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Dick Marcus, artiste reggaeman, membre du CNT : « Le pays avait été bâti sur du faux »

vendredi 5 décembre 2014.

 

Lorsque nous le rencontrions, à quelques heures du 30 octobre 2014, c’était certes pour avoir son regard sur des questions relatives à son domaine (la culture), mais surtout pour recueillir son analyse sur la situation politique nationale très tendue, avec en sus, cette veillée des armes sur le vote du projet de loi portant modification de l’article 37. Notre interlocuteur était certainement loin, comme « les » autres membres des organes de la transition, de s’imaginer à une telle sphère décisionnelle de son pays, surtout pas dans ce laps de temps. Nous vous proposons l’entretien, enrichi de nouvelles questions auxquelles il a bien voulu répondre lorsque nous l’avons aperçu au cimetière municipal de Gounghin, le 2 décembre, venu accompagner les martyrs de l’insurrection à leur dernière demeure. Lui, c’est l’artiste reggaeman, Dick Marcus (Oumarou Dicko, à l’état civil). Lisez plutôt !

Lefaso.net : Vous êtes de moins en moins présent sur les scènes musicales ; qu’est-ce qui explique ce temps de relâchement ?
Dick Marcus :
Ce n’est pas un relâchement. Il faut comprendre que parallèlement à la musique, on fait beaucoup d’autres choses. C’est le cas du mouvement associatif où on parle et défend la profession de manière générale. J’ai aussi ma maison de production dénommée « Soleil Productions » que j’ai mise en place depuis quelques années maintenant. C’est vrai que ce n’est plus comme à mes débuts, jusqu’en 2005, où j’étais beaucoup plus présent à travers la musique. On est donc beaucoup plus partagé maintenant. Sinon, on n’a pas relâché ; on a toujours produit dans la même lancée. Mais, je conviens qu’on ne peut pas être présent tout temps ; même Bob Marley ne l’a pas fait. Aussi, faut-il reconnaître que certains médias publics, à un certain moment, ne nous ont pas aidés aussi. Moi, j’ai eu des censures (titres de ses albums) depuis mon album de 2007. Or, il se trouve que ce sont seulement eux qui couvrent entièrement, l’ensemble du territoire national ; lorsqu’ils te ferment donc la porte, la promotion devient un peu compliquée.

Lefaso.net : Est-ce que vous ne risquez pas d’oublier les podiums de la musique pour d’autres… ?
Dick Marcus :
Non, pas du tout. Ce que je fais, c’est toujours dans le domaine de la musique : ma maison de production où on fait des éditions, la location de sonorisation ; le monde syndical qui défend les intérêts des artistes. Bref, nous restons toujours dans la musique mais en diversifiant les secteurs d’intervention parce que j’estime qu’il faut tendre la main aux plus jeunes. C’est dans cette dynamique que je suis membre du comité national de lutte contre la piraterie et nous nous battons également pour obtenir le statut de l’artiste et pour que la mutuelle des artistes soit une réalité. Ce qui fait qu’on ne peut pas être aussi plus présent sur les scènes. C’est important parce qu’il faut véritablement une organisation pour que l’artiste puisse vivre de son art. Nous avons une sorte de devoir de mener le combat pour que demain, nos jeunes frères puissent en bénéficier et fassent encore plus ; ainsi de suite.

Lefaso.net : Quelles sont difficultés majeures que vivent les artistes de façon générale, les musiciens en particulier ?
Dick Marcus :
Généralement, en ce qui concerne la musique, le véritable problème, c’est celui de moyens financiers et, ensuite, de promotion. Il faut reconnaitre qu’au Burkina Faso, l’effort est fait en matière de promotion mais ce n’est pas encore arrivé ; il y a beaucoup de médias qui sont loin d’atteindre le quota de diffusion des musiques de notre pays. Aujourd’hui, on ferme les yeux là-dessus mais c’est un véritable problème. Quand vous entrez dans un maquis, il n’est pas rare d’écouter 90 à 100% de musiques étrangères ; ce qui n’est pas à favoriser le développement de la culture de notre pays. Ce sont des questions sur lesquelles nous réfléchissons et je pense que c’est notre rôle pour que nos petits frères qui arrivent puissent bénéficier d’un mieux-être dans la culture de façon générale. Il y a aussi le manque de producteurs. Cela est dû aussi à la piraterie, parce qu’on ne met pas l’argent en tant que producteur, pour ne rien récolter. C’est vraiment complexe. Donc à côté de ce phénomène de piraterie, nous sommes en train de réfléchir sur comment trouver des mécanismes pour permettre à l’artiste de vivre décemment de son art.

