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Conférence inaugurale des festivités du 11 décembre : les populations à l’école de la décentralisation

lundi 24 novembre 2014.

 

Ce jeudi 20 novembre 2014, s’est tenue à Dédougou la conférence inaugurale des festivités du 11 décembre. « Rôle et responsabilités des collectivités territoriales pour l’émergence du Burkina Faso » et « Emergence du Burkina Faso et développement local : enjeux et responsabilités des différents acteurs », ont été entre autres thématiques abordées.

Les exposants ont expliqué au tout début que l’émergence a des principales exigences qui se déclinent en trois points essentiels. C’est d’abord avoir une rénovation institutionnelle et juridique, ensuite améliorer les moyens de production pour accroitre la production et assurer les infrastructures pour écouler cette production vers les marchés extérieurs. Pour le Directeur général du ministère de l’administration territoriale et de la décentralisation (MATD), Charles Ky dont l’exposé a tenu en haleine les participants, le Burkina Faso est sur cette lancée. « Nos collectivités sont institutionnalisées. Tant que la constitution existe nos collectivités vont exister. L’encrage de notre décentralisation a été fait déjà dans notre constitution. C’est la constitution qui a énoncé clairement que notre territoire est subdivisé en collectivités territoriales. Donc c’est une rénovation de notre juridiction que déjà ce soit inscrit dans la constitution » s’est-il justifié. Avant de poursuivre que c’est l’ensemble du territoire national qui est subdivisé en collectivités. Et chaque collectivité est constituée en territoire dont en des lieux de production. S’il y a moyen de production à faire évoluer c’est sur ces territoires. « C’est pourquoi, soutient Monsieur Ky, l’importance de nos collectivités ressort comme un moyen de développement tout comme un moyen d’atteindre le statut de pays émergent parce que si la production est assurée, si les moyens de production sont innovés et s’il y a des infrastructures de développement ». De son avis, l’Etat doit donc accompagner les collectivités en les aidant à aménager leur territoire pour ressortir des sites de production, des sites d’élevage, des sites miniers. Il s’agira pour l’Etat d’organiser les producteurs pour qu’ils puissent améliorer leur production afin d’écouler sur le marché en mettant à leur disposition des infrastructures routières comme les voies bitumées, les voies ferrées.

Les différents acteurs de la décentralisation ne jouent absolument pas leur rôle

A entendre Monsieur Charels Ky, notre processus de décentralisation souffre de deux insuffisances essentielles. D’abord, il y a l’appropriation du processus par les différents acteurs de la décentralisation. « Les collectivités, les conseils municipaux, les maires eux-mêmes, les élus, les organisations de la société civile, les populations, personne ne joue son rôle absolument. C’est le défaut, ils ne le jouent pas parce que les gens ne savent pas leur rôle » a-t-il déploré. Et de se défendre par exemple un élu local son rôle c’est de représenter les populations qui l’ont élu dans le conseil municipal. Il n’est pas parti au conseil municipal pour représenter un parti politique. Il est parti représenter des populations locales d’où il doit défendre les intérêts. Donc, au sein du conseil avec l’ensemble des membres des conseils, il doit chercher le bien être de ces populations. Le parti politique est une voie pour accéder à ça mais en tant qu’élu local, je défends les populations.

Idem pour les populations. En effet selon Monsieur Ky, Les populations aussi ne savent pas que la décentralisation c’est pour les populations elles-mêmes. La décentralisation signifie que l’autonomie est donnée aux collectivités. Ce sont les populations qui déterminent elles-mêmes leurs besoins de développement. C’est elles-mêmes qui disent pour que nous on puisse améliorer nos conditions de vie, il faut que nous puissions arranger ça. Mais c’est aussi elles-mêmes qui doivent rechercher les moyens pour faire leur développement. C’est ce que nos populations ne savent pas.

« Nos populations attendent encore tout de l’Etat. Or décentralisation ce n’est pas attendre l’Etat »

Et de tempêter « Aujourd’hui quand j’entends dire que le maire d’ici, il n’a rien fait, le maire de telle localité, il n’a rien fait. Nos voies sont mauvaises, nos routes sont mauvaises. Toi citoyen ! Toi population ! Tu es dans ce secteur depuis 10 ans, depuis 15 ans, tu n’as jamais payé un seul franc d’impôt, le maire là il va faire vos routes avec quoi ? ». Pour conclure le Directeur général du MATD a indiqué que ce sont les populations elles-mêmes qui doivent définir leurs besoins et mettre en commun les moyens pour résoudre leurs difficultés. C’est ça le sens de la décentralisation. « Nos populations attendent encore tout de l’Etat. Or décentralisation ce n’est pas attendre l’Etat. C’est les efforts des populations elles-mêmes et l’Etat vient en complément en appui. Les partenaires techniques et financiers viennent en appui des efforts propres des populations. Parce que la commune c’est pour nous. C’est nous qui décidons de prendre en charge nos propres affaires et c’est nous qui nous chargeons de chercher les moyens nécessaires pour assurer le développement de notre localité ».

Sébastien Lota Fofana chef de service des ressources humaines de la commune de Dédougou, et participant à la conférence nous livre ses impressions. C’est un thème qui était attendu. Il a été bien choisi. C’est depuis 95 que nous avons amorcé ce processus de décentralisation et il y a lieu de continuer la réflexion. Et de tel thème permet de réfléchir, de partager et de faire une capitalisation des différentes idées afin d’améliorer ce qui est encore insatisfaisant. Que ce soit de la part des acteurs locaux, que ce soit de la part des responsables nationaux, chacun à un rôle à jouer. Certes, le temps n’a pas suffit pour les différents conférenciers pour étayer tout ce qu’ils avaient préparé. Mais déjà le fond de ce qu’ils ont donné permet de pousser la réflexion et que chacun puisse améliorer ça façon de faire. Chacun puisse réfléchir sur ces contraintes et voir sa responsabilité, la source de ces problèmes et voir ce qu’il y a lieu de faire afin d’agir de façon complémentaire pour qu’ensemble nous puissions réussir la décentralisation.

Ibrahima TRAORE
Lefaso.net