Retour au format normal
lefaso.net

Ablassé Ouédraogo, président de Le Faso Autrement : « Je me demande si Assimi Kouanda et tous les ténors du CDP ne sont pas devenus fous »

jeudi 26 juin 2014.

 

Economiste et homme politique, Ablassé Ouédraogo a occupé successivement les postes de ministre des affaires étrangères et de Conseiller du Président du Faso, Blaise Compaoré avant d’assurer les hautes fonctions de directeur général adjoint de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Président de son propre parti politique, Le Faso Autrement, créé en 2011, et sous la bannière duquel il est élu député à la faveur de l’élection couplée de décembre 2012, Ablassé Ouédraogo, est connu pour ne pas avoir la langue dans sa poche. Apôtre de l’« anti-référendum », Dr. A blassé Ouédraogo, ne manque pas d’occasion pour réaffirmer sa position sur les différentes questions brûlantes. A la faveur d’une visite dans nos locaux, il a bien voulu s’exprimer sur des questions relatives à la vie de son parti, la situation politique nationale notamment, le meeting du CDP du 21 juin dernier et sur la présidentielle de 2015. Nous vous proposons la première partie de cet entretien…

Lefaso.net : Peut-on savoir l’objet de votre visite ici ce matin ?

Ablassé Ouédraogo : Je considère que le travail d’information, d’éducation, de sensibilisation que votre journal en ligne, Lefaso.net, fait est extraordinaire et je suis venu me rendre compte de vos conditions de travail, de votre fonctionnement. Je me suis entretenu avec son fondateur et je lui ai dit toute mon admiration car, il a commencé en 2003 de façon artisanale pour être aujourd’hui ce qu’il est. La qualité de l’information que vous distillez permet l’éveil des consciences. J’ai plein d’amis à travers le monde qui s’informent sur le Burkina à travers votre site. Vous, vous êtes les pionniers dans la communication en ligne. Aujourd’hui, on constate une floraison de ce genre de journaux en ligne ; ce qui prouve que le travail que vous avez engagé est un travail porteur et qui intéresse tous les amis du Burkina Faso. Je suis-là donc dans le bonheur et le plaisir de vous découvrir, de vous encourager à la persévérance à continuer l’œuvre que vous avez commencée depuis 2003.

Lefaso.net : Quelles sont vos impressions après la visite de nos installations ?

Ablassé Ouédraogo : J’ai visité un certain nombre de médias, et, honnêtement, je peux dire que les conditions de travail que j’ai vues sont acceptables. Il y a un cadre et un matériel qui vous permettent d’assurer ce travail. Par rapport à ce que j’ai vu dans les autres médias, je pense que vous êtes dans les conditions normales pour fonctionner.

Lefaso.net : Le dimanche 22 juin dernier, vous avez animé un meeting dans l’arrondissement N°9. De quel message étiez-vous porteur ?

