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Pèlerinage 2015 au sanctuaire marial de Yagma : Les explications avec le recteur, l’abbé Narcisse Guigma

samedi 31 janvier 2015.

 

Demain 1er février 2015, le sanctuaire marial de Yagma accueillera les fidèles croyants pour un pèlerinage présenté comme « pèlerinage diocésain à ouverture nationale » et où il est annoncé une action de grâce pour remercier Dieu pour le dénouement de la crise socio-politique qui a secoué le Burkina en 2014. Quelles sont ses spécificités, quel en est le programme exact, nous avons rencontré le recteur du sanctuaire, l’abbé Kiswensida Narcisse Guigma.

Le Sanctuaire Notre Dame de Yagma (SNDY) s’apprête à accueillir un pèlerinage national ; pouvez-vous nous en parler ?

Je saisis l’occasion de cette interview pour apporter quelques clarifications sur la spécificité du pèlerinage que nous vivrons au SNDY, les 31 janvier et 1er février 2015.
Tout d’abord, le thème de ce pèlerinage est formulé dans les quatre langues du Sanctuaire comme suit : « Dans l’Action de Grâce en famille avec Marie, soyons artisans de réconciliation, de justice et de paix. » ; Môore : « D zaka pugê, d naaga a Maryam sôngo, n puus wend barka la d yi sugri, zemsgo la laafi mètba. » ; Dioula : « Ka an to barka deli la gwasso kçnç ni Maria ye, an ka kè ben, tleniya ani hèrè sigi bagaw ye. » ; Anglais : “Along with Mary in our family, let us give thanks to God, and be promoters of reconciliation, justice and peace”

Ensuite, rappelons que ce pèlerinage a été préparé par un septénaire de prière avec Notre Dame de Yagma (NDY) afin que le Divin Sauveur délivre l’humanité du Virus d’Ebola, en nous faisant la grâce du remède (27- 12-14 au 1er -01-15). Dans le cadre de la préparation immédiate, il est proposé un Triduum de prière avec NDY les 28, 29 et 30 janvier. (Vous voudrez bien consulter le site du Sanctuaire pour de plus de précisions : www.sanctuairenotredamedeyagma.org)

En fin, le pèlerinage est diocésain à ouverture nationale. Qu’est-à-dire ? Selon la périodicité triennale du pèlerinage national voulu par la Conférence Episcopale Burkina-Niger(CEBN) depuis 1988, nous avons célébré en février 2012 un pèlerinage national. Récemment, la CEBN a voulu que l’action de grâce pour le cardinalat le 2 mars 2014 soit un pèlerinage national. Il était entendu que cette année-ci, le pèlerinage aurait été diocésain au SNDY et nous attendrions 2018 pour le pèlerinage national.

Suite aux événements de fin octobre 2014, le Conseil National des Laïcs (CNL) projetait d’organiser à la place de la nation de la révolution, une messe d’action de grâce et d’appel au renouveau de l’engagement des fidèles laïcs du Christ pour un laïcat plénier. La date choisie était le 1er février 2015.

Face à cette coïncidence de dates (pèlerinage diocésain et célébration nationale du Laïcat) et dans la volonté pastorale de réduire les déplacements de grandes foules et gagner en communion ecclésiale, la conférence épiscopale dans l’esprit de la collégialité a voulu que le pèlerinage diocésain soit ouvert à tous.

De la sorte, la CEBN a veillé (cf Ez 2, 1-3,12) à ce que la rigueur programmatique et prévisionnelle soit au service de la vision de foi (cf PF13 ; LF 1) et de la docilité au souffle de l’Esprit Saint. Le Cardinal (Evêque en charge du Laïcat) et son Auxiliaire, Mgr Léopold (Evêque en charge de la Commission Episcopale des pèlerinages et congrès Eucharistiques), consentirent à cette ouverture.

Pourquoi un tel thème ?

Cette question me renvoie à l’esprit du thème. A ce sujet, nous notons dans la « sensus fidelium »( le sens de la foi chez les fidèles) plusieurs motifs d’Action de Grâce : Action de grâce pour la famille humaine selon l’ordre de la création dans le respect de la complémentarité des différences ; Action de grâce pour la confirmation de cette famille dans l’incarnation du Verbe éternel en Marie, épouse de Joseph ; Action de grâce pour les fruits de l’efficace intercession de Marie auprès de son Sauveur et Fils Jésus-Christ pour la paix au Burkina Faso. Le Burkina Faso est consacré à Marie, Notre Dame de Yagma, par le Pape Jean Paul II (actuellement inscrit au martyrologe), le 29 janvier 1990.

