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Insurrection populaire au Burkina Faso : environ 200 milliards de francs CFA de pertes

jeudi 6 novembre 2014.

 

Les manifestations que le Burkina Faso a connues ces derniers jours ont occasionné des dégâts matériels. Des bâtiments publics et privés ont été saccagés ainsi que des pillages orchestrés çà et là. Tous ses dégâts ont eu un impact sur l’économie du pays. C’est d’ailleurs ce qui a constitué l’ordre du jour du point de presse du mardi 05 octobre de l’institut Free Afrik, axé sur le rapport économique de la crise économique consécutive à l’insurrection populaire au Burkina. Les pertes se chiffrent à environ 200 milliards de francs CFA.

Après les casses et pillages qui ont émaillé l’insurrection populaire du 30 octobre 2014, l’heure est au bilan. C’est donc dans ce contexte de crise que notre pays traverse que l’institut Free Afrik dresse une analyse sommaire, rapide de la situation de l’économie du pays. Quels sens ont les dynamiques sociopolitiques en cours ? Quelles en sont les conséquences économiques ? tels sont les grands points de cette analyse.

Le point des dégâts

L’insurrection populaire des 30 et 31 octobre a causé des dégâts importants sur les biens privés notamment les domiciles des dignitaires de l’ancien régime à Ouagadougou et dans les autres villes du pays. Les dégâts ont également touché des entreprises privés. Plusieurs infrastructures et investissements privés supposés appartenir à des proches du régime également ont été vandalisés (grands magasins de commerce de riz, produits alimentaires et de cycles pillés). Le secteur bancaire est aussi affecté (Coris Bank International). Le secteur hôtelier a été victime de destruction (Azalaï hôtel Indépendance, Joly hôtel et l’hôtel de l’amitié à Ouahigouya). Des entreprises du BTP, des industries, etc. ont été saccagées. Des infrastructures publiques et des mines n’ont pas été épargnées.
Des dégâts selon Dr Ra-sablga Seydou Ouédraogo, économiste chercheur à l’institut Free Afrik « qui vont causer la perte d’emplois dans l’ensemble des secteurs et des activités connexes. L’ensemble de l’économie a reçu un choc important dont il aura du mal à se remettre ».

Estimation économique des dégâts

Il est très difficile d’établir une estimation chiffrée de l’ensemble des dégâts économiques ci-dessus cités. Mais des indications peuvent être données. En ce qui concerne le secteur bancaire et les institutions financières privées, les dégâts s’élèvent à plusieurs centaines de millions, au total pas plus de 2 milliards de FCFA ont été emportés par les pillards. A noter que le système d’information de banques, les registres de garanties et les fonds de dossier de crédit des banques n’ont pas été affectés. Le coût des dégâts dans les trois complexes hôteliers est moins de 5 milliards. Les biens sociaux et publics détruits se chiffrent à plusieurs dizaines de milliards. Tout cumulé, les hypothèses d’estimations de l’institut Free Afrik donnent une fourchette de 120 et 200 milliards de FCFA. Les dégâts économiques immédiats sur les biens privés sont encore difficiles à estimer mais en tout état de cause, leur impact sur l’économie sera moins important que celui des dommages dû sur les entreprises et le secteur public bien qu’ils soient interconnectés.

L’impact socio-économique des dégâts

Le portefeuille des banques et des institutions financières va connaitre des dégradations dans les mois à venir. Le taux de dégradation va être élevé en raison des dégâts enregistrés. Les assurances connaitront des taux de sinistralité très élevés. Les secteurs de l’hôtellerie et de certaines industries vont mettre plus de temps à se redresser, et l’attrait touristique de la destination du Burina va rester affaibli. Le taux de pauvreté va sans doute augmenter dans les semaines et mois à venir dû à l’affaiblissement de la dépense publique et de l’économie privée qui va avoir des contrecoups importants. Les risques d’insécurité alimentaire vont grandir au regard des facteurs d’attaques notamment les oiseaux migrateurs. Au niveau sanitaire, les mouvements de populations des récents jours sont favorables aux risques sanitaires telle la fièvre hémorragique Ebola.