Lefaso.net : Comment un artiste peut-il s’arranger pour s’adapter à ce contexte de piraterie généralisé ?
Dick Marcus :
C’est difficile. Mais je pense que tout le monde n’ignore pas que lorsqu‘on fait sortir un album, côté discographie, c’est zéro. Si tu fais sortir un album, tu ne peux pas attendre seulement la vente. Aujourd’hui, l’artiste doit se focaliser sur le côté ‘’art vivant’’ (les scènes) ; c’est clair. N’empêche qu’à côté, on continue de produire. Plus tu as des spectacles, plus tu vis mieux. Sinon, les CD ne marchent plus, à cause de l’évolution des technologies (cartes mémoires, Bluetooth, etc). Il faut trouver les voies et moyens pour s’adapter au contexte.

Lefaso.net : N’empêche que la piraterie permet à l’artiste aussi de « s’exporter » plus loin qu’il ne le pensait !
Dick Marcus :
Tu vas te vendre sur quelles scènes ? C’est trop dire… C’est vrai qu’il y a des moments où ça rapporte mais pas véritablement. Ce sont des choses sur lesquelles on ne peut pas compter pour voyager à l’extérieur. C’est vrai que les sons (œuvres, ndlr) voyagent mais ce sont des situations de tout hasard et ça ne veut pas forcément dire que ça marche). Aujourd’hui, il faut trouver une solution à cette piraterie, même si on ne peut pas l’endiguer totalement. Il y a la copie privée, certes, pour compenser cette perte sèche des artistes, mais on pourrait trouver des mécanismes par exemple pour faire payer les consommateurs, du fait de la piraterie qu’ils occasionnent tous les jours, à travers par exemple leurs téléphones portables, leurs cartes mémoires etc. Je reste convaincu qu’on ne peut plus rien contre la piraterie parce qu’avec l’éclatement de l’environnement matériel, c’est compliquer. Quand c’était encore artisanal avec les cassettes, c’était encore facile pour l’artiste mais aujourd’hui, ce n’est plus contrôlable. Récemment, j’ai eu un problème avec quelqu’un sur le Net, c’était le monde entier mais on n’y peut rien. C’était concernant un de mes « Best Of ».

Lefaso.net : Certains artistes reprochent aux autorités de reléguer la culture au second plan, de ne pas en faire un élément de développement ; partagez-vous cet avis ?
Dick Marcus :
Je le partage entièrement. La politique gouvernementale en matière de culture, c’est vraiment une coquille vide. Dans son contenu, quand tu prends dans l’année, ce qui revient directement à la création au ministère de la culture, je crois que c’est autour de 120 millions de francs CFA. C’est ce qui va directement au grand ensemble de la création (artistes, cinéastes, le théâtre, la danse,…..). Vous comprenez qu’il y a un problème ! Tout le reste, c’est pour le fonctionnement du ministère avec souvent des manifestations comme le Grand prix national, etc. Alors que je pense que le gouvernement doit s’y accorder. Pendant 5 ou 10 ans, il peut injecter par exemple 2 milliards par an ; ça pourra booster la culture parce qu’aujourd’hui, au Burkina, il n’y a plus de producteurs. Quand vous voyez les budgets du FESPACO, de la SNC etc., n’ont jamais totalement été bouclés. Quand bien même ce ne sont pas de gros budgets. On peut dire que le gouvernement ne s’attache pas à la culture de façon pratique. Mais tous les jours, c’est le slogan. Alors qu’elles (les autorités, ndlr) peuvent aider la culture sans même débourser 1 franc ; si le Chef de l’Etat et les ministres s’investissent, ça peut changer les choses.

Lefaso.net : En quoi faisant par exemple ?
Dick Marcus :
La politique peut donner un signal fort, en indiquant que la culture est un secteur de développement qui rapporte. Inciter par exemple les opérateurs économiques à investir dans la culture et trouver des mécanismes au niveau des impôts à eux soumis, par exemple, pour compenser leur investissement. Permettre que les gens fassent du mécénat ; ça permettra à l’Etat de promouvoir sans enlever 1 centime. Ce sont des scénarii sur lesquels on peut réfléchir. Depuis un moment, ce ne sont que des discours politiques. D’ailleurs, la culture au Burkina, c’est le parent qui était pauvre ; aujourd’hui, c’est le parent mourant dans le pays. C’est ce qui est triste mais c’est cela aussi la réalité.

