Transition politique au Burkina Faso : Pour que diriger ne rime pas avec « méfiance », « dégoût » et « déception » !La transition en cours dans notre pays révèle cette réalité dans la société burkinabè : Chaque Burkinabè étant convaincu que, c’est l’autre qui est mauvais ; c’est l’autre le problème. Il n’y a pas longtemps, ceux qui étaient prompts à dénoncer sont aujourd’hui aphones face aux mêmes pratiques qu’ils ont pourtant combattues aux côtés des populations et du peuple. Pire, ils détestent qu’on leur oppose ce que eux, ils avaient opposé aux autres. Les dates des 30 et 31 octobre, constituent pourtant un « nouveau » point de départ, avec les engagements forts que l’ensemble du peuple a pris. Du moins, « c’était » la compréhension. Avec la conviction que les dernières gouttes de sang versées et les derniers souffles rendus par des vaillants filles et fils du pays serviront, désormais, de vrais repères pour chacun. Cela a été rappelé, à volonté, et à maintes occasions de rassemblements et de discours…Avons-nous donc décidé de trahir ces engagements ou tout simplement de les oublier ?…Hier seulement !« Plus rien ne sera comme avant », a-t-on été prompt à acquiescer. Faut-il admettre que notre « intégrité » ne tient que lorsqu’on est en position de critiquer les actions de l’autre ? La peur de la transparence ? Quoi qu’on dise, la dynamique du « plus rien ne sera comme avant » doit être insufflée par les hommes et femmes appelés à la « rescousse » pour animer les organes de la transition. Sans que chaque Burkinabè ne puisse, pour autant, se dérober également de sa part à apporter dans l’édification de « ce nouveau Burkina ». Dans cette transition, on pourrait donc, à la limite, accepter que les uns et les autres, ceux qui sont responsabilisés dans la transition, ne réussissent pas à incarner en actes, les attentes des Burkinabè exprimées à travers l’insurrection populaire. Mais il serait pernicieux, voire inacceptable, que ceux à qui les populations et le peuple ont placé leur confiance ferment les yeux, ou tombent dans des pratiques que tous les Burkinabè ont pourtant combattues. Récemment seulement. Tout simplement parce que cela leur profite. Le 24 décembre, lors du tout premier point de presse du gouvernement de la transition, le ministre de la communication avait, suite à une question d’un confrère, affirmé que la déclaration de biens des membres du gouvernement allait être effective « dès la semaine qui allait suivre ». A ce jour, rien ! Laissant les Burkinabè dans les spéculations et le tourbillon. « Transparence » et gouvernance ne font-elles pas bon ménage ? C’est l’une des valeurs que les Burkinabè ont pourtant défendues corps et âme ! Au moment même où les regards des Burkinabè sont toujours orientés sur le Conseil national de transition (CNT) parce que les émoluments de ses membres sont jugés « immoraux » dans un contexte comme celui que traverse le pays, il est aussi juste de souligner que cette « moralisation » de la vie publique doit être traitée globalement. Ne serait-ce que par devoir de mémoire, par respect de l’esprit des 30 et 31 octobre. On ne peut pas demander au peuple de s’inscrire dans cette logique, tout en se soustrayant à cela. Ça frise la mauvaise foi. Parlons-en parce que l’échec de cette transition ne fera la fierté et l’honneur d’aucun Burkinabè. A quelque niveau qu’il se trouve. Parlons-en parce que, pour parvenir au résultat souhaité, il est impératif qu’on ne perde pas du tout de vue les engagements pris au soir des 30 et 31 octobre. En tout cas, ce « Burkina » rêvé par tous les Burkinabè ne s’obtiendra pas si personne, à commencer par là-haut, ne veut se soumettre au sacrifice qu’impose toute « révolution ». Le problème aux textes et aux institutions ? Aujourd’hui, face à la situation, une seule impression nous anime : on ne peut pas être dans les affaires publiques sans scléroser ses valeurs d’intégrité. A telle enseigne qu’il est de plus en plus inimaginable que l’on soit responsable pour servir sa société plutôt que de se faire les sous et le matériel. Pourtant, c’est ce que Thomas Sankara a fait et a voulu laisser aussi comme héritage ! Celui-là même qu’on se plaît à citer pour se faire applaudir. Quand bien il avait toute la latitude…,Sankara n’a pas voulu se faire sur la sueur, les larmes et la souffrance des autres, n’est-ce pas ! Bien mieux encore, il a été, en termes de sacrifice personnel, plus sévère envers lui-même que ce qu’il a demandé aux autres.