Que faut-il faire dans l’immédiat ?

Free Afrik suite à l’analyse, propose un renforcement de la sécurité et d’aller le plus vite à une transition civile pacifiée gage de crédibilité et de confiance à l’intérieur et à l’extérieur. Il faut travailler à restaurer la chaine des finances publiques et soutenir la mobilisation des recettes et l’exécution de la dépense puis soutenir le système financier privé par des mesures de sécurité et fluidifier autant que faire se peut l’économie en soutenant la circulation de la monnaie et du crédit. La situation actuelle nécessite des initiatives de surveillance sanitaire en vue de préserver la santé publique et soutenir la reprise économique par tous les moyens dans tous les secteurs. Aussi faut-il sécuriser les infrastructures scolaires et académiques publiques comme privées, les centres de santé de même que les chaines d’approvisionnement du pays. Enfin, encadrer au plus vite l’agriculture et prévoir les mesures contre les poches d’insécurité alimentaire.

A moyen et long terme

Il faut construire une économie à la base élargie et une économie inclusive, sortir de la ploutocratie politique et bâtir une politique ambitieuse de la jeunesse par l’éducation à tous les étages, un appareil productif créateur d’emplois massifs et décents. Egalement, l’accès aux services sociaux de base, la création d’une société de mérite qui réhabilite l’esprit du travail, l’Etat et les politiques publiques ambitieuses et réellement démocratiques dans leur contenu et combattre l’impunité. La construction des politiques de lutte contre toutes formes d’inégalités, l’organisation d’un système financier plus efficace dans le soutien à l’économie dans tous ses compartiments et enfin la refondation de l’éducation et le rôle de l’Etat à tous les étages sont à prendre en compte.

Que faut-il éviter

Les crises sont des moments qui comportent également leurs opportunités. Nous devons savoir donner suite à l’insurrection du peuple par une gestion efficace. Free Afrik dans son analyse estime qu’il ne faut pas négliger l’agenda intérieur au profit d’une fixation sur les sanctions et l’extérieur. Il faut également, éviter de mettre le pays de façon dramatique dans les bras des institutions internationales notamment financière, ce qui serait un recul pour la politique économique du pays. La mobilisation des ressources internes est indispensable dans ce cas. Il faut enfin éviter de charger inutilement l’agenda national en distinguant entre le nécessaire et le superflu, l’urgence et le moyen terme sans précipitation.

Kabore S. Rosine (stagiaire)
Lefaso.net



Vos commentaires

  • Le 6 novembre 2014 à 18:06, par Badra En réponse à : Insurrection populaire au Burkina Faso : environ 200 milliards de francs CFA de pertes

    A qui la faute ? le pouvoir de la quatrième république, et il doit répondre.

  • Le 6 novembre 2014 à 18:43, par Econ En réponse à : Insurrection populaire au Burkina Faso : environ 200 milliards de francs CFA de pertes

    C’est bien de chiffrer les dégats pour avoir une vision plus claire. Par contre, les dégats, à mon avis, ont aussi, pour une part. une valeure positive dans le sens qu’ils ont envoyé de messages forts à la classe politique et économique burkinabè qui auront certainement des impacts positifs sur la gouvernance et la lutte contre la corruption dans les années à venir. Donc peut-etre le 200 milliards de FCFA perdu aujourd’hui nous permettra d’économiser bien plus que 200 milliards de FCFA par la réduction de la corruption d’ici quelques années.

  • Le 6 novembre 2014 à 19:19, par FasoLibre En réponse à : Insurrection populaire au Burkina Faso : environ 200 milliards de francs CFA de pertes

    Merci pour cette analyse et ces conseils. Il faut que l’on mette en place des commissions spécialisées pour agir au plus. C’est une occasion historique pour le Faso d’aller de l’avant et amorcer avec succès la construction d’une société épanouie.