Lefaso.net : Au finish, quel est votre regard sur l’avenir de la culture au Burkina ?
Duck Marcus :
La culture a un très bel avenir au Burkina. Il y a eu travail fait par les artistes à tous les niveaux et de tous les horizons. Je suis beaucoup optimiste. Il faut simplement beaucoup plus d’activités ; sinon on a beaucoup de talents dans toutes les catégories (musique, danse, théâtre, cinéma, peinture, etc.) capables de représenter le pays dans le monde entier. Mais, la culture demande beaucoup de moyens. Par exemple, pour faire un bon album, il faut débourser environ 50 millions de francs CFA. Alors que la plupart des musiciens burkinabè font des albums de 1 à 1,5 million. Avec ça, tu ne vas conquérir que 4 à 5 villes du Burkina. C’est le problème. Quant à la place d’un budget de 50 millions, tu as un million, ça pose problème. On ne peut pas faire un clip de 200 mille francs et aller concurrencer avec des artistes qui font des clips de 100 millions. C’est le véritable problème et c’est donc une question de moyens financiers. Sinon on a de bons artistes, de bons managers, de bons studios de production et une bonne presse qui accompagne culturellement. Il suffit qu’on songe à injecter des moyens dans la culture pour qu’elle occupe son statut et joue son rôle. On n’a rien à envier culturellement aux autres.

Lefaso.net : On constate aussi que Dick Marcus est de plus en plus présent à travers des mouvements citoyens, notamment de lutte contre la modification de l’article 37. Qu’est-ce qui explique cet engagement ?
Dick Marcus :
Depuis mon arrivée au Burkina en 1999, je n’ai jamais quitté ma ligne. Nous avons commencé à interpeler les gens depuis les années 2000, jusqu’à aujourd’hui. Je ne crois plus avoir quelque à dire encore qui n’ait été dit. Quand vous prenez mes albums successifs, de 1999 à ce jour, on a toujours joué le rôle d’interpellation. Mais, les politiciens n’écoutent pas ; ils sont ce qu’ils sont. Sinon, toute personne censée sait que le problème n’est pas compliquer à résoudre. Le problème, c’est Blaise Compaoré. On n’a pas besoin d’être devin pour comprendre qu’on est en train de faire fausse route ; parce que quand tu regardes les gens fonctionner, ça donne à réfléchir. C’est comme quelqu’un qui, en circulation, voit le feu tricolore passer au rouge mais accélère pour passer ; soit il cogne quelqu’un soit on le cogne. Ma seule prière est que Dieu nous aide. Quand on croit en Dieu, on comprend que tout peut changer à tout moment. Blaise Compaoré, là où il est-là, Dieu peut le voir cette nuit même et le faire changer de décision. Continuons à prier….

Lefaso.net : Plusieurs cadres de concertation ont été initiés pour discuter d’une issue heureuse sur cette question de l’article 37 mais aucun n’a abouti ; comment analysez-vous cela ?
Dick Marcus :
Tout ça-là, c’est parce que les gens sont faux ; le pays a été bâti sur du faux. C’est ainsi que je peux résumer la situation de tiraillements sans issue heureuse. C’est vraiment dommage. On peut tout faire mais, il ne faut pas que Blaise Compaoré se représente en 2015. Qu’il termine son mandat et se retire pour se reposer. Le CDP est un grand parti et je pense qu’il ne manque pas de candidat pour présenter en 2015. Referendum ou pas, que Blaise Compaoré ne se représente plus en 2015 ; c’est lui la base du problème. A supposer, aujourd’hui, le CDP présente une autre personne pour dire qu’il sera son candidat en 2015 ; même si on dit d’aller au referendum, les gens vont y aller sans problème. C’est dire que c’est lui (Blaise Compaoré, ndlr) le véritable problème. Si les gens ont l’amour pour ce pays, ils doivent arrêter ça.

