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« Le peuple a pris conscience de sa force et reste vigilant », dixit Pr François Zougmoré

vendredi 2 janvier 2015.

 

Qu’adviendrait-il, si la contestation intervenue aux temps chauds de l’insurrection populaire entre un général des Armées et un lieutenant-colonel, se produisait au sein du corps professoral universitaire ? C’est là, une question épineuse parmi tant d’autres, auxquelles François Zougmoré, Professeur titulaire en Electronique, Instrumentation & Mesures, par ailleurs Directeur du Laboratoire de Matériaux et Environnement (LAME), a répondu dans le cadre d’un entretien axé sur l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014. Et sa conviction à lui, c’est que de façon mathématique, d’autres insurrections populaires surviendront, si « les questions de fond » qui ont amené le peuple à s’insurger, « ne sont pas traitées et résolues ». Lisez plutôt !


L’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 était-elle, selon vous, prévisible ?

Je vous remercie de m’avoir approché pour me permettre de m’exprimer sur cette situation quand bien même cela ne relève pas de mon domaine au niveau de la recherche scientifique. Mais en tant que citoyen vivant dans ce pays, je suis également interpellé. Et j’ai ma lecture, comme beaucoup de Burkinabè, sur la situation.
Prévisible, oui. De cette ampleur, peut-être pas à ce moment. En tout cas, beaucoup de gens ont été surpris par son ampleur. Elle était prévisible dans la mesure où, si on revoit les mouvements sociaux qui ont commencé depuis 1998 suite à l’assassinat du journaliste Norbert Zongo et ses compagnons, ils n’ont véritablement pas baissé. Depuis lors, il y a eu beaucoup de soubresauts avec parfois des interventions brutales des forces de l’ordre. En 2011, ce qu’on a vécu, fut assez inquiétant.
Et il y a de cela deux ans, la rumeur circulait de façon persistante par rapport à la modification de l’article 37 de la Constitution. Par la suite, il a été donné de constater que cet article allait effectivement être modifié ; et ce, dans un contexte de velléités de mise en place d’un Sénat. Dès lors, les gouvernés se sentaient de plus en plus éloignés des gouvernants. Pire, la grande majorité de la population était frappée par la vie chère, des gens se rendaient justice par eux-mêmes ; c’était donc un ras-le-bol généralisé. Et l’insurrection populaire est l’expression de ce ras-le-bol ; et surtout de l’envie de voir le changement au sommet de l’Etat.
Ce fut un mouvement inédit dans notre pays, et qui a même marqué un peu partout en Afrique et ailleurs. Il n’y a qu’à voir comment les gens réagissent au plan international par rapport à cela. Les gens ont vu le sursaut très fort d’un peuple travailleur, très tolérant, et qui a décidé qu’il ne veut plus du système en place. Voilà un peu, comment moi j’analyse cette situation d’insurrection populaire.

Peut-on se faire une idée de comment vous avez vécu la journée du 30 octobre qui a particulièrement été chaude à Ouagadougou ?
Il faut dire que la veille au soir, j’avais beaucoup travaillé. Et vers minuit, je suis allé m’asseoir avec des jeunes dans un maquis quelque part dans mon quartier. Parmi eux, il y ‘en avaient qui étaient pour la marche ; d’autres, contre. Je me détendais en les écoutant. Quelques instants après, je suis reparti à la maison.
Le matin, je suis sorti très tôt. Dès cinq heures déjà, j’ai vu des gens converger vers le centre-ville, de façon déterminée. J’ai pu également constater que les forces de l’ordre se préparaient, elles-aussi. Manifestement, on pouvait se convaincre qu’un clash allait intervenir. On sentait déjà que la situation était explosive, eu égard à la détermination avec laquelle les gens avançaient alors même que des forces de l’ordre se positionnaient.
Plus tard dans la matinée, j’étais dans la rue dans mon quartier, avec des gens, et je suivais l’évolution de la situation. J’écoutais la radio et je consultais de temps en temps LeFaso.net sur mon smartphone.
Ce fut vraiment une journée particulière où la vaillance de la jeunesse n’était pas prête de baisser malgré les tirs. Elle voyait des gens tomber sous les coups des balles ; mais cela ne l’a pas arrêtée. La jeunesse tenait vraiment à mettre fin à une situation qu’elle ne voulait plus.