  • Le 6 novembre 2014 à 20:08 En réponse à : Insurrection populaire au Burkina Faso : environ 200 milliards de francs CFA de pertes

    que ces pseudo économistes arrêtent de nous pomper l’air avec leur rapport bidon. comment est-il possible qu’en moins d’une semaine on vient nous balancer des chiffres aussi farfelus ? pour me mener à bien une étude sérieuse,il faut du temps. en plus devant ces dizaines de morts et ces centaines de blessés,vos supposés milliards de perte,c’est zéro. une seule vie humaine vaut des milliards. donc personnellement je m’en fiche de ces pertes matérielles

  • Le 6 novembre 2014 à 20:11, par Paul En réponse à : Insurrection populaire au Burkina Faso : environ 200 milliards de francs CFA de pertes

    C’est vraiment dommage de voir tous ces degats. Ce qui est triste, c’est que des gens vont prendre leurs emplois. Blaise est partie certe, mais c’est le peuple qui écopera. Brûler l’assemblée et les palais de justice, est que Blaise allait partir avec ses infrastructure ? Tout cela demontre l’ignorance des gens. Pourquoi dit-on biens publics ?

    Ma mère a perdu son emploi suite à tout ça. Et je suis sure que beaucoup d’autres famines se retrouverons dans un chômage. L’opposition doit être tenu conjointement coupable avec le CDP de tous ses degats.

    Merde ..............

  • Le 6 novembre 2014 à 20:23, par Marie-28 En réponse à : Insurrection populaire au Burkina Faso : environ 200 milliards de francs CFA de pertes

    Ce n’est que le debut de la descente aux enfers. On va bien rire... et jaune. Standard & Poor’s et d’autres agences de notation viennent de degrader la note du Burkina Faso et l’ont place sur perspective negative a cause de la crise. Ce que cela signifie ? Que nous sommes dans la gadoue pendant tres longtemps. Les investisseurs vont fuir le Faso et se rarifier. Les taux d’emprunts d’Etat vont s’envoler, si bien sur il se trouve encore quelque bon samaritain pour preter au Burkina Faso.
    Vous allez rechercher Mr. Blaise Compaore avec une torche en plein jour et les larmes aux yeux. Voyez les Lybiens qui ont traine Mr. Kadaffi dans le sang et la fange ! Aujourd’hui ils donneraient tout pour l’avoir a la tete de leur pays en lambeaux.

  • Le 6 novembre 2014 à 22:37, par Clement En réponse à : Insurrection populaire au Burkina Faso : environ 200 milliards de francs CFA de pertes

    Que voulez vous dire ? Que ces pertes en milliards de francs devraient nous amener a relativiser cette grande victoire du peuple ? Comme vous ne voyez que les aspects materiels vous etes forcement hors sujet car le gain pour le peuple est immense. Parceque les bonnes lecons seront tirees. Notre bonheur est grand (paix a l’ame des heros tombes) et si c’etait a refaire...

  • Le 6 novembre 2014 à 23:55, par bien En réponse à : Insurrection populaire au Burkina Faso : environ 200 milliards de francs CFA de pertes

    les mesures sont bonnes,mais ils oublient que le bf n’est pas maitre de sa politique monetaire.cela rend impossible la realisation de leur proposition.

  • Le 7 novembre 2014 à 07:36, par wuhl En réponse à : Insurrection populaire au Burkina Faso : environ 200 milliards de francs CFA de pertes

    quand on parle du montant estimé des dégats, les pilleurs/casseurs/voleurs ne reagissent pas. ce sont les autres sujets "sensationnels" qui les interressent. c’etait pas une bonne chose les casses.

  • Le 7 novembre 2014 à 07:54, par fox En réponse à : Insurrection populaire au Burkina Faso : environ 200 milliards de francs CFA de pertes

    Institut Free Afrik, c’est bien les statistiques mais je pense que c’est vraiment trop tôt pour avancer des chiffres. Quelle est vos sources ?