Lefaso.net : Aujourd’hui, quel peut être votre message ?
Dick Marcus :
Mon message s’adresse à la jeunesse surtout. Je veux lui dire que dans un pays, à un moment donné de l’histoire, il faut savoir faire le bon choix. Et le bon choix, c’est celui qui doit conduire au développement réel (santé, paix, stabilité, éducation, etc.). La jeunesse doit comprendre que pour atteindre ses objectifs, elle doit elle-même se battre ; personne ne viendra se battre à sa place. J’entends les gens appeler la France…La France ne viendra pas résoudre notre problème. La jeunesse est aujourd’hui mature, nombreuse, intellectuelle pour s’assumer sérieusement. Elle est majoritaire et si elle s’organise pour désigner un candidat parmi elle, ce candidat va passer (être élu) devant les candidats de l’opposition et de la majorité. Aujourd’hui, qui voudra diriger ce pays sans les jeunes, n’arrivera nulle part. La jeunesse d’aujourd’hui a voyagé à travers le monde et elle est super-connectée à travers les réseaux sociaux et elle connaît bien le fonctionnement du monde entier. Quant à la classe politique, je lui dirai simplement de comprendre que le peuple burkinabè est véritablement fatigué. Qu’elle laisse la Constitution en l’état, l’article 37 n’a pas besoin d’être retouché. Choisissons de chaque côté, des hommes et des femmes capables de conduire notre destin et allons aux élections de façon apaisée. On dit, c’est l‘homme qui cherche problème et problème se colle sur lui. On n’a pas besoin de chercher des problèmes. Déjà, le Burkina est un pays qui souffre sur tous les plans ; donnons-nous l’intelligence de pouvoir rester dans la paix avec nos enfants et nos familles.

Lefaso.net : …. Comment avez-vous vécu les 30 et 31 octobre 2014 ?
Dick Marcus :
Je les ai vécues comme tous les autres Burkinabè qui ont été sur le terrain. C’était simplement La Partie ou la mort. Parce que, par tous les moyens, il fallait empêcher que ce fameux article soit modifié. Je pense que tout le peuple, dans son ensemble, et sans distinction, s’est levé et barré la route à la dérive, en empêchant le vote de cette loi. Le reste, vous le savez…, je pense donc que c’est le peuple qui a fait son changement.

Lefaso.net : Mais concrètement, qu’est-ce que cette insurrection populaire vous laisse comme leçon ?
Dick Marcus :
Quelle que soit la place qu’on occupe dans ce pays, surtout quand on est un homme politique, c’est très important d’écouter les populations ; parce que c’est pour elles qu’on gouverne, c’est à cause d’elles qu’on gouverne. Je pense qu’aujourd’hui, cette leçon est valable pour tout le monde. On l’a toujours dit mais malheureusement, Blaise Compaoré ne l’a jamais écouté ; il a pris la République qu’il a mise entre les mains de son petit frère (François Compaoré, ndlr) et de Alizèta Gando (Alizèta Ouédraogo, opératrice économique, belle-mère de François Compaoré) et compagnie et ça a donné ce résultat aujourd’hui. On doit en tirer des leçons. Même ceux qui sont aujourd’hui aux affaires par rapport à la transition doivent savoir que la leçon est valable pour tout le monde.

Lefaso.net : Vous venez d’accompagner les martyrs de cette insurrection à leur dernière demeure ; qu’est-ce que ce moment vous laisse comme sentiments ?
Dick Marcus :
Sentiments de tristesse de savoir que les camarades avec lesquels vous avez lutté, jusqu’à l’assaut final, jusqu’à obtenir ce que vous voulez, vous quittent de cette façon. (Silence). Ça touche, au plus profond de soi… Mais, comme on l’a dit, ils ont versé leur sang pour que ce peuple soit libre, pour que ce peuple regagne son intégrité. C’est aussi une leçon que ces martyrs nous laissent : celle de la bravoure, de l’humilité et du sens du sacrifice. Ils se sont sacrifiés, et ils ne l’ont pas fait pour rien. Maintenant, chaque jour que Dieu va faire, il faut que chaque Burkinabè, à quelque niveau qu’il soit, continue à penser à eux, à prier pour eux pour que leur âme repose en paix. Nous devons également faire en sorte que les valeurs qu’ils ont défendues ne soient pas oubliées, bradées.

Lefaso.net : Quelles doivent, selon vous, être les priorités des autorités de la transition ?
Dick Marcus :
C’est, de façon résumée, conduire le pays vers une véritable élection, libre, démocratique et acceptée de tous. Je crois que c’est ce à quoi tout le monde doit s’atteler ; que ce soit le gouvernement, le Premier ministre, le Président du Faso ou que ce soit le CNT (Conseil national de la transition) et même l’ensemble du peuple burkinabè. C’est pourquoi, je pense que la première disposition à prendre au niveau du CNT, c’est le verrouillage de l’article 37. Ça, il ne faut même pas se poser de question là-dessus. Il faut qu’au niveau du CNT, de façon unanime, on arrive à verrouiller l’article 37, et une fois pour toute pour que ce ne soit plus un problème pour personne dans ce pays. Que le reste des problèmes maintenant soient des questions sur la gouvernance, le développement.