Ablassé Ouédraogo : Le Faso Autrement est un parti jeune, un parti qui a une feuille de route avec pour ambition de s’implanter sur les 45 provinces de notre pays avant la fin de l’année. Nous, nous n’avons que, bientôt, 3 ans d’existence, et on est obligé de cravacher, si on veut avoir une couverture nationale pour le parti et jouer un rôle national. C’est pour cela que dans notre feuille de route, nous sommes amenés à sortir plus pour aller à la rencontre de nos militants et partisans, comme on dit. Notre présence à l’arrondissement N°9 s’inscrit dans cette dynamique et ce n’est qu’un début de tournées dans les 12 arrondissements de Ouagadougou plus les six (6) communes rurales rattachées. Ce travail, nous le ferons aussi dans les autres provinces, tout simplement parce qu’on a besoin, au niveau des zones où nous sommes déjà implantés, de relancer la mécanique. Tout le monde sait qu’il y a une échéance très importante qui arrive en novembre 2015 (présidentielle, ndlr) et Le Faso Autrement entend être présent et jouer un rôle majeur pour cette consultation électorale. Dans l’arrondissement N°9, nous avons aussi vu quelque chose d’important : une foule nombreuse qui est venue confirmer ce que nous avions fait en son temps quand le CDP avait organisé une cérémonie, le 17 mai 2014, pour dire que 377 militants ont quitté Le Faso Autrement pour retourner au CDP. Au cours du meeting de ce dimanche (22 juin, ndlr), la démonstration a été faite que ce que nous avons apporté comme démenti en son temps était exact. Et les militants de l’arrondissement nous ont confirmé qu’il s’agissait d’un montage rocambolesque du CDP qui est allé chercher des vieilles femmes et de petits enfants dans une zone non lotie de Bassinko (au secteur 35 exactement), et promesse leur avait été faite que le gouvernement leur allait donner de l’argent. Ces pauvres vieilles qui vivent dans la misère sont venues, et nous savons que jusqu’à ce jour, un contentieux existe, parce que l’argent n’a pas été donné. Cela nous rassure et les militants nous ont montré leur détermination et leur engagement à aller plus loin. C’est pour cela que nous sommes allés, avant de commencer le meeting, visiter deux bureaux d’enrôlement et je pu vous dire que j’ai été profondément déçu de ce que j’ai vu. Dans le premier bureau, 5 jours après le top de départ de l’enrôlement à Ouagadougou (l’opération a démarré le 17 juin, ndlr), ils n’ont enregistré dans ce bureau que 20 personnes et dans la journée de dimanche quand nous sommes passés, il n’y avait aucune inscription. Dans le deuxième bureau, ils (les agents, ndlr) n’ont enregistré que 18 personnes sur les 5 jours. Et le dimanche de notre passage, il n’y avait personne inscrite. Nous avons donc profité du meeting pour lancer un appel aux Burkinabè en âge de voter ( ce n’est pas seulement aux militants de Le Faso Autrement) d’aller s’inscrire sur les listes électorales, de posséder leur carte d’électeur pour exercer leur droit de citoyen plein et entier à l’occasion des futures échéances électorales. Nous avons aussi dit que c’est bien beau, l’activiste déployé aujourd’hui le président de la CENI (Commission électorale nationale indépendante, ndlr), Me Barthélémy Kéré qui est allé voir le Mogho Naaba, le Cardinal et d’autres confessions religieuses pour demander un appui, en complément de travail que les partis politiques font. C’est bien, mais nous disons qu’en tant que responsable de la mise à jour du fichier électoral, l’activiste qu’il mène maintenant-là aurait dû faire partie du travail préparatoire qu’il aurait dû faire avant le lancement de cette importante opération, dont le lancement a eu lieu le 2 avril 2014 à Kombissiri (chef-lieu de la province du Bazèga, ndlr). Et j’ai tendance à dire qu’il joue au médecin après la mort, parce qu’il a déjà publié les résultats pour le reste du Burkina, autres que Bobo-Dioulasso et Ouagadougou et on est seulement à 573 mille inscrits. Si on va à cette allure, à Bobo et à Ouaga où personne ne se présente aux bureaux d’enrôlement, on ne fera pas de résultats extraordinaires. Mais (et c’est ce qui est bien dans notre pays) le code électoral exige que le fichier électoral soit à jour tous les ans. L’opération en cours concerne l’année 2014 et nous espérons que pour 2015, qui est une année cruciale pour notre pays, les dispositions pertinentes seront prises pour qu’on ait de meilleurs résultat pour l’enrôlement l’année prochaine. C’est comme cela que la démocratie va se renforcer, s’enraciner. De toutes les façons, il est du devoir pour chaque citoyen de posséder une carte d’électeur.

Lefaso.net : Vous avez parlé de cette cérémonie au cours de laquelle, 377 militants de votre parti seraient retournés au CDP, comment avez-vous accueilli l’évènement ?

