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lefaso.net

Le civisme si loin, si près

mercredi 7 janvier 2015.

 

Selon l’Office national de la sécurité routière (ONASER), 6787 personnes ont été tuées sur la route entre 2004 et 2013. Soit 679 personnes tuées par an. Plus de 70% de ces accidents impliqueraient les véhicules à deux roues. Les chiffres font froid dans le dos. « Ce n’est pas la route qui tue, c’est l’ignorance », se convainc t- on du côté des instances de promotion de la sécurité routière. Des accidents dont la plupart auraient pu être évités si nous faisions preuve d’un peu de discipline sur la route.

Mais non ! La vieille rengaine prospère toujours : La liberté individuelle dans l’approche à la route. Quand on n’est pas peu commode avec le casque, ce sont les moyens qui manquent pour s’en acheter un. Plus surprenant encore comme défense de la gent féminine surtout : le casque couvrirait beauté et accessoires de beauté. Plus généralement donc, chacun se sent libre d’imprimer sa marque dans la circulation routière. Et dire qu’il y va de la sécurité de tout un chacun. Pire, l’incivisme de certains a arraché la vie à d’innocentes personnes, parfois des adeptes de la discipline routière. Mais les Burkinabè n’en ont cure.

Au lendemain de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 qui a conduit au départ du président Balise Compaoré du pouvoir, l’on a senti comme un vent du renouveau. La transition politique entamée, l’on avait pensé- à tord, il faut s’en convaincre à présent-, que les Burkinabè en amorceraient une autre : celle sur du civisme. Ceux qui ont fondé cet espoir -par mépris certainement- peuvent se mordre les doigts. Rien jusqu’à présent n’a changé des habitudes des Ouagalais. Du moins sur la route. Le Ouagalais qui, avant la transition, ravissait la priorité aux autres se rappelle à notre bon, que dis- je, à notre « mauvais » souvenir. On redécouvre le Burkinabè qui fait des dépassements à droite. A vive allure et sans la manière, le téléphone portable vissé à l’oreille. On en voit encore qui tancent et passent le feu pourtant d’un rouge vif. C’est comme à qui « brûlerait » le maximum de feux rouges dans sa petite vie de mortel. Et gare à celui qui voudra s’essayer à une protestation. Il est pratiquement rabroué pour s’être auto saisi d’une mission de sauvetage…sur un usager- fut- il indélicat- qu’il ne connaît ni d’Ad, ni d’Eve. Où sommes- nous finalement ? Tous ces actes d’incivisme ne sont- ils pas interdits et punis par la loi ?
De Dassasgo à Pissy et de la Patte d’Oie à Tampouy en tout cas, rien ne semble avoir changé. Pire encore, rien n’incite à fonder l’espoir d’un Burkinabè ayant une haute considération du civisme. On avait dit en son temps que le poisson burkinabè avait pourri par la tête. Mais le marigot burkinabè n’a-t-il pas changé de population ?

Mieux, ceux-là même qui foulent au pied les règles élémentaires de la sécurité routière sont les mêmes qui sont prompts à rappeler au goût du jour le fameux slogan insurrectionnel « Plus rien ne sera comme avant ». Et pourtant ! La route donne à voir un autre spectacle. Dites moi bonnes gens si les autorités de la transition n’inspirent pas à revoir notre approche de la route. « Autre époque, autres mœurs » dit- on, mais il nous faut individuellement d’abord, collectivement ensuite procéder à un examen de conscience. Autant la population est regardante sur le choix de ceux qui nous gouvernent parce qu’elle veut que plus rien ne soit comme avant, autant cette même population devrait apporter le civisme au change. Autrement, elle serait disqualifiée pour attendre de nos gouvernants d’être vertueux.

C’est pourtant très simple. La comparaison dégrade l’âne, dit- on, mais rappelons que la loi portant obligation du port du casque au Togo est près de dix ans plus jeune que la loi burkinabè du même type. Le port du casque est respecté au Togo mais pas au Burkina Faso. On peut comprendre que sous nos cieux une mauvaise approche ait conduit en septembre 2006 au rejet du port du casque mais les choses ont changé depuis. Loin de la profession de foi, il suffit que chacun prenne l’engagement ici et maintenant d’être civilisé (c’est bien de cela qu’il s’agit). Si chacun de nous arrive à se conformer aux prescriptions du code de la route, le combat est à moitié gagné. Sans coup de bâton magique. L’Etat viendra ensuite en renfort pour la sensibilisation des autres qui ne savent pas grand-chose de ce code, et veillera à sa stricte application. Sinon nous serons nombreux à rejoindre le professeur Laurent Bado pour chanter avec lui : Les Burkinabè ont trahi les voltaïques. Ces voltaïques si vertueux dont il a pris et dilapidé l’héritage.