Lefaso.net : Vous qualifiez la culture de « parent mourant » au Burkina. Aujourd’hui, avec le nouvel élan qui vient d’être engagé, quelle doit être la priorité des nouvelles autorités pour que la culture puisse occuper toute la place que vous souhaitez ?
Dick Marcus :
Aujourd’hui, le statut de l’artiste doit véritablement avoir le jour (c’est vrai que ça y est sur la bonne voie mais il faut qu’une fois pour toute, ce soit finalisé). Aussi, nous avons le programme de financement pour la création, le fameux fonds qui est au Ministère de la culture et qui tourne autour de 120 millions pour l’ensemble des artistes (cinéma, musique, théâtre, danses, art, etc.) pour que les artistes puissent trouver leur salut pour des créations majeures. Aujourd’hui, pour faire une bonne œuvre, il faut de l’argent. En troisième priorité, il faut qu’au niveau du BBDA (Bureau burkinabè des droits d’auteurs), le président du conseil d’administration (PCA) soit un artiste ; parce qu’auparavant, c’est l’Etat qu’y nommait ses gens. Le poste de directeur général peut rester comme tel mais le PCA doit revenir aux acteurs de la culture parce qu’il faut que nous ayons la possibilité de regarder comment ça se passe, la gestion de manière générale du BBDA. Le BBDA n’appartient pas à l’Etat, c’est une structure mise en place certes par l’Etat mais il appartient aux artistes. C’est pourquoi j’estime que la meilleure façon pour les acteurs de la culture de le contrôler, c’est d’occuper le poste de PCA. Ce n’est pas un poste tout à fait technique comme celui du directeur général, par conséquent, un artiste, de façon consensuelle, peut faire l‘affaire.

Lefaso.net : C’est dire que vous n’êtes pas aujourd’hui satisfaits de la gestion du BBDA ?
Dick Marcus :
La gestion, au temps de la Balamine (Balamine Ouattara, prédécesseur de l’actuel DG), a enregistré un progrès. Mais aujourd’hui avec le nouveau directeur général (Adama Sagnon, ndlr), il y a eu une chute vertigineuse que je saurais expliquer. Certains disent que le problème se trouve au niveau de la perception, etc. Mais, ce qui est sûr, il y a un problème. Depuis que Balamine est parti, les paies ont considérablement baissé. Il y a eu deux paies qui se sont passés, mais l’une n’a pas été meilleure que l’autre. Il faut donc que rapidement, le nouveau directeur général puisse s’atteler à ce que les artistes burkinabè puissent vivre de leur art.

Lefaso.net : Est-ce que cela a participé à crisper les tensions du refus de l’arrivée du DG (Adama Sagnon) à la tête du ministère de la culture et du tourisme ?
Dick Marcus :
Il y a ça aussi mais je crois que ce que tout le monde sait, c’est l’affaire Norbert Zongo qui l’a emporté. Sinon, je reconnais aussi qu’il y a aussi le problème de la gestion au niveau du BBDA comme les uns et les autres l’ont décrié. Mais c’est l’affaire Norbert Zongo qui a plus prévalu à sa démission.

Lefaso.net : Vous êtes membre du CNT, quelles sont les principales priorités du monde de la culture que vous déposerez sur la table des propositions ?
Dick Marcus :
Le CNT est-là, juste pour un an (pour ne pas dire aujourd’hui à 11 mois). Certes, il y a de grands chantiers au niveau de la culture, mais il faut être réaliste en regardant lesquels de ces chantiers peuvent rapidement être mis en place pour que les acteurs puissent être satisfaits et le ressentir ; c’est le plus important. C’est pourquoi d’ailleurs, j’ai cité plus haut, les grands chantiers que j’estime être à mesure de relever les défis pour nous artistes. Sinon, il y a bien d’autres chantiers mais on ne peut pas tout faire pendant la transition parce qu’il n’y a pas que ça seulement à faire pendant la transition. C’est vrai qu’il y a assez d’attentes à ce niveau mais il faut d’abord dire qu’on défend la cause nationale. On ne peut donc pas, en une année (pour ne pas dire en 11 mois), résoudre tous les problèmes. Il s’agit de jeter les bases pour l’équipe qui viendra après les élections pour la continuité.

