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Soirée d’hommage à Norbert Zongo : La justice au cœur des débats

dimanche 14 décembre 2014.

 

La célébration, ce samedi à Ouaga, du 16e anniversaire de l’assassinat du Journaliste Norbert Zongo a été marquée aussi par des projections cinématographiques dont celle du film ‘’Borry Bana’’, le destin fatal de Norbert Zongo. De nombreux acteurs du documentaire et de la lutte ‘’vérité et justice pour Zongo’’ ont animé les débats au cours de cette soirée d’hommage à l’illustre disparu initiée par le Centre National de Presse Norbert Zongo et l’Association Semfilms.

« A quand la justice pour Norbert Zongo ? ». C’est sur cette question que se termine le film ‘’Borry Bana’’, le destin fatal de Norbert Zongo, projeté ce samedi 13 décembre 2014 à Ouagadougou, à l’occasion de la célébration du 16e anniversaire de l’assassinat du directeur de publication de L’Indépendant. Le film documentaire réalisé par Luc Damiba, Abdoulaye Diallo Menès et Gidéon Vink ; retrace le parcours du journaliste retrouvé mort avec trois compagnons de route le 13 décembre 1998, alors qu’il enquêtait sur la mort tragique de David Ouédraogo, chauffeur de François Compaoré, frère cadet du président Blaise Compaoré. Le film relate également les péripéties du dossier Zongo depuis l’installation de la commission d’enquête indépendante le 7 janvier 1997 jusqu’à la journée nationale de pardon le 30 mars 2001 en passant par le procès de David Ouédraogo en août 2000.

Le film qui est sortie en 2003 et aussitôt censuré sur les chaînes nationales, avait finalement fait le constat que rien n’était fait véritablement dans le sens de la vérité et justice dans le dossier. D’où cette interrogation finale : « A quand la justice pour Norbert Zongo ? ». Les auteurs ne croyaient pas si bien dire que trois ans plus tard en 2006 un non-lieu est purement et simplement être prononcé dans l’affaire, faute, disait-on d’éléments suffisants. La lutte allait cependant se poursuivre sous d’autres cieux par l’avocat de la famille Zongo Me Bénéwendé Stanislas Sankara et les organisations engagées sur la question. La décision rendue par la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) basée à Arusha, en Tanzanie, le 28 mars 2014, dans cette affaire leur sera favorable. Et aujourd’hui avec l’insurrection populaire du 30 Octobre, les conditions semblent plus que jamais favorables au jugement du dossier Zongo et la question du ‘’Borry Bana’’, plus que jamais d’actualité.

Un dénouement dans la transition ?

L’affaire Norbert Zongo connaîtra-t-elle son dénouement avant la fin de la transition ? Chérif Sy, acteur dans le film ‘’Borry Bana’’ et président du Conseil national de la transition : « Cela fait 16 ans que nous sommes un certain nombre d’organisations et de personnes qui avons porté cette lutte de vérité, de justice pour Norbert Zongo. Cette lutte citoyenne a contribué grandement à l’avènement de l’insurrection du 30 Octobre. Il y a quand même une situation propice pour que nous puissions avancer plus rapidement sur ce dossier-là en entamant une procédure judiciaire parce qu’il y a quand même suffisamment d’éléments concrets sur ce dossier, il y a encore des personnes vivantes qui peuvent témoigner sur ce dossier, il y a encore des acteurs de cet assassinat qui vivent ; il y a des commanditaires qui vivent. Donc, j’espère bien, je prie Dieu que dans cette transition nous puissions voir le bout du tunnel avec l’affaire Norbert Zongo ». Pour Me Sankara, avocat de la famille Zongo, « la lutte continue, mais l’espoir est permis parce que le peuple burkinabè sait prendre en main son propre destin ». Dans cette perspective, le Centre National de presse Norbert Zongo a lancé un avis pour que tous ceux qui ont en leur possession des documents en même de contribuer à la réouverture du dossier Norbert Zongo les apportent. Dans la même logique, Guy Hervé Kam regrette que la justice n’ait pas pris toutes les dispositions pour sécuriser les pièces qui se trouvaient chez François Compaoré. Point de vue partagé par Dr Ra-Sabla Seydou Ouédraogo, économiste-chercheur et Coordonnateur de l’Institut FREE Afrik, qui pense que les mêmes précautions devraient prévaloir en ce qui concerne aussi les documents bancaires retrouvés chez le frère cadet de l’ex-chef de l’Etat. Car cela aurait permis, dit-il, de vérifier l’existence de certains comptes. A l’écouter, les autorités de la transition ont quelque peu fait preuve de passivité.