Dans la foulée, on a assisté une série de déclarations émanant d’une part, du président Compaoré qui tenait à rester au pouvoir ; et d’autre part, de l’Armée qui voulait se hisser au fauteuil présidentiel. Quelle est votre lecture sur cette brouille ?
Je pense que ceux-là qui avaient appelé à sortir le 30 octobre, n’avaient manifestement pas mesuré combien était la volonté d’en finir avec le régime Compaoré. Je dis cela, parce qu’au moment où la population était dans la rue, avait fini par vaincre un peu partout après l’Assemblée nationale, et voulait aller à Kosyam, les organisateurs ne voyaient pas les choses de cette façon. Il s’est donc trouvé qu’à un moment, le pouvoir était effectivement vacant.
Je pense que du point de vue des opposants organisés au sein du CFOP (Chef de file de l’opposition politique, ndlr), le problème était premièrement et avant tout, empêcher d’une manière ou d’une autre, la prolongation du mandat du capitaine Blaise Compaoré au-delà de 2015. L’opposition voulait tout simplement le départ de Blaise Compaoré, à la fin de son mandat et de manière pacifique.
Le peuple voyait autrement la situation. Il ne voulait pas cette démarche politique ; il voulait en finir avec le régime de Blaise Compaoré, et maintenant. C’est pourquoi, la première déclaration du CFOP de même que la deuxième déclaration ont été jugées insuffisantes par les insurgés. Troisièmement, le chef de file de l’opposition a parlé ‘’démission’’ pendant que le peuple voulait chasser Blaise Compaoré de Kosyam. Dans cette situation de confusion, avec un pouvoir vacant, une partie du peuple a fait appel à l’Armée.
Il se trouve que le général Lougué, quand il était chef d’Etat-major des Armées, a été populaire auprès de la troupe et une partie de la population civile. C’est ainsi qu’une partie des manifestants a estimé qu’il pouvait faire l’affaire, en attendant.
La grande majorité de la population n’était pas d’accord que les militaires prennent le pouvoir. Néanmoins, il y a eu des gens qui voulaient que Lougué prenne le pouvoir. Visiblement aussi, le général Lougué n’était pas suivi par l’Armée dans son ensemble, puisque le Chef d’Etat-major général des Armées se déclarait lui aussi.
On a donc assisté, en sus, à une situation où un chef d’Etat-major général des Armées s’est déclaré président ; et quelques temps après, un militaire moins gradé, se déclare lui aussi, président. Cela a mis en évidence, une fois de plus, des problèmes au niveau de l’Armée. Cela nous amène aussi à poser la question de la place et du rôle de l’Armée dans une République.
Nous pensons que son rôle est d’assurer la défense des frontières et la protection des personnes et des biens. L’Armée n’a pas pour vocation de gérer le pouvoir politique dans un pays. Dans un Etat démocratique, ce sont les partis politiques, animés par des civils, qui gèrent le pouvoir politique à l’issue de compétitions électorales. La gestion administrative de la cité doit revenir aux civils.

Marquons un petit arrêt sur ces déclarations contradictoires au sein de l’Armée, pour faire une extrapolation. On a vu un Lieutenant-colonel qui a écarté un général, de surcroît le Chef d’Etat-major général des Armée par rapport à l’occupation d’un poste vacant. Si pareille situation se produisait en milieu universitaire, entre un maître-assistant et un Professeur titulaire, à quoi pourrait-on s’attendre en termes de conséquences ?
Vous avez très bien compris la situation. Effectivement, dans nos universités, le corps professoral fonctionne dans des grades, un peu comme au niveau de l’Armée, du plus ancien dans le grade le plus élevé au plus jeune dans le grade le moins élevé.
C’est vrai qu’il y a eu quelques fois dans le brouhaha général où on a laissé entendre ‘’on fait, et puis il y a rien’’. Entendez par là, on peut ‘’tordre’’ impunément, le cou aux règles établies. C‘est ainsi que certaines personnes ont été propulsées à des postes qu’ils ne devaient pas occuper ; on voit parfois des étudiants qui sont décorés, alors que leurs professeurs ne le sont pas. Cela est complètement inadéquat, naturellement.
Mais la comparaison avec l’Armée s’arrête là. En effet, la conception des questions de quelle que nature que ce soit en milieu militaire, n’est pas la même qu’au niveau des civils. Au niveau civil, s’il y a par exemple un adversaire qui est ‘’gênant’’, on dira ‘’neutralisez-le’’. Cela reviendra, dans l’entendement du civil, à l’empêcher de progresser, à l’empêcher de s’épanouir. Mais d’un point de vue militaire, ‘’neutraliser’’ un adversaire revient à dire qu’il faut l’éliminer physiquement.
La lecture que l’on a pu faire de ce qui s’est passé au niveau de l’Armée, c’est que manifestement, l’essentiel de l’armada militaire se trouve à la disposition du RSP (Régiment de sécurité présidentiel, ndlr), donc du Lieutenant-colonel Zida. Et les autres se sont rendu compte qu’ils n’ont pas les moyens de lui faire face. Et le plus ancien a opté de jouer à l’apaisement.