Ablassé Ouédraogo : Ce sont des amis qui m’ont donné l’information. Et quand j’ai vu à la télévision et lu dans la presse, ça ne m’a pas ému parce que, je savais tout simplement que ce n’était pas vrai. En vérifiant les bases de données de notre parti, nous Le Faso Autrement, nous n’avons pas enregistré 377 cartes de membre dans l’arrondissement N°9. A partir du moment où il n’y a pas une attache matérielle, administrative avec une carte, ils démissionnent d’où et de quoi ? Et comme nous le disons, et si d’aventure c’était vrai, je considère cela comme un soulagement pour le parti, parce qu’il s’agit d’une décantation utile. Dire qu’on quitte un parti comme Le Faso Autrement pour aller au CDP, ça veut dire que vous n’aviez vraiment pas votre place à Le Faso Autrement. Tout simplement parce que la vision et les conceptions de la politique des deux formations sont complètement contradictoires. Au CDP, ils ne vivent que pour la continuité, le conservatisme, ils veulent Blaise Compaoré. Nous, nous disons qu’il faut amener le changement. Nous, nous disons qu’il faut l’alternance. Vous voyez que ce sont deux visions totalement opposées. Si c’était vrai, j’insiste dessus, ce serait un soulagement pour notre parti parce que nous ne sommes pas faits pour la léthargie, l’immobilisme, comme c’est le fondement même du CDP.

Lefaso.net : Mais le porte-parole du groupe a dit qu’il y a un manque de démocratie au sein du parti….

Ablassé Ouédraogo : Ce monsieur qui le dit, qu’est-ce qu’il a fait pour améliorer la démocratie dans le parti ? Il n’a qu’à venir dire ce que nous avons fait qui est une imposition de la volonté d’un petit groupe sur l’ensemble du parti. De toutes les façons, ce sont les gens qui vivent avec lui qui ont démontré devant tout le monde qu’il n’en était rien. Je me dis qu’il ne faut pas s’attarder sur des choses cela. Notre parti a des ambitions beaucoup plus grandes pour perdre du temps et de l’énergie à contredire ou à démentir des propos de ce genre. Non, nous n’avons aucun complexe, nous sommes transparents et d’ailleurs pour cela que nous continuons d’avancer malgré notre jeunesse.

Lefaso.net : On imagine que le travail d’implication du parti n’est pas facile, dans un contexte général de crise politique au Burkina…

Ablassé Ouédraogo : Est-ce que vous avez un seul pays au monde où il n’y a pas la totale confiance entre les politiques et le peuple, non. Le Burkina est dans l’apprentissage de la démocratie et faire la démocratie, c’est permettre à chacun de s’exprimer et accepter que le plus grand nombre fasse la décision en tenant compte du souhait du plus petit nombre. Quand nous sortons pour notre implantation, c’est vrai que ce n’est pas facile, mais comme nous disons, c’est comme une battue ; chacun va à la chasse et chacun gagnera ce qu’il va gagner. Et vous ne pouvez pas, en faisant la politique, être accepté, être aimé par tout le monde. C’est pour cela que vous avez vos militants et vos sympathisants et d’autres camps aussi, les leurs. Et c’est cette compétition saine qui fait ce qu’on appelle la démocratie. Donc pour nous, vous ne pouvez pas avoir la confiance de tout le monde et c’est bien d’ailleurs, en ce sens que ça vous permet de vous corriger et de faire évoluer les idées. Mais si vous étiez dans le cadre d’une pensée unique, tout le monde vous court après, c’est même dangereux. Nous, nous ne voulons pas de cela. Nous voulons la critique, la contradiction mais une critique et une contradiction objective.

Lefaso.net : Mais, on constate qu’il n’y a pas d’engouement autour de l’enrôlement, est-ce que cela ne justifie pas l’existence de cette crise ?