Ce Burkina Faso a fait l’expérience combien puissante de la sollicitude maternelle de Notre Dame de Yagma, en sa faveur. Qui n’a pas vu ? Qui n’a pas vécu ? Qui avait prévu ? A la fin du mois de Marie et de la mission évangélisatrice, nous avons été témoins de la manifestation de la puissance invincible de l’Amour de Dieu pour ses « Pauvres », ses « humbles » (Luc 1, 52-53). C’est le lieu de transmettre notre conviction de Foi : Dieu est présent à l’histoire des épreuves de ses humbles. Il s’y révèle le seul secours en faisant « toutes choses nouvelles »en son temps (Ap 21, 5).

Le Psalmiste a raison d’inviter à la raison de la foi en clamant : « …, Israël mets ta foi dans le Seigneur le Secours le bouclier, c’est Lui… » ps 113b, 9ss
En réponse à l’amour fiable de Dieu (Cf LF 16), l’Eglise famille de Dieu au Burkina Faso, tous les burkinabè et partant toute l’humanité, est invitée à se renouveler dans son rapport à Dieu et dans son vivre en frères et sœurs. Dans le contexte social et politique du Burkina Faso ; avec une invite insistante à l’endroit des laïcs pour un engagement de témoignage qualitatif pro Christo ; l’exhortation apostolique post-synodale du pape Benoit XVI « Africae Munus » et l’exhortation apostolique « Evangelii Gaudium » du pape François s’interpénètrent et se complètent pour discerner les différents esclavages et démons dont le Burkinabè se libèrera pour le développement intégral de tous. Ainsi, « amour et vérité se rencontrent ; justice et paix s’embrassent » Ps 85, 11. C’est en ce sens que l’Episcopat Burkinabè est intervenu pour convier les fils et filles de l’Eglise à être artisans de réconciliation, de justice et de paix (cf. Message des Evêques du Burkina Faso sur la situation nationale du 04 novembre 2014).
C’est dire, toute la richesse de grâces dont le pèlerinage se veut être symbole pour l’Eglise Famille de Dieu au Burkina dans une dimension missionnaire ad intra et ad extra.

Faut-il donc comprendre que les événements que nous avons vécus au Burkina en octobre, qui est aussi le mois de Marie, ont un sens particulier pour vous ?

Les évènements d’octobre ont interrogé notre foi en Dieu, le Père et le Fils dans l’Esprit Saint et notre confiance en l’intercession de la Très Sainte Vierge Marie, Notre Dame de Yagma. Cette interrogation a mis en relief la fécondité des multiples formes de prière des chapelets et neuvaines pour la paix au Burkina. Elle a mis et met aussi en cause nos dispositions intellectuelles, morales, spirituelles et nos comportements dans la recherche concrète de la paix dont nous, burkinabè avons besoin pour notre épanouissement intégral. En ce sens, nous sommes tous et chacun selon son ordre et son rang, invités à faire notre autocritique. Cette autocritique qui s’est faite depuis les événements devrait déboucher sur un constat de renouveau. En tant que fidèles du Christ et citoyens de ce pays, il s’agit de lire ces événements à la lumière de la Parole de Dieu et accepter au fond de nous convertir. Dans cet ordre, la mise en garde du Maître et Seigneur, Jésus-Christ, nous est adressée : « …, je vous le dis ; mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous pareillement ! » Lc 13, 5. Ainsi, la conversion à laquelle nous sommes conviés, requiert que chacun se préoccupe d’enlever la poutre qui est dans son œil (Cf Lc 6, 41-42 ; Mt 7, 3-5). Cette poutre qui est une entrave au développement individuel et collectif. A ce propos, l’Eglise Catholique, attend de ses fidèles laïcs, de s’engager selon l’esprit de l’Evangile dans la gestion des affaires publiques, avec le soutien et l’accompagnement des prêtres et des évêques.

Quelles différences entre un pèlerinage national et un pèlerinage diocésain au plan organisationnel et qu’a de spécifique celui de cette année ?

Les différences sont de plusieurs ordres au plan organisationnel entre un pèlerinage nation et un pèlerinage diocésain, dont les plus essentielles peuvent être, sans compter les implications économiques, d’hébergement et de participation effective et directe des pèlerins des autres diocèses, selon l’énumération que nous en faisons. Premièrement il y a l’autorité ecclésiastique qui ordonne le pèlerinage. Le pèlerinage national est décidé par la conférence épiscopale d’une nation. Le pèlerinage diocésain relève de l’autorité de l’évêque diocésain.

