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Mariage collectif de policiers : Pari réussi pour la première édition

dimanche 1er février 2015.

 

Devant Dieu et devant les hommes, 60 couples se sont dit Oui ce samedi 29 janvier 2015. 60 couples qui ont en commun d’appartenir à un même corps : la Police. C’est le Président de la délégation spéciale de la commune de Ouagadougou qui a scellé ces unions, sans tambour, mais dans une discipline de caserne.

Peu avant 09heures ce samedi, la cour de la Mairie centrale de Ouagadougou grouillait déjà de monde. Un nombreux public, un dispositif policier de parade d’abord, de sécurité ensuite dans la cour ; au premier étage devant la salle des fêtes, les couples et leurs témoins se font « recenser ». En présence de certains invités. A ceux- ci, une voix autorisée de la Mairie va demander de redescendre, non sans expliquer que la salle ne peut pas contenir tout le monde. Avec sa capacité de 300 places, les couples et leurs témoins pour 260 et les officiels pour les 40 qui restent, personne d’autre ne peut s’y installer. « Il y a des hauts parleurs en bas et vous pourrez y suivre la cérémonie », conseille l’agent.

Une approche peu courante

Dans la salle, l’on installe progressivement les couples et leurs témoins. Des témoins absents comme le témoin 31 (les chiffres ont été beaucoup utilisés pour faciliter les choses), des mariées qui défilent dans les toilettes- l’émotion a des effets pervers-, l’attente durera une trentaine de minutes. Une attente souvent dans un silence de cimetière ; ce qui a parfois amené ce commissaire de Police à sillonner certaines allées en murmurant « Relaxe ! Relaxe ! ». Lorsque le « Votre attention s’il vous plaît » du maître de cérémonie fait accueillir le Ministre de l’Administration territoriale, il est 09h19. Peu de temps après, c’est l’officier d’Etat civil devant célébrer le mariage qui fait son entrée dans la salle. Boubou bleu, écharpe en bandoulière, l’arrivée de monsieur Damien Gampiné marque le début officiel de la célébration. Compte tenu du nombre de candidats, il a une approche plutôt peu courante. Pas question ici des détails classiques du genre « Monsieur X, vous êtes né le…, vous êtes fils de… et de … », il dit avoir confiance, surtout que ses vis-à-vis sont des agents assermentés. Aucun doute donc sur la véracité des documents fournis. Nom et prénom suffisent alors pour vérifier les présences. Dans le lot, deux couples polygames et deux autres monogames biens séparés. A tous, l’officier d’Etat civil a donné lecture des dispositions du mariage, surtout aux articles de 292 à 297, avant de recueillir les consentements, par couple.

Un consentement aux formules variées

« Monsieur X (ou Madame Y), consentez- vous à prendre pour épouse (époux) madame Y (ou monsieur X) ici présent (e) ? » C’est la formule consacrée pour recueillir le consentement. Et là, le fou rire s’est invité dans la salle par moments. Monsieur Kamboulé Bienvenu qui dit un « Présent » à faire voler le plafond de la salle, la désormais madame Bicaba qui répond « Oui mille fois », mademoiselle Kando qui à l’étape de son nom dit déjà un « oui » appuyé avant de lâcher un « Eh ! » coupable. Monsieur Bayiré qui répond « Oui je l’aime » au lieu de « Oui je le consens » comme il le devait, Monsieur Paré qui répond « Présente » au lieu de « Présent », l’émotion y était certainement pour quelque chose. L’émotion, mais aussi la fatigue. C’était certainement le cas pour le Président de la délégation spéciale. A force de dire la même chose, il avait fini par moments par dire « époux » quand il fallait dire « épouse ». En tout cas, pas un seul « Non » n’a été entendu. Alliances ensuite et livret de mariage après, c’aura été mission accompli pour cette première.

Pour le Directeur général de la Police nationale, ce mariage collectif est à applaudir des deux mains. « Nous les employons sur le terrain pour les activités professionnelles, mais nous savons que nous avons besoin d’avoir des policiers équilibrés… L’équilibre intérieur nous permet d’atteindre des résultats probants sur le terrain. », a déclaré Lazare Tarpaga.

Madame Sanou née Ouédraogo Marie Rose est l’initiatrice du mariage collectif. Pour elle « Ce jour est un jour béni ». Elle qui a été policière et qui constate le peu d’empressement des flics à sceller leurs mariages. A trois ans de la retraite, monsieur Tiéba fait partie des nouveaux mariés. Pour lui, ce n’était pas une fuite du mariage, mais un problème de calendrier. « C’était prévu il y a dix ans de cela », confesse t-il. Il avoue avoir maintenant eu largement le temps pour se consacrer à cela, et s’en réjouit déjà. « C’est intéressant pour moi parce que ça met l’ordre dans le foyer. Ça instaure la confiance entre vous et les enfants aussi sont contents », fait- il remarquer.

Pour cette première édition, madame Sanou s’en frotte les mains. Et preuve des émules qu’elle a pu faire, il y aurait déjà une soixantaine de dossiers pour la deuxième édition.

Samuel Somda
Lefaso.net



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