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Education nationale : les parents d’élèves de Tuy s’engagent pour un enseignement de qualité

vendredi 5 décembre 2014.

 

Depuis plusieurs décennies le système éducatif au Burkina Faso est plongé dans une impasse totale marquée par des crises profondes et répétitives. La mise en œuvre des PAS rebaptisée CSLP, puis SCADD, ainsi que les réformes hasardeuses opérées dans un système éducatif (refondation, réforme globale du système éducatif en 1997, système LMD, Continuum…) ont contribué à plonger le secteur de l’éducation dans le gouffre avec la bénédiction des institutions de Brettons et Woods que sont la BM et le FMI.

Les manifestations de la crise de notre système éducatif se traduisent au plan national par :
1- L’incapacité du système à absorber tous les enfants en âge d’aller à l’école à cause de la démission des dirigeants.
2- Le manque criard d’infrastructures et de matériels éducatifs
3- Les classes surpeuplées
4- L’insuffisance d’enseignants, de membres d’administration et autre personnel de soutien
5- La dégradation continue des conditions de vie et de travail des acteurs à tous les niveaux
6- Les grèves et autres manifestations de protestation contre la gangrène de la fraude, de la corruption et de l’impunité dans ce milieu
7- La privatisation de l’éducation qui se caractérise par la prolifération des établissements privés d’enseignement qui ne respectent pas le cahier de charge
8- Le détournement des frais de scolarité à travers des pourcentages que les établissements sont tenus de reverser aux directions régionales (5%), au ministère (10%), au FONER (10%)
9- L’incapacité de l’Etat à accorder la subvention nécessaire aux Etablissements pour le paiement des heures de vacations et heures supplémentaires (subventions non seulement très insignifiantes et qui arrivent avec plusieurs mois de retard).
Au plan local, depuis trois an au moins, les responsables des Etablissements, les professeurs, le personnel de soutien, les élèves, les parents d’élèves sont abandonnés à eux même et sont confrontés à de graves problèmes de cherté du coût des frais d’éducation, d’effectifs pléthoriques dans les classes, de manque de salles de classes dans tous les établissements publics de la province du Tuy.
L’on se rappelle que l’année scolaire 2012-2013 a été marquée par des luttes des élèves et leurs parents contre les cotisations spéciales pour paiement de la vacation et heures supplémentaires. Ils convient de rappeler qu’il n’est pas du ressort des parents d’élèves de cotiser pour suppléer le manque de professeurs. Les luttes ont abouti à la suppression de cette cotisation lors de la rencontre du 17 avril 2014 dans la salle de réunion de la Mairie de Houndé. Aussi, il faut noter que l’arrêt des cotisations spéciales n’était pas du goût de tout le monde car certains ont continué à intimider les élèves pour qu’ils militent pour la réinstauration de ces cotisations. En plus de cela, certains chefs d’établissements recherchaient un blocage de l’année scolaire pour pouvoir faire valoir le bien fonder de ces dites cotisations.
C’est dans ce contexte que la rentrée scolaire 2014-2015 a débuté. Au lycée municipal de Houndé, par exemple de nombreuses classes manquent de professeurs dans plusieurs matières depuis la rentrée des classes jusqu’à ce jour (21 novembre 2014). Il y a des classes qui se retrouvent avec un (01) seul professeur, certaines avec deux (02) ou trois (03) professeurs.
Cette situation a interpellé les organisations syndicales, notamment les camarades de la F-SYNTER à se poser des questions et à approcher le premier responsable de l’Etablissement le 10 novembre 2014 pour en savoir plus et les solutions recherchées pour résoudre le problème. Sous la pression des camarades, le chef de l’établissement et les responsables de l’APE convoquent une Assemblée Générale le vendredi 14 novembre 2014.