Ablassé Ouédraogo : C’est vrai, il n’y a pas d’engouement mais, je dis et le répète, nous n’avons pas fait de campagnes de sensibilisation et d’information qu’il faut. Vous pouvez même interroger les populations autour des sites d’enrôlement, elles vous diront qu’elles ne sont pas au courant de ce qui se passe. Je pense qu’il faut qu’on trouve le moyen de faire une campagne de sensibilisation, en utilisant les médias qui ont la capacité de le faire. Et tout le monde sait où il faut aller pour passer l’information pour que tout le monde entende. Bien que les responsables de partis aient fait ce qu’ils peuvent pour appeler les Burkinabè à aller s’enrôler, les résultats ne sont pas ce que nous espérons. Il faut donc donner l’information au moment et où il faut. Pour l’opération de mise à jour du fichier en 2015, nous attendons de voir ce qui va être pris comme disposition en se battant sur ce que nous vivons actuellement et qui n’est pas à la hauteur de nos attentes. Je souhaite que pour 2015, l’opération de mise à jour du fichier électoral se passe autrement, en prenant en compte les insuffisances actuelles à savoir la sensibilisation et l’information au préalable

Lefaso.net : Peut-on avoir une idée de l’implantation de votre parti ?

Ablassé Ouédraogo : Actuellement, il nous reste une quinzaine de provinces dans lesquelles nous sommes en train de travailler pour installer des coordonnateurs. C’est beaucoup mais quand on regarde le fait que nous n’ayons même pas encore 3 ans d’existence, je pense que nous avons parcouru du chemin et nous travaillons d’arrache-pied pour que d’ici à la fin de l’année, les 45 provinces soient complètement couvertes avec des responsables de Le Faso Autrement sur place. Ce sont des démembrements qui vont aller dans les départements, les villages et tout cela, en prévision des échéances futures (la présidentielle de 2015, les municipales et législatives de 2017).

Lefaso.net : Dans l’arrondissement N° 4, votre parti avait, avant la reprise, un conseiller municipal et même un poste dans le bureau du conseil que vous avez perdu à la faveur de la reprise partielle en février dernier. Est-ce que ce n’est pas une régression de votre parti dans cet arrondissement ?

Ablassé Ouédraogo : Comme je l’ai expliqué en son temps aussi, le vote, tel qu’il s’est passé dans cet arrondissement, était un vote purement sentimental et personnel. C’était pour corriger l’injuste qui avait été faite sur la personne du maire actuel, Anatole Bonkoungou. Si vous regardez les résultats, je pense que tout le monde doit être fier des performances de notre parti, parce que de tous les partis qui composaient le conseil municipal avant la reprise, seuls le CDP, Le Faso Autrement et l’ODT sont restés. Sur les résultats, on voit aussi que beaucoup de partis ont régressé sur le plan du nombre de voix obtenues. Nous, nous avons tenu le cap parce que tout le monde comprend que nous, nous allons tout droit à la vérité et nous voulons la justice partout et pour tout le monde. C’est d’ailleurs pour cela que, bien que dans le conseil municipal actuel nous n’ayons pas de poste, cela ne nous dérange pas. Et nous disons que notre conseiller municipal, Oumar Sawadogo, fait le travail qu’il faut pour l’intérêt général de tous les citoyens de l’arrondissement N° 4 et nous disons que 2017, ce n’est pas loin, nous aurons notre chance d’augmenter notre participation au niveau du conseil municipal à l’occasion des prochaines élections. Comme on le dit, tout se paie ici sur cette terre. Et je pense que le fait qu’on ne nous a pas mis dans le conseil municipal nous permet de mobiliser davantage parce que, il faut le dire avec insistance, si tout ce que nous avons vécu dans l’arrondissement N°4 a été possible, c’est bien grâce au parti Le Faso Autrement essentiel. Je sais bien de quoi je parle. Je suis allé, moi-même au tribunal 3 fois, j’ai même défendu devant une pléthore d’avocats du CDP et c’est comme cela que nous avons eu gain de cause pour qu’il y ait reprise et c’est grâce à Le Faso Autrement encore qu’on a débusqué toutes les opérations d’achat de conscience, de manipulation, de malversation pour que le Conseil d’Etat décide de reprendre toutes ces opérations. Donc, il y a eu évolution au niveau de la mentalité des populations et tout le monde à bien vu que le CDP a mis beaucoup d’argent dans cet arrondissement pour se retrouver seulement avec 4 conseillers. Et les gens le disent : nous avons pris l’argent, les motos du CDP et nous avons voté autrement. Donc, c’est bien et si ce qui s’est passé à l’arrondissement N°4 pouvait devenir le général sur toute l’étendue du territoire national, cela indiquera que le Burkina Faso a mûri et que la démocratie se porte bien.