Samuel Somda
Lefaso.net



Vos commentaires

  • Le 8 janvier 2015 à 09:13, par Roger En réponse à : Le civisme si loin, si près

    Ah enfin, on l’évoque ce fameux civisme sur nos voies. Il faut que BARRY Ministre de la sécurité) sorte la police, la gendarmerie et même l’armée s’il le faut pour mater (vous m’excuserez le terme) tous ceux qui brulent les feux tricolores, circulent sur la voie prévue pour les véhicules (faites un tour sur le route menant de KOSSODO a Silmandé). arrêtez les, garder leurs engins pendant au moins 3 mois et taxer les très chers quand ils viendront chercher les engins. On est fatigué de ces indisciplinés. Merde et merde.

  • Le 8 janvier 2015 à 10:57, par Le Burkina D’abord En réponse à : Le civisme si loin, si près

    Bel article ! J’avoue être écoeuré par le comportement des Burkinabé ! Prompts à critiquer les autres mais jamais à changer ses propres mauvaises habitudes !
    En fait, on est trop villageois ! LEs gens sont en costumes et autres corsages mais ils sont broussards, campagnards dans la tête ! Sinon, comment on peut bruler un feu, téléphoner sur une moto, rouler sur la voie réservée aux voitures et tout ça sans aucune gêne ! Franchement, chers compatriotes nous devons connaitre une mu totale !

  • Le 8 janvier 2015 à 18:22 En réponse à : Le civisme si loin, si près

    Ce qui se passe chez nous, depasse tout entendement. Ce n’est plus de l’incivisme mais de l’indiscipline

  • Le 8 janvier 2015 à 18:46, par Compaoré Goama En réponse à : Le civisme si loin, si près

    Ce ne sont pas seulement ceux qui vont en moto qui sont répréhensibles. Voyez ces "gros culs" qui sont en véhicules, qui brûlent tout autant les feux, téléphonent au volant, se rangent en triple files, insultent à tout vent..... Portez-vous au carrefour route de l’hôpital au niveau du Secrétariat permanent de lutte contre le SIDA à partir de 18h30.... Vous serez obligez si vous le pouvez de faire demi tour ou alors vous passerez plus d’une demi heure avant de pouvoir passer. La police ne peut donc pas se rendre à ces endroits le soir au moins à l’heure de pointe pour aider à régler un peu les choses ? S’il vous plait......

  • Le 8 janvier 2015 à 20:16, par bayala cedric En réponse à : Le civisme si loin, si près

    Ce qui se passe chez nous, depasse toute imagination. Ce n’est plus de l’incivisme mais de l’indiscipline.

  • Le 8 janvier 2015 à 23:13, par Sidbee(le Prophete Impie) En réponse à : Le civisme si loin, si près

    L’incivisme routier mieux la délinquance routière,c’est tout un chacun de nous. La délinquance routière, ce sont nos orgueils individuels. La sécurité routiere c’est la victoire de chacun de nous sur sa propre stupidité routière.
    Engageons nous au quotidien pour la quiétude sur nos routes. Et la courtoisie routière, ça ne coûte pas cher : maximum 7secondes.

    A bas Dieu et Vive la sécurité routière !

  • Le 8 janvier 2015 à 23:16, par Sidbee(le Prophete Impie) En réponse à : Le civisme si loin, si près

    L’incivisme routier mieux la délinquance routière,c’est tout un chacun de nous. La délinquance routière, ce sont nos orgueils individuels. La sécurité routiere c’est la victoire de chacun de nous sur sa propre stupidité routière.
    Engageons nous au quotidien pour la quiétude sur nos routes. Et la courtoisie routière, ça ne coûte pas cher : maximum 7secondes.

    A bas Dieu et Vive la sécurité routière !