Si on n’y arrive pas, c’est que les larmes versées suite aux évènements, l’hymne national entonné à toutes ces occasions et la devise citée ne sont que, malheureusement, de simples scènes de comédie. Oumar L. OUEDRAOGO |
Vos commentaires
1. Le 22 janvier 2015 à 06:12, par dablo En réponse à : Transition politique au Burkina Faso : Pour que diriger ne rime pas avec « méfiance », « dégoût » et « déception » !
Les populations et le peuple sont dupes ou ne veulent pas de changement et jouent à l’hypocrisie, sinon comprendre que ces populations et ce peuple confient leur destinée à ceux qui ont géré ce pays durant 27 ans sans le lever le petit pouce. Un voleur peut il dénoncer un autre voleur et le juger ? Non ou si lui même renonce au vol et je pense que ce n’est le cas présent. Les populations et le peuple aiment le sensationnel et les dirigeants connaissant ce point faible savent choisir les mots pour faire applaudir les imbéciles que nous sommes. Et ce sera ainsi tant que nos mentalités ne changeront pas. On réfléchit avant d’applaudir surtout quand on connaît qui est l’orateur et non le contraire. Nous méritons alors ce qui nous arrive et nous arrivera.
2. Le 22 janvier 2015 à 08:15, par Sidpayete En réponse à : Transition politique au Burkina Faso : Pour que diriger ne rime pas avec « méfiance », « dégoût » et « déception » !
Les criards d´hier retroussent leurs manches pour souper au prix du sang des marthyrs et des larmes de leurs familles. La morale a foutu le camp au pays des hommes dits integres.
3. Le 22 janvier 2015 à 09:10, par Manic En réponse à : Transition politique au Burkina Faso : Pour que diriger ne rime pas avec « méfiance », « dégoût » et « déception » !
"Le problème du Burkina tient donc moins aux textes et aux institutions qu’à notre bonne foi".
Tout est dans cette phrase ! Il ne sert à rien de vouloir "toiletter" les textes de loi, de faire des assises, de changer de république, voir la forme même de l’état. Une homme de mauvaise foi cherchera et trouvera toujours le moyen de respecter le texte dans sa lettre tout en le trahissant dans son esprit.
4. Le 22 janvier 2015 à 09:18, par podrbem En réponse à : Transition politique au Burkina Faso : Pour que diriger ne rime pas avec « méfiance », « dégoût » et « déception » !
Une chose est sûr,même nous ne regreterons pas le départ de Blaise,c’est sûr que nous regreterons d’avoir permis ses avides du gains faciles arrivées aux affaires.en réalité nous avons reconduit l’ancien systeme avec moins de competence cette fois-ci.
5. Le 22 janvier 2015 à 09:54, par Peuple En réponse à : Transition politique au Burkina Faso : Pour que diriger ne rime pas avec « méfiance », « dégoût » et « déception » !
Au burkina, nous avons un peuple méchant et jaloux qui n’aime pas voir l’autre évoluer. Dans ces conditions que chacun se cherche. Ceux qui gère la transition ont tous compris.
6. Le 22 janvier 2015 à 09:55, par Peuple En réponse à : Transition politique au Burkina Faso : Pour que diriger ne rime pas avec « méfiance », « dégoût » et « déception » !
Au burkina, nous avons un peuple méchant et jaloux qui n’aime pas voir l’autre évoluer. Dans ces conditions que chacun se cherche. Ceux qui gère la transition ont tous compris.
7. Le 22 janvier 2015 à 11:38, par Arianna En réponse à : Transition politique au Burkina Faso : Pour que diriger ne rime pas avec « méfiance », « dégoût » et « déception » !
Vraiment, félicitations, cher journaliste, pour cette profonde réflexion. Merci pour cette honnêteté intellectuelle !
8. Le 22 janvier 2015 à 11:57 En réponse à : Transition politique au Burkina Faso : Pour que diriger ne rime pas avec « méfiance », « dégoût » et « déception » !
Brillante réflexion ! Il faut vraiment regretter ce que nous constatons dans cette transition. On constate simplement que c’est le otes-toi que je m’asseye !