Lefaso.net : Vous aviez, avant la reprise, la gestion du foncier dans le bureau du conseil municipal et votre objectif était d’élucider ces questions de parcelles. Maintenant que vous n’y êtes plus, pensez-vous pouvoir toujours résoudre la question ?

Ablassé Ouédraogo : Nous, Le Faso Autrement, n’avons pas un agenda personnel. Le travail que notre conseiller, avec l’ensemble du conseil municipal, voulait entreprendre, c’était de clarifier cette situation de la gestion foncière. Maintenant que nous ne sommes pas concernés par la gestion, nous laissons donc le bénéfice de doute à ceux qui sont dans la responsabilité et nous attendons de voir avec la population ce qui va en sortir. Il est clair qu’aujourd’hui, tout le monde connaît mieux son droit, il est difficile d’aller faire la force à qui que ce soit maintenant, et ce faisant, nous pensons que le conseil municipal actuel sera obligé de prendre la direction que la population qui l’a voté souhaite. C’est pour cela que nous nous attendons au résultat. Et je dis encore, une fois de plus, que c’est peut-être notre chance que de n’avoir pas été pris dans la direction du conseil municipal, parce que 2017 n’est pas loin et peut-être que cela nous donnera des possibilités d’augmenter le nombre de conseillers dans cet arrondissement qui nous tient beaucoup à cœur.

Lefaso.net : Trois semaines après le vôtre, le CDP a organisé ce week-end, un meeting au stade du 4-août pour appeler au référendum. Peut-on dire que c’était le moment ?

Ablassé Ouédraogo : Je pense que quelqu’un qui connaît comment les choses se passent au Burkina Faso, le CDP qui a fait ce meeting est toujours en retard d’une longueur. Je le dis tout simplement parce qu’il a fallu que le CFOP organise le 31 mai dernier, le meeting qui a rassemblé recto-verso le peuple du Burkina au stade pour qu’il se lève pour imiter et copier. Mais comme dit un artiste, la copie n’est jamais égale à l’original. Et on a vu vraiment ce qui s’est passé et je me demande, avec toute la solennité et le sérieux, si Assimi Kouanda et tous les ténors du CDP ne sont pas devenus fous. Tout simplement parce que, un leader politique qui veut passer un message devant des tribunes complètement vides ! Alors, quand vous voyez un homme qui parle seul, qui parle dans le vide, qui prêche dans le vide… mais, il n’est pas loin d’être fou hein, s’il n’est pas fou. Et c’est ce que je déplore et nous disons tout simplement que ce régime-là, avec son parti, le CDP, sont à bout de souffle ; ils n’ont plus d’idées et ils ne font que faire ce que les autres font. Dans ce que j’ai lu, ils disent avoir atteint leur objectif. Si l’objectif d’un parti, c’est d’aller prêcher dans le vide, c’est vraiment grave. (La suite de l’interview dans notre prochaine édition)

Entretien réalisé par Jacques Théodore Balima et Oumar L. Ouédraogo

Lefaso.net



Vos commentaires