Deuxièmement, il y a les autorités déléguées pour l’organisation. Quand le pèlerinage est national, le comité pour les pèlerinages intérieurs (CPI) qui est un des trois comités de la commission épiscopale pour les pèlerinages et les congrès eucharistiques (CEPCE), a charge de l’organisation dudit pèlerinage. Ainsi, le CPI fait appel aux commissions épiscopales de pastorale liturgique et de pastorale biblique, en prenant appui sur l’organisation déjà en place au SNDY. Dans le cas d’un pèlerinage diocésain, c’est le directeur diocésain de pèlerinage qui s’accorde avec la commission diocésaine de liturgie pour l’organisation.

Troisièmement, il y a le lieu où se déroule le pèlerinage. Le pèlerinage diocésain a lieu dans un site choisi par le diocèse. Quant au pèlerinage national, jusqu’à preuve du contraire, c’est au SNDY qu’il se déroule. Etant entendu que par la volonté de la conférence épiscopale du Burkina et du Niger c’est le site qui a été choisi. Relevons que le pèlerinage de l’Archidiocèse de Ouagadougou est spécifique du fait de la spécificité du SNDY qui a un statut d’abord diocésain, puis national et international. C’est un Sanctuaire doté d’une équipe presbytérale (Recteur et chapelains) et d’une organisation propre (administration et comites de bénévoles sans oublier les bienfaiteurs) pour l’accueil au quotidien de pèlerinage d’effectifs divers (pèlerinages individuels, de groupes-associations-mouvements, diocésains, nationaux et internationaux).

Quatrièmement, il y a les langues utilisées pendant le pèlerinage. Au pèlerinage diocésain, la langue ou les langues liturgiques du diocèse sont servies. Au pèlerinage national, un effort est fait pour que les langues les plus parlées soient utilisées. A ce niveau encore, le pèlerinage ouagalais est spécifique du fait du caractère cosmopolite de Ouagadougou et de l’option du SNDY d’user de quatre langues pour les pèlerinages majeurs : le Mooré, le Dioula, le Français et l’Anglais.

La spécificité de cette année, c’est que la conférence épiscopale a voulu que ce soit un pèlerinage diocésain à ouverture nationale. Le Sanctuaire, le comité diocésain de liturgie et les commissions épiscopales sont en collaboration pour son bon déroulement. Relevons que tous les évêques de la CEBN à l’exception d’un, seront présents à ce pèlerinage.

Peut-on attendre la venue d’invités spéciaux, notamment de Rome ?

Au registre des invités, nous attendons une délégation de l’église sœur de Chambéry avec leurs pasteurs dont l’Archevêque. De plus, Son Excellence Mgr Angelo BECCIU, Substitut de la Secrétairerie d’État du Saint-Siège (l’équivalant du Ministre des Affaires Intérieures du Saint-Siège) sera des nôtres. Sa présence marque la communion universelle et témoigne que la diplomatie du Saint-Siège est servante de la proclamation joyeuse de la Bonne Nouvelle.

Comment se prépare ce pèlerinage ? Y a-t-il des dispositions particulières (spirituelles, matérielles) à prendre pour vivre pleinement cet événement ?

Dans le contexte particulier du Burkina Faso et en communion avec l’Eglise universelle, nous sommes invités à porter dans un triduum de prière avec Notre Dame de Yagma, les intentions majeures concernant : la famille, les personnes consacrées et la paix. Chaque jour, nous porterons une intention spécifique. Chacun, selon l’organisation du diocèse ou de la paroisse, célèbrera le sacrement de la réconciliation pendant le triduum, participera à la messe quotidienne. (cf programme site SNDY)

Nous ouvrons ce triduum à tous. Le premier jour est dédié à la Famille(en tant que cellule de base de la société) avec une intention spéciale pour les victimes de fin octobre au Burkina et ceux des 16-17 janvier au Niger. Une considération particulière va au troisième jour, le vendredi 30 janvier dont nous vous livrons le contenu : « Dans le silence de la prière et du jeûne pour tous, si possible dans un élan œcuménique et de dialogue inter-religieux, nous prierons pour la Réconciliation et la Paix, en réparation de nos péchés contre l’amour de Dieu et du prochain, en réparation des différentes formes d’homicide, des crimes sociaux (esclavages) et économiques. Ce jour, l’Eglise Catholique est en communion de prière avec l’ONG « diakonia » pour la réussite de la transition dans notre pays, le Burkina Faso en attendant la célébration eucharistique du 1er février. »

Par ailleurs, tous ceux qui se sentent la vocation, peuvent contribuer de quelques manières à la préparation matérielle, qui par des dons en nature (chaises, tentes, citernes d’eau ou sachets d’eau, nettoyage du site, sanitaires…), qui par des dons en espèce ou par chèques au SNDY ou à l’Archevêché de Ouagadougou.