L’Armée, à peine avait-elle décidé de prendre ses responsabilités, des voix ont exigé son retrait du pouvoir. Ces voix avaient-elles raison ?
Je pense que les gens ont en mémoire, les expériences passées tant dans notre pays que dans d’autres pays africains. La revendication d’avoir un pouvoir de transition civile plutôt que militaire, ce qui est d’ailleurs soutenu au niveau international, est somme toute, le moins mauvais scénario.
Maintenant, tout le problème consiste à sauvegarder les acquis de l’insurrection, c’est-à-dire prendre en compte les revendications justes et légitimes qui ont soutenu l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014. On peut citer la fin de l’impunité, la justice pour tous. Les gens ont soif de justice ; et au lieu de cela, les dossiers de crimes de sang et de crimes économiques traînaient dans les tiroirs. C’est ce qui peut expliquer la mise à sac et l’incendie du palais de justice de Bobo-Dioulasso. Il faut faire la lumière sur tous les biens mal acquis, faire la lumière sur les crimes impunis, sur les dossiers pendants. Je me souviens que l’ex-Premier ministre, Luc Adolphe Tiao, s’était mis en colère à l’Assemblée nationale, en criant haut et fort, que ce n’était pas possible qu’il y ait autant de dossiers pendants qui traînent dans les tiroirs et que lui, il exigeait de régler les choses dans les plus brefs délais. Mais jusqu’à sa chute, il n’y a rien eu dans ce sens. Pour qu’il y ait un apaisement, il faut que la justice soit prise au sérieux et que les crimes économiques et de sang soient élucidés et les coupables sanctionnés.

Quel est aujourd’hui, votre message à l’endroit des différents acteurs qui se trouvent être au centre du processus de transition ?
De façon modeste, car je n’ai pas de leçon à donner, je dis ceci : nous voulons un véritable changement comme l’a si bien exprimé le peuple lors de l’insurrection populaire. Les aspirations légitimes du peuple tels le progrès, la liberté, le droit au développement, un avenir moins sombre pour nos enfants, etc., doivent être le socle de ce changement.
Le peuple a montré la voie en écrivant une partie de l’Histoire de notre pays les 30 et 31 octobre 2014. Il y a des gens qui veulent tout simplement remplacer Blaise Compaoré et continuer à faire comme lui. Non ! Ce n’est pas pour ça que le peuple a lutté, que des jeunes se sont sacrifiés.

Concernant les différents acteurs, je leur demande, encore une fois humblement, de méditer le sens profond de l’insurrection populaire. Tant que les questions de fond qui ont poussé à l’insurrection ne sont pas traitées et résolues, il y’aura d’autres insurrections populaires. C’est mathématique ! Le peuple a pris conscience de sa force et reste vigilant par rapport aux contentieux qu’ont traînés les pouvoirs qui se sont succédé dans notre pays, particulièrement le dernier en date, celui de Blaise Compaoré. Il faut la justice, donc la lumière sur tous les dossiers pendants. Il faut de l’emploi pour les jeunes, la répression de la corruption, bref un changement des pratiques néfastes du régime Compaoré.

Pour terminer, si vous me le permettez, je formule, à l’aube de cette nouvelle année, mes vœux de santé, de joie et de bonheur à notre vaillante jeunesse et à notre peuple travailleur. Courage et détermination, et que 2015 voit la réalisation de nos souhaits les plus chers.

Entretien réalisé par Fulbert Paré
Lefaso.net



Vos commentaires

  • Le 2 janvier 2015 à 23:23, par Lecitoyen Bomborokuy En réponse à : « Le peuple a pris conscience de sa force et reste vigilant », dixit Pr François Zougmoré

    Je ne comprends pas"Dans un Etat démocratique, ce sont les partis politiques, animés par des civils, qui gèrent le pouvoir politique à l’issue de compétitions électorales. La gestion "pourquoi donc cet appel a l,armee le 30 oct et de surcroit le 31 apres la vacance "constatee" ? Au final,le president Compaore est le plus democrate s,etant plie a la volonte populaire dont il tenait son pouvoir en demissionnant.Pourquoi nos respectables profs et honorables y compris les chefs coutumo-religieux se sont acommode a une usurpation au lieu de jouer le jeu des institutions puisque ces institutions existent pour palier a ce genre de situation ? Ma conclusion est que notre pays est victime de l,immaturite de son elite en generale et de sa classe politique en particulier.D,ou la necessite d,une autre revolution pour retablir l,orde constitutionnel pour fixer la revolution dans ses buts ou elle a commence comme disat Napoleon.

  • Le 3 janvier 2015 à 01:57 En réponse à : « Le peuple a pris conscience de sa force et reste vigilant », dixit Pr François Zougmoré

    Voilà un Prof d’université qui a raté l’occasion de dire que Blaise et son régime ont tué l’UO avec étudiants et professeurs. Il n’y aura pas de développement au Burkina sans un enseignement supérieur de qualité. Si on n’y prend garde, le prochain soulèvement viendra de l’universite lorsqu’on regarde dans quelle misère vivent les étudiants.