Lefaso.net : ….En conclusion ?
Dick Marcus :
Au peule, je dis de rester vigilant car, lorsque tu confies quelque choses à quelqu’un, il faut rester à côté pour voir si ça se passe comme vous l‘a souhaité au départ. Si tu ne le fais pas, tu vas aussi être comptable aux insuffisances que la personne va enregistrer. C’est ce qui s‘est passé avec Blaise Compaoré parce que les gens sont restés chez eux et le temps de se rendre compte, c’était trop tard. Cela doit désormais nous servir de leçon pour suivre de près les actions du gouvernement, du Président du Faso, du CNT et de tout Burkinabè qui occupe un certain niveau de poste de responsabilité. Ça a permet de signaler les dérives et les erreurs pour les réparer vite afin d’avancer. Ce doit désormais être le rôle de chaque Burkinabè. On a opéré un changement à travers le départ du régime Compaoré mais la République doit continuer, le travail doit continuer et il faut rester vigilant car la République doit continuer avec nous tous, par nous tous et pour nous tous.

Entretien réalisé par :
Oumar L. OUEDRAOGO
Lefaso.net



Vos commentaires

  • Le 5 décembre 2014 à 07:42, par bonjour En réponse à : Dick Marcus, artiste reggaeman, membre du CNT : « Le pays avait été bâti sur du faux »

    je pense que Dick aurait dû refuser de se présenter au CNT à l’image de personne comme sam’k, smockey,.... et bien d’autres mais bon c’est lui qui voit. en tout cas,je suis déçu de lui

  • Le 5 décembre 2014 à 07:57 En réponse à : Dick Marcus, artiste reggaeman, membre du CNT : « Le pays avait été bâti sur du faux »

    "Lefaso.net : Plusieurs cadres de concertation ont été initiés pour discuter d’une issue heureuse sur cette question de l’article 37 mais aucun n’a abouti ; comment analysez-vous cela ?
    Dick Marcus : Tout ça-là, c’est parce que les gens sont faux ; le pays a été bâti sur du faux. C’est ainsi que je peux résumer la situation de tiraillements sans issue heureuse. C’est vraiment dommage. On peut tout faire mais, il ne faut pas que Blaise Compaoré se représente en 2015. Qu’il termine son mandat et se retire pour se reposer. Le CDP est un grand parti et je pense qu’il ne manque pas de candidat pour présenter en 2015. Referendum ou pas, que Blaise Compaoré ne se représente plus en 2015 ; c’est lui la base du problème. A supposer, aujourd’hui, le CDP présente une autre personne pour dire qu’il sera son candidat en 2015 ; même si on dit d’aller au referendum, les gens vont y aller sans problème. C’est dire que c’est lui (Blaise Compaoré, ndlr) le véritable problème. Si les gens ont l’amour pour ce pays, ils doivent arrêter ça."

    Au fait l’article date de quand ? ce passage saborde entierement l’entretien qui du reste contient des idees tres interessantes. je ne comprends pas ce que ce passage vient faire là.

    on peut esperer que la culture redevienne la base INCONTOURNABLE de notre devenir. c’est ce que thomas sankara avait tres bien compris. voyez les journees de la cultures ou mieux comment les artistes ’africains comme burkinabe) etaient encourages soutenus etc. ouaga etait devenue la capitale de la culture ou tout artiste devait venir, etc.sans la culture il n’y a pas d’avenir
    SOME

  • Le 5 décembre 2014 à 08:21, par N’dabi En réponse à : Dick Marcus, artiste reggaeman, membre du CNT : « Le pays avait été bâti sur du faux »

    Big up, frère. C’est un plaisir de partager votre point de vue sur la situation que vie les artistes Burkinabés, ainsi que la situation politique actuelle du pays.
    La lutte continue !

  • Le 5 décembre 2014 à 08:54, par moussa En réponse à : Dick Marcus, artiste reggaeman, membre du CNT : « Le pays avait été bâti sur du faux »

    Voici ce qui arrive lorsque le pouvoir est à la rue ,des fumeurs de joints aux postes considérables.

