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Lutte contre la pauvreté : Les acteurs du programme plates-formes multifonctionnelles dressent le bilan de leur collaboration

jeudi 11 décembre 2014.

 

Au Burkina, la plupart des femmes, en milieu rural, passent près de dix heures par jour dans des activités de transformation agro-alimentaire. Ce qui leur laisse peu de temps pour des activités génératrices de revenus. Pour inverser cette donne, le gouvernement a mis en place le programme Plates-formes multifonctionnelles de lutte contre la pauvreté. La deuxième phase dudit programme s’achève en fin 2015. Et, l’unité de coordination a décidé de capitaliser les expériences afin d’améliorer la collaboration entre les différents acteurs. C’est l’objectif de l’atelier qu’elle a tenu à Koudougou du 08 au 10 décembre 2014.

Cet atelier bilan a réuni les directeurs régionaux de l’économie et de la planification, les points focaux pour la mise en œuvre du programme, les responsables des cellules d’appui-conseils, les responsables des agences locales de réalisation, les différents chefs de services de l’unité de coordination.
Ces différents acteurs collaborent depuis 2010. « Nous sommes à un an de la fin de la seconde phase, donc il était tout à fait indiqué de convier l’ensemble de nos partenaires pour faire le point pour voir ce qui a marché, ce qui n’a pas marché. Nous sommes au niveau central juste pour chapeauter mais le vrai boulot est fait sur le terrain. Donc, nous voulons faire le point avec eux, tirer toutes les leçons nécessaires », a précisé le coordonnateur national Plates-formes multifonctionnelles pour la lutte contre la pauvreté, Kaongo Wilfried Séraphin Kientèga. Ce, en vue de préparer éventuellement la 3e phase du programme.

Des acquis importants à consolider

A ce jour, tout le territoire national est couvert par le programme. Plus de 1400 entreprises plates-formes ont pu être implantées dans les treize régions du pays. Aussi, beaucoup d’activités de renforcement de capacités ont été menées à l’endroit des femmes notamment dans la transformation agro-alimentaire. Sur le plan du leadership, beaucoup de femmes sont désormais au-devant de la gestion de ces équipements dits équipements destinés à la gestion masculine. « Aujourd’hui, ce sont elles-mêmes qui démarrent les plates-formes, qui réalisent les opérations de mouture. Mieux, on constate qu’il y a beaucoup de femmes qui sont devenues leaders aujourd’hui, qui sont dans des instances décisionnelles, notamment dans les conseils municipaux. Donc, elles se sentent valorisées », soutient Alimata Guiro, chargée du suivi-évaluation, à l’unité de coordination nationale du programme national

Plates-formes multifonctionnelles.

Aussi, avec les plates-formes hybrides et les plates-formes à micro-réseaux électriques, certaines localités ont bénéficié de l’électrification rurale. Toutes choses qui contribuent au développement d’activités socio-économiques dans ces localités.
Des insuffisances à combler
Certes, les acquis sont importants. Mais, quelques insuffisances subsistent encore. L’évaluation à mi-parcours a montré qu’il y a un taux d’immobilisation des plates-formes assez élevé.
« La première difficulté, c’est que nos directions ne sont pas équipées en termes de logistiques. A cela, il faut ajouter la contribution (faible pour certaines régions) que le programme met à notre disposition », rappelle le directeur régional de l’économie et de la planification de la région du Sahel, Mahamadou Bokoum. L’autre problème soulevé par les participants, c’est le fait que l’ensemble des modules offerts par cette technologie ne sont pas pleinement utilisées. Les bénéficiaires se cantonnent à un ou deux modules.

C’est donc dire que le programme gagnerait à mettre l’accent sur le renforcement des acquis en termes de plates-formes installées. Ce qui permettra à ce programme de jouer véritablement son rôle de gain du temps, et partant de réduction de la pauvreté.
« Et le programme travaille à lutter contre la pauvreté. En s’arrêtant aujourd’hui pour faire un bilan, ça permet ensemble de voir qu’est-ce qui est fait, on a abouti à quoi, quelles sont les difficultés qui ont jalonné le parcours et si elles sont levées permettent d’aller plus loin dans la collaboration, dans l’insertion de la plate-forme dans les différents documents du cadre stratégique », estime Moussa Dahani, coordonnateur de la cellule d’appui conseil de Tin Tua, l’agence locale de réalisation du programme pour les régions de l’Est et du Centre-Est.

Se pencher sur les perspectives du programme

Hervé Yaogo, point focal du programme national Plates-formes multifonctionnelles auprès du ministère de l’économie et des finances, embouche la même trompette. « Cet atelier révèle un intérêt particulier en ce sens qu’il fait le bilan de la collaboration entre les agences locales de réalisation et les directions régionales des études et de la planification. Donc, il est important pour nous de voir quels types de collaborations ils ont pu mener au cours de la deuxième phase de programme, comment ils ont collaboré et voir les perspectives, notamment les recommandations et suggestions que nous pouvons faire pour l’amélioration de cette collaboration afin que les actions menées par le PN-PTF au niveau régional puissent être capitalisées et que ces actions puissent remonter au niveau supérieur pour le rayonnement du programme », souligne-t-il.
Le Programme national Plates-formes multifonctionnelles vise à lutter contre la pauvreté en milieu rural, surtout contre la pauvreté féminine. La 2e phase prend fin en décembre prochain. Mais, jusque-là, rien ne permet de dire qu’il y aura ou pas une troisième phase. Les négociations sont en cours entre le gouvernement et ses différents partenaires.

Moussa Diallo
Lefaso.net