  • Le 3 janvier 2015 à 06:53, par yeriyoublo En réponse à : « Le peuple a pris conscience de sa force et reste vigilant », dixit Pr François Zougmoré

    Bien dit pr. Que ceux qui sont intelligents, sages et qui entendent , prennent acte. Bonne et heureuse année 2015 à toutes et à tous

  • Le 3 janvier 2015 à 07:04 En réponse à : « Le peuple a pris conscience de sa force et reste vigilant », dixit Pr François Zougmoré

    Bien dit, une autre insurrection n’est pas à écarter. ZIDA avant d’accéder à son poste a fait croire au peuple qu’il venait balayer la maison mais actuellement des critiques négatives se fassent entendre au sein de la population. Pour bon nombre,il a bien commencé(avant son poste) et beaucoup ont applaudi et s’attendaient à un profond changement. Mais hélas, à peine nommé, les paroles dépassent les actes, les gourous de l’ex-régime(Directeurs, SG, DRH...) qui semaient la terreur, qui pillaient les ressources du peuple sont toujours sur place. L’hôpital Yalgado de Ouagadougou reste un calvaire pour la population.Dites vous pour un hôpital public, la moindre hospitalisation est 500F par jour et 400F par jour pour les repas. Si l’on voit que certains patients y séjournent près de 40 jours et doivent honorer chaque jour minimum 03 ordonances(c’est-à-dire lors des 03 passages journaliers), nous sommes tentés de nous interroger oû sommes-nous avec ce changement. DE GRÄCE, SOULAGER LA POPULATION CAR CEUX QUI ONT DES MOYENS SONT MINORITAIRES. LA PLUPART DE LA POPULATION VIVENT DE JOUR EN JOUR.

  • Le 3 janvier 2015 à 08:33, par O.S.E.Kirsi En réponse à : « Le peuple a pris conscience de sa force et reste vigilant », dixit Pr François Zougmoré

    Merci Professeur pour cette contribution très intéressante pour le peuple burkinabè. Nous souhaitons d’ailleurs que s’il doit avoir justice il faut commencer par juger la cours constitutionnelle qui malgré son pouvoir à laisser faire les choses. Je trouve qu’elle ne peut pas installer les présidents, lire la loi à l’investiture et se taire au moment où le président viole la même loi, c’est un crime car le tort pour moi n’est pas à Blaise d’avoir conduit le peuple au précipice mais à la cours constitutionnelle de n’avoir rien fait. Pire c’est cette même cours qui vient installer le président de la transition.

  • Le 3 janvier 2015 à 12:08, par Issouf En réponse à : « Le peuple a pris conscience de sa force et reste vigilant », dixit Pr François Zougmoré

    Ce que personne n’ose dire, c’est qu’il n’ y aura miracle (emploi, justice, équité, ...) que si nous changeons profondément en nous-mêmes et que nous consentions au sacrifice par une certaine organisation, une discipline et une rigueur appelant au travail (sans transpiration, il ne sera jamais question de changement, encore moins d’émergence). Envoyons donc notre jeunesse en stage de benchmarking en Chine, au Japon, aux USA... pour voir comment on gagne le dollar et comment construire une Nation forte (pardonnez-moi car je ne vois pas de modèle en Afrique).
    Le système décrié s’est basé sur des besoins tacites qu’il faut avoir le courage et la lucidité de dénoncer, pour enfin corriger. le "poutogo", le "panga" et le "yam yidm zoa" restent une gangrène au plus profond de nous-mêmes.

    Autrement, toutes ces gesticulations ne seront que poursuite du vent.

  • Le 3 janvier 2015 à 14:44, par Aly En réponse à : « Le peuple a pris conscience de sa force et reste vigilant », dixit Pr François Zougmoré