  • Le 7 novembre 2014 à 09:33 En réponse à : Insurrection populaire au Burkina Faso : environ 200 milliards de francs CFA de pertes

    Bravo pour cette belle initiative, seulement je pense que la fourchette indicative (80 milliards )est trop large ce qui ternit un peu la fiabilité/qualité de cette étude qui se veut pointue. Je veux mieux comprendre pour quoi au niveau de l’impact socio-économique de l’insurrection populaire au BF, les oiseaux migrateurs sont cités ? Merci de m’éclairer.

  • Le 7 novembre 2014 à 09:39, par Passeck En réponse à : Insurrection populaire au Burkina Faso : environ 200 milliards de francs CFA de pertes

    Heureusement que le rapport traite uniquement de pertes économiques !

  • Le 7 novembre 2014 à 10:51, par ¨keph84 En réponse à : Insurrection populaire au Burkina Faso : environ 200 milliards de francs CFA de pertes

    ce n’est rien par rapport à la gabegie perpétrée par compaoré et qui ne profitait qu’à lui et son camp pendant toutes ces années.
    Et puis les pertes qui retiennent mon attention sont celles des vies humaine car la plus grande richesse de notre pays c’est son peuple. Daigne Dieu les accueillir dans sa sainte demeure.
    La patrie ou la mort, nous vaincrons

  • Le 7 novembre 2014 à 10:56, par Le Doc En réponse à : Insurrection populaire au Burkina Faso : environ 200 milliards de francs CFA de pertes

    Ce rapport fait état de plusieurs milliards de francs de pertes. Mais les rapporteurs n’ont pas pu chiffrer à combien de milliards, les pillards pillés avaient pillé les avoir du pays. Combien de Adama Guiro sont parmi les pillards pillés ? Le peuple n’a fait que reprendre une partie de ce qui leur avait été pris par les pillards pillés.
    Et s’il y avait à recommencer, nous recommencerons, car ils ont toujours des milliards aussi dans leurs comptes et même dans leurs maisons, puisqu’ils ont plusieurs maisons.
    Parlant de l’impunité, que faire de ce fameux Adama Guiro ? Ils ne mérite pas d’être dans la quiétude. Le peuple a besoin de son argent que lui il détient illégalement.

  • Le 7 novembre 2014 à 14:56, par N’dabi En réponse à : Insurrection populaire au Burkina Faso : environ 200 milliards de francs CFA de pertes

    Que faudrait-on dire des pertes humaines ? Seront-elles des sacrifices qui tomberont dans l’oublie au fil du temps ?
    Ceux-ci mériteraient d’être traités, aussi à mon sens.

  • Le 7 novembre 2014 à 15:43, par RAOUL07 En réponse à : Insurrection populaire au Burkina Faso : environ 200 milliards de francs CFA de pertes

    Cet soit disant institut veut se faire car à mon sens il est trop tôt de tirer un bilan une semaine seulement après l’insurrection populaire

  • Le 7 novembre 2014 à 16:44, par baba faso En réponse à : Insurrection populaire au Burkina Faso : environ 200 milliards de francs CFA de pertes

    ce que campaoré et compagnie ont mis à l’abri à l’extérieur vaut beaucoup plus que 200 milliards il faut récupérer cet argent et reconstruire notre beau pays après tout ces saccages ont été occasionnés par leur boulimie de pouvoir.

  • Le 7 novembre 2014 à 18:29 En réponse à : Insurrection populaire au Burkina Faso : environ 200 milliards de francs CFA de pertes

    Et les pertes en vies humaines ? Arrêtez de nous avancer des chiffres bidons et sans le moindre sérieux.

  • Le 8 novembre 2014 à 07:32, par Jeanine Debo En réponse à : Insurrection populaire au Burkina Faso : environ 200 milliards de francs CFA de pertes

    Laissons tomber les pillages et avançons pour ne pas donner une image négative de notre pays !
    Après tout les pillages sont minimes comparés aux profits du changement positif en terme de démocratie et de gouvernance ; mais aussi en terme d’image de leader du changement en Afrique !