« Pression intelligente sur la transition pour avoir des résultats »

En outre sur les capacités de la transition à résoudre les problèmes des Burkinabè, Dr Ouédraogo se dit convaincu d’une chose : « Elle sera ce que nous voudrions décider au quotidien qu’elle soit ». Et de souhaiter une pression ‘’intelligente’’ des citoyens sur la transition afin que celle-ci aboutisse à des résultats. Toujours à propos de la transition, Me Guy Hervé Kam s’interroge sur la pertinence de la tenue des états généraux de la justice alors que les problèmes de la justice sont déjà connus de tous, sans oublier le temps limité à elle imparti. Pour Bénéwendé Sankara, « nous devons plus que jamais, nous mettre debout pour exiger que cette transition-là puisse rapidement se faire et qu’à partir de 2015 on puisse dire que les Burkinabè ont fait leur insurrection mais ont pu capitaliser les fruits de cette insurrection en bâtissant un Etat de droit avec des valeurs qui sont les leurs c’est-à-dire l’intégrité, la dignité, la fierté, l’amour du travail et surtout la cohésion nationale ». C’est la seule façon, dit-il, de garantir à la jeunesse, aux générations futures un avenir et de valoriser la lutte menée pour le défunt Norbert Zongo. Le président du CNT Chérif Sy est d’avis que chacun a sa partition à jouer dans cette transition, invitant ceux ou celles qui ont des propositions, à les faire, au lieu de s’asseoir et attendre de la transition qu’elle fasse tout.

La présente soirée a par ailleurs a été l’occasion pour le gestionnaire du Centre national de presse Norbert Zongo, Abdoulaye Diallo Menès de remettre trois bourses Norbert Zongo d’une valeur de 200 000 F CFA chacune à trois étudiants en journaliste ou en droit. Il s’agit notamment de Alice W. kientéga, de Charlemagne Aristide W. Ouédraogo et de Bienvenue Igor Yaméogo. Au départ le jury des bourses présidé par Serge Théophile Balima avait reçu 36 dossiers. Une présélection a d’abord permis de retenir 12 dossiers sur les 36. Et finalement, ce sont les dossiers des trois cités qui ont convaincu les membres du jury. Les bourses Norbert Zongo sontt une initiative de la Ligue pour la défense de la liberté de la presse et du Centre national de presse.

Grégoire B. Bazié
Lefaso.net



Vos commentaires

  • Le 15 décembre 2014 à 12:18, par ouedraogo norbert En réponse à : Soirée d’hommage à Norbert Zongo : La justice au cœur des débats

    J’espère ne pas être hors sujet par rapport à ce GROS DOSSIER qu’est celui de Norbert Zongo. Toutefois, je voulais profiter de l’occasion pour attirer l’attention de la ministre de la justice qu’il y a, peut-être des dossiers "moins gros" que celui de Norbert Zongo mais qui ont tout de même fait tache d’huile de façon moins grandiose certes mais tâche d’huile tout de même.
    Je signale au passage que je vis à Bobo mais il y a eu des tracts sur mgr Paul, des dérangements, au moins à bobo à cause de tous les bruits qui courent sur Mgr Paul ...
    Je ne sais même pas si si cela est en justice (même si je l’espère grandement). Je suis un petit citoyen, un petit chrétien qui en a souffert.
    Bref ! j’aimerai que mme la ministre de la justice se penche sur ce problème appelé à Bobo "problème Mgr Paul". Cela aiderait - certes à moins grande échelle que le dossier Norbert Zongo - mais ... cela aiderait quelques bobolais citoyens lamda comme moi qui sont convaincus que :
    que Mgr Paul ne "bâillonne pas son peuple" tout en donnant l’impression, au moins à certains vivant ailleurs qu’il n y a aucun problème
    qu’il est "intègre". Or ayant vécu à bobo avant d’aller à fada comme évêque, Mgr Paul est un peu plus connu. Cela veut dire que tout ce qui est dans les tracts le concernant n’est pas si faux que ça

  • Le 15 décembre 2014 à 12:18, par ouedraogo norbert En réponse à : Soirée d’hommage à Norbert Zongo : La justice au cœur des débats

    J’espère ne pas être hors sujet par rapport à ce GROS DOSSIER qu’est celui de Norbert Zongo. Toutefois, je voulais profiter de l’occasion pour attirer l’attention de la ministre de la justice qu’il y a, peut-être des dossiers "moins gros" que celui de Norbert Zongo mais qui ont tout de même fait tache d’huile de façon moins grandiose certes mais tâche d’huile tout de même.
    Je signale au passage que je vis à Bobo mais il y a eu des tracts sur mgr Paul, des dérangements, au moins à bobo à cause de tous les bruits qui courent sur Mgr Paul ...
    Je ne sais même pas si si cela est en justice (même si je l’espère grandement). Je suis un petit citoyen, un petit chrétien qui en a souffert.
    Bref ! j’aimerai que mme la ministre de la justice se penche sur ce problème appelé à Bobo "problème Mgr Paul". Cela aiderait - certes à moins grande échelle que le dossier Norbert Zongo - mais ... cela aiderait quelques bobolais citoyens lamda comme moi qui sont convaincus que :
    que Mgr Paul ne "bâillonne pas son peuple" tout en donnant l’impression, au moins à certains vivant ailleurs qu’il n y a aucun problème
    qu’il est "intègre". Or ayant vécu à bobo avant d’aller à fada comme évêque, Mgr Paul est un peu plus connu. Cela veut dire que tout ce qui est dans les tracts le concernant n’est pas si faux que ça