’a pas encore enregistré de cas, comment continuer à se protéger ?

Il faut toujours se laver régulièrement les mains, continuer les campagnes d’information et de sensibilisation sur la maladie afin que chaque cas suspect détecté puisse attirer l’attention de la population afin qu’elle le signale aux services de santé.

De plus en plus de personnes utilisent des gels pour se désinfecter les mains, est-ce une solution efficace pour se protéger ?

Les gels désinfectants sont censés désinfecter, donc en théorie ils sont efficaces. Mais les gels que nous retrouvons sur le marché ici, nous ne connaissons pas leur provenance, nous ne savons pas s’ils ont été contrôlés, quelle est leur réelle teneur en alcool ? Aussi leur conservation laisse souvent à désirer : des vendeurs ambulants qui les transportent au soleil, avec des flacons sales, etc. Tout cela fait qu’on se pose des questions sur leur efficacité. Se baser uniquement sur ces gels pour dire qu’on se protège c’est vraiment insuffisant. Il faut plutôt se laver correctement les mains au savon et si possible faire passer le gel.

Quel genre de gel conseillez-vous ?

Je ne pourrai pas conseiller un type particulier de gel parce que ça risque de casser le marché de certaines personnes. Mais tout ce que je peux dire c’est qu’il est toujours préférable de les acheter en pharmacie ou de faire soi-même de petites recherches sur le net pour avoir quelques informations données par l’industrie pharmaceutique.

On constate de plus en plus l’installation de lave-mains dans les restaurants. Les sensibilisations ont- elles fini par payer ?

Oui, les campagnes ont fait leur effet. Je salue l’initiative des différents restaurants parce qu’il est très important de se laver les mains, pas seulement à cause d’Ebola mais pour beaucoup d’autres maladies dont la transmission se fait par les mains sales. Mais là encore il faut que ce soit des lave-mains adéquats. Il ne suffit pas juste de les installer, il faut aussi les entretenir. Il faut qu’ils soient propres, qu’il y ait de l’eau potable, du savon et de bonnes serviettes à côté pour que les gens puissent se nettoyer les mains.
Lorsqu’on finit de se laver les mains correctement, on prend un mouchoir jetable pour refermer la tête du robinet du lave-main. On doit éviter de remettre la main propre en contact avec la tête du robinet qui probablement a des germes (soit ceux qu’on avait au départ, soit ceux que d’autres personnes y ont laissés avant de se laver les mains).

Comment bien se laver les mains ?

C’est vrai que pour se laver les mains il ne suffit pas de se frotter les mains en deux secondes puis c’est fini. Il y a tout un procédé. Il faut mettre assez de savon, se frotter l’intérieur des doigts, ensuite mettre du savon dans la paume et se nettoyer les ongles des deux mains, après se nettoyer les paumes. Il est très important de se nettoyer les ongles parce qu’il y a pas mal de bactéries.

Y a-t-il des structures qui donnent des formations au lavage des mains ?

Au niveau d’IRC Burkina, nous avons justement organisé un atelier avec des journalistes où nous avons fait cas du lavage des mains.

Pourquoi n’en faites-vous pas dans les écoles ?

Je pense que c’est un problème de financement. Nous n’avons pas suffisamment de moyens pour réaliser de telles formations. Nous faisons donc appel à d’éventuels bailleurs de fond. L’idéal aurait été de passer dans les écoles et dans les marchés pour apprendre aux gens comment se laver les mains. Mais la formation avec les journalistes c’est dans l’esprit qu’ils transmettent au plus grand nombre ce qu’ils ont appris.

Depuis quelques jours les sensibilisations contre Ebola ont repris de plus belle. Par exemple un promoteur prévoit de former les restaurateurs et les tenanciers de maquis sur la question le 14 février. Le Cardinal a aussi décidé qu’on ne devait plus se serrer les mains à la messe, est-ce à dire que la situation est inquiétante ?

Non, la situation n’est pas inquiétante. Ce sont des mesures qui auraient dû être prises depuis très longtemps. C’est toujours dans une dynamique de prévention pas seulement contre Ebola, mais pour l’hygiène même en général.

Bientôt le Burkina va accueillir le FESPACO, nous recevrons beaucoup de monde de tous les horizons, quelles sont les mesures prises pour assurer la sécurité sur le plan sanitaire de tout ce beau monde ?

Je ne fais pas partie du comité sanitaire du FESPACO, mais j’imagine que des mesures ont été prises vu que nous avons des pays voisins qui ont toujours des cas d’Ebola. Notamment il y aura des médecins sur place, ils vont préconiser aux participants le lavage régulier des mains, l’utilisation des gels désinfectants. Aussi il y a des contrôles à l’aéroport et aux frontières à travers la prise de température des personnes qui entrent sur le territoire burkinabè.

Le Burkina est-il prêt à réagir au cas où… ?

Le ministère de la santé se dit prêt pour faire face à une éventuelle épidémie.
Une simulation d’une catastrophe découlant d’une pandémie a été faite du 14 au 18 juillet 2014 pour pouvoir intervenir si une situation pareille survenait. De même des kits de protection individuelle, des médicaments et des consommables avec l’appui de l’OMS et de Médecins sans frontières et l’appui l’Etat ont été constitués.
Il y a un numéro vert où les gens peuvent appeler. On peut aussi noter la construction d’infrastructures sanitaires avec du matériel adéquat pour faire face à une telle situation. A Ouagadougou par exemple, le CSPS de Yagma a été affrété à cet effet. L’un dans l’autre la surveillance continue aussi.

Interview réalisée par Aïssata Diallo (Stagiaire)
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Vos commentaires

  • Le 13 février 2015 à 14:40, par A En réponse à : Vigilance : Ebola oblige !

    Y a-t-il des structures qui donnent des formations au lavage des mains ?
    A cette question, madame la doctoresse, contacter aussi la Direction de la promotion de la santé du Ministère de la santé pour en savoir davantage ! en effet, cette direction à travers les services de promotion de la santé au niveau des directions régionales possède des capacités qu’elle a mis en œuvre dans le cadre de la sensibilisation de la population sur l’hygiène individuel et collective. le lavage adéquat des mains fait partie des tâches courantes de ces services ; elle a d’ailleurs, de concert avec le MENA, encouragé les instituteurs à faire appliquer par les élèves ces mesures élémentaires que sont le lavage des mains avec de l’eau courante et du savon (bouilloire, robinet...)

  • Le 14 février 2015 à 10:45, par Kôrô Yamyélé En réponse à : Vigilance : Ebola oblige !

    - A tu as raison. Moi j’ai vu une publicité dans ce sens à la télé. A voilà une contribution honorable. Merci à toi.

    Par Kôrô Yamyélé

  • Le 16 février 2015 à 05:00 En réponse à : Vigilance : Ebola oblige !

    Bonjour !
    Doctoresse, CSPS de Yagma comme site d’isolement a vécu !!
    Je vous (lefaso.net) suggère fortement de contacter un prestataire (spécialiste) qui est en plein (responsable) dans les structures du système de santé du Burkina Faso pour qu’il vous donne les bonnes réponses actualisées !!!!!!

  • Le 16 février 2015 à 05:07 En réponse à : Vigilance : Ebola oblige !

    Bonjour !
    Actualisez vos sources d’info tout en allant à la bonne source :
    - CSPS de Yagma comme site EBOLA a vécu !!!!!!
    - un cadre du système de santé sera mieux placé pour vous renseigner sur les mesures en cours contre Ebola au BF et pendant FESPACO !