    L’analyse du Pr. est pertinente. Je veux y apporter ma toute petite contribution.
    Le Peuple indigné qui a réalisé l’insurrection d’octobre 2014 était essentiellement composé de jeunes qui ont vu la plupart des hommes politiques actuels de notre pays à l’œuvre. Et surtout que beaucoup d’entre eux sont autant comptable que Blaise, de la gestion du pouvoir durant les 27 dernières années, qui ont été les plus tristes et les plus noires de toute l’histoire du Burkina. Les jeunes n’ont pas confiance en ces hommes politiques. C’est ce qui explique par ailleurs qu’une bonne partie de ceux qui sont descendus dans la rue n’appartiennent à aucun parti politique.
    La non appartenance de la majorité des jeunes aux partis politiques est une forte interpellation de ces partis quant à leurs capacités à répondre réellement aux fortes attentes de changement du Peuple, surtout en matière de Justice, d’équité, d’accès non partisans aux emplois publics, ainsi que de répartition des richesses nationales. Les hommes politiques que les jeunes ont vus au pouvoir, dans leur longue complicité avec Blaise, les ont déçu. Certains de ces hommes politiques veulent jouer aujourd’hui aux anges de la victoire, alors qu’ils font partie intégrante des bourreaux du Peuple.
    La conséquence de ce manque de confiance et de cette défiance des jeunes vis-à-vis d’une très bonne partie de la classe politique est que certains qui semblent tellement surs de leur victoire en 2015 risquent d’avoir un réveil brutal et très douloureux comme leur ancien employeur, Blaise.
    Les jeunes ont bien compris le jeu et ils savent qu’ils peuvent bien aller prendre les billets qu’on va leur tendre et ensuite voter en toute conscience pour des hommes neufs. Les jeunes savent que tout cet argent que certains s’apprêtent à distribuer n’est que de l’argent volé. Ils savent que c’est l’argent de la corruption. C’est pourquoi je dis qu’il y aura des surprises à donner des crises cardiaques à certains qui annoncent déjà le verdict des urnes avant-même les élections.
    En effet, on s’achemine vers deux comportements électoraux possibles du peuple pour un véritable changement. Et ces deux possibilités auront probablement lieu en même temps :
    1. Par dépit pour cette classe politique dont une partie reste encore trop arrogante et qui veut lui faire oublier trop vite qu’elle est autant comptable que Blaise de la situation actuelle du pays, et pour la sanctionner, les jeunes vont voter majoritairement pour les hommes politiques qui ne se sont pas compromis avec Blaise dans cette escroquerie politique jamais vécue au Burkina, une corruption à ciel ouvert, un clientélisme impensable, des crimes de sang et des crimes économiques insupportables.
    2. Deuxième choix du peuple et qui complète le premier, les jeunes vont, dans un premier temps, à travers la société civile dont ils sont les principaux acteurs, se battre pour que les candidatures indépendantes soient acceptées. Une fois ce combat gagné, et il sera gagné, les jeunes vont voter majoritairement pour les candidats indépendants dont beaucoup seront des hommes neufs sur la scène politique. En effet, au regard du spectacle qu’offre une bonne partie de la classe politique, de nombreux citoyens, surtout parmi les jeunes, ont une folle envie de franchir le pas pour être candidats aux prochaines élections. Le Burkina Faso veut construire une véritable démocratie. Il serait donc inconcevable que les candidatures indépendantes ne soient pas inscrites au nombre des possibilités de candidatures. C’est vrai, une partie de la classe politique est contre, mais nous savons pourquoi.
    Par ailleurs, il faut faire un couplage des élections à venir. Contrairement à ce que pensent certains animateurs de la classe politique, je pense plutôt que cela aura deux autres avantages, hormis l’économie des finances :
    Premier autre avantage : en couplant les élections, nous éviterons que de simples suiveurs et carriéristes politiques n’arrivent ou ne reviennent aux affaires en s’alignant tout bonnement derrière le parti du président, ou dans le cas contraire, de voter à la présidentielle pour le candidat dont le parti aura remporté le maximum de sièges de députés. En effet, au regard des pratiques qui ont cours dans la plupart des partis politiques pour le choix des candidats aux élections législatives et municipales, et qui consistent en des listings venant toujours des états-majors calfeutrés à Ouaga, les jeunes n’ont aucune chance de se faire valoir dans ces partis, sans le coutumier « parrainage » qui y est pratiqué.
    Deuxième autre avantage : Le couplage des élections, en même temps qu’il permet le renouvellement de la classe politique, assure forcément une recomposition de cette même classe politique. En effet, l’arrivée de nouveaux acteurs va forcément en exclure certains (puisque le nombre de sièges ne peut être augmenté à souhait) et entrainer du même coup la recomposition de l’espace politique et ce, à deux niveaux : au niveau idéologique et au niveau du personnel politique.
    VIVEMENT DONC LES CANDIDATURE INDEPENDANTE ET LE COUPLAGE PRESIDENTIELLE/LEGISLATIVES.