  • Le 5 décembre 2014 à 09:03, par wendyam En réponse à : Dick Marcus, artiste reggaeman, membre du CNT : « Le pays avait été bâti sur du faux »

    DICK Marcus, toi même quand on te regardes tu es du faux. Tu ne sais pas chanter donc tu es un faux artiste Tu ne sais pas parler donc tu es un faux orateur Tu n’as jamais rien fait de bon donc tu est un faux gars. Tu vois il faut tourner la langue plusieurs fois avant de parler même si le CNT te miroiter quelques subsides

  • Le 5 décembre 2014 à 09:16 En réponse à : Dick Marcus, artiste reggaeman, membre du CNT : « Le pays avait été bâti sur du faux »

    on sait ça, c’est pourquoi tu es au CNT

  • Le 5 décembre 2014 à 09:44, par hono En réponse à : Dick Marcus, artiste reggaeman, membre du CNT : « Le pays avait été bâti sur du faux »

    Respect Dick Marcus !

  • Le 5 décembre 2014 à 09:49, par hono En réponse à : Dick Marcus, artiste reggaeman, membre du CNT : « Le pays avait été bâti sur du faux »

    Respect Dick Marcus !

  • Le 5 décembre 2014 à 10:23 En réponse à : Dick Marcus, artiste reggaeman, membre du CNT : « Le pays avait été bâti sur du faux »

    C’est toi qui est faux Dick Marcus.Blaise à bosser pour ce pays pendant que toi tu faisait la fête dans les boites de nuit.Tu es un irresponsable et il fallut cette pagaille pour que des gens comme toi parle au nom du peuple.
    Tu ne peut même pas être conseiller municipal dans ton village.
    Que Dieu ai pitié de notre pays.Quelle honte tu as intérêt à te taire pour de bon toi qui chantait la beauté de Ouagadougou y’a même pas longtemps,Simon Compaoré t’avait donné combien pour ce faux clip

  • Le 5 décembre 2014 à 10:40 En réponse à : Dick Marcus, artiste reggaeman, membre du CNT : « Le pays avait été bâti sur du faux »

    M. SOME, vous n’avez certainement pas lu l’article en entièreté en commençant par l’introduction. Au fait, Fasonet a dit que c’est un interview en 2 phases, la première partie a été réalisée à quelq heures de l’insurrection mais ça n’a pas été diffusé. Donc ça été complété avec la deuxième partie avec des questions post-insurrection.

  • Le 5 décembre 2014 à 10:51, par Franc En réponse à : Dick Marcus, artiste reggaeman, membre du CNT : « Le pays avait été bâti sur du faux »

    Ce qui est sûr Blaise COMPAORE n’a pas fait que du mal pour ce pays. Il faut etre bête ou ignorant pour croire que ce pays etait dirigé par des faux types rien que des faux types. Je suis convaincu d’une chose que les veuille cacher la réalité pour arriver o pouvoir, ils seront rattrapé par la réalité du blot abatu par blaise COMPAORE. Il ne suiffit pas d’avoir la volonté et les idée pour battir un pays de paix, de prosperite... il fo aussi avoir les moyens.

  • Le 5 décembre 2014 à 10:51, par Jamanatigui En réponse à : Dick Marcus, artiste reggaeman, membre du CNT : « Le pays avait été bâti sur du faux »

    Moussa, ton commentaire d’une phrase est quand même lourd de sens pour quelqu’un qui peut en saisir la portée. Tout à nous amène à nous demander si on a bien géré l’après Blaise. En temps normal et dans les conditions idéales certains individus qui siègent aujourd’hui dans cet organe capital de la transition ne devraient pas pouvoir le faire.
    Je ne suis pas pour l’armée au pouvoir mais je retiens que cette institution, avec la discipline qui règne à son sein, est quand même à féliciter par la qualité de ses candidats aussi bien à la présidence qu’au CNT.

  • Le 5 décembre 2014 à 12:09, par Pickas En réponse à : Dick Marcus, artiste reggaeman, membre du CNT : « Le pays avait été bâti sur du faux »

    Dick Marcus. Bonne analyse de la situation de crise qui prévalait et un bon regard de post-crise. Tu es valable et le pays a besoin de gens de ta carrure. Ce n’est pas le fait de porter les vestes qui fait la carrure. Je respecte les artistes burkinabè, sincèrement, félicitations à vous !!!!

