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Technologies et innovations : projecteurs sur les sciences sociales et humaines

mercredi 10 décembre 2014.

 

Le Ministère de la recherche scientifique et de l’innovation va en croisade contre la politique qui tend à aliéner les « sciences sociales et humaines » des starting-blocks du développement. C’est certainement pour « briser cet écueil » et faire des sciences sociales et humaines, un levier de développement qu’a été réalisée une étude sur les technologies et innovations en sciences sociales et humaines dont le rapport provisoire a été soumis aux acteurs pour validation, au cours d’un atelier tenu ce mardi, 9 décembre 2014 à Ouagadougou.

« Pour de nombreux gouvernants, le paradigme du développement repose essentiellement sur les sciences dites exactes et l’informatisation. Il est courant de noter que les gouvernants se posent eux-mêmes la question de savoir à quoi sert par exemple un sociologue ? Un historien ? Un philosophe ? Pour de tels dirigeants, l’Afrique a désormais plus besoin de médecins, biologistes, agronomes, physiciens, chimistes que d’anthropologues, de sociologues ou de linguistes, etc.  ». C’est ce constat de regards mitigés sur les sciences sociales et humaines qui a été fait par les acteurs. A en croire les organisateurs, l’histoire politique du Burkina Faso ne manque pas d’anecdotes sur des tentatives de « liquidation » de certaines sciences sociales, car considérées comme le terreau de la subversion qui créent des problèmes aux gouvernants. Le ministère de la recherche scientifique et de l’innovation, dont l’une des principales missions est de contribuer à la transformation des systèmes productifs, entend donc œuvrer pour l’adoption de technologies et innovations dans les principaux secteurs d’activités socio-économiques. Selon le ministre, Jean Noël Pooda, les recherches dans les structures de recherche en sciences sociales et humaines et les initiatives des inventeurs et innovateurs dans le domaine, ont généré d’importants résultats et connaissances. Malheureusement, ces derniers semblent peu connus et insuffisamment pris en compte dans la formulation des politiques de développement du pays. Cet état de fait, révèle le ministre, s’explique en partie par le manque de mécanisme et de culture de capitalisation des acquis et des résultats générés par les différentes structures de recherche. « La mise en place d’une stratégie d’adoption accélérée des technologies et innovations dans les domaines des sciences dites dures et/ou appliquées pour une croissance inclusive avec une diffusion depuis le bas de la pyramide, passe nécessairement par les acquis des sciences sociales et humaines si nous voulons réussir notre développement », a laissé entendre M. Pooda, soutenant que c’est pour l’homme que doit se construire le développement.

Ossature de l’étude et attentes

L’étude fait un inventaire des innovations et technologies disponibles, un recensement des innovations et technologies adoptées avec précision de leurs taux d’adoption. Elle a également porté sur l’identification des besoins d’innovations et de technologies. Enfin, l’étude a identifié les contraintes à l’adoption et au transfert des innovations et technologies. A en croire le ministre Jean Noël Pooda, le rapport de synthèse issu de l’inventaire des technologies et innovations en sciences sociales et humaines montre l’existence d’une gamme variée de technologies et innovations, les contraintes d’ordre technique, organisationnel et politique à leur génération, celles liées à leur diffusion et à leur adoption mais également des actions prioritaires à mener pour lever ces contraintes. L’étude a donc apporté de nombreuses contributions sur lesquelles la cinquantaine de participants se sont appuyés pour des propositions et autres suggestions en vue de l’amélioration du rapport définitif. En plus de départements ministériels, participent également à cet atelier de validation, des confessions religieuses, des associations et des partenaires techniques et financiers. Il est attendu des participants, la consolidation de l’inventaire des technologies et innovations ; l’identification des partenariats à développer dans le cadre de la promotion des innovations et technologies en sciences sociales et humaines et ce, dans le cadre du développement durable. Aussi, les participants vont-ils déterminer les rôles et responsabilités des différents acteurs dans la promotion des innovations et technologies en sciences sociales et humaines ; la définition d’un Programme d’adoption accélérée de technologies et d’innovations.

Oumar L. OUEDRAOGO
Lefaso.net



Vos commentaires

  • Le 10 décembre 2014 à 11:42, par issilondres En réponse à : Technologies et innovations : projecteurs sur les sciences sociales et humaines

    Le Burkina a besoin de
    - développement économique : d’où intégrer dans les cursus scolaire et universitaires une ouverture à la vision de la mondialisation, de ses règles concurrentielles. En finir avec le caractère intuitif du mode de l’économie informelle au Burkina qui est du tâtonnement économique sans formation ; du désordre, de la non contribution efficace et efficiente aux caisses de l’état. L’économie n’est pas une science exacte mais permet de savoir par ses spécialistes de quelle économie le Burkina a besoin.
    Le Peuple a peur aujourd’hui du libéralisme car elle connait ses conséquences dans une société à mentalité vampireuse et corruptible. Et pourtant un grand travail unissant sciences fondamentales et économie doit y être faite car c’est la voie politique qui reste à opérer : nationaliser, privatiser ?
    - développement social : le Burkina est une diversité sur tout les plans. Mais c’est un peuple uni autour de valeurs que le peuple en 66, 83 et 2014 a fait ressortir. Les sciences sociales ont un rôle important à les systématiser afin qu"elles servent à minorer les clivages ethniques, régionaux et comportementaux pour le sens du bien commun à partager entre tous.
    - développement humain : c’est à ce niveau que l’accent doit être mis sur des réformes intégrant aux sciences sociales celles des techniques modernes ; des reformes visant à favoriser l’accès des population du Burkina profond ou d’en bas aux services administratifs modernes en matières de soins, de télécommunication, de transports. La route est longue et des fois décourageante dès que l’on y pense. Que faire ? oser avancer. Le tout passe par une formation en sciences politiques intégrant une déontologie s’y référant pour un
    - développement politique.

  • Le 11 décembre 2014 à 13:29, par Boudié En réponse à : Technologies et innovations : projecteurs sur les sciences sociales et humaines

    L’adoption effective et efficiente des technologies et innovations nécessite une bonne connaissance des rapports sociaux, la cosmogonie du milieu humain, les savoirs et savoirs-faire, les potentialités et contraintes, l’histoire locale et l’environnement physique, économique et humain : tout ce qui est revélé par les diverses sciences sociales et humaines.