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Déclaration de la CCVC sur le RSP : « L’existence de deux armées st incompatible avec la République »

Déclaration
dimanche 8 février 2015.

 

Le mercredi 04 février 2015, l’hebdomadaire conseil des ministres a été annulé tôt dans la matinée. Ainsi qu’on l’apprendra plus tard, un mouvement de protestation au sein du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) aurait conduit le Premier ministre à se réfugier chez le Mogho Naaba, où on assistera, toute la matinée, à un véritable ballet diplomatique mettant en jeu certaines forces sociopolitiques, coutumières et religieuses. Le blocage institutionnel ainsi occasionné a fini par secouer toute la ville de Ouagadougou.

Cependant, la cause de cette situation est restée pendant longtemps sous le sceau du secret (militaire !). Des informations fournies par les médias, le RSP aurait exigé du Premier ministre Yacouba Isaac Zida ainsi que des ministres militaires qu’ils rendent leur démission du gouvernement de transition. Ils auraient également exigé l’annulation de nominations récentes en leur sein ainsi que les projets de redéploiement les concernant. En effet, le communiqué officiel émanant de la présidence fait état de « …divergences qui sont nées au niveau du Régiment de sécurité présidentielle et ayant essentiellement trait à des questions de redéploiements et à des affectations et autres revendications ».
Cette crise ramène à la surface des débats actuels, la question du RSP. Faut-il le rappeler, le RSP est cette unité d’élite antirépublicaine créée, construite et déployée par Blaise Compaoré pour sa protection personnelle dans le dessein de régner à vie et pour des missions « spéciales ». Tout le long de ses 27 années de règne, cette unité, devenue une armée superpuissante, a été utilisée pour réprimer dans le sang les mouvements de contestations et les opposants au pouvoir de Blaise Compaoré. Le RSP à qui l’on doit la formule « si tu fais on te fais et il n’y a rien » est systématiquement déployé en violation des lois républicaines, sur tout terrain de lutte jugé « dangereux » pour le pouvoir Compaoré. Des éléments du RSP sont impliqués dans de nombreux assassinats politiques qui ont jalonné le règne de Blaise Compaoré. Il en est ainsi de l’assassinat odieux du journaliste émérite Norbert Zongo pour lequel la commission d’enquête indépendante (CEI) a identifié six « sérieux suspects » appartenant tous au RSP, dont Marcel Kafando, premier responsable de la garde rapprochée à l’époque. Plus près de nous, le RSP est encore impliqué dans la répression sanglante des insurgés des 30 et 31 octobre 2014, ayant entrainé de nombreux morts et blessés.

En raison de cette triste renommée, des profondes douleurs infligées à de nombreuses familles endeuillées, de la terreur exercée contre notre peuple et de son caractère antirépublicain, le Collectif de lutte contre l’impunité, créé au lendemain de l’assassinat de Norbert Zongo, avait exigé la dissolution pure et simple du RSP à l’occasion du dépôt des conclusions de la Commission d’enquête indépendante (CEI) en mai 1999. Le Collège de sages, créé par le Chef de l’Etat lui-même, dans son diagnostic de la crise et dans ses propositions de solutions, aboutissait à la même conclusion dans son rapport, d’août 1999, à savoir qu’il faut dissoudre le RSP.

Ainsi, les évènements du 04 février 2015 nous rappellent le caractère réel du pouvoir de transition affecté par la mainmise du RSP à travers le Premier ministre, Yacouba Isaac Zida, homme de confiance du président déchu et issu lui-même de cette unité. Dès le lendemain de l’insurrection, la CCVC avait, le 02 novembre 2014 à travers une conférence de presse, condamné le coup d’Etat militaire perpétré par le RSP avec la bénédiction de l’impérialisme et de la communauté internationale, ceux-là même qui, durant des années, ont toujours félicité Blaise Compaoré à chaque mascarade électorale. Aujourd’hui encore, alors que le peuple attend du pouvoir de transition qu’il prenne en charge de façon urgente ses préoccupations pressantes, dont les dossiers de crimes économiques et de sang, la vie chère, l’impérialisme lui fixe comme agenda de filer droit aux élections.

Ainsi assiste-t-on à une tentative de passer en perte et profits les aspirations légitimes des populations à voir leurs conditions d’existence s’améliorer, au prétexte que la priorité de la transition devrait être les élections.
Mais alors que devrait être la priorité de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), institution spéciale créée pour l’organisation des consultations électorales depuis plus 20 années ?

