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Soutenance de thèse : Lacina Kaboré défriche la régulation des média à travers les facteurs d’influence et les défis technologiques

lundi 6 octobre 2014.

 

Le 04 octobre 2014, fête de Tabaski, a été plutôt pour Lacina Kaboré, un jour de soutenance. Il a défendu sa thèse de doctorat unique en science de l’information et de communication à l’Institut panafricain d’étude et de recherche sur les médias, l’information et la communication de l’Université de Ouagadougou. « L’hétéro-régulation des médias au Burkina Faso (1995-2013) : facteurs d’influence et défis technologiques », c’est le thème innovant qui a occupé l’impétrant pendant 5 ans et qu’il a enfin présenté. Son travail a été sanctionné par la mention très honorable.

Le domaine de la régulation suscite la controverse, la passion, surtout avec le boom technologique qui le rend de plus en plus difficile. L’univers d’observation de l’étude a été le conseil supérieur de la communication du Burkina et son environnement politique, social, économique, religieux, etc. Comment réguler au mieux et respecter le devoir d’ingratitude quand les conseillers du conseil supérieur de la communication sont nommés par le président du Faso, le président de l’assemblée nationale ou d’autres entités qui ont la même origine politique ? La fibre du militant prend souvent le dessus sur la neutralité qui doit caractériser les décisions de l’instance de régulation, ont noté certains acteurs interrogés par le chercheur. Une difficulté de régulation qui vient aussi des hommes de média.
La profession de journaliste étant ouverte, le régulateur se trouve souvent face à des praticiens qui ne connaissent pas les règles du métier : « Le professionnalisme n’est pas toujours la tasse de thé de certains professionnels de médias. Le métier de journalisme n’est pas facile. Il convient de s’entourer d’un minimum de déontologie, d’un minimum de soubassement éthique, parce que le métier est ouvert, et pour qu’on ait une information de qualité à offrir au public qui en a besoin pour être un public mieux aguerri, mieux à même de faire des choix en période électorale par exemple, ou lorsqu’il a besoin tout simplement d’améliorer son quotidien ». Selon Lacina Kaboré, « c’est une problématique difficile à manipuler dans notre contexte en raison de l’accès difficile aux sources documentaires, en raison également d’un certain nombre de pesanteurs ». Malgré tout, il a réussi à boucler son document. Sa problématique a ainsi consisté à comprendre comment en dépit de toutes ces pesanteurs, le régulateur peut rester efficace, performant, en gardant son indépendance, tout en étant audacieux et ambitieux.

Le défi de la régulation des nouveaux médias, transnationaux

Le chercheur a noté que le travail de régulation devient de plus en plus complexe. Surtout qu’avec les évolutions technologiques, il est créé un bouleversement relativement important dans l’écosystème des médias. Du coup, la consommation de l’information devient ubiquitaire. Ainsi, les forums en ligne, constituent des espaces publics ou un besoin de régulation et d’autorégulation est avéré. C’est donc une problématique vaste et innovante qu’il a abordée face à cette nouvelle donne. Le régulateur « perd son latin face à l’ampleur et à l’intensité de ces bouleversements techniques », il a proposé des solutions afin que la régulation se porte mieux et bien au Burkina et qu’elle soit beaucoup plus efficace. Parce qu’il faut désormais faire avec « l’infobésité », mais gagner le pari de la qualité.

« C’est une thèse importante, non pas que sur la régulation il n’y ait pas eu des travaux qui ont précédé celui-ci, mais je crois que c’est la première fois que nous avons un travail à la fois actualisé et qui nous permet de couvrir une période suffisamment longue, les principaux enjeux de la régulation, qu’il s’agisse au niveau de l’exercice du journalisme, de la régulation de l’audiovisuel. On avait besoin d’avoir un document de synthèse et nous l’avons maintenant. Il va faire référence, ce document… c’est un document dont on avait besoin pour le Burkina, également pour toute l’Afrique subsaharienne », a dit le président du jury, le Pr. Bertrand Cabedoche de l’université de Grenoble. C’est un jury hétéroclite, composé de Camille Roger Abolou, de l’université de Bouaké, le Pr. Augustin Marie Gervais Loada, de l’université de Ouaga 2 et le Pr Serge Théophile Balima, directeur de thèse qui ont conduit les débats et « cuisiné » l’impétrant pendant plus de 5 heures. Dans l’ensemble le jury a apprécié le travail.

A la fin, le désormais Dr. Lacina Kaboré a témoigné sa gratitude au jury et notamment son directeur de thèse et tous ceux qui l’ont permis d’achever ce travail pour enfin espérer avoir une vie « normale ». Après cette étape, le jeune docteur souhaite embrasser une carrière dans l’enseignement, si l’opportunité lui est offerte.

Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net



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