    Je voudrais également revenir sur un autre élément de l’analyse du Pr.
    LA SOIF DE JUSTICE DES CITOYENS : Je peux me tromper, mais je pense que CETTE SOIF DE JUSTICE EST A 80%, à l’origine de l’engagement des citoyens qui ont bravé les balles et le lacrymogène des troupes armées du régime finissant de Blaise. Les citoyens ne sont pas dupes. Ils ne l’ont jamais été, ni hier, encore moins aujourd’hui. Les citoyens sont conscients que si la JUSTICE SE DECIDE, SANS ATTENDRE D’ORDRE DE QUI QUE CE SOIT, A EXAMINER TOUS LES DOSSIERS QUI DORMENT DANS SES TIROIRS, nombreux sont ceux qui s’agitent aujourd’hui qui ne seront plus dehors, au moment des élections. Ils seront tout simplement en prison, PARCE QUE CE SONT DES PRISONNIERS EN SURSIT. C’est pourquoi je dis et je répète que personne ne peut et ne va empêcher personne aux prochaines élections. Mais nous exigeons tout simplement que LA JUSTICE FASSE SON TRAVAIL. Elle seule pourra empêcher qui doit l’être. De toutes les façons, tôt ou tard, chacun répondra de ces faits, TÔT OU TARD, comme le disait, notre HEROS NATIONAL, NORBERT ZONGO. Ce sont ces prisonniers en sursit qui ont été parmi les plus arrogants du temps de leur tout puissance d’hommes proches du régime. En tous cas on ne les a jamais vus ni entendus se démarquer des différents crimes commis sous le régime. Sinon qu’ils nous en donnent les preuves. C’est le moment de se blanchir ou de se taire, parce que quand tout cela se passait, nous étions tous au Burkina, nous avons tous entendu, ce que chacun a dit, ce que chacun a fait, en son temps. Donc, moins d’arrogance et plus d’humilité. On se sait dans ce pays sahélien où « chacun voit le derrière de chacun », comme l’a si bien dit cet homme politique.
    Je suis convaincu que Blaise n’a pas agi seul dans tous ces crimes dont il est accusé. Loin de moi, toute tentative de le défendre, car il doit payer pour tous les crimes sous son régime. Mais ce que je veux dire tout simplement, c’est que Blaise a eu des conseillers, il a eu des proches collaborateurs qui ont défendu ces crimes, il a eu des proches collaborateurs qui ont ordonné de mâter les citoyens révoltés contre ses crimes. En un mot, comme en mille, il a eu des complices. Et les citoyens ne sont pas prêts d’oublier tout ça, de si tôt et si facilement.
    Par ailleurs, et c’est une lapalissade bien connue de tous, que je répète depuis, Blaise seul n’a pas fait la promotion de son petit-frère. Il a eu de très proches collaborateurs qui en ont fait de même, surtout dans l’entreprenariat. En effet, il y a eu trop de monopole de marchés publics, il y a eu trop de connivence entre hommes politiques, hauts fonctionnaires de l’administration publique et opérateurs économiques. En un mot comme en mille, il y a eu trop de corruption que la JUSTICE DOIT ELUCIDER. Car, dans un pays comme le Burkina Faso il y a eu trop de richesses inexpliquée et inexplicable.
    VIVEMENT DONC LA JUSTICE, LA VRAIE, PAS CELLE DES JUGES ACQUIS, MAIS LA JUSTICE QUI DIT LE DROIT AU NOM DU PEUPLE, ET NON AU NOM D’UN HOMME, D’UN CLAN OU D’UN PARTI POLITIQUE.

    Comme la grande majorité des Burkinabè qui se sont battus contre la dictature de Blaise et de ses hommes de mains, je suis convaincu que LA TRANSITION EST L’OCCASION ULTIME D’ASSEOIR LES BASES FONDAMENTALES DE LA PARTICIPATION ET DU CONTRÔLE CITOYEN DE LA GESTION DE LA CHOSE PUBLIQUE, Pour nous éviter d’autres remouds, comme le prédit le Pr. ZOUGMORE.

    Que la nouvelle année 2015 soit celle de la Vérité,
    Que la nouvelle année 2015 soit celle de la Justice,
    Que la nouvelle année 2015 soit celle de la Réconciliation,
    Que la nouvelle année 2015 soit celle du nouveau départ pour la Démocratie,
    Que la nouvelle année 2015 soit celle de l’Alternance, avec un vrai renouvellement de la classe dirigeante
    Que la nouvelle année 2015 soit aussi celle de l’humilité pour ceux qui sont encore restés arrogants,
    Mais dans tous les cas, que la nouvelle année 2015 soit celle du Bonheur de tous les Burkinabè, dans la cohésion sociale et la paix, parce que chacun aura fait son introspection et aura accepté de changer, pour MERITER LA CONFIANCE DE LA GRANDE FAMILLE BURKINA.
    Comme dans une famille, au sens étymologique du terme, nous pouvons nous quereller, mais nous devons aussi être capables de nous dire la Vérité, toute la Vérité, pour continuer à vivre ensemble.
    PAIX ET BONHEUR DANS TOUTES LES FAMILLES DU BURKINA.

