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Protection sociale : Une cartographie des vulnérabilités de l’enfant burkinabè désormais disponible

vendredi 12 septembre 2014.

 

Mendicité, mariage précoce, mutilations génitales féminines, violences physiques et morales, pires formes de travail, traite, situation de rue… Ce sont là quelques situations de vulnérabilité auxquelles des milliers d’enfants sont confrontés au Burkina. A cela, s’ajoutent des orphelins, des enfants en situation de handicap, des enfants chefs de ménage, des enfants infectés et/ou affectés par le VIH/sida, bref, le répertoire est loin d’être exhaustif. Le ministère de l’action sociale en partenariat avec le Fonds des nations-unies pour l’enfance (UNICEF) vient de valider une étude sur la cartographie et l’évaluation du système de protection de l’enfant au Burkina. C’était le 9 septembre 2014 à Ouagadougou.

L’étude a démarré en juillet 2013. Le but étant de faire une description du système de protection de l’enfant, d’identifier ses forces et ses faiblesses, d’explorer et d’analyser les pratiques de prise en charge et les stratégies de protection de l’enfant contre les violences, abus et exploitation afin d’engager des réflexions pour la réforme du système de protection de l’enfant au Burkina Faso.

La cartographie proposée par l’étude prend en compte tous les aspects de la question. Mais, elle révèle que les approches thématiques utilisées jusqu’à ce jour ne préviennent pas suffisamment les phénomènes de vulnérabilité et ne répondent pas suffisamment à la problématique de la protection de l’enfance afin de faire cesser ces phénomènes de manière durable. Ce, malgré les nombreuses initiatives développées par l’Etat et ses partenaires. Pire, on assiste ces dernières années, à une persistance des phénomènes de vulnérabilité des enfants. Ces phénomènes sont liés essentiellement à l’accroissement démographique, à l’inadéquation de l’offre éducative (accès, maintien et réussite à l’école), à l’urbanisation rapide, à la pauvreté des ménages, à la persistance de certaines pratiques traditionnelles compromettant l’avenir des enfants…

Les textes existent mais…

C’est dire que les défis à relever sont énormes. Ils portent sur l’accès aux services d’assistance sociale, la coordination des interventions, la qualité des services de protection et la mobilisation des ressources. Pourtant, des atouts majeurs existent pour inverser la tendance actuelle du phénomène de vulnérabilités. C’est, entre autres, l’existence d’un cadre favorisant l’élaboration de certaines normes ainsi que la mise en place de structures de prise en charge des enfants.

Aussi, note-t-on la volonté politique d’aligner les lois nationales aux standards internationaux en matière de protection de l’enfant. Le Burkina Faso a, dans ce cadre, ratifié les principales conventions internationales de protection de l’enfant et les traités sur le plan continental, offrant ainsi un contexte favorable pour le développement global d’un système de protection de l’enfant. La législation nationale compte également plusieurs documents de référence dont la Constitution, le Code des personnes et de la famille, le Code pénal, les lois, les décrets et autres arrêtés, qui codifient les actions de protection des enfants. « Les textes existent. Le Burkina est un exemple dans la sous-région sur beaucoup d’aspects. Le défi, c’est la mise en œuvre. Cette étude permet d’avoir une analyse beaucoup plus affinée des problèmes et des solutions à apporter », reconnait Marc Rubin, le représentant résident de l’UNICEF au Burkina, lors du point de presse animé à la fin de la rencontre.

Se servir de cette étude pour une politique sociale plus adaptée

C’est donc dire que le défi majeur reste la mise en adéquation de ces documents avec l’approche système, leur mise en œuvre et l’application effective de cadres référentiels en faveur de l’enfant par les acteurs. Et dans ce sens, le contexte culturel ne devrait pas être occulté. Car, « aucun texte n’est au-dessus de la réalité. (…) Il est certain qu’il faut relire certain de nos textes en fonction de la réalité du phénomène, tenir compte de l’évolution des différents phénomènes », soutient le ministre de l’action sociale et de la solidarité nationale, Alain Zoubga.

Ce rapport qui a été validé par les différents techniciens et autres partenaires de la question de l’enfance devrait servir de base pour l’élaboration d’un document normatif de politique nationale de protection de l’enfant. E, tous les cas, l’Etat et ses partenaires ont promis de jouer leur partition afin de réduire les situations de vulnérabilités auxquelles de nombreux enfants font face.

Moussa Diallo
Lefaso.net