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Gouvernance politique et économique : vers une nouvelle façon de faire…

lundi 2 février 2015.

 

Les regards sont maintenant tournés vers 2015 avec l’espoir que les élections ouvrent enfin une nouvelle page pour le pays ; page qui sera marquée par la justice, l’équité, la lutte contre l’impunité, la corruption, la grande criminalité, bref que la quiétude règne. Telle est d’ailleurs l’aspiration de tout peuple en tout temps et en tout lieu.

Cependant, partout dans le monde, ce vœu légitime des peuples est bafoué, sacrifié sur l’autel d’intérêts individuels et égoïstes. Le sous-sol des différents Etats regorgent d’énormes ressources à même de satisfaire les besoins vitaux de tous. Mais malheureusement, le système économique qui gouverne ce monde fait en sorte que certains Etats, militairement puissants, soumettent les autres à leur diktat et exploitent leurs ressources, leurs biens tout en oubliant que ces peuples aspirent au même bien-être qu’eux. De même, à l’intérieur des différents Etats (riches comme pauvres) des individus, du fait du même système, sont arrivés à emmagasiner un avoir énorme, une très grosse fortune. S’inspirant du dernier classement du magazine Forbes, La Tribune établit que les 85 premières fortunes du monde disposent à eux seuls de la moitié des richesses mondiales. A eux, tout est permis. On dépense sans compter. Quoi de plus normal, puisque c’est le fruit de leur travail ; diront certains.

Mais le hic ici est tout simplement que ces personnes qui disposent de tout ou presque, ne cessent d’amasser des richesses ; et ce, à tout prix. Exploitation des salariés, fraude fiscale sont les délits qui leur sont souvent reprochés. L’inégalité sociale est flagrante. Au moment où certains baignent dans un luxe insultant, d’autres manquent de tout ; pire, meurent de faim. Ce constat est aussi bien valable ailleurs qu’au Burkina Faso et engendre les mêmes conséquences : contestations, révoltes, suicides.

Ainsi, l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 au Burkina, s’inscrivait-elle dans cette logique. Plus qu’un homme, un régime, un système ; le peuple burkinabè marquait sa désapprobation vis-à-vis d’une manière de faire, de gérer. L’injustice, la corruption, le népotisme et surtout les inégalités sociales criardes sont les maux que le peuple a voulu rejeter ; et ce d’autant plus que la pression n’a point faibli malgré le départ de Blaise COMPAORE. Mieux, elle s’est accentuée au point de s’apparenter à de la provocation. Ni la menace, ni la répression ne pourra la canaliser. Elle peut s’estomper mais ne disparaitra que lorsque les préoccupations réelles seront mesurées à leur juste valeur. La transition qui devrait jeter les bases d’une bonne gouvernance politique et économique est en train de faire la passe aux futurs gouvernants démocratiquement élus. Pourtant, les hommes politiques, habituellement mus par leurs intérêts et de connivence avec les milieux d’affaires ne parviendront que très difficilement à répondre aux aspirations du peuple.

Par ailleurs, si aucune réponse adéquate n’est apportée à ces soucis majeurs du peuple assez-tôt, le gouvernement, issu des élections de 2015, risque d’avoir maille à partir avec les contestations ; car ils sont innombrables, les besoins latents. Toutefois, la situation au Burkina semble propice à la réinvention d’une roue qui puisse permettre de faire la politique autrement. L’insurrection populaire et l’histoire politique du Burkina sont pleines d’enseignement dans ce sens. Mais avant, il faudra savoir que les doctrines politiques (socialisme, social-démocratie, libéralisme, etc.) calquées sur des modèles occidentaux qui d’ailleurs montrent de plus en plus leurs limites, ne pourront pas sortir l’Afrique de l’ornière. Elles ne peuvent qu’engendrer des inégalités, l’exploitation de l’homme par l’homme. Alors, le développement à l’occidental n’est pas le seul qui vaille.

Des modèles politiques et économiques inspirés de la Révolution d’août 83 menée par le capitaine Thomas Sankara, du « grégarisme africain » du Dr Laurent BADO ou encore du « développement endogène » du Pr Joseph Ky-Zerbo qui mettent l’accent sur les valeurs africaines et la collectivité au détriment des intérêts égoïstes, méritent d’être pensés afin que le Burkina trouve le chemin d’un développement harmonieux.

B. Ousmane PARE
Lefaso.net



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