  • Le 3 janvier 2015 à 18:10 En réponse à : « Le peuple a pris conscience de sa force et reste vigilant », dixit Pr François Zougmoré

    LeCitoyen Bomborokuy, l’ inenarrable philosophe, tu crois te cacher ? Mais la ou tu te caches- la, c’est meme ou nous on dort. On a fait appel a l’ armee parce que des faux types comme vous utilisez votre"intelligence" pour flatter le Blaisot afin qu’ il puisse tuer la democratie dans ce pays. Meme s’ il fallait faire appel a des lutins pour chasser blaise du pouvoir, on allait le faire. Ouais. Le pouvoir appartient au peuple et il le donne a qui il veut. Ouais ! Meme avec les militaires au pouvoir, on pouvait pas avoir pire que le systeme Blaise & Famille et Laide Famille . On a mis fin au regne des termites de la republique. Ils allaient tout consommer sur leur passage. Gourmands que vous etes, c’est vous qui avez amene la fin de ce regime. Nul ne peut se prevaloir de ses sales turpitudes. Toi tu vis dans un pays de democratie et tu soutiens la dictature. Mais comment toi meme tu es fait ? Ws- tu donc sans conscience morale ? On t’ attend. Comme toujours. Pourquoi depuis meme tu n’ ecris plus avec ton style guinde ?

  • Le 4 janvier 2015 à 10:20, par maxwell2 En réponse à : « Le peuple a pris conscience de sa force et reste vigilant », dixit Pr François Zougmoré

    Ainsi, vous avez neutralisé des milliers d’étudiants. Vous decidez de qui va reussir et qui va échouer. Sinon, comment comprendre que beaucoup d’entre vous sont seul dans leur discipline pendant des decenies ? Ces gens là sont des tyrans au même titre que blaise. Ne soyez donc pas étonnés qu’il y ait insurection sur le campus par l’égoïsme de ces derniers

  • Le 4 janvier 2015 à 10:24, par maxwell2 En réponse à : « Le peuple a pris conscience de sa force et reste vigilant », dixit Pr François Zougmoré

    Ainsi, vous avez neutralisé des milliers d’étudiants. Vous decidez de qui va reussir et qui va échouer. Sinon, comment comprendre que beaucoup d’entre vous sont seul dans leur discipline pendant des decenies ? Ces gens là sont des tyrans au même titre que blaise. Ne soyez donc pas étonnés qu’il y ait insurection sur le campus par l’égoïsme de ces derniers

  • Le 4 janvier 2015 à 16:42, par NANKOLENDUSE Pierre Claver à Ziniaré En réponse à : « Le peuple a pris conscience de sa force et reste vigilant », dixit Pr François Zougmoré

    je m’aligne à l’intervenant 6 pour dire qu’autant les politiciens ne sont plus des acteurs de développement,la jeunesse ne le moins.Je m’explique.Nous on a travaillé sur le terrain pendant les premières décennies de notre indépendance.En son temps on se comparait par nos résultats sur le terrain.Et c’était une vrai rivalité.Aujourd’hui,des cas similaires existent dans l’enseignement sans être général.
    La politique n’intéressait pas les agents de terrain et on était prompt à rejoindre le poste dès réception de la note quel qu’en soit le le lieux.A tel enseigne qu’un ministre a eu le courage de dire que la promotion des agents de terrain vidait la base de ses acteurs.Nous avons même en son temps proposé la formation de cadre C,B et A d’exécution et des agents D,C et B de conception pour laisser le choix à chacun.
    Aujourd’hui certains agents d’exécution(je dis bien certains) réfutent le terrain et mieux sur le terrain, sans frais de mission ou perdiem,le travail revient au responsable qui l’a initié .Ce qui a amené un clecq un jour à réclamer la surpression des perdiems.
    La plupart des insurgés vise un positionnement pour faire la même chose.Et cela donne raison à René Dupond qui disait je cite"l’Afrique noir est mal parti".SVP je ne suis pas un fataliste.

  • Le 4 janvier 2015 à 20:00, par Substance Grise En réponse à : « Le peuple a pris conscience de sa force et reste vigilant », dixit Pr François Zougmoré

    Dans tout ca quel model de societe voulons nous construire an Afrique ;au Burkina ? La est la principale question que nous devons nous poser.
    Cette fausse democratie dans laquelle sont pousses les pays africains depuis led annees 90 est LA cause de tous nos malheurs.
    Il nous faut revoir cela. Car une democratie sans un peuple eduque au dur travail ,au civisme, avec des dirigents qui ne donnent pas l’exemple,qui sont a la mercie de l’occident,eux meme responsables de l’injustice,de la corruption,de gabegie,de la corruption,est sans avenir pour nos pays en Afrique. Nous devons faire un choix car il est dejas tard pour nous.