Les évènements du 04 février posent au fond, la question de la place et du rôle de l’armée dans une vraie république. Il est évident que l’existence de deux armées (et c’est bien le cas) est incompatible avec le caractère républicain de l’Etat. C’est pourquoi le tristement célèbre RSP doit être démantelé et ses éléments redéployés dans les autres unités de l’’armée nationale dont la mission principale, faut-il le rappeler, est de défendre l’intégrité territoriale du pays. C’est pourquoi la Coalition nationale de lutte contre la vie chère, la corruption, la fraude, l’impunité et pour les libertés (CCVC), exige la dissolution pure et simple du RSP. Cette question est inscrite dans sa plateforme d’action réactualisée et la CCVC se battra pour la satisfaction de ladite plateforme d’action.

Par ailleurs, pour la CCVC, les préoccupations pressantes des populations demeurent plus que jamais posées et à résoudre. Le pouvoir de transition peut et doit poser des actes dans le sens de réduire le fardeau de la vie chère pour les populations. Il doit travailler à recouvrer l’argent pillé pendant des années par les dignitaires de la IV° République à qui des comptes doivent être demandés. De même, il est impératif que les nombreux dossiers de crimes économiques et de sang soient traités.

NON à une armée dans l’armée !

Dissolution du RSP !

OUI à la prise en compte des aspirations du peuple !

Pour la poursuite de la lutte, restons mobilisés !

Ouagadougou, le 5 février 2015

Ont signé :

Pour la Coordination nationale, le Bureau :

P/ Le Président : Bassolma BAZIE, Secrétaire Général/ CGT-B

P/ Le 2ème Vice-Président, : François de Salle YAMEOGO, Secrétaire Général /SYNATEB

1er Vice-Président : Chrysogone ZOUGMORE, Président - MBDHP

Rapporteur , Guézouma SANOGO, Président – AJB

Rapporteur, O. Guy OUEDRAOGO, SG/CSB

Chargé de finances, Claude WETTA, S. Exécutif - REN- LAC



Vos commentaires

  • Le 7 février 2015 à 22:05 En réponse à : Déclaration de la CCVC sur le RSP : « L’existence de deux armées st incompatible avec la République »

    démanteler le RSP , c’est affaiblir le Burkina !!! c’est ça vous voulez ???????????

  • Le 7 février 2015 à 22:13, par sourougouloko En réponse à : Déclaration de la CCVC sur le RSP : « L’existence de deux armées st incompatible avec la République »

    Le vrai ptobleme au Butkina Faso , est la divergence des intérêts. Tout le monde prétend défendre les intérêts du peuple mais au moment de poser les actes concrets, on se rend compte que tout est hypocrisie. C’est pourquoi aucune lutte ne peut aboutir, seule celle qui a à moitié aboutie à mettre Blaise out du Burkina sans détruire sa force de nuisance. Si nous prenons le cas du RSP, cette unité est utile pour le Burkina, il suffit seulement de la redéployer et lui attribuer d’autres tâches pour qu’elle soit plus utile à toute la nation entière. Alors elle changera de dénomination et ne sera plus au service d’un homme ou d’un groupe d’individus. pourquoi un régiment pour la sécurité d’un président élu démocratique ? Les éléments de la sécurité présidentielle peuvent être composés de gendarmes ou de policiers pour sa sécurité rapprochée. Messieurs du RSP, réfléchissez avec la matière grise et non avec les canons pour ne pas donner raison à ceux qui vous accusent. Ne protégez pas vos intérêts personnels en protégeant ceux d’un homme ou un groupe. Protegez plutôt les intérêts de la nation.

  • Le 7 février 2015 à 22:24 En réponse à : Déclaration de la CCVC sur le RSP : « L’existence de deux armées st incompatible avec la République »

    peuple du burkina il tps de se reveiller. car comme on aime le dire il faut battre le fer pendant kil es chaud. si vous compter sur ce gouvernement de transition vous perdez votre temps. commen pouvez vous expliker k toutes les decisions prises au debut sont entrain d`etre abandonnees. je vous dit k ces par contrainte kils sont entrain de revenirs sur leurs decision ce ki a ete prouve le 4 fevrier. michel kafando sera tjr sous contrainte temps k ces gens seront laba

  • Le 7 février 2015 à 22:24, par sida En réponse à : Déclaration de la CCVC sur le RSP : « L’existence de deux armées st incompatible avec la République »

    tenons bien et toujours les yeux ouverts

  • Le 7 février 2015 à 23:33, par BAMASS En réponse à : Déclaration de la CCVC sur le RSP : « L’existence de deux armées st incompatible avec la République »

    Tous ceux qui réclament le démocratie peuvent aller aux USA. Ici c’est la féodalité qui a ses beaux jours. CHIRAC n’avait pas du tout quand il disait que : LA DEMOCRATIE EST UN LUX POUR LES PAYS AFRICAINS. Aillons le courage de l’accepter. Sur toute la ligne COMPAORE est rester CONSTITUTIONNALISTE.