9. Le 22 janvier 2015 à 11:57, par le profane En réponse à : Transition politique au Burkina Faso : Pour que diriger ne rime pas avec « méfiance », « dégoût » et « déception » !
Franchement,j’attends le gouvernement sur trois dossiers precis:la declaration des biens de chaque ministre,leur traitement salarial et les audits des ministeres sous blaise compaore.de la transparence du traitement de ces dossiers dependra leur degre d’integrite a nous mettre sur la voie d’un burkina nouveau.
10. Le 22 janvier 2015 à 12:18, par El Magnifico En réponse à : Transition politique au Burkina Faso : Pour que diriger ne rime pas avec « méfiance », « dégoût » et « déception » !
Devandougou, que Dieu te bénisse !
Merci au Cardinal Philippe !
Félicitations à tous mes musulmans du Burkina !
Je suis catholique non pratiquant. Je crois en Dieu, Allah Le Tout-Puissant qui me recommande d’aimer mon prochain. Si tu n’aimes pas ton frère ou ta soeur que tu côtoies tous les jours, comment peux-tu prétendre aimer Allah que t’as jamais ? Logique et pratique, non ?
11. Le 22 janvier 2015 à 14:12, par Leuk En réponse à : Transition politique au Burkina Faso : Pour que diriger ne rime pas avec « méfiance », « dégoût » et « déception » !
Brillante reflexion cher frère. Je me rappelle encore les applaudissements nourris au palais de la culture, la joie de Me Sankara et du peuple lorsque le président donnait son discours. "Plus rien ne sera comme avant"... Eh ben les choses sont toujours comme avant. Le premier et dernier discours du grand KAF : nous ne tolerons plus les manifestations injustifiés. Il oublie aussi facilement d’où il vient, de la rue ou grâce à la rue. "Plus rien ne sera comme avant"... A ce jours, le peuple ne sait pas combien gagne son président et ses ministres. "Plus rien ne sera comme avant"... tandis que des frères de la même religion sont nommés à des postes clés. Nous sommes informés de tous et le jour viendra où ce même peuple se soulevera une troisième fois... Il y a jamais un sans deux et jamais deux sans trois... Pour ma part les soit disant députés de la CNT ne devront qu’etre que des bénévoles qui ont des idées pour le developpement de notre cher faso et non des hauts fonctionnaires.
"Plus rien ne sera comme avant"... Eh ben§
12. Le 22 janvier 2015 à 16:53, par CHARLY En réponse à : Transition politique au Burkina Faso : Pour que diriger ne rime pas avec « méfiance », « dégoût » et « déception » !
Diriger au BF va rimer avec méfiance, dégout et haine car c’est ce que ceux qui dirigent actuellement ont cultivé dans le mental des gens depuis belle lurette. On récolte ce qu’on sème. Quand tu te couches et que tu craches ca retombe sur ton visage.
13. Le 22 janvier 2015 à 17:56, par Dit vrai En réponse à : Transition politique au Burkina Faso : Pour que diriger ne rime pas avec « méfiance », « dégoût » et « déception » !
C’est bien clair, limpide votre réflexion monsieur le journaliste. Toiletter les textes est bien plus difficile que de dire ce qu’un ministre gagne en fin de moi, plus difficile que de déclarer ses biens. C’est pourquoi je dirai que les autorités de la transition veulent nous voiler la face pour se "sucrer". Peut être que c’est vrai que Zida a un immeuble !
14. Le 22 janvier 2015 à 23:06 En réponse à : Transition politique au Burkina Faso : Pour que diriger ne rime pas avec « méfiance », « dégoût » et « déception » !
C’est trop propre, monsieur le journaliste. C’est ce genre de réflexion on veut lire
15. Le 23 janvier 2015 à 03:16, par Jeunedame seret En réponse à : Transition politique au Burkina Faso : Pour que diriger ne rime pas avec « méfiance », « dégoût » et « déception » !
Pauvres Burkinabè ; vous vous êtes fait avoir ! Révisez le français. Le patron a bien dit : "plus rien ne sera comme avant" ; il n’a pas dit "plus rien ne sera PIRE comme avant". Vous avez vite compris que tout sera meilleur. Alors que la différence n’implique pas la perfection. Bon ou mauvais changement ? Fallait demander la précision à l’auteur au début.