  • Le 5 janvier 2015 à 11:45, par Wata Wata En réponse à : « Le peuple a pris conscience de sa force et reste vigilant », dixit Pr François Zougmoré

    Bonjour,

    Il faut reconnaitre que bien que prof scientifique Mr Zougmoré une lecture pragmatique de la situation politique. Le point de vue politique n’est pas seulement l’apanage des hommes de droits ou des ONGs.
    il faut aussi insister sur les faits suivants :

    1) Le régime de Blaise et ceux qui ont aidé à le mettre en place, qui l’ont géré jusqu’à récemment sont des anti intellectuels.Ils ont fait disparaitre le Professeur Guillaume Sessouma, le Docteur Dabo Boukari et ont détruit la carrière de bien d’autres Universitaires et d’étudiants. Ils ont assassiné le Journaliste Norbert Zongo !!!!

    2) Les insurgés d’Octobre se sont sacrifiés pour le Burkina Faso, pour la justice, la liberté, de meilleures conditions d’existence pour eux et pour le futur et personne ne pourra enlever cette semence du peuple Burkinabé, l’Université y a beaucoup contriobué à travers sa jeunesse dont l’ANEB.

    3) Zida et Kafando font semblant d’être avec les aspirations du peuple en employant un langage que le peuple veut entendre mais ils font exactement le contraire en s’acoquinant avec des repris de justice comme Moumouni Dieguimdé et en appliquant la politique de leur maitre François Hollande dont l’ambassadeur a été plus que actif pendant les événements des 30 et 31. N’oublions pas que c’est Hollande qui a soustrait Blaise et le Petit Président de la furie des insurgés.

    4) L’insurrection populaire d’Octobre mérite d’être approfondie avec un réel contrôle populaire des actions du CNT et du gouvernement par des brigades anti corruption, anti impunité et anti injustice pour s’assurer que les aspirations des populations sont respectées.

    Travail, Pain, Liberté et Justice !!!!

    Nan Lara An Sara !!!!!

  • Le 8 janvier 2015 à 09:08, par LePhysicien En réponse à : « Le peuple a pris conscience de sa force et reste vigilant », dixit Pr François Zougmoré

    Je félicite mon professeur que cette analyse très pertinente et le courage qu’il a eu pour livrer sa version sur la situation alarmante que connait le Burkina Faso. Il a évoqué des indices qui permettront une fois des actions mises en oeuvre contribuer à un développement harmonieux, inclusif de notre cher Faso.

    Malheureusement qu’il a été très modeste sur la lecture de certaines situations. J’attendrai par notifier la constipation intellectuelle de nos dirigeants, le clanisme et la méchanceté (de la tête de l’Etat aux différentes structures sans oublier les universités). J’avoue que si réellement l’Etat consultait, mettait en oeuvre certaines trouvailles de nos chercheurs à tous les niveaux, nous pourrons construire un modèle de développement endogène sans avoir besoin d’aide de qui que ce soit.

    Je profite pour répondre à Maxwell2 qui évoquait la neutralisation d’étudiants dans les universités. Je comprend qu’il veut parler de la formation des chercheurs. Je peux réagir par rapport à la situation au département de physique. Nos vaillants professeurs ont mis en place il ya une quinzaine le troisième cycle de Physique. Aujourd’hui, on enregistre des dizaines de doctorats dans beaucoup de discipline de la physique fondamentale et appliquée soutenus à l’Université de Ouagadougou. Ils arrivent à progresser au niveau du CAMES (nous aurons très bientôt des professeurs titulaires made in BF) et reçoivent des prix internationaux.

  • Le 8 janvier 2015 à 20:33, par SIDPAYAOLDE En réponse à : « Le peuple a pris conscience de sa force et reste vigilant », dixit Pr François Zougmoré

    Bien vu Pr ZOUGMORE, ce que souhaite grandement notre peuple, c’est l’équité à tous les niveaux, tant politique, économique que social.
    Les crimes de sang, les crimes économiques, la corruption à grande échelle, l’arrogance des dirigeants, le tout couronné par l’impunité, a poussé le vrai peuple, surtout sa frange jeune qui n’a connu que ce régime, a se libérer de ces "termites" qui remettaient bien en cause l’intégrité des burkinabé.
    Cette soif de justice et d’égalité sociale doit trouver un écho favorable auprès les acteurs de la transition et de tous ceux qui les remplaceront. J’attend par égalité sociale, la chance que doit avoir tout jeune burkinabé de s’instruire convenablement, de se soigner, d’avoir un habitat décent, de bien de se nourrir, ...
    Quand bien même, l’enseignement n’était pas l’objet de cette interview, je dirais que l’école burkinabé doit à l’issu de cette insurrection populaire être réellement populaire comme bon nombre d’éminences intellectuelles le souhaitent. Et l’université, qui forment depuis depuis une vingtaine d’année des docteurs en toute spécialité, doit être bien cajolée, financée et encouragée ; Bonne continuation et bon courage Pr ZOUGMORE !!!