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CDP post-insurrectionnel, les vraies leçons restent encore à tirer

mardi 3 février 2015.

 

Enfin ! Le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) sort la tête de l’eau tumultueuse de la scène politique burkinabè. Moins d’un mois après la levée de la suspension que lui avait value son entêtement, le CDP sonne petit à petit le rassemblement et se met en ordre de bataille. Objectif : élections de 2015. Entre excuses et volonté de redorer le blason de son champion, Blaise Compaoré, le désormais ex parti au pouvoir, affute ses armes pour reconquérir le pouvoir qu’il a douloureusement perdu.

Ceux qui pensaient que la crise qui a emporté Blaise Compaoré allait du même coup emporter son giga parti doivent se raviser. Pour l’instant, le navire tangue, mais parait tenir bon. Cependant, les récentes sorties et déclarations des dignitaires de ce parti suscitent des inquiétudes. Si le CDP est dans son plein droit d’exercer ses activités politiques, il n’en demeure pas moins que certains propos et comportements conduisent, hélas, au-delà de toute considération partisane, à se demander si le message transmis par le biais de l’insurrection a véritablement été bien saisi par les premiers responsables de ce parti en perte de vitesse ; et si la suspension a d’ailleurs servi à quelque chose. Jusque-là, tout porte à croire que les ténors du parti n’arrivent pas à tirer bonnes leçons non seulement de leur histoire récente, mais aussi des dissensions auxquelles ils buttent depuis maintenant quelques années.

Pour ce qui concerne l’histoire récente (l’insurrection), les caciques du CDP devraient comprendre que les débordements observés –bien que condamnables- étaient le fait d’une exaspération, un défoulement, la désapprobation de la suffisance dont certains d’entre eux faisaient montre. En effet, il n’est pas exclu qu’une partie très importante de la population ait trouvé dans cette insurrection, l’occasion de se venger contre ceux qui constituaient des obstacles à leur réalisation, à l’affirmation de leur ‘’moi’’.
Par ailleurs, à écouter les différents démissionnaires du CDP depuis les refondateurs, les raisons du départ ont toujours porté sur le manque de démocratie interne, le clanisme, la monopolisation du parti. Toute chose que les primaires lors de la dernière législative et la gestion de la question de l’article 37 ont mise à nu. Le CDP serait donc un patrimoine, un bien qui ne doit servir que les intérêts d’un groupuscule bien précis ; ce qui ne devrait pas être la vocation d’un parti politique. Sinon comment comprendre qu’au lendemain du départ forcé de Blaise Compaoré, dans l’attente de la cicatrisation des plaies, des gens se mettent à réclamer son retour. Heureusement que des voix discordantes se font entendre.

Le groupe du Général de gendarmerie Djibril Bassolé (à moins que ce ne soit une mise en scène) et encore plus celui constitué par certains jeunes du parti conduit par Badra Ali Ouédraogo, semblent avoir mieux compris la leçon. Pour eux, le parti a commis une grave erreur politique et doit en tirer toutes les leçons qui s’imposent. Et cela commence par une dissolution du secrétariat exécutif national et une réorientation des actions du parti. Et, c’est le moindre mal ; car le parti aurait pu connaitre pire.

Les propos de Salia Sanou, ou encore la déclaration de la section de Côte d’Ivoire portent à croire que certaines personnes sont toujours hantées par les démons de la vengeance. Pourtant, la réflexion devrait être axée sur les aspirations réelles du peuple et le renouvellement des instances à moins que le parti n’ait un autre agenda. En outre, le C.D.P. ainsi que tous les autres partis politiques devraient comprendre que les mêmes personnes ne peuvent pas toujours faire la pluie et le beau temps. Chaque chose a son temps et il faut apprendre à quitter les choses avant qu’elles ne vous quittent.

Ousmane Paré
Lefaso.net



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