  • Le 5 décembre 2014 à 14:12, par Bernard Luther King En réponse à : Dick Marcus, artiste reggaeman, membre du CNT : « Le pays avait été bâti sur du faux »

    Merci beaucoup intervenant N.10 pour votre precision et que definitivement nos journalistes apprennent à tenir compte du facteur humain dans la presentation des titres, l’agencement et autres.
    Je vous en veux Journalistes à cause de ces presentations fallacieuses des articles . Ce n’est pas la première fois que de telle equivoques se presentent. Prenez l’article sur la visite aux malades du ’Balai Citoyen aux malades" et du MPP. A lire le titre, vous avez l’impression que les 2 se sont concertés pour allez voir les malades à l’hopital.
    Et c’est plein ces presentations fallacieuses !

  • Le 5 décembre 2014 à 15:21, par L’A En réponse à : Dick Marcus, artiste reggaeman, membre du CNT : « Le pays avait été bâti sur du faux »

    Bernard Luther King, je pense qu’en tout bon lecteur, on ne bondit pas sur une œuvre comme vous semblez l’avoir fait (et comme certains élèves le font à l’école avec les romans quand il y a des exposés).Sans être spécialiste, je pense qu’un entretien est une suite logique et je pense aussi que le journaliste a bien précisé au début de l’article que l’entretien a été réalisé en 2 temps (avant le 30 oct. et l’autre partie c’était après à l’enterrement des martyrs le 2 déc.). Où est ce qui est difficile à digérer intellectuellement dans ça ? Et puis je pense que c’est bien fait ainsi parce qu’on compare deux contextes d’intervention ds le même entretien (juste avant l’insurrection et après). Le problème, c’st souvent nous les lecteurs, il y a trop de mauvais lecteurs.

  • Le 5 décembre 2014 à 15:24, par L’A En réponse à : Dick Marcus, artiste reggaeman, membre du CNT : « Le pays avait été bâti sur du faux »

    Bernard Luther King, je pense qu’en tout bon lecteur, on ne bondit pas sur une œuvre comme vous semblez l’avoir fait (et comme certains élèves le font à l’école avec les romans quand il y a des exposés).Sans être spécialiste, je pense qu’un entretien est une suite logique et je pense aussi que le journaliste a bien précisé au début de l’article que l’entretien a été réalisé en 2 temps (avant le 30 oct. et l’autre partie c’était après à l’enterrement des martyrs le 2 déc.). Où est ce qui est difficile à digérer intellectuellement dans ça ? Et puis je pense que c’est bien fait ainsi parce qu’on compare deux contextes d’intervention ds le même entretien (juste avant l’insurrection et après). Le problème, c’st souvent nous les lecteurs, il y a trop de mauvais lecteurs.

  • Le 5 décembre 2014 à 16:00, par wenlasida En réponse à : Dick Marcus, artiste reggaeman, membre du CNT : « Le pays avait été bâti sur du faux »

    je crois que le wack de Blaise était puissant seulement les wackmen ont négligé les rastamen et c’est eux qui ont Blaise. Comme l’ergot de coq pour...

  • Le 5 décembre 2014 à 16:10, par socrate En réponse à : Dick Marcus, artiste reggaeman, membre du CNT : « Le pays avait été bâti sur du faux »

    Moussa,Wendyam,Franc avezvous 1 niveau pr comprendre le debat actuel au faso.Moussa et Wendyam pouvezvous apporter la preuve dece que vs reprocher(drogue,faux)à Dick ?toi Franc fè le ratio dè realisation cdp sur 27ans. boukinez mè frère et soeurs.

  • Le 5 décembre 2014 à 16:50, par L’Intègre En réponse à : Dick Marcus, artiste reggaeman, membre du CNT : « Le pays avait été bâti sur du faux »

    Tous ceux qui tombent sur Dick Marcus sont des aigris, des médiocres, des méchants, des médisants (comme l’ont si bien trouvé Ablassé OUEDRAOGO, Laurent BADO et Moustapha THOMBIANO). Pourquoi en voulez-vous à un citoyen qui a donné son point de vue sur un sujet d’intérêt national de telle importance et d’ailleurs avec sagesse, intelligence, objectivité, pédagogie et vision ? Sincèrement, il faut arrêter avec ce genre de bassesses et hostilités intellectuelles. ça ne paie pas du tout et c’est toujours nuisible à leur auteur. Grandissons à un certain moment. Comment peut-on passer son temps dans le négativisme de la sorte. On peut critiquer, mais de façon constructive ! A bas les petits esprits ! Merde !