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Elections complémentaires à la mairie centrale de Ouagadougou : L’UPC n’est pas candidate, le CDP demande un report

samedi 27 septembre 2014.

 

Sur convocation du Haut-Commissaire du Kadiogo comme le veulent les textes, le Conseil municipal de la ville de Ouagadougou devait élire ce vendredi 26 septembre ceux qui vont occuper les postes vacants de 2ème et 3ème adjoints au Maire en plus de celui de Président de la Commission aménagement du territoire et gestion foncière. Les conseillers municipaux n’ont pu accorder leur violon, et la séance a été reportée à une date ultérieure.

Presque tous les 254 conseillers municipaux que compte la Commune étaient présents dans l’imposante bâtisse de l’Hôtel de ville. A l’exception de quelques rares absents. Les travaux ont à peine commencé sur le coup de 9 heures que les conseillers du groupe municipal UPC (Union pour le Progrès et le Changement) font une déclaration en trois paragraphes dont le premier : « L’Union pour le Progrès et le Changement a été informée que le CDP (Congrès pour la Démocratie et le Progrès, ndlr) a décidé de céder le poste de 3ème adjoint au maire de la commune de Ouagadougou à l’UPC. Certains organes de presse nationale ont même avancé le nom de celui qui, au sein de l’UPC, devrait occuper ce poste ». Ce nom pour ne pas en faire mystère, c’est celui du signataire de la déclaration et par ailleurs Président du groupe municipal UPC, Tambi François Kaboré. Et le parti du lion de dénoncer « cette manière de faire » est contraire à son système de fonctionnement. « L’UPC a décidé de ne pas présenter des candidats pour ces élections », conclut la déclaration.

« La remise en cause d’une démarche convenue »

Stupeur dans la salle. Si un observateur nous confie ne pas être étonné pour en avoir eu vent hier jeudi dernier, beaucoup n’y comprennent pas grand-chose. Pour décider de la conduite à tenir, c’est le CDP qui demande la suspension de la séance. Et les groupes se constituent par partis. Certains en salle, d’autres à l’air libre. S’en suivent des débats, souvent houleux, mais tous entre initiés. Des acclamations qui surgissent pas moments de la salle occupée par les conseillers du CDP, un « nous ne sommes pas tenus de voter » lâché à haute voix par un conseiller UPC, violant le secret du conciliabule, les tractations auront duré plus d’une heure d’horloge. Quand à 10h30 le Haut-commissaire annonce la reprise de la séance, c’est au tour du CDP de demander à faire une déclaration.

Tout en se disant surpris par la déclaration de l’UPC, le porte-parole du CDP ajoute que « le CDP ne se sent ni de près, ni de loin mêlé à la situation décrite par l’UPC, notamment la fuite des informations sur le candidat dans les médias ». Une déclaration dans laquelle les conseillers CDP ne manquent pas de regretter ce qu’ils appellent « la remise en cause d’une démarche convenue et longuement murie entre les deux partis ».

Le jeu de ping-pong

Pour le maire de la commune, Marin Ilboudo, la proposition de ce poste de 3ème adjoint n’est pas nouvelle puisque s’inscrivant dans la logique d’ouverture de son parti. A en croire le bourgmestre, en fait de proposition, il s’agit d’une décision d’une session de conseil municipal. Tout en dénonçant lui aussi l’inélégance de l’acte des conseillers UPC- il aurait préféré le chemin par partis interposés-, il ne reconnaît aucun rôle à son parti dans la fuite de l’information. Avant de s’insurger plus loin : « Même si c’était le cas, est- ce que nous nous siégeons au sein des instances de l’UPC ? Est- ce que nous siégeons au sein du groupe municipal UPC pour désigner un candidat ? Ça fait un peu trop. » En définitive, les conseillers CDP ont demandé un report de deux semaines tout au plus « pour rendre compte à la direction de notre parti », précise le communiqué.

A la fin prématurée des travaux, la conseillère UPC Aminata Wandaogo/ Djengané y est allée sans les gants, comme subitement libérée des jougs de la solennité : « le bruit courrait déjà que l’UPC était en deal avec le CDP pour ce poste de 3è adjoint au maire. Pour couper court nous avons décidé de ne pas présenter de candidat à ces élections » a- t- elle soutenu. Pas pour la politique de la chaise vide, ajoute t- elle, mais face à ce qui à ses yeux ressemble à une stratégie de division du camp d’en face elle tempête : « personne ne peut nous imposer un candidat. Nous ne voulons pas un poste négocié ». A notre suggestion, « Vous auriez pu vous présenter pour le poste de votre choix et vous y faire élire ? », cette réponse sans attendre de la conseillère UPC de l’arrondissement 12 : « On a décidé de ne même pas nous présenter, on ne veut pas un poste. Seulement, nous soutenons nos camarades de l’opposition qui vont se présenter. »

L’organisation de cette élection complémentaire exige la mise en place du bureau d’âge par le Haut-commissaire de la province, après quoi ce dernier se retire pour laisser les conseillers délibérer. Aussi, faut- il que les élus municipaux soient sur la même longueur d’onde.

En rappel, le poste de 2ème adjoint au maire est vacant depuis la défaite de Zakaria Sawadogo aux municipales de novembre dernier, concomitamment avec la perte par Karim Ilboudo du titre de Président de la commission aménagement du territoire et gestion foncière. Le poste de 3ème adjoint- objet de la polémique- lui est vacant après la démission pour « convenances personnelles » de Salifou Tiemtoré. Sur les 254 conseillers, le CDP et l’UPC sont les deux partis qui ont le plus d’élus avec respectivement 152 et 70 conseillers.

Samuel Somda
Lefaso.net



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