Le SNDY a lancé depuis quelque temps une opération de collecte de fonds pour la clôture du site ; pourquoi une telle opération et où en sommes-nous aujourd’hui ?

Cette opération vise à clôturer le SNDY. La clôture favorisera le respect par les riverains, les ramasseurs d’agrégats, les cultivateurs en quête de champs et les usagers des voies intérieures au Sanctuaire, du caractère privé de la propriété. De même, elle sécurisera les investissements sur le site et donnera la possibilité de créer un cadre floral et environnemental convenable pour le recueillement et la prière. De plus, elle permettra au Sanctuaire de satisfaire à certaines exigences domaniales. A ce sujet, nous remercions le Ministère de l’Economie et des Finances, de même que la Direction Générale des Impôts qui accompagnent le SNDY avec diligence.

Voici le bilan que nous en faisons à la date du 25 janvier 15 (sauf erreur).

Après les trois phases, nous avons opté de dédier la quatrième phase aux femmes en attendant de lancer la phase des hommes. L’état des contributions du 1er juin 2013 à ce jour, donne les résultats suivants : 53 contributions familiales : 8 525 000 frs = 65 balises + 75 000 frs ; 215 contributions des femmes : 14 093 605 frs = 108 balises + 53 605 frs ; 115 contributions des hommes : 4 131 700 frs = 31 balises + 101 700 frs ; 48 contributions des groupes, mouvements, associations, paroisses & comités : 8 618 430 frs = 66 balises + 38 430 frs. Soit un total général de 35 368 735 Francs CFA. 123 balises ont été confectionnées à hauteur de 13 530 000 frs.

Nous avons dépensé 2 173 500 + 34 600 pour des ralentisseurs, des barrières et des tranchées dans le cadre de la sensibilisation des usagers de nos voies intérieurs, sur le caractère privé du site. Il est à noter que l’argent utilisé (11 074 444 frs) au début pour la délimitation visible du périmètre avec les 86 balises, appartenait au projet de la Maison du pèlerin St Michel. Du coup, les bons comptes faisant de bons amis, il est comptable de le restituer. Au finish, 35 368 735 – (13 530 000+11 074 444+ 2 173 500+ 34 600)= 8 556 191 ( soit 65 balises et 106 191 frs). En ajoutant théoriquement les 65 balises aux 209 déjà confectionnées, le constat est que nous avons (274 balises-246 balises initialement demandées=28) un surplus de 28 balises. La somme qui correspond aux 28 balises sera utilisée pour la construction du mur. Ainsi, nous saurons à combien de frs CFA revient un pan de mur de 6m ou 12,5m ou 25m ou 50m. Alors, nous lancerons la phase des hommes. En attendant, nous poursuivons la prolongation de la phase des femmes, en espérant que le plus grand nombre de femmes contribue avant la clôture de leur phase.

Avez-vous un appel spécial à lancer ?

Le SNDY dans la continuité historique de sa construction, constitue un vaste chantier où le rêve est permis ensemble et où surtout la foi opérante est manifeste. Il attend de tous (frères et sœurs d’un même Père, Dieu) et de chacun, de la nation et des autres nations, une contribution immatérielle et matérielle.
Certains projets sont en exécution : perfectionnement de l’organisation d’animation et de gestion en vue de l’autoprise en charge ; dotation d’une sonorisation efficace ; construction d’un mur, d’une hôtellerie (Maison du pèlerin St Michel) et l’aménagement du site. D’autres projets sont en étude : Maison d’une communauté de contemplative pour les offices à la BNDY ; Maison d’une communauté semi-contemplative pour la gestion de l’hôtellerie ; les aménagements de l’esplanade verte et tout autour de la Basilique ; des sanitaires spatialement bien répartis ; un ermitage ; un centre de retraite spirituelle ; un centre hospitalier…etc. N’ayons pas peur de nous sacrifier pour l’édification de notre sanctuaire. D’autres se sont sacrifiés pour leurs sanctuaires et nous nous y rendons. Faisons de même pour que d’autres viennent chez nous.
Ce pèlerinage veut contribuer à la paix par la réconciliation et la justice dans la joie de vivre et de construire ensemble, au Burkina, au Niger et partout dans le monde. Que l’intercession de Notre Dame de Yagma, nous accompagne et nous soutienne en famille, partout et pour tout ! Amen

Entretien réalisé par Cyriaque PARE



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