  • Le 8 février 2015 à 09:27, par Abu imrane En réponse à : Déclaration de la CCVC sur le RSP : « L’existence de deux armées st incompatible avec la République »

    Le RSP n’a plus sa raison d’etre après la fuite de Blaise Compaoré. Il doit desormais intéré les rang de l’armée reguliere et republicaine sous peine de devenir une rebellion à l’interieur du pays. Ce qui est inadmissible dans un Etat de droit.

  • Le 8 février 2015 à 10:49, par Belibi En réponse à : Déclaration de la CCVC sur le RSP : « L’existence de deux armées st incompatible avec la République »

    Pour la poursuite de la lutte pour la satisfaction des points de la plate forme d’action, restons véritablement mobilisés !

  • Le 8 février 2015 à 14:52, par charly En réponse à : Déclaration de la CCVC sur le RSP : « L’existence de deux armées st incompatible avec la République »

    NON à une armée dans l’armée !
    Dissolution du RSP ! trouver les des dabas

  • Le 8 février 2015 à 20:29, par Nabiiga En réponse à : Déclaration de la CCVC sur le RSP : « L’existence de deux armées st incompatible avec la République »

    Attendons une minute ! Est-ce vrai que le RSP est mécontent ? Qui les paie dans un premier temps. N’est-ce pas le peuple, contribuable burkinabè qui assure ses émoulements. Mais, c’est le peuple qui demande qu’il soit intégré dans l’armée régulière. Où est le problème ? Le peuple ne peut point du tout exiger qu’une section des employés d’une entreprise privée soit tranférée dans une autre usine à moins que ces derniers soient nuisibles à quelque chose de la communauté dans laquelle est plantée l’usine. Pour la paix sociale, la communauté peut formuler de telle demande auprès de l’entreprise et l’entreprise doit exécuter car locataire du lieu. De même, les employés au service d’une entreprise ne peuvent pas non plus refuser d’être affectés dans une autre usine sans que l’employeur leur montre la porte. Un choix bien claire se présente : ou bien les employés acceptent d’être affecté ailleurs et donc restent à l’emploi de l’entreprise, ou bien ils suivent leurs égo, refusent de partir et perdent leurs emplois car l’employeur ne pourra plus assurer leurs salaires ; ésili, comme disent les congolais.

    Le cas de RSP est exactement le même. Nous, digne peuple de notre Faso assurons vos salaires et autres avantages sociaux tels que les bonus de fin d’année que vous reclamer avec force. Nous payons vos salaires non pas parce que vous êtes beaux encore moins pour la beauté de vos uniformes, mais plutôt pour le service de sécurité que vous êtes sensés nous offrir. D’emblée, c’est un contrat de travail : service contre salaire. Aujourd’hui, nous, l’employeur, vaillant peuple burkinabè qui assure vos salaires, vous annonce qu’il va vous affecter ailleurs dans d’autre garnisons et vous avez une voix à protester ? Sans doute que vous êtes arrogants des garçons gâtés qui méritent des corrections. Vous vous croyez qui dans un premier instant. Et si vous réfusez et le trésor publique refuse de vous payer, que feriez-vous. C’est quoi ce délire et enfantillage, en effet. Assez c’est assez

  • Le 9 février 2015 à 08:30 En réponse à : Déclaration de la CCVC sur le RSP : « L’existence de deux armées st incompatible avec la République »

    OUI POUR LA DISSOLUTION IMMEDIATE DU RSP

  • Le 9 février 2015 à 09:15, par Baguera En réponse à : Déclaration de la CCVC sur le RSP : « L’existence de deux armées st incompatible avec la République »

    des personnalités apparemment sérieuses à première vue ont montré leurs limites dans le traitement de la question du RSP.
    Certains ne méritent pas d’être responsables, parce qu’ils n’ont ni le sens de l’analyse, ni celui de la hauteur de vue d’hommes d’Etat.
    Le problème posé par le RSP n’a rien à voir avec une quelconque remise en cause de la transition, et cela, chacun le sait.
    Le RSP, ce sont des forces spéciales dont tout pays a besoin. Cela aussi, tout le monde le sait.
    Celui qui est en faute c’est Zida. Et cela aussi tout le monde le sait.
    Le populisme des transitionnaires, c’est le signe d’un manque de visions et d’initiatives constructives. Cela aussi et connu.
    La réalité, c’est que tout ce beau monde a peur d’un retour éventuel de l’ancienne majorité. Pourtant, personne ne pourra empêcher cela, parce que le peuple a compris que les vrais fossoyeurs du peuple sont ceux qui dirigent la transition avec leus acolytes. Au soir de cette transition, le soleil de l’ancienne majorité brillera de nouveau. Il en sera ainsi, parce que nul ne pour l’empêcher.