A l’issue de cette rencontre les parents d’élèves ont pris les décisions suivantes :
1- Dégager la somme de 1 000 000 de francs CFA et demander au COGES de faire également un effort de contribution (de leurs fonds propre ordinaire) afin d’engager des professeurs pour assurer les cours au lycée municipal de Houndé en vue de sauver ce trimestre qui tire déjà vers sa fin.
2- Organiser une marche ce vendredi 21 novembre 2014 pour interpeller les autorités locales, régionales et nationales afin qu’elles se penchent diligemment et sérieusement sur ces problèmes de manque de professeurs et d’insuffisance caractérisée de la subvention de l’Etat pour la vacation et heures supplémentaires.
3- Appeler tous les parents d’élèves à renforcer la mobilisation et la sensibilisation afin de lutter pour une éducation de qualité répondant aux attentes du peuple.
Il faut noter que les parents ont dénoncé avec force les détournements des frais de scolarité sous forme de reversement (25%), le faible recrutement de professeurs du public ainsi que l’insuffisance de la subvention de l’Etat pour le paiement des heures de vacation.
Ils demandent aux responsables locaux, régionaux et nationaux, de tout mettre en œuvre pour affecter suffisamment de professeurs au lycée municipal de Houndé, ou au cas échéant allouer suffisamment de ressources pour la prise en charge des vacations et des heures supplémentaires.

Ils convient également de situer clairement les responsabilités à trois (03) niveaux :
1- APE : celle-ci joue déjà pleinement son rôle car à l’heure actuelle c’est grâce à la contribution des parents d’élèves que l’établissement fonctionne (frais de scolarité, frais de bibliothèque, cotisation ordinaire APE, manuels scolaires)
2- La Municipalité : malgré les efforts consentis qui pour la plus part proviennent des ressources transférées de l’Etat et des partenaires, les recettes propres de la commune ne se ressentent pas au niveau des secteurs sociaux de base comme l’éducation.
3- L’Etat : en réalité, l’Etat est à la base de ce problème. Quand bien même il sait qu’il y a une insuffisance de professeurs il n’a jamais affecté suffisamment de ressources financières et à temps pour payer les heures supplémentaires et la vacation. En plus de cela, il réclame que les établissements reversent 25% des frais de scolarité à son niveau.

Au regard de cette situation, la CCVC/Tuy dont l’APE est une composante :
1- Interpelle la Municipalité de Houndé de prendre en compte dans son budget les questions de l’éducation à travers une ligne budgétaire claire
2- Interpelle les premiers responsables des établissements secondaires publics de la province du Tuy à prendre toute la mesure de leur responsabilité afin d’éviter des situations pareilles.
3- Interpelle l’Etat, à travers ses démembrements au niveau régional (DRESS des Hauts-Bassins) à prendre toute disposition utile afin que la province du Tuy ne soit plus une particularité dans la région.
4- Interpelle l’administration publique de la province du Tuy à tout mettre en œuvre pour que les établissements secondaires publics de cette province puissent bénéficier d’un nombre suffisant d’enseignants lors des commissions d’affectation.
5- Condamne sans réserve les détournements constatés au niveau de la gestion des établissements d’enseignement secondaire publics.
6- Exige un audit des fonds mis à la disposition des établissements secondaires publics de la province.

A l’issu de cette marche, si des solutions ne sont pas trouvées, nous nous réservons le droit de passer par d’autres voies pour faire entendre notre cause.
Vive l’APE du lycée municipal
Vive la CCVC
Pain et liberté pour le peuple !

LA CCVC/TUY



Vos commentaires

  • Le 6 février 2015 à 13:55, par ouedraogo alssane En réponse à : Education nationale : les parents d’élèves de Tuy s’engagent pour un enseignement de qualité

    Au lycee departemental de bereba dans la region du tuy on oblige les eleves verser la somme de 7500f pour des heures de vacation.cette meme situation s’est produite l,annee derniere.les eleves n’ont pas acces a la bibliotheque malgre qu’ils possedent des recus d’abonnement.vraiment la situation est plus que jamais preoccupante.